Chapitre 7 Généralités sur les tumeurs
Connaître la définition, la composition et la classification des tumeurs.
Connaître les principaux paramètres permettant d’évaluer le pronostic des tumeurs.
Connaître les techniques histologiques et moléculaires utiles au diagnostic des tumeurs.
Maîtriser les stratégies permettant de réaliser le diagnostic d’une tumeur.
Définition d’une tumeur
Le terme « tumeur » désignait autrefois toute augmentation localisée de volume déformant un organe ou une partie du corps. Elle réunissait des lésions différentes, notamment :
• des collections liquidiennes collectées dans une cavité préformée ;
• des tuméfactions d’origine inflammatoire ;
• des hypertrophies tissulaires d’origine dystrophique (goitre) ;
• des lésions liées à des désordres d’origine embryologique (dysembryoplasies).
La définition actuelle est plus restrictive et repose sur la notion d’homéostasie des tissus.
Le terme de tumeur (synonyme : « néoplasme » ou « néoplasie ») désigne actuellement une prolifération cellulaire excessive aboutissant à une masse tissulaire ressemblant plus ou moins au tissu normal homologue (adulte ou embryonnaire), ayant tendance à persister et à croître, témoignant de son autonomie biologique.
Caractères d’une tumeur
Prolifération cellulaire excessive
La prolifération est liée à la multiplication des descendants d’une ou plusieurs cellules anormales. C’est la notion de clonalité. Un clone est un ensemble de cellules dérivées d’une seule cellule initiale. Une tumeur est dite poly- oligo- ou monoclonale, selon qu’elle se développe à partir de plusieurs, quelques ou une seule cellule.
Masse tissulaire ressemblant plus ou moins à un tissu normal
Les caractères cytologiques et architecturaux de ce nouveau tissu réalisant un aspect plus ou moins proche de celui du tissu normal homologue adulte ou embryonnaire. Cette ressemblance définit une notion fondamentale : la différenciation tumorale. Plus la fonction et la structure tumorales se rapprochent de la fonction et de la structure du tissu normal, plus la tumeur est dite différenciée (figure 7.1).
Composition d’une tumeur
Le tissu tumoral est constitué :
• de cellules tumorales : cellules prolifératives anormales ;
• d’un tissu de soutien (= stroma tumoral) fait de cellules et de substance extra-cellulaire dans laquelle est située la vascularisation tumorale. Les cellules du stroma ne présentent pas les anomalies génétiques des cellules tumorales.
Types histologiques des tumeurs
En pratique, les tumeurs sont classées en fonction de l’organe dont elles dérivent (ex : sein, foie, rein, os), (figure 7.2), puis en fonction de leur type histologique. Le type histologique correspond à la cellule normale dont la tumeur semble dériver.
Différenciation tumorale
Le tissu tumoral tend à reproduire la structure et la fonction d’un tissu normal :
• soit le plus souvent, l’aspect du tissu dont les cellules tumorales sont originaires ;
• soit plus rarement un tissu différent : la tumeur est dite métaplasique.
• bien différenciée, lorsqu’elle ressemble nettement et de façon homogène au tissu normal ;
• peu différenciée lorsque la ressemblance est lointaine ou focale ;
• indifférenciée, ou anaplasique (ex : carcinome indifférencié défini comme une tumeur à différenciation épithéliale dont il est impossible de préciser la différenciation glandulaire ou malpighienne) (figure 7.3).
Tumeurs bénignes et malignes
Tumeurs bénignes
Caractères évolutifs
Les tumeurs bénignes se développent localement et restent cantonnées au tissu dans lequel elles ont pris naissance. Leur croissance est lente. Toutefois, elles peuvent atteindre un volume et un poids importants. Elles ne récidivent pas après ablation chirurgicale, à condition que l’exérèse soit complète. Ces tumeurs ne métastasent jamais. Leur évolution est généralement favorable. Toutefois, dans certains cas, elles peuvent être la cause de complications graves voire mortelles, en raison de leur siège ou de désordres métaboliques.
• un méningiome du trou occipital, situé dans un orifice non expansible, peut avoir une évolution mortelle en provoquant un engagement du tronc cérébral à travers l’orifice occipital ;
• un adénome parathyroïdien est responsable d’une hyperparathyroïdie et par conséquent d’une hypercalcémie parfois dangereuse.
Tumeurs malignes
Les caractères des tumeurs malignes ou cancers s’opposent point par point à ceux des tumeurs bénignes (tableau 7.1).
Tumeurs bénignes | Tumeurs malignes |
---|---|
Bien limitée | Mal limitée |
Encapsulée | Non encapsulée |
Histologiquement semblable au tissu d’origine (bien différenciée) | Différenciation variable (de bien à peu ou pas semblable au tissu d’origine) |
Cellules régulières | Cellules cancéreuses (anomalies du cytoplasme et du noyau) |
Croissance lente | Croissance rapide |
Refoulement sans destruction des tissus voisins | Envahissement des tissus voisins |
Pas de récidive locale après exérèse complète | Exérèse complète difficile. Récidive possible après exérèse supposée complète |
Pas de métastase | Métastases |
Caractères évolutifs
Les tumeurs malignes ont habituellement une croissance rapide. Elles donnent naissance à une dissémination tumorale à distance (surtout par voie lymphatique et sanguine) avec éclosion et développement de tumeurs secondaires dans d’autres viscères : les métastases. Les tumeurs malignes ont tendance à récidiver après éradication locale. L’évolution, en l’absence de traitement, se fait spontanément vers la mort.