7 Cytologie
La cytologie cutanée consiste à prélever des cellules au niveau de lésions cutanées ou sous-cutanées et à les soumettre à un examen microscopique. On choisit la technique de prélèvement en fonction du type des lésions, comme le montre le tableau 7.I. La lecture, lorsqu’elle s’appuie sur quelques données en matière de cytologie, peut devenir précieuse pour une orientation diagnostique, voire pour le diagnostic lui-même. L’examen microscopique doit permettre de déterminer, d’abord s’il s’agit d’une lésion néoplasique ou inflammatoire (tableau 7.II), ensuite les différents types cellulaires rencontrés et leur proportion relative sur le prélèvement (tableau 7.III), et enfin la présence d’éléments figurés (bactéries et éléments fongiques surtout, parasites parfois).
Technique | Lésion |
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Calque par étalement | Papule, pustule, vésicule, fistule |
Calque par impression (apposition) ou par raclage | Érosion, ulcère, surface sous-crustacée, nodule, tumeur, kyste |
Calque par écouvillonage | Fistule, fond des plis, otite externe, stomatite |
Cytoponction à l’aiguille fine | Nodule, tumeur, kyste |
Calque à la cellophane adhésive | Érythème, EKS* (suspicion de prolifération bactérienne ou de Malassezia) |
* EKS : état kératoséborrhéique.
Caractère/Type d’infiltration | Inflammatoire | Néoplasique |
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Cellularité | variable | élevée |
Population | hétérogène | homogène |
Éléments figurés et cellules observés | Interprétation |
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Prélèvement cutané | |
Granulocytes neutrophils dégénérés, images de phagocytose, coques ou bacilles, macrophages, lymphocytes, plasmocytes, granulocytes éosinophiles | Pyodermite |
Nombreux granulocytes éosinophiles | Hypersensibilité Lésion du complexe granulome éosinophilique félin |
Macrophages | Granulome |
Macrophages et granulocytes neutrophiles | Pyogranulome |
Levures | Dermatite à Malassezia Candidose Cryptococcose |
Granulocytes neutrophiles non dégénérés, kératinocytes acantholysés | Pemphigus |
Macrophages, leishmanies | Leishmaniose |
Conduit auditif externe | |
Malassezia Coques ou bacilles (plus rarement) | Otite érythémato-cérumineuse |
Granulocytes neutrophiles dégénérés, images de phagocytose Coques ou bacilles (parfois Malassezia, Candida) | Otite suppurée |
CALQUE SUR LAME PAR ÉTALEMENT OU IMPRESSION
TECHNIQUE
La technique consiste à appliquer, fermement, une lame porte-objet dégraissée, sur une lésion cutanée (fig. 7.1) ou sur la face inférieure d’une croûte (calque par impression), ou sur une pustule préalablement ouverte en faisant glisser la lame (calque par étalement) (fig. 7.2). On peut également, dans ce dernier cas, prélever le contenu de la lésion avec le bord d’une lame rodée et l’étaler ensuite sur une lame comme un frottis sanguin, ou l’écraser, si le contenu est plus épais. En cas de suspicion d’une infection cutanée, il faut s’attacher à recueillir le pus d’une lésion fermée. Le prélèvement est séché à l’air ou par la chaleur douce, puis coloré. Les colorants les plus utilisés sont le May-Grünvald-Giemsa et les colorants rapides (type Diff-Quick ou RAL). Ces derniers, d’emploi très facile, donnent des colorations de qualité suffisante en cytologie cutanée non tumorale. Après coloration, la préparation est séchée par application d’un papier absorbant (risque de décollement du matériel) ou à l’aide d’un sèche-cheveux. Un bon séchage est indispensable pour un examen à l’immersion. Il est conseillé d’identifier la lame afin de retrouver l’origine du prélèvement et de savoir sur quelle face celui-ci a été effectué.
RÉSULTATS
L’examen se fait au microscope, d’abord à faible grossissement afin de choisir une zone significative, puis à l’immersion pour identifier les cellules (cutanées, inflammatoires ou néoplasiques) (cf. tableau 7.III), et les éventuels éléments figurés (bactéries et levures surtout, parfois spores ou filaments fongiques, ou parasites). L’examen cytologique nécessite un éclairage suffisant, avec un diaphragme ouvert ou faiblement fermé. Le condenseur, inutile avec les objectifs de faibles grossissements (× 4, × 10), est nécessaire avec ceux de forts grossissements (× 25, × 40) et indispensable avec l’objectif à immersion (× 100). Cet examen permet, dans un nombre non négligeable de cas, d’établir un diagnostic étiologique. Les bactéries rencontrées au niveau de la peau sont des staphylocoques dans plus de 90 % des cas. Elles sont colorées en bleu foncé par les colorants courants. Elles sont rondes et disposées par groupe de deux ou plus, en position extra- ou intracellulaire (fig. 7.3). Il faut veiller à ne pas les confondre avec les mélanosomes (grains de pigments mélaniques) de couleur brune, de forme plus ovale et situés dans les cornéocytes. Des bacilles, colorés en violet ou en rose foncé, sont parfois présents, généralement dans des lésions anciennes et dans les conduits auditifs externes (fig. 7.4). Ils sont, habituellement, associés à des staphylocoques. Les spores de dermatophytes sont des corps ronds, colorés en bleu foncé par les colorants classiques et entourés d’un fin halo clair. Les levures couramment rencontrées sur la peau et dans le conduit auditif externe sont des Malassezia sp. et, beaucoup plus rarement, des Candida sp. Les Malassezia sp. sont des éléments ronds ou ovales, souvent bourgeonnants, ayant l’aspect caractéristique de « bouteille de Perrier » (fig. 7.5). Les formes encapsulées de Cryptococcus neoformans sont des éléments ronds ou ovales, de 8 à 40 μm de diamètre, colorés en rose foncé et à paroi épaisse. La capsule mucineuse, périphérique et d’épaisseur variable forme un halo clair (fig. 7.6).