7: Atteintes Profondes

7 Atteintes Profondes

DESCRIPTION DES PATIENTS PRÉSENTANT UNE ATTEINTE PROFONDE

La variété des tableaux cliniques

Il existe un grand nombre de patients qui répondent à cette définition.

Les plus gravement atteints sont grabataires. Certains ne peuvent même pas se retourner dans leur lit, ni s’asseoir au bord du lit, sans l’aide d’une tierce personne. Ils n’arrivent pas à se mettre sur le bassin pour effectuer leurs besoins. Le risque de chute est souvent présent. Il faut alors utiliser un lit à barrières, ou placer le matelas au sol (cette dernière solution est parfois retenue chez les traumatisés crâniens en phase d’éveil).

D’autres patients ne peuvent pas rester assis dans un fauteuil roulant standard sans risque de chute. Leur état nécessite donc la prescription d’un siège moulé, ou d’un système de contention efficace et adapté au fauteuil. Ils ont de grandes difficultés à déplacer le fauteuil avec les mains (ou avec les pieds en supprimant les cale-pieds). Le recours au fauteuil roulant électrique (FRE) nécessite souvent un long et délicat apprentissage.

Les patients « profonds » les moins handicapés peuvent aider l’équipe soignante de manière non négligeable. Ils participent au transfert de manière active, mais le risque de chute est important et la présence d’une tierce personne pour aider ou prévenir les chutes reste indispensable. Ils arrivent parfois à s’asseoir au bord du lit ou à se mettre debout à l’aide d’un espalier (ou d’un support stable). Dans certains cas, ils peuvent faire quelques pas avec un déambulateur à appui sous-axillaire, ou dans les barres parallèles. Mais la difficulté reste grande et le risque de chute demeure. De ce fait, une tierce personne doit intervenir pour aider le patient ou pour prévenir les chutes.

PRISE EN CHARGE D’UNE PATIENTE PRÉSENTANT UNE ATTEINTE PROFONDE1

Applications pratiques

Passage lit-fauteuil

Après quelques jours et malgré une fatigabilité persistante, il semble que la poussée évolutive soit stoppée et que la patiente entre dans une phase de rémission.

Le kinésithérapeute profite du peu d’énergie de la patiente (principalement le matin) pour tenter d’améliorer les transferts entre le lit et le fauteuil. Cet apprentissage représente l’objectif fonctionnel numéro un.

Une échelle inspirée par la MIF (Mesure d’indépendance fonctionnelle) et complétée par une progression en endurance et en coordination sert de guide à cette rééducation fonctionnelle.

Le fauteuil est placé à côté du lit, l’accoudoir est ôté. La patiente est assise sur le lit (à commande électrique et à hauteur variable) qui est placé plus haut que le siège du fauteuil. Les pieds de la patiente reposent au sol.

Au cours des premiers essais, le passage du lit au fauteuil est exécuté avec l’aide du kinésithérapeute (qui effectue environ 75 % du travail), nous demandons à la patiente d’aider au transfert en poussant sur ses jambes et en s’appuyant sur ses mains.

Pour le retour (du fauteuil au lit), on place le lit en position basse.

Au fil des séances, l’aide du kinésithérapeute diminue (cotation 2, puis 3, de l’échelle).

À partir de la cotation 3, les transferts sont réalisés dans le service avec l’aide du personnel d’hébergement et le lève-malade n’est plus utilisé. Cela constitue un entraînement supplémentaire pour la patiente.

Après 10 jours, la patiente réalise le premier transfert sans aide (cotation 4, fig. 7.1 et 7.2), mais l’entraînement n’est pas terminé. Il faut aussi travailler l’endurance (rôle des répétitions) et améliorer la maîtrise de cet exercice. On procède essentiellement par essais-erreurs.

En quelques semaines, Mme P. passe par tous les stades de cette échelle.

L’amélioration de l’état neurologique de la patiente au cours de cette période de rémission est optimisée par l’entraînement systématique et méthodique à effectuer cet exercice capital pour son autonomie.

Conclusion

Il n’est pas exceptionnel qu’un patient présentant une sclérose en plaques ne retrouve pas son autonomie antérieure à la suite d’une poussée. Malgré une récupération neurologique suffisante, le sujet n’exploite pas ses capacités partiellement retrouvées et s’enferme dans une perte d’autonomie.

Nous voyons encore trop de patients sous-entraînés et découragés après une poussée de SEP ou lors de l’évolution d’une affection dégénérative. Certes, les conditions d’exécution d’une activité comme le passage du lit au fauteuil ont changé (la pathologie s’est légèrement aggravée, le sujet est plus fatigué, la commande musculaire est moins sélective, l’incoordination est plus marquée, le testing a légèrement baissé…), mais un entraînement suffisamment progressif permet au patient de faire un nouvel apprentissage de cette activité malgré ces conditions difficiles. Le rééducateur joue un grand rôle pour soutenir le moral et organiser la progression.

Dans le cas de Mme P., grâce à une rémission habilement exploitée par son kinésithérapeute, la patiente a pu retrouver rapidement la possibilité d’effectuer seule, les transferts entre le lit et le fauteuil.

Si cet exercice est impossible, la dépendance est importante :

Il s’agit du stade 7.5 de Kurtzke.

Lorsque la patiente peut à nouveau effectuer ce transfert, il en résulte un retour à l’autonomie en fauteuil roulant (stade 7.0 de Kurtzke).

En fin de progression, la patiente a pu réaliser des exercices réservés habituellement au stade 6.5 de Kurtzke.

En moins d’un mois, elle a pu regagner son domicile et reprendre ses habitudes de vie.

Remarque : les sujets sains eux-mêmes exploitent rarement leurs capacités.

Exemple : la plupart des adolescents peuvent apprendre à patiner sur la glace. Parmi les débutants, beaucoup se découragent rapidement. Ils ne sauront jamais pratiquer correctement, bien qu’ils aient les capacités d’apprendre.

Ils n’ont pas rencontré les conditions d’un entraînement motivant et progressif.

TENIR UNE POSITION EN ÉQUILIBRATION STATIQUE

Quelques exemples

Les exercices thérapeutiques que nous allons voir sont donnés à titre d’exemples.

L’imagination et la compétence du rééducateur doivent lui permettre de dépasser cette base pour s’adapter au cas particulier de chaque patient.

Les niveaux d’évolution motrice

Certains thérapeutes préfèrent parler de « niveau psychomoteur » au lieu de « niveau d’évolution motrice » pour souligner que dans tout acte moteur, la composante psychologique est très importante.

Par exemple, l’excellente participation (et motivation) de cet enfant à sa rééducation est liée à la présence et au comportement remarquable de son entourage familial et de l’équipe soignante.

Le patient se sent aimé, respecté, correctement soigné, occupé (jeux et travail modéré en rééducation), et entouré par sa famille et par l’équipe soignante. Les contacts avec les autres enfants du service et la vue de ces enfants effectuant leur rééducation jouent également un rôle positif.

Autre exemple du rôle de la composante psychologique dans les actes moteurs : certains patients présentent des troubles du comportement liés aux lésions cérébrales. Ces troubles peuvent rendre la rééducation très difficile (voire impossible) malgré un excellent environnement familial et rééducatif.

Toutes les positions des NEM peuvent être travaillées chez l’enfant (fig. 7.10 a, b, c, d et e).

image

imagee. Position symétrique de la précédente.

Pour ce patient la position de la figure 7.10 e est plus difficile à tenir que la position 7.11 d. On insistera donc sur l’apprentissage de la position la plus difficile.

La technique hold after positionning « tenir après avoir été mis en position » peut être utilisée pour faciliter chaque position :

Remarques

Liste d’exercices

Ces exercices et les échelles d’évaluation sont donnés à titre d’exemples. L’expérience professionnelle de chaque rééducateur et sa connaissance du patient, lui permettront de choisir et d’adapter un exercice et son échelle d’évaluation, au cas particulier de chaque patient.

Il faut sélectionner un (ou plusieurs) exercice à sa portée, ni trop facile (sans intérêt), ni trop difficile (risque de découragement).

CHANGEMENTS DE POSITIONS

Quelques exemples

Les exercices thérapeutiques que nous allons voir sont donnés à titre d’exemples. L’imagination et la compétence du rééducateur doivent lui permettre de dépasser cette base pour s’adapter au cas particulier de chaque patient.

Transfert du fauteuil à la table sous la surveillance du kinésithérapeute

En début de progression, le patient ne peut passer du fauteuil roulant au lit sans l’aide d’une tierce personne valide. Il possède une force musculaire considérable, mais l’incoordination cérébelleuse et les tremblements diminuent considérablement l’efficacité de ses mouvements. Le risque de chute incontrôlée n’est pas négligeable, en particulier lors des transferts entre le fauteuil et le lit (ou les toilettes).

En rééducation, on effectue plusieurs fois un petit nombre d’exercices fonctionnels que le patient est capable d’optimiser. La meilleure performance sera notée dans le dossier du patient pour réaliser une progression chiffrée et datée. L’apprentissage de l’indépendance fonctionnelle n’est pas seulement l’affaire des rééducateurs. L’entourage du patient doit y participer (famille, amis, personnel infirmier, etc.) et le patient lui-même doit se prendre en charge et refuser toute aide inutile. Maintenant qu’il peut effectuer cet exercice sans aide, mais en prenant tout son temps, il faudra le chronométrer pour gagner en vitesse.

May 16, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 7: Atteintes Profondes

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