7 Atteintes Profondes
DESCRIPTION DES PATIENTS PRÉSENTANT UNE ATTEINTE PROFONDE
Définition
Les patients présentant une atteinte profonde sont incapables d’effectuer sans l’aide d’une tierce personne, le transfert entre le lit et le fauteuil roulant.
Le transfert entre le lit et le fauteuil est capital pour l’indépendance fonctionnelle du patient.
La variété des tableaux cliniques
Il existe un grand nombre de patients qui répondent à cette définition.
Remarques
Remarque 1
Un même tableau fonctionnel peut être l’aboutissement de déficiences diverses : syndrome cérébelleux très évolué, tremblement incontrôlé, ataxie proprioceptive majeure et récente, dystonie ou dyskinésie sévère, association de plusieurs handicaps, etc.
Remarque 2
PRISE EN CHARGE D’UNE PATIENTE PRÉSENTANT UNE ATTEINTE PROFONDE1
Introduction
C’est une catastrophe pour cette personne qui ne peut plus regagner son domicile.
Lorsqu’elle arrive à l’institut Pomponiana, le personnel du service d’hébergement se rend compte immédiatement du danger (en ce qui concerne le risque d’accident lombaire).
Un lève-malade électrique est utilisé pour les transferts lit-fauteuil.
Applications pratiques
Passage lit-fauteuil
Pour le retour (du fauteuil au lit), on place le lit en position basse.
Au fil des séances, l’aide du kinésithérapeute diminue (cotation 2, puis 3, de l’échelle).
Après 10 jours, la patiente réalise le premier transfert sans aide (cotation 4, fig. 7.1 et 7.2), mais l’entraînement n’est pas terminé. Il faut aussi travailler l’endurance (rôle des répétitions) et améliorer la maîtrise de cet exercice. On procède essentiellement par essais-erreurs.

Fig. 7.1 Conditions optimales pour le transfert lit-fauteuil.
En quelques semaines, Mme P. passe par tous les stades de cette échelle.
Passage de la position assise à la position debout (en se tenant à l’espalier)
L’aide du kinésithérapeute est indispensable en début de progression. Après quelques semaines la patiente n’a plus besoin d’aide. En fin de progression l’exercice est répété 10 fois de suite avec vitesse, coordination et aisance.

Fig. 7.3 Assis/debout, utilisation des muscles fléchisseurs du coude.
Passage de la position assise à la position debout :
Déambulation
La marche avec un déambulateur axillaire constitue une première étape. Avec cet appareil, même un sujet très handicapé peut tenir debout et faire quelques pas, ce quiest important pour le moral. Une échelle de performance spatiale est utilisée pour chiffrer la progression.
Conclusion
Si cet exercice est impossible, la dépendance est importante :
Il s’agit du stade 7.5 de Kurtzke.
En moins d’un mois, elle a pu regagner son domicile et reprendre ses habitudes de vie.
Remarque : les sujets sains eux-mêmes exploitent rarement leurs capacités.
Ils n’ont pas rencontré les conditions d’un entraînement motivant et progressif.
TENIR UNE POSITION EN ÉQUILIBRATION STATIQUE
Quelques exemples
Les exercices thérapeutiques que nous allons voir sont donnés à titre d’exemples.
Verticalisation au « standing »
Ces postures de verticalisation sont importantes pour le moral du patient. Elles ont également l’intérêt de limiter la fragilité osseuse, de faciliter le transit intestinal et de prévenir équin et flexum d’installation insidieuse.
Station debout sur un fauteuil de verticalisation
Ce fauteuil lui permet de se verticaliser plusieurs fois par jour sans avoir à effectuer un transfert fastidieux pour la famille (ou pour l’équipe soignante lors de ses séjours en centre de rééducation). En position debout diverses activités sont possibles ; elle apprécie surtout les jeux de ballon et en particulier ceux de ballons de baudruche qui rendent la performance plus facile. Dans cette position, on peut aussi lui demander d’enlever son polo, ce qui constitue un exercice de déshabillage relativement difficile pour cette patiente.
Verticalisation progressive sur plan incliné
La verticalisation sur le plan incliné est introduite progressivement. Le patient n’est pas sanglé car il participe en poussant sur ses membres inférieurs. Il ne perd pas facilement l’équilibre dans cette position relativement stable. La présence du rééducateur est indispensable car le risque de chute n’est pas totalement exclu.
Corset siège assis (CSA) avec appui-tête et tablette
Ce type d’installation concerne les patients très handicapés tenant mal la tête. Il permet une station assise satisfaisante sur le plan orthopédique. Le siège est légèrement incliné en arrière pour faciliter la tenue de la position. Il est entièrement garni de mousse lavable.
Les niveaux d’évolution motrice
Toutes les positions des NEM peuvent être travaillées chez l’enfant (fig. 7.10 a, b, c, d et e).

e. Position symétrique de la précédente.
Pour ce patient la position de la figure 7.10 e est plus difficile à tenir que la position 7.11 d. On insistera donc sur l’apprentissage de la position la plus difficile.
Liste d’exercices
Du plus facile au plus difficile
Les échelles d’évaluation
Ces échelles d’évaluation sont données à titre d’exemple.
Échelle de l’équilibre postural (tenir une position) Performances temporelles (de 0 à 120 secondes)
Et ainsi de suite, chaque seconde compte jusqu’à 120 : 120 secondes
CHANGEMENTS DE POSITIONS
Quelques exemples
Passer du fauteuil au lit avec l’aide d’une barre murale
Pour passer de la position couchée à la position assise au bord du lit, la patiente peut utiliser la sangle fixée à la barre, visible sur la figure 7.11. Elle peut également se servir d’une « barre latérale de redressement » que l’on trouve dans le commerce.
De la position couchée à la position assise au bord du lit
Du lit au fauteuil sans l’aide de la barre


Fig. 7.13 a et b. Du lit au fauteuil sans l’aide de la barre.
La même patiente a appris à passer du lit au fauteuil sans l’aide de la barre.
Ces apprentissages chez une patiente présentant un syndrome dégénératif paraissent surprenants. Les progrès fonctionnels sont certes provisoires (quelques années au plus), mais ces quelques années d’indépendance supplémentaire sont très importantes pour ces patients. Ces progrès ne sont pas dus à l’évolution spontanée de la maladie, mais à une rééducation fonctionnelle bien comprise. Ils prouvent le bien-fondé de ce type de prise en charge plus que dans les affections évoluant spontanément vers l’amélioration.
De la position assise à la position debout avec aide d’une tierce personne
Du décubitus au procubitus et inversement sans tomber du lit
Au début, l’exercice est exécuté avec l’aide d’une tierce personne. Progression avec une aide de moins en moins importante et finalement sans aide. En fin d’apprentissage, l’exercice est effectué plusieurs fois de suite grâce à un travail de l’endurance et l’élimination progressive des gestes inutiles par essais et erreurs.
Rouler de la position sur le dos à la position sur le ventre
Ce changement de position est facile à réaliser pour un sujet sain mais plus difficile pour un patient en début de récupération. La rééducatrice ne touche pas le patient, mais intervient pour le guider et le stimuler verbalement. À noter l’allongement du côté portant et la flexion relative du côté non portant, conformément aux études réalisées sur la motricité des petits enfants sains (par Le Métayer, Bobath, etc.).
Du fauteuil au tapis de sol avec aide
Quelques jours plus tard, malgré des tremblements incessants, le patient parvient à sortir de son fauteuil, à s’asseoir dans un premier temps sur le cale-pied, puis à se mettre au sol.
Transfert du fauteuil à la table sous la surveillance du kinésithérapeute
En début de progression, le patient ne peut passer du fauteuil roulant au lit sans l’aide d’une tierce personne valide. Il possède une force musculaire considérable, mais l’incoordination cérébelleuse et les tremblements diminuent considérablement l’efficacité de ses mouvements. Le risque de chute incontrôlée n’est pas négligeable, en particulier lors des transferts entre le fauteuil et le lit (ou les toilettes).
En rééducation, on effectue plusieurs fois un petit nombre d’exercices fonctionnels que le patient est capable d’optimiser. La meilleure performance sera notée dans le dossier du patient pour réaliser une progression chiffrée et datée. L’apprentissage de l’indépendance fonctionnelle n’est pas seulement l’affaire des rééducateurs. L’entourage du patient doit y participer (famille, amis, personnel infirmier, etc.) et le patient lui-même doit se prendre en charge et refuser toute aide inutile. Maintenant qu’il peut effectuer cet exercice sans aide, mais en prenant tout son temps, il faudra le chronométrer pour gagner en vitesse.