Chapitre 7 Affections du rachis dorsal
Affections rhumatologiques
Pelvispondylite rhumatismale ou spondylarthrite ankylosante [41, 67, 143]
C’est un rhumatisme inflammatoire chronique qui affecte le rachis et le bassin, avec tendance à l’ankylose chez l’homme jeune.
La pelvispondylite rhumatismale ou spondylarthrite ankylosante est une maladie inflammatoire chronique de cause inconnue qui fait partie des spondylarthropathies, un groupe de maladies ayant des caractères communs : certaines manifestations cliniques, association à l’antigène d’histocompatibilité HLA-B27, caractéristiques radiologiques bien déterminées, réponse au traitement, etc. Ces spondylarthropathies comprennent des maladies comme le syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter, l’arthrite et la pelvispondylite psoriasique, les spondylarthropathies juvéniles, les arthrites réactives, les arthrites et les pelvispondylites associées aux entéropathies, etc. Ces maladies se caractérisent par une « séro-négativité » en l’absence de facteur rhumatoïde, se différenciant ainsi de l’arthrite rhumatoïde. Il s’agit de maladies qui se localisent au niveau de l’enthèse, zone d’insertion osseuse de la capsule articulaire, des ligaments ou des tendons. Elles affectent plus ou moins la colonne vertébrale et les articulations périphériques. Elles entraînent également des phénomènes de fibrose et d’ossification avec néoformation osseuse, ce qui provoque ce qu’on appelle une ankylose.
Sémiologie
Sacro-iléite
Il s’agit de l’inflammation des articulations sacro-iliaques, relativement fréquente au début de la maladie. Ces articulations se situent dans la partie la plus basse du rachis et sont en relation avec l’os coxal. Lors du diagnostic, la présence d’une sacro-iléite à la radiographie ou à l’IRM représente un signe orientant vers le diagnostic de spondylarthrite ankylosante. La douleur des articulations sacro-iliaques ne se limite pas à cette seule région, et provoque parfois une douleur projetée dans la partie postérieure du muscle, pouvant atteindre les genoux. Cette douleur, bilatérale (sacro-iléite bilatérale) peut sauter d’une articulation sacro-iliaque à l’autre. Comme cette articulation va peu à peu développer une ankylose (et ne sera plus fonctionnelle), le patient n’aura plus mal dans cette région. Lorsque la douleur existe, elle peut augmenter lors d’effort entraînant une tension dans cette région, par exemple lors d’éternuements ou de toux.
Rachis
Un autre problème important est lié à la limitation des mouvements respiratoires. Le thérapeute doit mesurer (par le test de Schober) le degré de flexion du rachis lombaire et l’amplitude de l’expansion thoracique. Dans les cas sévères et non traités, la lordose lombaire (inclinaison normale du rachis à cet étage) a tendance à disparaître, les fesses et les muscles paravertébraux s’atrophient et la cyphose thoracique augmente.
Examen clinique
On emploie pour ce faire une série d’examens d’imagerie, de tests analytiques, etc.
Signes radiologiques
Évolution de la spondylarthrite ankylosante
L’évolution comporte trois phases :
Traitement
Ostéopathique
Le traitement ostéopathique est contre-indiqué en cas d’inflammation, de syndesmophytes, de colonne bambou.
Balnéothérapie
Elle a été étudiée chez 120 patients hollandais [157] atteints de spondylarthrite ankylosante et il a été observé une amélioration de la fonction et du bien-être chez les sujets qui suivaient une balnéothérapie dans une station thermale autrichienne proposant les cures Heilstollen. Comparé aux sujets qui restaient chez eux et continuaient uniquement leur traitement normal, la rigidité matinale des sujets sous balnéothérapie était moins importante. Cette amélioration, qui a duré 40 semaines à partir du moment où les sujets se sont rendus à la station balnéaire autrichienne, dépasse les 16 semaines d’amélioration observées chez les sujets se rendant à une station thermale normale (pour suivre des exercices et une hydrothérapie). De ce fait, selon cette étude, il y aurait un avantage à long terme de se rendre à cette station thermale autrichienne.
Sulfate de glucosamine
La glucosamine [40, 117, 123, 124, 131, 139, 151] est un dérivé naturel du glucose et une composante essentielle des glucoprotéines et des protéoglycanes qui favorisent la synthèse des protéines. La glucosamine est produite par les cellules. Dans le commerce, la glucosamine est vendue sans ordonnance pour soulager l’arthrose. Bien qu’il y ait des preuves de l’intérêt bénéfique de son emploi, son mécanisme d’action n’est pas connu. Il semblerait que la glucosamine détient le signal à l’origine de nombreuses substances chimiques de l’inflammation. Cela veut dire qu’elle pourrait avoir des effets immunosuppresseurs (c’est-à-dire diminuer l’activité de certains mécanismes immunologiques et inflammatoires systémiques impliqués dans l’arthrite et la spondylarthrite ankylosante). Cependant, les personnes sensibles à l’insuline doivent savoir que la glucosamine provient du sucre.
Régime et spondylarthrite ankylosante
Ces régimes [51, 63, 86, 156] sont fondés sur des études ayant relié une bactérie localisée dans l’intestin au déclenchement de la spondylarthrite ankylosante. Cependant, une fois la maladie établie, la présence de cette bactérie n’est pas clairement liée à l’augmentation de la gravité de la maladie. On pense que les personnes atteintes de spondylarthrite ankylosante ont un intestin « particulier » qui laisse passer des bactéries ou d’autres particules qui peuvent être des facteurs aggravants de la maladie. Certains pensent que si le patient ne consomme pas d’aliments pouvant « plaire » à ces bactéries, il pourrait se débarrasser de la majorité d’entre elles, ce qui améliorerait leur maladie. Une étude, publiée en 1996, suggère qu’un régime pauvre en amidon (c’est-à-dire sans pain, galettes, pâtes, etc.) pourrait soulager les symptômes de la spondylarthrite ankylosante. Cependant, aucune autre étude n’a été publiée pour confirmer ces résultats.
Syndrome de Tietze [41, 143]
En 1921, Tietze a décrit une affection bénigne liée à un ou plusieurs cartilages costaux, en général le 2e ou le 3e, mais parfois le 4e, 5e ou 6e. L’apparition de la tuméfaction est insidieuse et progressive, mais généralement le patient l’observe après un effort ou une crise de toux qui la fait devenir brutalement douloureuse. Cette tuméfaction est palpable, souvent visible, de consistance ferme, plus ou moins sensible à la pression. La phase douloureuse dure généralement quelques semaines, au maximum quelques mois, mais la tuméfaction persiste bien plus longtemps. Le traitement consiste à raccourcir la phase douloureuse par des infiltrations de cortisone ou des rayonnements ionisants.
Localisation
La tuméfaction chondrocostale caractéristique de la maladie de Tietze est aussi fréquente à gauche qu’à droite. Dans les deux tiers des cas (69 % de la série de Kayser) elle est unique. Dans un tiers des cas (31 % de la série de Kaiser), il existe plusieurs tuméfactions, deux à trois en général, rarement plus, qui sauf exception sont contiguës et unilatérales. Le plus souvent, le deuxième cartilage costal est atteint.
Symptomatologie
La douleur, inconstante, est d’intensité variable selon le cas, quoique généralement modérée.
La tuméfaction du cartilage costal est habituellement située au niveau de la jonction chondro-costale et parfois au niveau de la jonction chondro-sternale. Elle est fusiforme ou globuleuse, plus ou moins volumineuse, ferme et habituellement douloureuse à la pression. C’est plus la tuméfaction que la douleur qui préoccupe en général les patients et leur fait craindre un cancer. Elle est recouverte d’une peau tout à fait normale.
Cette affection ne s’accompagne pas de fièvre ou d’élévation de la vitesse de sédimentation.
Spondylodiscites infectieuses [41, 69, 143]
La localisation d’un agent infectieux dans le corps de la vertèbre et dans le disque intervertébral entraîne une spondylodiscite infectieuse ou « ostéo-arthrite vertébrale ».
Quel que soit le germe en cause, le tableau symptomatique de la spondylodiscite est caractéristique.
Caractéristiques
Signes cliniques
Signes radiologiques
Quelle que soit l’étiologie, les signes radiologiques apparaissent systématiquement avec un certain retard et, de ce fait, on ne peut exclure le diagnostic de spondylodiscite devant un cliché normal, il faut refaire simplement les radiographies.
L’association d’un pincement discal et de signes de destruction osseuse est pathognomonique de la spondylodiscite ; ces lésions sont précoces et d’instauration rapide en quelques semaines (figure 7.5).
Les images paravertébrales en fuseaux siègent surtout au niveau du rachis thoracique ou lombaire et peuvent traduire le développement d’un abcès à partir du foyer infectieux vertébral.
Examens complémentaires
La vitesse de sédimentation est généralement augmentée et constitue indubitablement un signe d’alerte, particulièrement valable au début de la maladie lorsqu’elle s’accompagne d’une rachialgie apparemment banale.
Diagnostic
Étiologie
Spondylodiscite tuberculeuse ou mal de Pott
La fréquence du mal de Pott a beaucoup diminué. Il est actuellement propre à l’adulte et en particulier aux sujets récemment immigrés (nord-Africains).
Lésions radiologiques
Elles sont très destructrices. Le retard radiologique est important (au moins 6 semaines).
De volumineuses cavernes centro-somatiques renfermant des séquestres intragéodiques détruisent le corps vertébral. Elles sont généralement localisées au niveau de deux corps vertébraux adjacents formant une image en « miroir ». Ces destructions osseuses engendrent d’importantes modifications de la statique vertébrale : cyphose et gibbosité ; il n’est pas rare d’observer une image de fuseau paravertébral correspondant à un abcès froid (figure 7.6).
En principe, la reconstruction spontanée est plus tardive et représente un argument indirect important du diagnostic (figure 7.7).
Examens biologiques
Il est indispensable de rechercher systématiquement le bacille de Koch dans les sécrétions trachéobronchiques et l’urine car en cas de positivité. En effet, cela permet de confirmer l’infection et témoigne de l’existence d’autres localisations évolutives de la maladie tuberculeuse.
Spondylodiscite brucellique
Pseudo-Pott mélitococcique
Avec la sacro-iléite et les colites, les spondylodiscites représentent la localisation articulaire la plus fréquente de la brucellose. Elles sont typiques dans les zones endémiques.
Le diagnostic peut être établi par :
Spondylodiscites provoquées par des divers germes banals
Ce sont actuellement les plus fréquentes :
Les examens biologiques mettent en évidence :
Traitement de la spondylodiscite infectieuse
Il est actuellement essentiellement médical et repose, quelle que soit l’étiologie, sur une mesure fondamentale : l’immobilisation plâtrée ou dans une minerve pendant au moins 6 semaines. À cela s’ajoute une antibiothérapie qui en fin de compte est déterminée par le germe en cause.
Spondylodiscite tuberculeuse
Elle s’améliore sous traitement antibiotique antituberculeux prolongé pendant 12 à 18 mois. À l’heure actuelle, cette antibiothérapie repose sur trois antibiotiques : l’isoniazide, la rifampicine et l’éthambutol.
Spondylodiscite à germes banals
Une fois le germe isolé, l’antibiogramme permet de déterminer le traitement antibiotique. Celui-ci doit comporter au moins deux antibiotiques bactéricides, administrés par voie parentérale les six premières semaines puis par voie orale pendant au total 3 mois.
Spondylodiscite à Brucella
Le traitement repose sur l’association de deux antibiotiques pendant 2 ou 3 mois. Les plus utilisés sont la streptomycine et les dérivés de la tétracycline (auréomycine, terramycine). L’hyperthermie provoquée (pyrétothérapie) par injection intraveineuse de vaccin anti-Brucella melitensis accélère le processus de guérison.
Maladie de Scheuermann : épiphysite (« apophysite ») vertébrale ou dystrophie rachidienne de croissance [74]
Il s’agit d’une ostéochondrose vertébrale de croissance liée à des troubles d’ossification du listel marginal qui se produisent lors de la puberté.