68 Prostatodynie
SYNDROME CLINIQUE
La prostatodynie est une cause rare de douleur périnéale chez l’homme. Également désignée par le terme de prostatite chronique non bactérienne/syndrome pelvien douloureux chronique, la pros-tatodynie n’est probablement pas une entité clinique unique, mais constitue plutôt une association de différents troubles provoquant une douleur dans cette région anatomique. Parmi ces troubles, peuvent être cités les infections chroniques de la prostate, l’inflammation chronique de la prostate sans infection décelable, les anomalies de la vidange vésicale, des troubles des muscles périnéaux, l’algo-dystrophie sympathique réflexe et des causes psychogènes. Toutes ces pathologies ont en commun de provoquer une douleur périnéale chronique mal définie, qui est le signe distinctif de la prostatodynie.
La douleur de la prostatodynie est caractérisée par une douleur sourde et vague ou à type de brûlure du périnée et des structures sous-jacentes (figure 68.1). L’intensité de la douleur est légère à modérée, et peut s’aggraver pendant la miction ou l’acte sexuel. La douleur peut être projetée sur le pénis, les testicules, le scrotum ou la face interne des cuisses. Des symptômes mictionnels irritatifs et un dysfonctionnement sexuel accompagnent fréquemment la douleur de la prostatodynie. L’examen des antécédents doit inclure des questions spécifiques relatives à d’éventuels sévices sexuels antérieurs.
Des processus pathologiques extraprostatiques peuvent également se manifester par une prostatodynie comme symptôme primaire. L’une des causes les plus fréquentes de prostatodynie d’origine extraprostatique est constituée par les affections malignes du contenu pelvien autres que la prostate. Il est rare qu’une tumeur touchant le plexus lombaire, la queue de cheval ou le plexus hypo-gastrique se manifeste par une douleur localisée à la prostate et au périnée. Une neuropathie radique peut survenir après une radiothérapie effectuée pour le traitement d’une affection maligne de la prostate et du rectum, et peut se manifester par une douleur similaire à celle de la prostatodynie.
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
Le toucher rectal destiné à l’examen de la prostate est essentiel pour diagnostiquer l’origine de la prostatodynie. Un examen minutieux destiné à rechercher une douleur à la palpation, des nodules ou une tumeur est essentiel pour ne pas négliger une affection maligne prostatique. Une échographie de la prostate est indiquée chez tous les patients. S’il existe un doute sur la présence d’une affection maligne occulte de la prostate ou du contenu pelvien, une imagerie par résonance magnétique (IRM) ou une tomodensitométrie (TDM) du bassin sont indispensables, de même que le dosage de l’antigène prostatique spécifique (figure 68.2). Une infection aiguë de la prostate peut entraîner une augmentation de la concentration de l’antigène spécifique prostatique. Une analyse d’urine destinée à éliminer une infection du tractus urinaire est également nécessaire. L’intérêt de l’analyse du liquide prostatique après massage prostatique pour l’évaluation de la prostatodynie reste douteux, bien que certains comptes rendus indiquent une élévation constante de la concentration d’acide urique.