6: Toxoplasmose

Chapitre 6


Toxoplasmose




Nouveau programme


Item 8. Ethique médicale


Item 26. Prévention des risques foetaux : infection, médicaments, toxiques, irradiation


Item 79. Altération de la fonction visuelle (voir item 127)


Item 89. Déficit neurologique récent


Item 144. Fièvre aiguë chez l’enfant et l’adulte


Item 148. Méningites, méningoencéphalites chez l’adulte et l’enfant


Item 151. Infections broncho pulmonaires communautaires de l’adulte et de l’enfant


Item 165. Infections à VIH


Item 169. Zoonoses


Item 173. Prescription et surveillance des anti-infectieux chez l’adulte et l’enfant (voir item 326)


Item 185. Déficit immunitaire


Item 187. Fièvre chez un patient immunodéprimé


Item 206. Pneumopathie interstitielle diffuse


Item 213. Syndrome mononucléosique


Item 216. Adénopathie superficielle de l’adulte et de l’enfant


Item 296. Tumeurs intracrâniennes


Item 337. Malaise, perte de connaissance, crise comitiale chez l’adulte


Item 338. État confusionnel et trouble de conscience chez l’adulte et chez l’enfant


Ancien programme


Item 20. Prévention des risques fœtaux : infection, médicaments, toxiques, irradiation.


Item 81. Fièvre aiguë chez un malade immunodéprimé.


Item 85. Infection à VIH – savoir reconnaître les principales infections opportunistes.


Item 86. Infections bronchopulmonaires du nourrisson, de l’enfant et de l’adulte.


Item 96. Méningites infectieuses et méningoencéphalites chez l’enfant et chez l’adulte.


Item 115bis. Déficit immunitaire.


Item 120. Pneumopathie interstitielle diffuse.


Item 146. Tumeurs intracrâniennes.


Item 173. Prescription et surveillance des anti-infectieux.


Item 192. Déficit neurologique récent


Item 199. État confusionnel et trouble de la conscience.


Item 203. Fièvre aiguë chez l’enfant et chez l’adulte.


Item 209. Malaise, perte de connaissance, crise comitiale chez l’adulte.


Item 291. Adénopathie superficielle.


Item 293. Altération de la fonction visuelle


Item 334. Syndrome mononucléosique.


On regroupe sous le nom de toxoplasmose toutes les manifestations cliniques ou biologiques dues au toxoplasme, protozoaire parasite de la classe des Coccidies dont le nom est Toxoplasma gondii. Cette parasitose cosmopolite est habituellement bénigne, mais potentiellement grave chez le fœtus et l’immunodéprimé. Elle fait l’objet, en France, de dispositions légales contraignantes que tout médecin doit connaître et appliquer. Le toxoplasme a été décrit pour la première fois en 1908 à l’Institut Pasteur de Tunis par Nicolle et Manceaux chez un petit rongeur, le gondi. Le premier cas humain en tant que tel a été rapporté en 1940 mais des cas antérieurs se sonta posteriori révélés être des toxoplasmoses. La première technique de diagnostic immunologique a été mise au point en 1948 et le cycle totalement élucidé en 1969. On estime que 600 000 à 700 000 nouvelles infections surviennent chaque année en France, dont 2 700 chez des femmes enceintes, dont l’enfant est ainsi exposé au risque de toxoplasmose congénitale (près de 300 cas annuels notifiés). La toxoplasmose de l’immunodéprimé est une infection grave susceptible de se manifester dans toutes les situations d’immunodépression.



I Épidémiologie



A Parasite


Toxoplasma gondii existe sous trois formes évolutives différentes :



• le tachyzoïte (fig. 6.1), parasite intracellulaire obligatoire de 6 μm à 8 μm de long sur 3 μm à 4 μm, qui peut parasiter toutes les cellules de l’organisme, dont celles du système des phagocytes mononucléés, au sein desquelles il va se multiplier rapidement ;



• le bradyzoïte, qui résulte de la transformation du stade tachyzoïte au cours de son évolution chez l’hôte intermédiaire. Morphologiquement très proche, il s’en distingue par un métabolisme ralenti conduisant à un état de latence (peu ou pas de multiplication). Les bradyzoïtes sont regroupés (quelques dizaines à un millier) au sein de kystes (fig. 6.2), où ils sont inaccessibles aux défenses immunitaires et aux traitements actuels. Ils siègent principalement dans les neurones, les astrocytes, les cellules musculaires et les cellules rétiniennes ;



• le sporozoïte, résultat de la reproduction sexuée qui a lieu dans les cellules de l’épithélium intestinal de l’hôte définitif. Il est contenu dans des oocystes (fig. 6.3), qui peuvent survivre sur le sol plus d’un an dans un climat humide.




B Cycle


Le cycle du toxoplasme fonctionne entre, d’une part, le chat et les félidés sauvages qui sont les hôtes définitifs (cycle sexué) et, d’autre part, les autres animaux à sang chaud (homéothermes), tous susceptibles d’être hôte intermédiaire hébergeant les formes asexuées (fig. 6.4). Les félidés se contaminent en chassant les hôtes intermédiaires (oiseaux, mammifères), eux-mêmes contaminés à partir des oocystes présents sur le sol, les végétaux ou dans les eaux de boisson. Une particularité originale au toxoplasme est la possibilité d’un cycle asexué ne faisant pas intervenir d’hôte définitif, le parasite passant d’un hôte intermédiaire à un autre par l’ingestion de kystes contenus dans la chair d’animaux carnivores ou herbivores.




C Modes de contamination


La contamination de l’homme s’effectue selon trois modalités principales :



• transmission par absorption d’oocystes : cette contamination est essentiellement indirecte par consommation de fruits et légumes crus mal lavés ou d’eau de boisson contaminée, et à cause d’une hygiène des mains insuffisante après contact avec le sol (jardinage) ou les animaux ;


• transmission par les kystes : la contamination se fait par consommation de viandes insuffisamment cuites (en particulier le mouton), fumées ou saumurées, les kystes n’étant détruits que par une cuisson de la viande à 65 °C ou une congélation inférieure à –12 °C pendant 3 jours au moins. Ce sont également les kystes qui sont impliqués dans la transmission par transplantation d’organe d’un donneur séropositif pour la toxoplasmose vers un receveur négatif avant la greffe ;


• transmission par les tachyzoïtes : le tachyzoïte, forme fragile détruite dans le milieu extérieur, est l’agent de la transmission transplacentaire responsable de la toxoplasmose congénitale.



Les seuls chats représentant un risque direct sont les jeunes animaux qui chassent pour se nourrir. Un chat d’appartement urbain, nourri avec des aliments industriels, ne représente pas un « danger toxoplasmique ». Par ailleurs, les chats n’éliminent des oocystes que pendant quelques semaines au cours de leur vie, lors de la primo-infection. Ces oocystes doivent séjourner un certain temps (2 à 5 jours) dans le milieu extérieur pour être infectants, car ils sont émis non sporulés. Enfin, la plupart des femmes enceintes, associant chat et toxoplasmose, prennent de grandes précautions à l’égard de cet animal.



D Répartition géographique


La toxoplasmose est cosmopolite ; sa prévalence augmente avec l’âge et varie en fonction de l’environnement et des habitudes alimentaires.


Dans les pays développés, la contamination est essentiellement liée à la consommation de viande infectée. La prévalence est faible, en général inférieure à 25 %, dans les pays où la viande est consommée bien cuite (Royaume-Uni, Scandinavie, Amérique du Nord). En France et en Allemagne, en raison des habitudes de consommation de viandes saignantes ou fumées, les chiffres sont plus élevés, de l’ordre de 40 % à 60 %. Les dernières données françaises (2010) font état d’une séroprévalence de 36,7 % chez les femmes enceintes. Il existe des disparités régionales, bien étudiées en France, les chiffres variant de 28 % dans les zones montagneuses à climat hivernal froid (Vosges, Jura, Massif central, Alpes) à 58 % dans le Sud-Ouest.


En Asie du Sud-Est et au Japon, la prévalence est très faible, inférieure à 10 % ; elle est de l’ordre de 20 % à 30 % dans le sous-continent indien et au Proche-Orient.


Dans les pays tropicaux d’Afrique et d’Amérique, la contamination est plutôt liée à l’absorption d’oocystes issus de chats domestiques et de félidés sauvages. La prévalence est faible dans les zones où le climat est chaud et sec, peu favorable à la survie des oocystes sur le sol ; elle est élevée, jusqu’à 80 % parfois, dans les régions humides.



II Physiopathologie


Les tachyzoïtes sont capables d’envahir activement tout type de cellules et peuvent donc disséminer dans tous les organes, grâce à la migration des cellules mononucléées qui les hébergent. Une réponse immunitaire efficace, de type cellulaire, est nécessaire pour le contrôle de la phase aiguë de l’infection, aboutissant à la transformation des tachyzoïtes en bradyzoïtes et à la formation des kystes, qui persisteront toute la vie de l’hôte, principalement dans les muscles, le cerveau et la rétine. L’immunité humorale ne joue pas un rôle majeur dans le contrôle à long terme de la toxoplasmose. Ce contrôle dépend de l’immunité cellulaire T : la multiplication du toxoplasme est inhibée par l’interféron γ sécrété par les lymphocytes CD8, eux-mêmes stimulés par l’interleukine 2 (IL-2) produite par les lymphocytes CD4 Th1. En cas de déficit de l’immunité cellulaire, les bradyzoïtes contenus dans les kystes se retransforment en tachyzoïtes, qui sont libérés des kystes. Ces tachyzoïtes provoquent une destruction tissulaire locale avec lésions inflammatoires et nécrose. La dissémination vers d’autres organes est possible par voie sanguine. Le terrain génétique de l’hôte et la souche de toxoplasme en cause ont une influence sur l’évolution de l’infection. L’absence d’immunité cellulaire T efficace chez le jeune fœtus immuno-immature explique la gravité de la toxoplasmose congénitale.



III Clinique


On distingue trois grandes entités cliniques : la toxoplasmose acquise postnatale du sujet immunocompétent, la toxoplasmose du sujet immunodéprimé et la toxoplasmose congénitale.


Cette distinction clinique a également des conséquences diagnostiques ; schématiquement :




A Toxoplasmose acquise postnatale du sujet immunocompétent


Elle est asymptomatique dans plus de 80 % des cas.


Les formes symptomatiques associent fièvre, adénopathies et asthénie. Le patient présente une fébricule pendant quelques jours ou quelques semaines, qui disparaît spontanément. Les adénopathies sont plus volontiers cervicales, peu volumineuses, n’adhérant pas aux plans profonds et ne fistulisant pas, mais les autres territoires ganglionnaires peuvent être atteints. L’asthénie peut être profonde et persister plusieurs mois. L’évolution est habituellement bénigne et la guérison spontanée. Des formes plus graves de toxoplasmose acquise ont été rapportées récemment chez des immunocompétents, évoluant comme une toxoplasmose de l’immunodéprimé. Les très rares cas décrits en France trouvaient leur origine principalement en Guyane, avec pour facteur de risque la consommation de viande de gibier sauvage. Ce sont des souches de toxoplasme circulant dans un environnement éloigné de l’homme (cycle sauvage) et mal adaptées à lui qui sont en cause. Des formes oculaires acquises (rétinochoroïdites) avec une tendance à la récidive sont possibles. Leur fréquence est plus élevée en Amérique du Sud et, sans doute, en Afrique.

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Jun 17, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 6: Toxoplasmose

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