Chapitre 6 Système lymphatique
Les cellules corporelles baignent dans le liquide interstitiel (tissulaire), qui fuit de façon constante du flux sanguin à travers les parois perméables des capillaires sanguins. La composition de celui-ci est donc très similaire à celle du plasma sanguin. Une partie du liquide tissulaire retourne dans les capillaires sanguins à l’extrémité veineuse de ceux-ci ; le reste diffuse à travers la paroi plus perméable des capillaires lymphatiques, et devient la lymphe.
La lymphe circule dans des vaisseaux de calibre croissant et dans un nombre variable de nœuds lymphatiques, avant de retourner dans le sang. Le système lymphatique (Fig. 6.1) comporte :
Les fonctions du système lymphatique comprennent les suivantes.
Drainage tissulaire
Chaque jour, environ 21 litres de liquide plasmatique, transportant des substances dissoutes et certaines protéines plasmatiques, s’échappent des capillaires à leur extrémité artérielle et passent dans les tissus. Le plus grande partie de ce liquide retourne directement au courant sanguin en traversant la paroi capillaire à son extrémité veineuse, mais ce qui est en excès, environ 3 à 4 litres de liquide, est drainé par les vaisseaux lymphatiques. Sans cela, les tissus seraient rapidement gorgés d’eau, et le système cardiovasculaire commencerait à devenir défaillant tandis que le volume sanguin circulant baisserait.
Absorption dans l’intestin grêle
Les graisses et les substances liposolubles, par exemple les vitamines liposolubles (NdT : vitamines A, D, E, K) sont absorbées dans les chylifères centraux (vaisseaux lymphatiques) des villosités intestinales.
Lymphe et vaisseaux lymphatiques
Lymphe
La lymphe est un liquide aqueux clair, dont la composition est semblable à celle du plasma, hormis une exception importante, celle des protéines ; elle a une composition identique à celle du liquide interstitiel (NdT : dans les deux liquides, la concentration en protéines est d’environ 20 g/l, du moins pour la lymphe issue de la plupart des tissus ; en revanche, la concentration en protéines de la lymphe issue du foie atteint 60 g/l, celle de la lymphe formée dans l’intestin atteint 30–40 g/l). La lymphe transporte des protéines plasmatiques qui ont filtré hors du lit capillaire, et elle les ramène dans le courant sanguin. Elle transporte aussi des particules plus volumineuses, par exemple des bactéries et des débris cellulaires provenant de tissus endommagés, qui peuvent être ainsi filtrés et détruits par les nœuds lymphatiques. La lymphe contient des lymphocytes, et leur permet d’atteindre les différentes régions du corps. Dans les chylifères de l’intestin grêle, les graisses absorbées donnent à la lymphe (appelée alors chyle), un aspect laiteux.
Capillaires lymphatiques
Les capillaires lymphatiques prennent naissance dans les espaces interstitiels sous forme de tubes à extrémité borgne (Fig. 6.2). Ils ont la même structure que les capillaires sanguins, car leur paroi est faite d’une seule couche de cellules endothéliales (NdT : il existe cependant des différences notables entre ces deux types de vaisseaux) ; leur paroi est plus perméable que celle des capillaires sanguins à tous les constituants du liquide interstitiel, dont les protéines et les débris cellulaires. Les minuscules capillaires lymphatiques se réunissent pour former des vaisseaux lymphatiques qui, de confluent en confluent, ont une taille croissante.
Gros vaisseaux lymphatiques
Des vaisseaux lymphatiques cheminent souvent le long des artères et des veines qui vascularisent la région. Leurs parois présentent environ la même épaisseur que celle des petites veines, avec les mêmes couches tissulaires, c’est-à-dire une couverture fibreuse, une couche moyenne de muscle lisse et de tissu élastique, une couche interne bordante endothéliale. Comme les veines, les vaisseaux lymphatiques (NdT : dont les capillaires) ont sur toute leur longueur de nombreuses valves bicuspides (à deux valvules), qui font que la lymphe circule dans une seule direction, vers le thorax (Fig. 6.3). Il n’y a pas de pompe semblable au cœur pour mobiliser la lymphe, mais la couche musculaire de la paroi des gros vaisseaux lymphatiques a la capacité intrinsèque de se contracter rythmiquement (formant la pompe lymphatique) (NdT : beaucoup de physiologistes pensent que le capillaire lymphatique est également capable de pomper la lymphe grâce à des filaments d’ancrage arrimant les cellules endothéliales au tissu avoisinant : en cas d’excès de liquide interstitiel, les filaments tirent sur les cellules endothéliales qu’elles écartent, du liquide passe dans les interstices ainsi créés entre les cellules, en raison d’un gradient de pression ; le liquide arrivant dans le capillaire y augmente la pression, ce qui referme les interstices).
Les vaisseaux lymphatiques, par réunions successives, deviennent de plus en plus gros ; ils finissent par former deux gros canaux, le conduit (ou canal) thoracique et le conduit (canal) lymphatique droit, qui vident leur lymphe dans les veines subclavières gauche et droite, respectivement.
Conduit (canal) thoracique
Ce conduit débute à la citerne du chyle, qui est un canal lymphatique dilaté situé devant le corps des deux premières vertèbres lombales. Long d’environ 40 cm, le conduit remonte dans l’abdomen et le thorax, et se jette dans la veine subclavière gauche (NdT : à sa jonction avec la veine jugulaire interne). Il draine la lymphe des deux membres inférieurs, des cavités pelvienne et abdominale, de la moitié gauche du thorax, de la tête et du cou, ainsi que celle du membre supérieur gauche (Fig. 6.1A et B).
Conduit (canal) lymphatique droit
Il s’agit d’un vaisseau lymphatique dilaté long d’environ 1 cm. Il siège à la racine du cou, et s’ouvre dans la veine subclavière droite (NdT : à sa jonction avec la veine jugulaire interne droite). Il draine la lymphe de la moitié droite du thorax, de la tête et du cou, ainsi que celle du membre supérieur droit (Fig. 6.1A et B).
Organes et tissus lymphatiques
Après avoir étudié cette section, vous devriez être capable :
Nœuds lymphatiques
Les nœuds lymphatiques sont des organes ovalaires ou en forme de haricot, qui siègent, souvent par groupes, sur le trajet des vaisseaux lymphatiques. La lymphe se draine à travers un certain nombre de nœuds, habituellement 8 à 10, avant de rejoindre la circulation sanguine. Leur taille est très variable, de celle d’une tête d’épingle à celle d’une amande.
Structure
Les nœuds lymphatiques (Fig. 6.4) ont une capsule fibreuse qui pénètre à l’intérieur du nœud en formant des travées conjonctives. La substance du nœud est faite essentiellement de tissus réticulaire et lymphoïde, contenant de nombreux lymphocytes et macrophages.
La lymphe de la tête et du cou traverse les nœuds cervicaux profonds et superficiels (Fig. 6.5).