6: Reconstruction du ligament croisé antérieur: technique chirurgicale

Chapitre 6 Reconstruction du ligament croisé antérieur


technique chirurgicale





Technique chirurgicale


Par habitude, nous continuons d’appeler KJ cette technique comportant une greffe libre avec prélèvement du tiers moyen libre du tendon rotulien, même si la terminologie peut paraître impropre. La technique décrite ici s’inspiretrès largement de celle proposée par P. Chambat.



Installation et examen du patient


Nous utilisons la même installation (cf. chapitre 1 Principes généraux d’installation) que pour toute chirurgie du genou (fig. 6.1). Une fois les champs mis en place, avant le gonflement du garrot, on procède à un testing sous anesthésie générale comportant la manœuvre de Lachman-Trillat et la recherche du ressaut.




Prélèvement du transplant rotulien


Le prélèvement du transplant rotulien précède le temps arthroscopique afin de limiter l’infiltration des parties molles par le liquide de lavage.


L’incision de 6 à 8 cm, verticale, longe le bord interne du tendon rotulien. Elle s’étend de la pointe de la rotule à la tubérosité tibiale antérieure (TTA) qu’elle dépasse de 2 cm (fig. 6.2).



Les deux berges de la plaie sont réclinées. Le velum prétendineux est ensuite soigneusement incisé verticalement au milieu du tendon rotulien et relevé de part et d’autre jusqu’à visualiser parfaitement les bords interne et externe du tendon. Le tendon doit être exposé ainsi que ses insertions sur la TTA et sur la pointe de la rotule. Le tiers central est ainsi repéré.



Délimitation de la partie tendineuse


Le prélèvement débute par la partie tendineuse au moyen du bistouri à deux lames (fig. 6.3). La largeur du prélèvement est de 10 voire 11 mm. L’incision se fait dans le sens des fibres (fig. 6.4). Elle est achevée en haut et en bas au moyen d’un bistouri à lame 23 jusque sur les extrémités osseuses en discisant les fibres à l’aide du bord non tranchant de la lame. Le bistouri permet de figurer et de délimiter les contours des futurs blocs osseux en incisant le périoste.






Découpe des baguettes osseuses


Les deux incisions longitudinales du tendon rotulien sont maintenues alternativement ouvertes par un écarteur de Farabeuf afin de faciliter la découpe des blocs osseux à l’aide de la scie coudée (fig. 6.6).




Bloc osseux tibial


La corticale antérieure est découpée sur le tibia en suivant l’incision périostée précédemment effectuée (fig. 6.6). La découpe transversale nécessite d’incliner la scie, pour limiter les risques de fracture. La baguette tibiale est ensuite détachée au moyen d’un ciseau gouge placé au niveau de la zone de réflexion du tendon rotulien sur le tibia. Le bloc osseux tibial doit être trapézoïdal, plus exactement en bouchon de champagne. Sa base distale mesure 12 mm, tandis que le petit côté correspond à la largeur du transplant, soit 10 mm. Sa longueur est de 25 mm et sa hauteur de 10 mm.




Préparation du transplant rotulien


Cette étape peut être confiée à un collaborateur en formation. Les détails techniques doivent être strictement respectés. La première étape de la préparation du transplant consiste à calibrer les baguettes osseuses (fig. 6.11). La baguette rotulienne est affinée et ses bords sont arrondis (pince gouge et pince Liston). Elle doit passer facilement dans le calibreur de 9 mm de diamètre (fig. 6.12). Tandis que la baguette tibiale traverse le calibreur de 10 mm par son extrémité tendineuse, sa partie évasée doit se bloquer dans le calibreur diamétré à 10 mm, ce qui préfigure un bon press-fit lors de la mise en place ultérieure du greffon.




Des fils tracteurs sont disposés à chaque extrémité du transplant. Un fil Fiberwire est passé en « 8 » dans les deux trous du bloc osseux rotulien. Les brins libres doivent être suffisamment longs (15 à 20 cm). Ce fil métallique est serré au contact du bord libre du bloc osseux pour autoriser une traction axiale. Un fil n°5 unique est passé dans la baguette tibiale (fig. 6.13). Il permettra le cas échéant de tracter le futur bloc osseux introduit dans le fémur. Le transplant est alors déposé dans une cupule remplie de sérum physiologique. Il ne doit jamais être placé dans une compresse humide car le risque ne serait pas nul de le voir finir dans la poubelle avec la compresse…




Temps arthroscopiques



Préparation de l’échancrure


L’optique est introduit par une petite contre-incision cutanée antéro-externe, les instruments par la voie antéro-interne (cf. point d’entrée dans le chapitre Arthroscopie) (fig. 6.14). Le bilan arthroscopique permet de rechercher une lésion méniscale (fig. 6.15) et de vérifier l’état du cartilage. Le reliquat du LCA est visualisé. De même, la morphologie de l’échancrure est évaluée. Si un geste méniscal est envisagé, ce sera le premier des gestes arthroscopiques. (cf. chapitre Arthroscopie).




Le nettoyage de l’échancrure est méthodique. Il faut d’abord réséquer l’éventuel moignon de LCA restant. Un petit ciseau gouge (fig. 6.16), aux bords latéraux émoussés (afin de ne pas couper les fibres verticales du LCP), introduit par le point d’entrée instrumental antéro-interne, est glissé au contact de la face axiale du condyle externe afin de la « ruginer ». Le pied du LCA est ensuite réséqué sur le tibia en utilisant une lame de bistouri (dite banane empruntée a la chirurgie ophtalmologique) montée sur un manche spécifique (beaver) (fig. 6.17, 6.18, 6.19). Le couteau motorisé (shaver) permet de nettoyer tous les débris ligamentaires et synoviaux. Placé en fonctionnement alternatif (avance-recul), il permet de réséquer le corps du ligament. En mode avancé rapide, la zone d’insertion est au mieux avivée.






Au fémur, il faut nettoyer la face axiale du condyle externe et les fibres restantes de l’insertion fémorale de LCA.


Le bord postérieur de l’échancrure est crocheté. Ce contrôle et une parfaite visualisation du bord postérieur et supérieur de l’échancrure sont essentiels si l’on veut éviter l’erreur trop fréquente d’un positionnement trop antérieur du tunnel fémoral (fig. 6.20).





Forage du tunnel fémoral


Le viseur fémoral (fig. 6.21) est introduit par le point d’entrée antéro-interne et son extrémité en crochet permet de cravater le bord postérieur de l’échancrure. Le tunnel doit émerger juste en avant du bord postérieur et latéral de l’échancrure à 10 heures pour un genou droit. Le viseur est ensuite incliné pour orienter la direction du futur tunnel de 30° en bas, en dedans et en avant. Le canon de visée de la broche est ensuite mis en place sur l’autre extrémité du viseur. Il permet de visualiser le point d’entrée cutané qui doit se situer à la face latérale du condyle externe, au-dessus et en arrière du ligament latéral externe.



La peau et le fascia lata sont incisés en regard du canon de visée. Une pince de Kelly permet d’écarter les berges du fascia lata tandis que le canon est poussé jusqu’au contact osseux. Une broche-guide adaptée à un moteur est introduite et poussée à travers le condyle. Sa progression est stoppée à l’intérieur du genou par la garde du viseur qui est dans l’axe de la broche. Le viseur est discrètement décollé tandis que la broche émerge 4 mm en avant du crochet (fig. 6.22). L’arthroscope visualise l’émergence de la broche.



Le canon de visée est ensuite enlevé, de même que le viseur. L’opérateur introduit une curette trouée qu’il enfile à la manière d’un bilboquet sur l’extrémité articulaire de la broche qui dépasse de quelques millimètres. Un premier tunnel de 6 mm de diamètre est perforé à l’aide d’une mèche introduite sur la broche-guide (fig. 6.23). La direction de la mèche doit être strictement alignée sur la broche. L’alignement correct permet la progression harmonieuse et régulière sans effort de la mèche sur la broche-guide. La moindre résistance doit faire retirer la mèche et vérifier la direction (le risque est d’attaquer la broche avec la mèche perforée et créer des débris métalliques voire de la fragiliser ou la couder). Une deuxième mèche de 10 mm de diamètre permet d’agrandir le diamètre du tunnel avec les mêmes précautions. La broche est enlevée et les débris du tunnel sont aspirés soigneusement (fig. 6.24). L’intérêt d’utiliser deux mèches successives est double :





On procède alors à l’aspiration des débris (si ce temps est oublié, le chirurgien aura la mauvaise surprise d’observer des débris osseux à la partie postérieure des condyles sur la radiographie postopératoire), puis au contrôle arthroscopique de l’intégrité du tunnel par la voie externe sur le fémur (vérifier la présence d’os spongieux sur le pourtour du tunnel) (fig. 6.25). La curette toujours en place permet d’adoucir le bord antérieur du tunnel intra-articulaire sur lequel risquerait de s’éroder le transplant lors de sa progression ultérieure. Un bouchon obturateur est mis en place transitoirement.




Forage du tunnel tibial


Le viseur tibial (fig. 6.26) est introduit par le point d’entrée antéro-interne. La pointe est située à la limite du cartilage du plateau interne en avant du LCP, en arrière de la corne antérieure du ménisque interne et en dedans de la corne antérieure du ménisque externe (fig. 6.27). Ce point est globalement aligné sur le plan des deux condyles le genou à 90° de flexion. En fait, cette zone correspond à l’insertion des fibres restantes du LCA. Le viseur est ensuite incliné environ à 45°, de manière à ce que le canon de visée de la broche se situe juste sous le surplomb de la métaphyse tibiale interne en dedans de la tubérosité tibiale antérieure. L’issue de la brochew dans l’articulation est contrôlée (fig. 6.28). Le viseur est retiré.


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May 27, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 6: Reconstruction du ligament croisé antérieur: technique chirurgicale

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