6 Homosexualité ou homo-érotisme ?
Le psychologue n’est ni un biologiste, ni un sociologue, ni un juriste et surtout pas un moralisateur.
Il ne lui appartient pas de juger de l’opportunité ou non du choix de partenariat affectif que l’opinion publique dénomme « homosexualité », appellation à laquelle les intéressés, eux, tiennent à demeurer fixés.
La clinique
Les exigences de l’approche psychologique (en dehors de toute coloration pathologique) obligent le clinicien à dénoncer la facilité langagière courante regroupant en une catégorie unique (et conduisant à une « pensée unique ») l’ensemble de ceux qui sont désignés, ou qui se désignent, comme « homosexuels ».
1. Tout d’abord, un très grand nombre de sujets qui, tout en fonctionnant comme « hétérosexuels », paraissent conserver parallèlement et partiellement des attraits pour des partenaires du même sexe.
Aucune structure mentale de la personnalité ne se rencontre comme purement monolithique. Le sujet conserve toujours son originalité et ses diversités dans la relativité de l’importance accordée par lui à telle ou telle forme de fonctionnement affectif et au choix de l’objet préférentiel. En cela, il n’y a rien de pathologique.
2. Ceux qui sont considérés plus habituellement (et se considèrent eux-mêmes) comme « homosexuels » correspondent à des sujets qui recherchent à la fois une sécurité et une satisfaction dans la relation qu’ils entretiennent avec des semblables à eux-mêmes.
Dès la fin du XIXe siècle, toute la théorie freudienne a été fondée sur la distinction entre auto-érotisme, homo-érotisme et hétéro-érotisme. Il n’était alors pas question de privilégier le seul aspect somatique et génital de certaines zones érogènes. Ce qui était mis en avant était le mode de relation à l’autre et l’objet choisi, à savoir : ou bien soi-même, ou bien un être semblable, ou bien un autre à la fois différent dans sa nature, égal dans sa valeur absolue et complémentaire dans ses fonctions. C’est ce dernier choix d’objet qui correspond à l’hétéro-érotisme. Alors que l’homo-érotisme répond au contraire à un choix d’objet pour un être semblable et non différent en identité sexuelle.
3. Bien que cela ne constitue pas ici notre propos principal, il faut signaler que le psychologue rencontre parfois des sujets qui impressionnent et inquiètent le public en se réclamant trop bruyamment (voire agressivement parfois) le droit de provoquer une société assez craintive par des exhibitions « gays » ou « lesbiennes » qui reposent sur une sorte de négation d’une partie de la réalité objective (ici le rôle du sexe) et attirent ainsi l’attention de certains psychopathologues. Bien sûr, ce ne sont pas des situations courantes, mais elles débordent souvent sur un clivage pathologique entre plusieurs prises de conscience des réalités affectives arbitrairement acceptées, refoulées ou fantasmatiquement reconstruites de façon déréelle.