6 Examens directs
SQUAMES ET DÉBRIS CUTANÉS RÉCOLTÉS PAR BROSSAGE OU À L’AIDE DE CELLOPHANE ADHÉSIVE
TECHNIQUES
Le brossage du pelage, vigoureux et à rebrousse-poil, s’effectue au-dessus d’une feuille de papier blanc, préalablement pliée puis dépliée, pour rassembler les débris récupérés (fig. 6.1). On peut utiliser n’importe quel peigne ou brosse, à dents métalliques suffisamment espacées pour ne pas retenir les squames et les débris cutanés. Le matériel récolté est alors préparé et examiné au microscope, comme il est indiqué pour le produit des raclages cutanés (fig. 6.2). La récolte des squames et des débris cutanés peut aussi se faire à l’aide d’un morceau de cellophane adhésive, pressé contre la peau après avoir écarté les poils (éviter absolument de couper les poils) (fig. 6.3), puis appliqué sur une lame de verre, après dépôt, sur celleci, d’une goutte de lactophénol ou d’huile minérale.
RÉSULTATS
Ces techniques permettent la recherche de tous les ectoparasites qui vivent à la surface de la peau, sous leurs différentes formes (adulte, immature et œufs), ou de leurs déjections (fig. 6.4), et ce, à partir d’un territoire cutané relativement étendu.
INTERPRÉTATION
Comme précédemment, la présence ou l’absence de parasites doit être interprétée à la lumière de l’anamnèse et de l’examen clinique. De même que l’observation de puces, ou de leurs déjections, ne signifie pas qu’une DAPP soit présente, la présence de Cheyletiella sp. n’implique pas qu’elles soient responsables des troubles observés, certains individus, adultes essentiellement, pouvant être porteurs asymptomatiques.
POILS PRÉLEVÉS PAR ÉPILATION ET TRICHOGRAMME
RÉSULTATS
Cet examen permet, d’une part, la recherche d’éléments figurés tels que spores et filaments fongiques, lentes, œufs de Cheyletiella sp., voire Demodex sp. lorsque le raclage sur certaines zones s’avère délicat (espaces interdigités, bord palpébral, conduit auditif externe), et, d’autre part, d’apprécier l’aspect et la structure des poils (tableau 6.I).
Éléments figurés | ||
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Éléments | Caractéristiques et signification diagnostique | |
Spores et filaments fongiques | Spores externes et filaments internes : endo-ectothrix, dermatophytose | |
Lente | Coque ponctuée, taille de 1 mm, adhère au poil sur la plus grande partie de sa longueur : phtiriose (pédiculose) | |
Œuf de Cheyletiella sp | Coque non ponctuée, taille de 230 × 100 μm, adhère au poil par une extrémité (surtout chez le chat) : cheylétiellose | |
Demodex sp | Dans la gaine épithéliale interne ou dans un manchon pilaire : démodécie | |
Manchons pilaires | Cylindre de kératine : adénite sébacée granulomateuse, dermatose répondant à l’administration de vitamine A, acné féline, démodécie (canine et féline), dermatophy- tose, dysendocrinie | |
Trichogramme | ||
Zone du poil | Aspect | Interprétation |
Extrémité du poil | Pointe lisse, régulièrement effilée | Poil normal |
Fracturée | Alopécie traumatique (prurit) | |
Fracture en « bois vert » | Trichoptilosis (rare) | |
Renflement en « oignon » | Anomalie observée chez le chat Abyssin (rare) | |
Torsion de 360° | Pili torti (rare) | |
Tige pilaire | Diamètre régulier ; cuticule, cortex et moelle bien visibles | Poil normal |
Agrégats de mélanosomes déformant le poil | Dysplasie des follicules pileux noirs, alopécie des robes diluées | |
Renflements nodulaires, aspect en « brosse » après fracture | Trichorrhexie noueuse (rare) | |
Épaississements localisés avec fissures longitudinales | Trichomalacie (rare) | |
Déformations nodulaires avec amas de bactéries | Trichomycose axillaire (rare) | |
Bulbe | Mélange de poils anagènes et télogènes | Situation normale |
Poils en « point d’exclamation » | Alopecia areata (pelade) | |
Poils télogènes exclusivement | Effluvium télogène, dysendocrinies, alopécie X |
Éléments figurés
Le type de l’envahissement pilaire oriente l’identification du dermatophyte, même si la culture mycologique reste nécessaire (tableau 6.II). Ainsi, la présence de petites spores réfringentes, disposées en gaine autour des poils altérés, permet d’aboutir au diagnostic de dermatophytose microsporique due à Microsporum canis, ce qui est, de loin, le cas le plus fréquent (fig. 6.5 et 6.6). En cas de démodécie, des parasites sont parfois entraînés avec le poil lors de son arrachage et peuvent être observés au niveau de la gaine épithéliale interne ou dans un manchon pilaire.
Envahissement pilaire | Aspect à l’examen direct |
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Type microsporique (Microsporum canis) | Gaine continue de petites spores (2 mm de diamètre) tassées les unes contre les autres, autour du poil ; quelques filaments mycéliens difficiles à voir dans le poil |
Type microïde (Trichophyton mentagrophytes) | Quelques filaments mycéliens, peu nombreux, à l’intérieur du poil ; des chaînettes de spores (2 à 3 μjm de diamètre) à sa surface |
Type mégaspore (Microsporum gypseum) | Ne diffère du type microïde que par le diamètre des spores qui est de 4 à 6 μm |