52. Pathologies orthopédiques – traumatologie

Chapitre 52. Pathologies orthopédiques – traumatologie

Chapitre relu par and Fr. Laumonier, M. le Pr


chirurgien orthopédique en pédiatrie au CHU d’Angers


Chirurgie pédiatriqueorthopédiqueTraumatologieScoliosesQualité de vieFratrie (vécu de la)OstéochondriteTraumatologieParents (place des)Travailde liaisonDans ce chapitre, nous ne traitons pas de toutes les pathologies articulaires et osseuses rencontrées en chirurgie pédiatrique orthopédique. Nous nous limitons à envisager deux pathologies (scoliose et ostéochondrite primitive de hanche), du fait des particularités de leur prise en charge (traitement orthopédique long, appareillage…) et de leurs répercussions psychologiques pour l’enfant et sa famille.

Nous abordons également certaines situations relevant de la traumatologie, en nous intéressant particulièrement aux répercussions psychopathologiques de l’acte chirurgical et à la place du pédopsychiatre de liaison dans ce contexte.


Scolioses


ScoliosesLes scolioses de l’enfant concernent de nombreux professionnels de santé, amenés à travailler en collaboration autour de l’enfant : médecin généraliste, pédiatre, rhumatologue, chirurgien orthopédiste, médecin de rééducation, neurologue, radiologue, kinésithérapeute, appareilleur… Le pédopsychiatre et psychologue de liaison sont eux aussi, parfois, interpellés et invités à rencontrer l’enfant et ses parents.


Point sur la maladie



Définition


La scoliose se définit comme un désordre anatomique sur un secteur plus ou moins étendu de la colonne vertébrale dans les trois plans de l’espace : axial, sagittal et frontal. Cette déformation progressive du rachis est liée à une rotation vertébrale, responsable d’une gibbosité et une modification de l’équilibre sagittal du tronc (Khouri et al., 2004a). Il s’agit d’une déformation non complètement réductible du rachis, ce qui l’oppose aux simples attitudes scoliotiques (Guillaumat, 2004).


Étiopathogénie


La physiopathologie des scolioses idiopathiques de l’enfant et de l’adolescent reste mystérieuse malgré de nombreuses hypothèses (Marty et al., 2004). Une origine multifactorielle est habituellement retenue (Khouri et al., 2004a; Bernard et al., 2005).


Épidémiologie


La majorité des scolioses (70 à 80 %) sont idiopathiques (Khouri et al., 2004a; Carlioz & Mary, 2005). Leur prévalence est de 2 à 2,5 % chez les adolescents (Guillaumat, 2004). Elles concernent plus souvent les filles que les garçons (Guillaumat, 2004; Carlioz & Mary, 2005; Bernard et al., 2005; Abadie, 2005).

Des antécédents familiaux seraient retrouvés dans presque la moitié des cas, et une fois sur trois, il existerait une scoliose maternelle (Abadie, 2005). Enfin, 20 à 30 % des enfants scoliotiques auraient un parent (de premier, deuxième ou troisième degré) atteint d’une scoliose idiopathique (Guillaumat, 2004).


Clinique


Le diagnostic de scoliose est aisé; il se fait lors de l’examen clinique : enfant debout, penché en avant avec mise en évidence de la gibbosité. Cet examen clinique est complété par des examens radiologiques (radiographies du rachis total de face et de profil).

Les scolioses sont idiopathiques (sans relation avec tout autre processus pathologique décelable) ou secondaires (malformatives, neurologiques, dystrophiques, neuromusculaires, tumorales, génétiques). Ainsi, lorsqu’une scoliose est dépistée, un examen clinique complet est réalisé à la recherche d’une étiologie éventuelle ou d’une pathologie associée (tumeur rachidienne, infection, syndrome de Marfan, neurofibromatose, syringomyélie, myopathie…).

Il existe un type de scoliose particulier au sein des scolioses idiopathiques : les scolioses infantiles. Elles apparaissent avant l’âge de 3 ans, touchent plus fréquemment les garçons et ont des modes d’évolution variables, allant de la régression en quelques années à la constitution rapide de courbures très sévères (Khouri et al., 2004a).


Évolution


Les scolioses idiopathiques de l’enfant ne sont pas toutes évolutives; certaines restent stables, voire même régressent, même si cela est rare (Abadie, 2005). Il existe un risque d’aggravation de la scoliose idiopathique particulièrement net durant la période de croissance (Khouri et al., 2004a; Guillaumat, 2004).

Différents paramètres interviennent dans le pronostic évolutif : âge de première constatation de la scoliose, topographie scoliotique, angulation de la scoliose… d’où l’importance d’une surveillance régulière et attentive, pour tout enfant ou adolescent ayant une scoliose.


Prise en charge


Il est important de détecter précocement une scoliose chez l’enfant ou l’adolescent, pour éviter la chirurgie ou la faire dans les meilleures conditions possibles, mais aussi pour tenter de prévenir les conséquences esthétiques et fonctionnelles à l’âge adulte (Marty et al., 2004).

Le traitement de la scoliose idiopathique évolutive repose essentiellement sur le port d’une orthèse rachidienne (corset) (Abadie, 2005). La décision de débuter un traitement orthopédique est prise si la preuve de l’évolutivité de la scoliose est établie, et s’il y a un potentiel de croissance suffisant pour que la scoliose puisse encore s’aggraver (Mary, 2004). Dans le meilleur des cas, le traitement orthopédique stoppe l’évolutivité de la scoliose; mais en fin de traitement, l’adolescent garde généralement une déformation résiduelle.

Le port du corset s’accompagne généralement de séances de rééducationRééducation fonctionnelle, ayant pour objectifs : l’assouplissement du rachis, le travail respiratoire, le renforcement musculaire des muscles paravertébraux, l’autocorrection des défauts posturaux (Mary, 2004).

Le traitement chirurgical est indiqué lors des échecs du traitement orthopédique (évolutivité ou déformation importante). Il a pour but de corriger au mieux la déformation rachidienne dans les trois plans de l’espace et de pérenniser cette correction en fusionnant, en un bloc osseux continu, un certain nombre de vertèbres qui participent à la courbure scoliotique (Khouri, 2004b). Ce type de traitement est décidé au mieux quand la maturation osseuse est suffisamment avancée (Abadie, 2005).


Spécificités et particularités des scolioses


Il existe une grande variété de scolioses. Leur retentissement est variable en fonction de plusieurs paramètres : âge de dépistage, scoliose idiopathique ou secondaire, intensité de la déformation, vécu et représentations de l’enfant et de sa famille.


Aux plans somatique et fonctionnel



Pour l’enfant



Maladie

Dans la majorité des cas, la scoliose idiopathique en période de croissance n’entraîne que peu de retentissement fonctionnel, contrairement à la scoliose à l’âge adulte (Guillaumat, 2004). Cependant, un retentissement respiratoire est à craindre dans l’évolution des scolioses thoraciques très importantes (supérieures à 80 °). Un trouble neurologique ou une douleur importante doivent remettre en cause la nature idiopathique de la scoliose et faire rechercher une autre affection ou une pathologie associée (Guillaumat, 2004; Abadie, 2005). Enfin, les retentissements esthétique et psychologique peuvent être gênants, en particulier à l’adolescence.

Les buts des traitements sont de rééquilibrer le rachis, de stopper l’évolution de la scoliose et d’améliorer l’esthétique (F. Laumonier).


Traitement orthopédique (corset)

Le corset ne guérit pas la scoliose (Khouri et al., 2004b). En effet, le but du traitement orthopédique n’est pas de corriger la déformation rachidienne, mais d’en empêcher l’évolution (Mary, 2004); il permet de ralentir l’aggravation de la déformation (Khouri et al., 2004b).

Il existe de nombreux corsets correcteurs : les corsets «actifs», les corsets «passifs», et les corsets «en hypercorrection» (qui ne sont portés que la nuit) (Mary, 2004 and Khouri et al., 2004b). Le corset doit être parfaitement adapté à la morphologie de l’enfant ou de l’adolescent. À noter qu’un corset plâtré est parfois utilisé comme préparation correctrice et assouplissante avant la mise en place de certaines orthèses (Khouri et al., 2004b). Les corsets rigides, bien qu’ayant une efficacité certaine, peuvent présenter, du fait de leur rigidité, des inconvénients pour la cage thoracique, pour le développement pulmonaire et pour la musculature paravertébrale (Bernard et al., 2005). Il peut en effet être à l’origine de diverses complications : douleurs, troubles cutanés, troubles gastriques, restriction des volumes respiratoires, altération des courbures et de l’équilibre, difficultés psychologiques et relationnelles (Pham et al., 2008).

La mise en place d’un corset représente toujours un événement difficile pour l’enfant ou l’adolescent. Il est souvent visible et possède une connotation péjorative et ce, d’autant qu’il doit souvent être porté en permanence (il peut être enlevé pour la toilette et les activités sportives) et pendant plusieurs années.


Rééducation (dans le cadre du traitement orthopédique)

Il n’existe pas de traitement kinésithérapeutique isolé de la scoliose évolutive. Cependant, la rééducation occupe une place très importante lorsqu’un traitement orthopédique (corset ou plâtre) est prescrit (Mary, 2004).


Traitement chirurgical

Traiter chirurgicalement une scoliose expose aux risques de la chirurgie orthopédique lourde (Mary, 2009). En effet, la chirurgie de la scoliose est complexe et doit être réalisée par des équipes chirurgicales et anesthésiques spécialisées. Il existe un risque de complication neurologique (Khouri et al., 2004). Le matériel est laissé en place définitivement.

Après l’opération, une hospitalisation d’une dizaine de jours est nécessaire, et une importante fatigabilité peut persister pendant six à douze semaines. Quand un traitement chirurgical s’avère nécessaire, il est donc important d’en discuter avec l’adolescent et ses parents et de déterminer avec eux les différents enjeux.


Surveillance et suivi

Toute scoliose dépistée doit faire l’objet d’une surveillance régulière et prolongée, à la fois clinique et radiologique. Cela permet d’optimiser le traitement, de déterminer le pronostic individuel et la conduite à tenir. Une scoliose dépistée en période de croissance doit être considérée comme potentiellement évolutive. Il convient donc de surveiller très attentivement tout adolescent porteur d’une scoliose, surtout à la puberté, période à laquelle la vitesse de croissance est maximale.


Qualité de vie

Qualité de vieLa scoliose constitue souvent un lourd handicap pendant l’adolescence (Carlioz & Mary, 2005). Le port du corset entraîne une diminution significative de la qualité de vie (Pham et al., 2008). La qualité de vie (en ce qui concerne l’état psychosocial, les troubles du sommeil, la flexibilité dorsale, l’image corporelle et le score global) des patients traités à temps plein est moins bonne que celle des patients traités à temps partiel (port nocturne), tandis que celle des patients sans corset est la meilleure. Chez les adolescents porteurs de corset, l’impact sur la qualité de vie – score global, état psychosocial, image corporelle et flexibilité dorsale (souplesse du tronc) – est plus sévère chez les filles que chez les garçons. Enfin, la qualité de vie des patients portant le corset est corrélée avec le degré de correction obtenu par le corset et la satisfaction du patient sur son état de santé.

Par ailleurs, pour plusieurs auteurs, les effets délétères du corset sur la qualité de vie augmenteraient avec l’aggravation de la scoliose (Pham et al., 2008).


Pour les parents


La scoliose est parfois dépistée dans la famille, particulièrement par la mère (Abadie, 2005).

La prise en charge de la scoliose s’étend généralement sur plusieurs années. L’alliance thérapeutique des parents est donc indispensable. Ils doivent accompagner et soutenir leur enfant tout au long du parcours de soins, en particulier durant le traitement orthopédique. Le rôle des parents dans l’acceptation d’un corset est très important.


Au plan psychopathologique



Pour l’enfant



Vécu de la scoliose

La scoliose renvoie à la déformation du corps et constitue une blessure narcissique importante. Difficile de se tenir droit! Quelles que soient l’importance de la déformation et les possibles douleurs, le jeune vit très mal sa «bosse». Les sentiments de honte et parfois de culpabilité, sont au premier plan. L’image corporelle est touchée; le regard sur soi est douloureux et participe d’une mauvaise estime de soi. Les moqueries des autres sont insupportables et majorent des sentiments de mal-être. Une agressivité en retour est possible.

L’âge de l’enfant, ainsi que son niveau de développement, a une incidence sur son vécu et sur ses réactions quant à la scoliose. L’enfant tente souvent d’élaborer une «théorie étiologique» (Epelbaum & Ferrari, 1993b), «explicative», concernant sa malformation, souvent empreinte de culpabilité.

Quand la scoliose est dépistée à l’adolescence, elle peut être vécue fantasmatiquement comme une punition face à la montée des désirs sexuels génitaux parallèles à la puberté (Epelbaum & Ferrari, 1993a). Les conflits liés aux désirs ambivalents d’autonomisation, propres à l’adolescence, et les enjeux de séparation-autonomisation sont compliqués par la pathologie. Par ailleurs, l’adolescent est particulièrement sensible au fait que son corps soit touché dans son aspect extérieur. Le regard des autres (pairs, parents, soignants) est ressenti comme inquisiteur et persécuteur (Epelbaum & Ferrari, 1993a).


Scoliose et manifestations psychopathologiques

Plusieurs réactions psychologiques sont rencontrées face aux multiples agressions dues à la scoliose et sa prise en charge (traitement orthopédique long et port de corset, chirurgie éventuelle) : régression, culpabilité, agressivité (envers les parents ou les soignants), anxiété, phases dépressives… Elles sont en lien avec une blessure narcissique difficilement élaborable, représentée par la scoliose. Ces réactions et l’adaptation de l’enfant ou de l’adolescent à sa pathologie sont en lien à celles des parents.

Parmi toutes ces réactions, les attitudes régressives sont courantes en chirurgie orthopédique. Elles sont induites par la restriction motrice due aux corsets ou appareillages, et à la dépendance postopératoire.

Quand le diagnostic est porté à l’adolescence, le déroulement des processus psychiques d’adolescence peut devenir problématiques : l’adolescent peut présenter des troubles du comportement à type de repli régressif, ou au contraire, de nombreux passages à l’acte (fugues…) (Epelbaum & Ferrari, 1993a). L’agressivité est souvent au premier plan : agressivité adressée aux autres (soignants, parents, pairs) ou parfois retournée contre soi. Ces troubles sont particulièrement importants pendant la période où le port d’un corset est nécessaire.


Quand le port d’un corset est préconisé

Le corset entraîne une diminution de la qualité de vie. Cet appareillage externe contraignant, souvent visible, est souvent difficile à accepter, surtout à l’adolescence. De nombreux adolescents refusent de la porter; d’autres manifestent leur agressivité envers le corset, jusqu’à le détruire. Enfin, certains limitent leurs relations sociales et leurs sorties et s’isolent. Le corset peut également perturber l’image du corps. Pour certains auteurs, le port d’un corset est parfois plus difficile à supporter que la chirurgie (Pham et al., 2008).


Lorsqu’une intervention chirurgicale est décidée

Cette décision fait parfois suite à un échec du traitement orthopédique.

L’acte chirurgical constitue une effraction du corps. L’intervention peut entraîner des angoisses corporelles, des angoisses de mort, des peurs de la douleur, des craintes de la séparation pendant l’hospitalisation et l’opération chirurgicale.

Au niveau des représentations psychologiques, de nombreux enfants et adolescents ont recours à la pensée magique quand il est question de chirurgie : l’opération viendrait annuler toute déformation scoliotique. Ces fantasmes de réparation magique sont parfois entretenus par les parents, qui n’ont jamais accepté le défaut physique de leur enfant (Carmoy, 2007).


Pour les parents


La découverte d’une scoliose chez un enfant peut constituer une situation de crise et modifier la dynamique familiale, entraînant angoisses et sentiments d’insécurité chez les parents. Les parents sont en effet soumis à des mouvements émotionnels complexes, auxquels il leur est difficile de faire face (Bouquinet et al., 2008). L’impact de la scoliose sur la dynamique familiale est variable selon l’âge de découverte, le vécu de l’enfant de sa maladie, l’intensité des troubles, le type de prise en charge nécessaire, le rang dans la fratrie, l’existence d’une scoliose chez d’autres membres de la famille, les mécanismes psychiques de défense de l’enfant et de ses parents.

Quoi qu’il en soit, la scoliose représente toujours une blessure narcissique pour les parents. Le corps est perçu comme «tordu», déformé. Les sentiments de culpabilitéCulpabilité sont importants, d’autant plus s’il existe des membres de la famille porteurs de scoliose (la mère par exemple). Dans ces cas, il est fréquent de constater la réactivation de souffrances parentales survenue durant leur enfance : la scoliose de leur enfant réactive d’anciennes blessures. Une agressivité, le plus souvent inconsciente, peut apparaître, témoin de cette culpabilité parentale.

Enfin, des angoisses parentales sont fréquentes et portent sur la déformation, sur l’avenir (leur enfant pourra-t-il vivre normalement?), sur l’intervention chirurgicale quand elle est nécessaire… Des affects dépressifs peuvent s’y associer.

Ces expressions psychoaffectives amènent parfois des attitudes parentales délétères, depuis la surprotection, ou à l’inverse, une permissivité excessive à l’égard de leur enfant.


Pour la fratrie


Fratrie (vécu de la)La découverte d’une scoliose peut entraîner des remaniements de la dynamique familiale, en particulier en cas de scoliose évolutive nécessitant un traitement contraignant. Les liens fraternels sont soumis à ces remaniements. Frères et sœurs peuvent être jaloux de l’enfant malade, qui inquiète et accapare leurs parents. Une culpabilité, inconsciente, peut aussi les perturber.

Par ailleurs, quand le diagnostic de scoliose idiopathique est porté, il est important de rechercher des antécédents familiaux. Une scoliose chez un membre de la fratrie concerne 10 à 15 % des cas (Abadie, 2005). Le vécu et les représentations de la maladie varient selon que le frère ou la sœur est, ou non, porteur de scoliose.


Ostéochondrite primitive de la hanche



Point sur la maladie



Définition


OstéochondriteL’ostéochondrite primitive de la hanche (ou maladie de Legg-Perthes-Calvé) est une affection de l’épiphyse fémorale proximale en croissance, d’origine vasculaire. Elle est caractérisée par une nécrose du noyau d’ossification de la tête fémorale (Dutoit, 2006 et 2007).


Étiopathogénie


Malgré plusieurs hypothèses, son étiologie demeure indéterminée.

Au plan physiopathologique, cette nécrose ischémique n’est jamais totale et se différencie des autres nécroses de la tête fémorale (post-traumatiques ou post-infectieuses). En effet, elle est suivie d’une phase de reconstruction; la revascularisation osseuse survient toujours, avec ou sans traitement (Dutoit, 2006 et 2007).


Clinique


Cette nécrose épiphysaire supérieure du fémur touche plus fréquemment le garçon, entre trois et neuf ans (Job-Deslandre, 2009). Le diagnostic est suspecté devant des douleurs (souvent localisées au genou) et une boiterie (Mascard, 2004; Dutoit, 2007; Job-Deslandre, 2009). Les douleurs surviennent surtout à la marche, en fin de journée ou après un effort. Elles sont souvent peu intenses et inconstantes. Une boiterie d’esquive plus ou moins marquée accompagne les douleurs (Wicart & Seringe, 2008). L’état général est conservé, et il n’y a pas de fièvre.

L’examen retrouve une limitation de la mobilité de la hanche en abduction et en rotation interne. Quand les symptômes sont peu marqués, le délai diagnostique peut être long. L’ostéochondrite primitive de hanche peut d’ailleurs parfois être découverte fortuitement (Dutoit, 2007). Il existe de rares cas bilatéraux.


Examens complémentaires


L’aspect radiologique (bassin de face et fémur de profil) montre des atteintes variables, en fonction du stade évolutif. La scintigraphie osseuse et l’IRM sont utiles pour le diagnostic précoce.


Évolution


L’évolution se fait en quatre phases : nécrose ischémique du noyau céphalique, fragmentation céphalique, revascularisation et reconstruction. La reconstruction post-nécrotique se fait toujours avec séquelles, au minimum une coxa magna, et dans les formes les plus sévères, des déformations résiduelles majeures (coxa plana). Dans les formes sévères, il y a un risque de coxarthrose à distance (après 50 ans).

Le pronostic dépend de plusieurs facteurs : l’âge (meilleur pronostic quand le diagnostic est posé avant cinq ans), l’étendue de la nécrose, l’excentration de la tête fémorale, la diminution de la mobilité, la déformation de la tête fémorale, la prise en charge (Dutoit, 2007).


Prise en charge


Le but de la prise en charge est d’éviter la déformation de la tête fémorale et de maintenir la congruence articulaire. Il n’existe pas de réel consensus concernant le traitement, qui peut être orthopédique ou chirurgical. Le traitement orthopédique peut comporter une mise en traction, puis une mise en décharge prolongée. Le traitement chirurgical est controversé (Dutoit, 2006 et 2007), même si des indications et des contre-indications existent. Il vise à traiter les séquelles de l’affection et consiste en une ostéotomie fémorale ou pelvienne, en cas d’évolution très défavorable.

Dans tous les cas, une surveillance clinique et radiologique est toujours nécessaire.


Spécificités et particularités de la maladie


Les répercussions de l’ostéochondrite primitive de hanche sont variables et fonction de plusieurs facteurs : l’âge de l’enfant, l’intensité des troubles, le type de prise en charge proposé, le vécu et les représentations de la maladie par l’enfant et sa famille. L’absence d’étiologie connue laisse planer le doute quant à l’origine de cette maladie.


Aux plans somatique et fonctionnel



Pour l’enfant



Maladie

Les symptômes (douleurs, boiterie) sont souvent peu marqués, voire absents. Il est alors difficile pour l’enfant d’accepter un traitement orthopédique contraignant, telle que la mise en traction, alors qu’il n’a pas mal ou qu’il ne présente aucune plainte.

Si l’ostéochondrite primitive de hanche évolue vers la guérison, elle n’est pas sans séquelles et peut entraîner des déformations et des incongruences articulaires à long terme : déformation séquellaire de la tête fémorale et arthrose à l’âge adulte (Oufroukhi et al., 2009). Une surveillance clinique et radiologique régulière et prolongée est importante pour orienter la conduite à tenir et prévenir ces altérations morphologiques.


Traitement orthopédique


Traction au lit

La mise en traction au lit peut être indiquée. Elle entraîne une immobilisation prolongée.

La traction est souvent difficilement acceptée par l’enfant. Elle débute à l’hôpital et peut se poursuivre à la maison. Les parents apprennent alors à mettre en place ce traitement très contraignant. Durant la période de mise en traction, l’enfant ne peut plus se rendre à l’école; la scolarité est organisée au domicile.


Mise en décharge

La prise en charge peut se poursuivre par une «mise en décharge». L’enfant bénéficie d’un fauteuil roulant ou de cannes, parfois pendant plusieurs mois, afin d’éviter l’appui. Le retour à l’école est possible, mais nécessite des aménagements. La mise en place d’un projet d’accueil individualisé (PAI) est utile pour favoriser l’insertion de l’enfant.

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Apr 22, 2017 | Posted by in PÉDIATRIE | Comments Off on 52. Pathologies orthopédiques – traumatologie

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