5: Traumatismes ligamentaires et tendineux fermés

Chapitre 5 Traumatismes ligamentaires et tendineux fermés


Sont inclus dans ce chapitre les traumatismes fermés des ligaments, les entorses et les ruptures sous-cutanées des tendons.



ENTORSES DU COU DE PIED


Elles sont représentées, à une forte majorité, par les entorses latérales de la cheville.



Entorses latérales de la cheville


Elles atteignent le faisceau antérieur (talo-fibulaire antérieur) avec une extension au moyen (fibulo-calcanéen) pour les formes les plus graves du ligament collatéral latéral. Elles sont extrêmement fréquentes, représentent environ 5 % des passages dans les services d’urgence et constituent près de 20 % des accidents sportifs.


Les problèmes soulevés en pratique quotidienne sont d’ordre diagnostique et pronostique.


Pour ce qui concerne le premier point, le problème qui se pose immédiatement est celui de la certitude du diagnostic sans risque de confusion avec une pathologie d’expression clinique voisine (mais plus grave), sans pour autant engager des examens complémentaires sophistiqués hors de proportion avec la banalité de la lésion aussi bien en terme de consommation de temps que de coût.


Pour le second, en pratique quotidienne, les entorses sont classées en trois stades de gravité croissante lésionnelle : I (entorse bénigne : simple élongation), II (entorse moyenne) : rupture partielle de quelques fibres ligamentaires, III (entorse grave avec rupture complète d’un ou plusieurs faisceaux ligamentaires).



Diagnostic positif


Plusieurs éléments permettent d’asseoir le diagnostic positif et de discuter le diagnostic différentiel :








Il faut explorer de façon systématique :







Puis, après avoir éliminé une fracture (appui et mobilisation passive de la cheville possibles reliefs osseux indolores), on doit rechercher des éléments en faveur du diagnostic d’entorse du ligament latéral et partant des facteurs de gravité :







Traitement


Un consensus s’est progressivement dégagé pour la mise en œuvre d’un traitement mixte associant le port d’une orthèse amovible d’appui, la mise en œuvre de mesures anti – œdème (glaçage et surélévation) et le début de la rééducation dès la fin de la période algique.


L’orthèse doit éviter les mouvements anormaux et les amplitudes extrêmes (créant les conditions de constitution d’une laxité chronique) tout en autorisant une petite mobilité articulaire dans le secteur physiologique, cette dernière étant favorable à la cicatrisation ligamentaire. Cette orthèse doit également permettre l’appui qui crée les conditions trophiques favorables à la cicatrisation conjonctive. De même, elle doit être compatible avec l’application de poches de glace dans la période initiale. Deux modèles d’orthèse sont inscrits au TIPS. Mentionnons le modèle Aircast® dont les montants collatéraux comportent des coussins pneumatiques gonflables d’ajustement sur le squelette périmalléolaire. Ces orthèses doivent être portées jour et nuit pendant 4 à 6 semaines. La rééducation est débutée dès que possible en centrant le travail sur les mesures anti – œdèmes, le renforcement des éverseurs et le réveil proprioceptif.


Le traitement par botte en résine de marche n’a plus guère d’indication. Ce mode de contention peut se discuter chez le patient dont le niveau de compliance est jugé incompatible avec la prescription d’une orthèse amovible.




Cas particuliers



Lésions diffusées à la médio-tarsienne latérale et à la sous-talienne


Certaines lésions, directement en rapport avec les conséquences du traumatisme en inversion forcée, peuvent correspondre à la diffusion des lésions capsulo-ligamentaires aux structures voisines. Elles ne sont habituellement pas identifiables lors des examens effectués précocement (en urgence et/ou dans les premiers jours). C’est le cas notamment des atteintes étendues à la médio-tarsienne et à la sous-talienne.


Ces atteintes peuvent être suspectées par l’intensité particulière du traumatisme initial et l’expression clinique anormalement intense.


Pour ce qui concerne l’atteinte médio-tarsienne, la mise en évidence d’une zone douloureuse à la palpation en regard du versant plantaire de la calcanéo-cuboïdienne, c’est-à-dire un travers de doigt en arrière de la base de M5, peut alerter. De même, cette symptomatologie peut faire penser à une fracture de la base de M5 et faire réaliser une radiographie. Il faut alors penser à identifier une petite écaille osseuse juxta-articulaire sur le versant plantaire correspondant à l’arrachement du ligament calcanéo-cuboïdien plantaire.


La diffusion à la sous-talienne est malheureusement le plus souvent méconnue et identifiée à distance devant un tableau d’instabilité chronique un peu particulier. Le tableau clinique évocateur d’une instabilité en varus d’origine ligamentaire contraste avec la parfaite normalité des clichés dynamiques aussi bien de face en varus que de profil en tiroir antérieur. Ce contraste doit alerter et faire réaliser :






Entorses antérieures


Ces entorses font suite à un traumatisme non pas en inversion, mais en flexion plantaire prédominante. Les traumatismes en cause sont assez typiques et la plupart du temps parfaitement identifiés par le blessé (chute en arrière, avantpied coincé par un obstacle ; appui talonnier ponctuel et très postérieur, sur l’arête d’une marche d’escalier par exemple, avant-pied dans le vide). Cette composante de flexion plantaire est responsable d’une atteinte antérieure prédominante s’étendant du faisceau antérieur du ligament collatéral latéral au faisceau antérieur du ligament collatéral latéral en passant par la capsule antérieure et le rétinaculum distal des extenseurs. Cette lésion est très souvent méconnue, son existence étant évoquée secondairement en présence d’une « entorse ayant mal tourné » en raison de suites anormalement gênantes et douloureuses (figure 5.2).



Un certain nombre d’arguments permettent d’évoquer à ce diagnostic :







Sur le plan thérapeutique, les lésions prédominant dans le plan sagittal, il semble logique d’utiliser une immobilisation maîtrisant ce secteur. Une immobilisation par botte en résine de marche pour 6 semaines apparaît fondée et ce d’autant que la symptomatologie initiale est le plus souvent très bruyante. Cette immobilisation peut être différée de quelques jours après fonte de l’œdème (surélévation et/ou bandes élastiques anti – œdème, glaçage), ce qui permet de recommencer l’examen clinique et de confirmer le diagnostic.

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May 4, 2017 | Posted by in CHIRURGIE | Comments Off on 5: Traumatismes ligamentaires et tendineux fermés

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