Quelle est la place du resurfacement et des arthroplasties totales à grosse tête métal-métal de la hanche en 2011 ?
What is the role of hip resurfacing and large diameter head metal-metal hip arthroplasty in 2011 ?
Introduction
En 2011, la prothèse totale de hanche conventionnelle (PTH1) reste le « gold standard » pour le traitement chirurgical des coxarthroses. Cependant, bien que ce concept ait démontré des résultats satisfaisants chez les patients âgés, certaines questions persistent sur la pérennité de ces implants chez des patients jeunes et actifs. Parmi les patients de sexe masculin candidats à une PTH, le groupe d’âge de 45 à 54 ans s’est davantage accru (140 %) que le groupe d’âge de 65 à 74 ans (36 %). Dans ce groupe de patients jeunes et actifs, les inquiétudes sur la survie des PTH ont conduit à l’essor de couples de friction « dur-dur », dont le couple de friction métal-métal et sa configuration en resurfaçage total de hanche (RTH) [figures 1a à c].
Quelles sont les différences de technique chirurgicale et de durée d’hospitalisation entre une PTH et un RTH ?
Données de la littérature
Dans une étude prospective randomisée, Vendittoli et al. ont trouvé un temps opératoire plus long dans les RTH (103 minutes) que les PTH (85 minutes, p < 0,001) [40,42]. La différence de longueur d’incision était significative (17,2 cm après RTH contre 14,5 cm après PTH, p < 0,001), ainsi que la durée d’hospitalisation (5 jours pour un RTH contre 6,1 jours pour une PTH, p = 0,01). Il n’y avait aucune différence significative pour les pertes sanguines et le taux de transfusion. Les complications peropératoires étaient représentées par 2 (1,9 %) fissures acétabulaires dans le groupe RTH et 4 (3,9 %) fissures fémorales du calcar dans le groupe PTH. Le taux de conversions intraopératoires de RTH en PTH était de 3,7 % en raison d’une nécrose extensive de la tête fémorale, d’une rétroversion majeure du col fémoral, d’une inadéquation entre la taille de la cupule et celle de la pièce fémorale et de la nécessité de visser la cupule dans le cadre d’une dysplasie acétabulaire.
Fowble et al. ont rapporté des pertes sanguines périopératoires moins importantes (p = 0,005) et une moindre nécessité de transfusion (p < 0,0001) après RTH qu’après PTH [4]. Vail et al. n’ont constaté aucune différence pour la durée d’hospitalisation et les pertes sanguines, et ont observé 3 (3,2 %) fissures du calcar dans le groupe PTH [38]. Mont et al. n’ont trouvé aucune différence pour la durée d’hospitalisation et le temps opératoire entre deux groupes de 54 RTH et de 54 PTH [27]. Dans une étude randomisée comparant les RTH aux PTH-GD, il a été rapporté 3 (12,5 %) fissures du calcar dans le groupe PTH-GD et 1 lésion d’une branche de l’artère obturatrice dans le groupe RTH [22].
Est-ce que le RTH retire plus d’os que les PTH conventionnelles au niveau de l’acétabulum ?
Données de la littérature
Dans une étude randomisée de 210 hanches, Vendittoli et al. ont comparé la taille de cupules implantées au cours de RTH et de PTH [41]. La taille de la dernière fraise avant l’implantation de la cupule servait d’évaluateur du sacrifice osseux acétabulaire. Ils n’ont pas trouvé de différence de moyenne ou médiane du diamètre de cette dernière fraise. Ceci a été confirmé par l’absence de différence de diamètre de la cupule implantée (54,9 mm pour le groupe RTH et 54,7 mm pour le groupe PTH ; p = 0,770). Cependant, dans 6,8 % des RTH, la taille de la cupule a dû être augmentée de 2 mm afin de correspondre à la taille de l’implant fémoral. Dans une étude randomisée comparant les RTH aux PTH-GD utilisant le même implant acétabulaire (Durom® LDH System et Durom® RTH, Zimmer), Lavigne et al. n’ont pas constaté de différence de taille des cupules (54,3 mm pour le groupe RTH et 53,1 mm pour les PTH-GD, p = 0,33).
Quel est le degré de précision de la reconstruction anatomique et biomécanique de la hanche après une PTH et un RTH ?
Données de la littérature
Une étude prospective randomisée et deux études rétrospectives ont analysé la qualité de la reconstruction biomécanique après RTH et PTH et ont conclu que celle-ci était meilleure après un RTH, alors qu’une étude rétrospective a conclu à l’inverse. Girard et al. ont étudié 120 patients randomisés pour une PTH ou un RTH [6]. Le côté controlatéral sain servait de référence. Le déport fémoral était restauré à plus ou moins 4 mm dans 57 % des RTH et dans 25 % des PTH (p < 0,001). La longueur des membres inférieurs était restaurée à plus ou moins 4 mm dans 86 % des RTH et dans 60 % des PTH (p = 0,002).
Dans une étude rétrospective comparant un groupe de RTH et un groupe de PTH [1], une meilleure restauration du déport fémoral et de la longueur dans le groupe RTH a été constatée. Entre l’état préopératoire et l’état postopératoire, la différence moyenne de déport fémoral était de 1,3 mm dans le groupe RTH et de 3,5 mm dans le groupe PTH (p < 0,05). La différence moyenne de longueur du membre était de 4,9 mm dans le groupe RTH et de 11,9 mm dans le groupe PTH (p < 0,001). Silva et al. [34] ont comparé 50 hanches resurfacées à 51 PTH. La restauration de la longueur et du déport était plus reproductible avec un RTH. Loughead et al. [24] n’ont trouvé aucune différence significative pour la restauration du déport fémoral (p = 0,0004) et de la longueur du membre (p = 0,001) dans deux groupes de 28 RTH et 26 PTH hybrides.
Est-ce qu’un RTH donne de meilleurs résultats cliniques et permet une plus grande activité qu’une PTH ?
Données de la littérature
Lors d’une étude randomisée de 109 RTH et de 100 PTH (à tête de 28 mm), Vendittoli et al. [40,42] n’ont pas trouvé de différence entre les scores de WOMAC ou de PMA à 6 mois postopératoires. Cependant, à 2 ans de recul, les patients avec un RTH présentaient un score de WOMAC plus élevé, mais seulement de 3,3 points (p = 0,007). Avec le même groupe de patients, Lavigne et al. ont comparé un sous-groupe de 81 RTH à 71 PTH afin d’évaluer le type, l’intensité et la fréquence des activités sportives effectuées après l’intervention [20]. Ils n’ont trouvé aucune différence entre les scores d’activité UCLA des deux sous-groupes à 1 an de recul. Cependant, le niveau et l’intensité des sports pratiqués étaient plus importants dans le sous-groupe RTH, bien que la différence ne soit pas significative.
Lors d’une étude prospective comparative, le score de fonction, l’item activité physique du Short Form (SF) 12 et l’item activité University of California at Los Angeles (UCLA) étaient plus élevés dans le groupe des RTH [4]. Les auteurs notaient cependant que les patients du groupe RTH étaient plus jeunes, en meilleure santé et avaient des scores d’UCLA plus élevés en préopératoire que les patients du groupe PTH. Sept études rétrospectives ont analysé les résultats cliniques des PTH et RTH. Dans cinq d’entre elles, les scores cliniques étaient identiques alors que dans une autre, le score de Harris était plus élevé dans le groupe RTH et que dans la dernière, les scores WOMAC, SF 36 et de Harris étaient plus élevés dans le groupe RTH.
Dans une étude randomisée en double insu avec un groupe de RTH et un autre de PTH-GD, il n’existait aucune différence entre les scores WOMAC et UCLA à 1 an de recul [22]. Ceci a été confirmé par une étude prospective randomisée de 104 patients traités par RTH ou PTH-GD [5]. À 1 an de recul, il n’y avait aucune différence entre le PAT-5D (Paper Adaptive Test des cinq domaines du Quality of Life in Arthritis Questionnaire), le WOMAC et le score d’UCLA des deux groupes.
En résumé
• Des controverses persistent dans l’analyse de la comparaison des résultats cliniques et du niveau d’activité obtenus après RTH ou PTH. Il faut, de plus, tenir compte du fait que la plupart des études concluant à la supériorité du RTH sont biaisées par une sélection différente des patients. Dans la seule étude prospective randomisée comparant les PTH aux RTH, il y avait une différence statistiquement significative, mais non pertinente cliniquement, entre les scores WOMAC, alors qu’il n’y avait aucune différence entre les scores d’activité UCLA.
• Les résultats cliniques et le niveau d’activité après implantation d’une PTH-GD ou d’un RTH sont proches.
Est-ce que le RTH procure de meilleures amplitudes articulaires que la PTH ?
Données de la littérature
Six études rétrospectives ont analysé les AA obtenues après RTH et PTH. Le Duff et al. [23] ont étudié 35 patients avec un RTH d’un côté et une PTH de l’autre. Ils n’ont trouvé aucune différence entre les AA des deux côtés, même après avoir étudié des sous-groupes de patients en fonction du diamètre céphalique (plus ou moins de 40 mm). Fowble et al. ont comparé 50 RTH et 44 PTH (avec un recul minimal de 2 ans) et sont parvenus aux mêmes conclusions [4]. Cependant, les patients du groupe RTH avaient des AA préopératoires plus faibles que celles des patients du groupe PTH, ce qui explique qu’ils aient eu un plus grand gain relatif de flexion, extension et abduction. Dans une autre étude, l’analyse de l’item AA du score de Harris de 337 RTH et 266 PTH (à couple céramique-céramique) a révélé une meilleure flexion pour les patients du groupe PTH alors que les patients du groupe RTH avaient de meilleures amplitudes d’abduction, adduction et rotation interne [37]. Au total, les AA globales étaient similaires entre les deux groupes.
Lavigne et al. ont mené une étude de 165 patients (RTH [60 cas], PTH-GD [55 cas], PTH [50 cas]) avec une méthodologie numérique de mesure standardisée des AA [18]. Les AA étaient identiques dans les groupes RTH et PTH, alors que le groupe PTH-GD présentait un gain significatif de 20° par rapport à celui des deux autres groupes (p = 0,001).