Chapitre 5 L’orthographe du nom

L’ESSENTIEL

Le pluriel des noms simples

On forme normalement le pluriel des noms en ajoutant un « s » au singulier. Cette règle souffre de nombreuses exceptions.

Les noms invariables

Certains noms restent invariables : les notes de musique, les mots terminant au singulier par un « s », un « x » ou un « z », etc.

Il existe également des invariables pluriels : annales, archives, arrhes, auspices, dépens, doléances, environs, fastes, frais, funérailles, mœurs, obsèques, prémices, représailles, ténèbres, vêpres.

Les terminaisons irrégulières

Les noms en -al font leur pluriel en -aux.

Exceptions dont le pluriel reste en -als : bal, cal, carnaval, cérémonial, chacal, festival, récital, régal.

Les noms en -ail font leur pluriel en -ails.

Exceptions qui font leur pluriel en -aux : bail, corail, émail, soupirail, travail, vantail, vitrail.

Les noms en -au, -eau et -eu prennent un « x » au pluriel.

Exceptions qui prennent un « s » au pluriel : landau, sarrau, bleu, pneu, émeu, lieu (poisson).

Les noms en -ou font normalement leur pluriel en -ous.

Exceptions qui prennent un « x » au pluriel : bijou, caillou, chou, genou, hibou, joujou et pou.

Les autres exceptions

Certains noms d’origine étrangère se sont lexicalisés et ont pris les marques de notre pluriel.

Des albums, des forums, des référendums, des pensums, des zéros, des médiums.

D’autres ont gardé leur pluriel d’origine.

Des a priori, des impedimenta, des gentlemen, des tennismen.

Les noms propres ne prennent pas la marque du pluriel (les Dupont), sauf s’il s’agit de familles illustres ou princières (les Bourbons, les Bonapartes) ou s’ils sont employés comme des noms communs.

Il existe sûrement en France de nombreux Platinis [= footballeurs de qualité] qui ne le sauront jamais.

Le pluriel des noms composés

Les noms composés sont un vrai casse-tête auquel seuls les férus d’orthographe osent se confronter. Il faut tenir compte de trois paramètres pour accorder ces noms : la nature des éléments qui les composent, le sens de leur composition et les exceptions qui brouillent tout… Nous ne donnerons ici que quelques principes généraux, sans entrer dans les difficultés.

Noms composés s’écrivant en un seul mot

Le dernier élément prend seul la marque du pluriel.

Des bonheurs, des portefeuilles, des marchepieds, des entresols.

Exceptions : mesdames, mesdemoiselles, messieurs, messeigneurs, bonshommes, gentilshommes.

Nom + nom

Les deux mots prennent la marque du pluriel.

Une porte-fenêtre, des portes-fenêtres ; un oiseau-mouche, des oiseaux- mouches ; un sourd-muet, des sourds-muets.

Nom + adjectif ou adjectif + nom

Les deux mots prennent la marque du pluriel.

Un coffre-fort, des coffres-forts ; un rouge-gorge, des rouges-gorges.

ATTENTION

On écrira « des pur-sang » [qui ont le sang pur]. Le Robert 2011 accepte « purssangs ».

Nom + préposition + nom

Seul le premier nom s’accorde.

Un arc-en-ciel, des arcs-en-ciel ; un chef-d’œuvre, des chefs-d’œuvre ; un timbre-poste, des timbres-poste [des timbres de la poste].

ATTENTION

Pot-au-feu ou rez-de-chaussée restent invariables.

Verbe + nom

Seul le nom varie, sauf si le sens l’interdit.

Un tire-fesse, des tire-fesses ; un passe-plat, des passe-plats.

Mais le sens peut obliger à supprimer l’accord du nom.

Un abat-jour, des abat-jour [qui abat le jour].

Un faire-part, des faire-part [qui fait part].

Un réveille-matin, des réveille-matin [qui réveille le matin].

ATTENTION

Les mots composés avec « garde » suivent d’autres règles. Si le nom composé désigne une personne, « garde » est considéré comme un nom (gardien) : des gardeschasse ; si le nom composé désigne un objet, « garde » est considéré comme un verbe (invariable) : des garde-manger, des garde-boue, des garde-fous.

Mot invariable (préposition ou adverbe) + nom

Normalement, seul le nom s’accorde.

Une arrière-boutique, des arrière-boutiques ; un sous-sol, des sous-sols ; un nouveau-né, des nouveau-nés [ici, nouveau signifie « nouvellement » et est donc un adverbe].

ATTENTION

Un sans-abri, des sans-abri [qui n’a pas d’abri] ; un après-midi, des après-midi [qui est après midi].

Le genre des noms

On distingue le genre grammatical, qui s’applique aux choses, et le genre naturel, qui s’applique aux humains (un ou une secrétaire, un ou une artiste).

Certains genres suscitent des hésitations sous la plume des candidats. En voici quelques-uns.

Masculin : amalgame, antidote, antipode, antre, apogée, aréopage, armistice, asphalte, astérisque, augure, auspices, chrysanthème, éclair, effluve, emblème, éphémère, haltère, hémisphère, hyménée, ilote, obélisque, opprobre, ovule, pétale, planisphère, sépale, tentacule, testicule, tubercule.

Féminin : acné, acoustique, alcôve, algèbre, alvéole, anagramme, arrhes, atmosphère, autoroute, échappatoire, écritoire, épigramme, épitaphe, équivoque, icône, interview, orbite, oriflamme, réglisse.

Attention à quelques exceptions

Trois noms sont masculins au singulier et deviennent féminins au pluriel : « amour », « délice » et « orgue ».

– Entre eux, ce ne sont plus les grandes amours.

– Entendez-vous les grandes orgues de la cathédrale ?

ATTENTION

Orgue ne devient féminin au pluriel que s’il désigne l’orgue monumental (« les grandes orgues » mais « les petits orgues de barbarie »).

« Gens » est un cas particulier : quand l’adjectif directement placé avant « gens » a une marque au féminin, alors tout le groupe nominal devient féminin.

– Des bonnes gens, toutes ces bonnes gens, des petites gens, de vraies petites gens, des sottes gens.

– De vrais braves gens [« brave » n’a pas de marque au féminin].

ATTENTION

Après le nom « gens », les éléments redeviennent masculins : les petites gens sont venus.

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