5 – Items 343, 84, 87. Pathologie non tumorale de la muqueuse buccale

Chapitre 5 – Items 343, 84, 87. Pathologie non tumorale de la muqueuse buccale


Plan du chapitre



Ulcération ou érosion des muqueuses orales – Item 343


Définitions


Diagnostic


Diagnostic étiologique


Infections cutanéomuqueuses à Candida albicans – Item 87


Épidémiologie


Diagnostic positif


Diagnostic différentiel


Traitement





Ulcération ou érosion des muqueuses orales – Item 343


La démarche diagnostique suppose de savoir reconnaître la véritable lésion initiale qui, si elle n’est pas l’érosion ou l’ulcération, peut être aussi diverse qu’une vésicule, une bulle, un érythème caustique, un aphte ou une lésion inflammatoire ou tumorale. L’anamnèse et l’examen clinique, préalables à des explorations paracliniques sélectives éventuelles, restent donc la clé du diagnostic.

Deux diagnostics dominent par leur fréquence la pathologie ulcéreuse de la muqueuse buccale : les ulcérations traumatiques et les aphtes. Les diagnostics différentiels de ces affections sont orientés différemment selon que l’ulcération est unique ou qu’on observe plusieurs éléments. Schématiquement, on recherchera surtout une tumeur ulcérée dans le premier cas, les pathologies systémiques ou infectieuses dans le second cas.


Définitions






• Une Érosionérosion se définit comme une perte de substance superficielle, épithéliale, mettant plus ou moins à nu la partie superficielle du chorion. Elle est souvent post-vésiculeuse, post-bulleuse ou post-traumatique et guérit généralement sans cicatrice.


• Une Ulcérationulcération, plus profonde, concerne le chorion moyen et profond, avec risque de cicatrice.


Diagnostic


Le diagnostic d’une ulcération ou d’une érosion est clinique ; le diagnostic de la cause peut nécessiter d’autres examens complémentaires.


Interrogatoire


L’âge, les antécédents personnels (maladies, épisodes antérieurs similaires, prise médicamenteuse), les notions de signes fonctionnels (douleur, gêne à l’élocution ou l’alimentation) et de signes associés éventuels (lésions cutanées, adénopathies douloureuses ou non) doivent être précisés.

La durée et l’évolution (aiguë ou chronique) sont des éléments d’orientation essentiels, ainsi que la notion de récurrence.


Examen clinique








































Tableau 5.I Caractéristiques des ulcérations buccales

Forme Bords Fond Base
Aphte commun Arrondie ou ovalaire


Réguliers


Halo rouge



Plat, fibrineux


Jaune
Souple
Aphte géant Arrondie ± irrégulière


Réguliers


Halo rouge

Aphte creusant Irrégulière


Œdématiés


Halo rouge



Irrégulier


Nécrotique
Souple ±
Ulcération traumatique Variable, souvent allongée


Plats ou œdématiés


Pas de halo rouge
Fibrineux Souple ±
Carcinome Le plus souvent irrégulière Surélevés, indurés Végétant, nécrotique ± Indurée, plus large que l’ulcération




• par son caractère primaire ou secondaire (succédant à une autre lésion) ;


• par son caractère souple ou induré, inflammatoire ou non, nécrotique ou non, surinfecté ou non ;


• par sa topographie, sa taille et le nombre de localisations : l’examen des autres muqueuses et de tout le tégument est requis.

L’examen général est dirigé par l’anamnèse et l’aspect lésionnel, vers la recherche d’adénopathies, de lésions dermatologiques ou de toute symptomatologie associée suggestive d’un tableau infectieux ou syndromique.


Examens complémentaires


L’anamnèse et l’étude clinique permettent de limiter les examens au strict nécessaire dans le registre suivant :




• prélèvements locaux dans une hypothèse infectieuse : examen direct et cultures (virologique, bactériologique, mycologique) ;


• examen cytologique (cytodiagnostic) ou histologique (biopsie) avec, éventuellement, examen en immunofluorescence directe ;


• sérodiagnostics d’infections bactériennes ou virales : en dehors du sérodiagnostic de la syphilis, ils sont demandés au cas par cas, en fonction du diagnostic envisagé.


Diagnostic étiologique



Ulcération unique



Aphte



Aphte isolé commun

L’aphte Aphteisolé commun (Fig.5.1) est une ulcération de petite taille, de forme arrondie ou ovalaire, à fond jaune cerné d’un bord rouge régulier, non indurée, douloureuse, évoluant en huit à dix jours.








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Figure 5.1



Aphtose idiopathique bénigne

L’aphtose idiopathique bénigne est la forme la plus fréquente : le patient, régulièrement, présente un ou quelques aphtes banals. Il existe souvent une réactivation par certains contacts alimentaires (agrumes, tomate, noix, gruyère).


Aphte géant

L’aphte géant (Fig.5.2) est une variante. Sa taille est supérieure à 1 cm, la forme est plus ou moins régulière et ses bords sont quelquefois œdématiés. Il dure souvent plus d’un mois.








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Figure 5.2



Aphte creusant

L’aphte creusant (ou nécrotique) a un fond nécrotique et, si le bord est irrégulier, il n’est ni dur ni éversé. La base est œdématiée mais souple. Il dure plus d’un mois et laisse des cicatrices.





Aphte géant et aphte creusant doivent faire rechercher une positivité de la sérologie VIH.


Ulcération traumatique


Souvent douloureuse, elle est envisagée sur :




• l’aspect (contours géographiques, bords réguliers, absence de halo érythémateux, œdème périphérique et sous-jacent, base souple, nécrose jaunâtre) (Fig.5.3) ;



• la topographie ;


• l’anamnèse (bord ou crochet de prothèse inadaptée, dent cariée, couronne défectueuse, morsure, hygiène buccodentaire agressive, contact caustique).

Les ulcérations traumatiques ou chimiques doivent guérir en huit à quinze jours après suppression de la cause : en l’absence de guérison, le passage à la chronicité doit faire suspecter un phénomène d’entretien, par complication infectieuse, ou un carcinome.

Il convient d’évoquer une pathomimie devant une ulcération sans étiologie évidente chez un patient en difficulté psychologique. Ce diagnostic sera un diagnostic d’élimination, après contrôle histologique.


Carcinome épidermoïde


Une ulcération buccale chronique et indolore doit faire évoquer un carcinome épidermoïde ulcéré (Fig.5.4) : la lésion est de taille et de forme variables, irrégulières, les bords sont surélevés, éversés, durs, le fond est granité ou végétant ou bourgeonnant.


La base est indurée, dépassant l’ulcération.

La lésion saigne au contact.

Elle peut survenir sur un terrain particulier (lésion précancéreuse leucoplasique ou lichen ancien), avec influence de cofacteurs (tabac, alcool, mauvaise hygiène buccodentaire).


Autres tumeurs ulcérées


Ces ulcérations n’ont pas le caractère typique des carcinomes épidermoïdes, en particulier en ce qui concerne le terrain.

Dans le cas du lymphome malin non hodgkinien, la tumeur est congestive, sans induration. L’ulcération a un aspect inflammatoire.

Dans le cas des tumeurs salivaires, la localisation au palais est très fréquente. Un nodule sous-muqueux, souvent bien circonscrit, est sous jacent à l’ulcération.


Autres ulcérations uniques exceptionnelles



Syphilis primaire

Le chancre syphilitique d’inoculation apparaît trois semaines après le contage : c’est une érosion indolore, localisée surtout à la lèvre ou à la langue, propre et bien limitée, à bord régulier avec, quelquefois, un halo érythémateux. Le fond est plat et lisse, avec un exsudat gris (fourmillant de tréponèmes). L’induration de la base est peu épaisse (dite en « carte de visite »). La présence d’une adénopathie satellite est constante. Le chancre syphilitique est parfois multiple, avec d’autres localisations possibles (génitale ou anale).

La gomme ulcérée du voile du palais, dont les bords sont « à pic », est observée dans la syphilis tertiaire.


Tuberculose

L’ulcération buccale tuberculeuse, très douloureuse, siège souvent au niveau de la langue. Le contour est irrégulier, le fond est irrégulier, jaunâtre. Elle est à distinguer de l’aphte géant (absence de halo rouge). La base est empâtée, ferme, mais non dure. Une adénopathie satellite est constante. Les réactions tuberculiniques sont très fortement positives. Les lésions pulmonaires sont souvent évidentes à la radiographie.


Lymphoréticulose bénigne d’inoculation (ou maladie des griffes du chat)

Le chancre d’inoculation (griffure) est situé sur la gencive, nécrotique, quelquefois retrouvé en présence d’une volumineuse adénopathie cervicale chronique qui peut en imposer pour une tuberculose. La ponction ramène une goutte de suc ou un pus stériles.


Autres ulcérations infectieuses


Les autres ulcérations infectieuses sont très rares et sont surtout observées chez les malades immunodéprimés : ulcération à cytomégalovirus (CMV) ou histoplasmose.


Ulcérations multiples



Aphtoses multiples



Aphtose multiple commune

Les Aphtoseéléments typiques (voir « aphte isolé ») mesurent moins de 1 cm. Il n’y a pas de fièvre, ni d’adénopathie. La durée de chaque élément est de huit jours, mais l’évolution décalée des aphtes (jusqu’à dix, simultanés ou successifs) prolonge la poussée sur plusieurs semaines.


Aphtose miliaire

Les éléments sont typiques mais de petite taille (2 à 5 mm), nombreux (dix à cent éléments). Quelquefois, un ou deux éléments sont plus importants. L’aspect de l’éruption est très proche de celui de l’herpès buccal (érosions arrondies post-vésiculeuses), mais il n’y a pas de syndrome général, pas de ganglion et, surtout, on ne retrouve aucune lésion péribuccale évocatrice de l’éruption herpétique. En cas de doute, on recherche l’effet cytopathogène d’un frottis du fond d’une ulcération, positif dans l’herpès, négatif dans l’aphtose miliaire.

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May 4, 2017 | Posted by in CHIRURGIE | Comments Off on 5 – Items 343, 84, 87. Pathologie non tumorale de la muqueuse buccale

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