5: Imagerie cardiorespiratoire

Chapitre 5 Imagerie cardiorespiratoire





Techniques d’imagerie



Modalités d’imagerie disponibles en pathologie cardiothoracique



Radiographie du thorax standard


La radiographie de thorax reste la première modalité d’imagerie devant un symptôme respiratoire. Elle permet à elle seule de nombreux diagnostics et elle ne doit pas être sous-estimée. Sa normalité permet également d’éliminer certaines pathologies devant un symptôme pulmonaire (douleur thoracique, dyspnée, etc.). On réalise d’abord la radiographie de face, au mieux debout et en inspiration avec un rayon de direction postéro-antérieure. Les omoplates doivent être bien dégagées. Ensuite, selon l’indication de la radiographie et après analyse de l’incidence de face, il peut être utile de faire une incidence complémentaire (un cliché de profil, un cliché en hyperlordose ou un cliché en expiration). Le mieux est de laisser le radiologue décider de la pertinence de cette incidence complémentaire.


L’incidence de profil n’est pas indispensable, mais peut parfois être utile en cas de doute sur la présence d’une anomalie rétrocardiaque (fig. 5.1) ou rétrodiaphragmatique. En outre, la normalité de la radiographie de face chez un patient ayant de la fièvre peut justifier la réalisation d’un cliché de profil à la recherche d’un foyer rétrocardiaque ou rétrodiaphragmatique.



L’incidence en hyperlordose, souvent méconnue, est utile pour dégager les sommets de toutes les superpositions osseuses quand il existe un doute sur la présence d’une anomalie parenchymateuse apicale (fig. 5.2). Cette incidence permet de projeter les clavicules au-dessus des apex pulmonaires et de modifier les projections des côtes dont le cartilage chondrocostal peut être source de pseudo-nodule.



Le cliché en expiration doit être réalisé en cas de suspicion de pneumothorax si la radiographie en inspiration ne montre pas de décollement pleural. Il permet d’augmenter la pression intrapleurale et donc la sensibilité de détection des petits pneumothorax (fig. 5.3).



Toutes ces incidences complémentaires permettent, à moindre coût et avec une irradiation supplémentaire négligeable par rapport à la tomodensitométrie, de préciser une image visible sur l’incidence de face ou de détecter une anomalie non visible sur le cliché de face. Il faut donc penser à les utiliser avant de se précipiter sur un scanner.


Une quatrième « incidence » correspond aux clichés antérieurs dont l’apport diagnostique est très souvent sous-estimé. Une comparaison avec une radiographie plus ancienne est très précieuse et permet souvent d’éviter des explorations complémentaires inutiles, irradiantes et coûteuses.


L’ordonnance de prescription radiologique doit donc faire apparaître qu’il s’agit d’une radiographie de thorax, mais le choix d’éventuelles incidences complémentaires doit être laissé au radiologue. Le clinicien doit en revanche préciser sur la prescription la pathologie envisagée en donnant au radiologue les renseignements cliniques et les antécédents pertinents, indispensables à la qualité de l’interprétation. Il doit insister auprès du patient sur la nécessité d’apporter des clichés antérieurs s’ils sont disponibles.


Cette pratique, habituelle pour les mammographies, l’est beaucoup moins pour les radiographies de thorax mais permet d’éviter nombre d’examens complémentaires.



Tomodensitométrie


La tomodensitométrie (TDM) joue un rôle très important dans l’exploration de nombreuses pathologies thoraciques. Elle est indiquée en règle générale en complément d’une radiographie de thorax. Elle doit être prescrite en précisant bien la question posée afin que le radiologue puisse ajuster son protocole (sans ou avec injection, coupes fines, coupes expiratoires, « basse dose », etc.). Là encore, les renseignements cliniques fournis sur l’ordonnance sont très importants pour le radiologue, mais il n’est pas nécessaire que le clinicien précise le protocole d’examen sauf en cas de contre-indication à l’injection.


Les principales indications sont les pathologies tumorales des poumons, du médiastin et de la plèvre (cancers bronchopulmonaires, lymphomes, mésothéliomes, etc.), quelques pathologies infectieuses (tuberculose, patient de réanimation, patient immunodéprimé, etc.), les pathologies vasculaires (embolie pulmonaire, pathologie aortique, etc.) et les pathologies infiltratives diffuses.


L’étude du parenchyme pulmonaire ne nécessite pas d’injection de produit de contraste car le contraste spontané est très important dans le parenchyme. En revanche, l’analyse du médiastin nécessite souvent une injection. Néanmoins, en cas de contre-indication à l’injection, on peut souvent analyser de façon tout à fait honorable le médiastin. Il est en revanche impossible d’analyser le contenu des vaisseaux dans ces conditions. La tomodensitométrie est un examen irradiant qui doit être prescrit avec parcimonie chez les sujets jeunes, en particulier les femmes du fait de l’irradiation mammaire. Il est donc fondamental de s’assurer, avant de la prescrire, que la réponse à la question posée ne puisse pas être donnée par l’analyse de la radiographie de thorax (avec ses différentes incidences) et l’étude comparative avec d’anciens clichés. La tomodensitométrie est également utilisée pour guider des gestes de biopsie pulmonaire.







Radiologie interventionnelle


De nombreux gestes de radiologie interventionnelle sont réalisés dans le service de radiologie. Le radiologue fait partie des discussions de prise en charge des patients dans les réunions de concertation pluridisciplinaire. Voici une liste non exhaustive des gestes qui peuvent être pratiqués.










Sémiologie


La description d’une image radiologique passe par une analyse sémiologique. La division en syndromes est faite dans un souci de clarté afin de déterminer avec précision l’origine des anomalies. Nous aborderons dans cette partie successivement les aspects sémiologiques de chaque syndrome en radiographie standard et en imagerie en coupe lorsqu’elle est indiquée.



Syndrome alvéolaire


Le syndrome alvéolaire correspond à un comblement anormal des alvéoles pulmonaires par du liquide (eau, pus, sang), un matériel protéique ou des cellules. Il se caractérise par des opacités à contours flous, confluentes, systématisées, mal limitées, sauf au contact d’une scissure, où la limite devient nette. On parle également de condensation. L’évolution est le plus souvent aiguë.


Le diagnostic est aisé sur la radiographie de thorax qui suffit souvent à elle seule à une bonne prise en charge du patient (pneumopathie, œdème aigu du poumon – OAP –, etc.). En effet, en cas de pneumopathie, on est en présence d’un syndrome de comblement alvéolaire la plupart du temps unique, qui correspond au foyer de pneumopathie (fig. 5.4). Il est le plus souvent homogène, mais certains germes peuvent être responsables d’excavations (staphyloccoque, bactérie Gram négatif, bacille de Koch, etc.). Il peut s’y associer un épanchement pleural homolatéral. Un OAP se traduit en général par des opacités alvéolaires bilatérales périhilaires « en ailes de papillon » ; le médiastin qui apparaît élargit, en raison d’une cardiomégalie, représente le corps du papillon. Il s’y associe fréquemment des épanchements pleuraux périphériques et dans les scissures, et des lignes de Kerley qui correspondent aux épaississements septaux de l’œdème interstitiel (voir le paragraphe « Syndrome interstitiel »).



Le scanner n’a pas sa place en routine dans la plupart des syndromes alvéolaires.


Les principales étiologies du syndrome alvéolaire sont :




Syndrome interstitiel


Le syndrome interstitiel correspond à une atteinte du tissu de soutien du poumon (septums interlobulaires, tissu conjonctif péribronchovasculaire ou sous-pleural). Il peut s’agir d’une infiltration par de l’œdème, des cellules inflammatoires ou tumorales ou de la fibrose. Les anomalies sont nodulaires et/ou réticulaires, à contours nets.


Affirmer la présence ou l’absence d’un syndrome interstitiel sur une radiographie de thorax est une des choses les plus difficiles en pathologie thoracique, car ces anomalies sont non mesurables et l’interprétation est assez subjective. L’interstitium pulmonaire n’est normalement pas visible sur une radiographie standard. Il peut arriver que les vaisseaux pulmonaires soient trop bien visibles et pris pour un syndrome interstitiel. En pratique, il faut analyser la périphérie du poumon (1 à 2 cm de la paroi), là où les vaisseaux ne sont pas visibles. L’existence d’opacités réticulonodulaires à ce niveau doit faire évoquer une pathologie interstitielle.


Parmi les opacités réticulaires, on peut observer des lignes de Kerley classiquement décrites dans l’œdème interstitiel pulmonaire. Il s’agit de petites opacités linéaires perpendiculaires à la plèvre mesurant de 1 à 2 cm et correspondant à un épaississement des parois des septums interlobulaires.


Parmi les opacités nodulaires interstitielles, on peut citer les miliaires hématogènes correspondant à des micronodules multiples (inférieurs à 3 ou 5 mm selon les auteurs), diffus et de même taille.


En tomodensitométrie, l’analyse des lésions élémentaires est plus facile. Il s’agit de lésions nodulaires ou réticulaires. L’aspect et la topographie permettent le plus souvent d’orienter le diagnostic.








Syndrome pleural


Le syndrome pleural correspond aux anomalies pleurales (épanchement gazeux ou liquidien, épaississement tumoral ou non, plaques et calcifications pleurales).







Syndrome pariétal


Le syndrome pariétal comprend toutes les anomalies pariétales responsables d’une augmentation ou d’une diminution d’épaisseur de la paroi, localisée ou étendue. Sur la radiographie standard, certaines de ces anomalies peuvent être sources d’erreur diagnostique.





Syndrome bronchique


Le syndrome bronchique comprend les anomalies de calibre des bronches et les épaississements des parois bronchiques. Il s’y associe parfois des lésions d’emphysème.


La radiographie de thorax est souvent normale. Le scanner permet de confirmer ou non une anomalie bronchique et surtout d’en faire le bilan d’extension : maladie localisée ou diffuse.





Syndrome nodulaire et syndrome cavitaire


Le syndrome nodulaire regroupe les opacités nodulaires et micronodulaires. On parle de nodule pour une lésion de moins de 3 cm et de masse au-delà. Les micronodules mesurent moins de 2, 3 ou 6 mm selon les auteurs.


On distingue le nodule pulmonaire solitaire des nodules pulmonaires multiples.



Nodule pulmonaire solitaire


La découverte d’un nodule pulmonaire solitaire sur une radiographie de thorax est fréquente. La plupart de ces nodules sont bénins, mais il ne faut pas laisser passer un nodule potentiellement malin. La démarche diagnostique doit être rigoureuse et intégrée dans l’histoire clinique.





Analyse de la radiographie de thorax







Analyse du scanner





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Apr 24, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on 5: Imagerie cardiorespiratoire

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