5. Contexte particulier

Chapitre 5. Contexte particulier


Couple en crise





Difficultés



Situation de crise






• Rechercher les facteurs d’instabilité de la relation de couple : se centrer sur « ici et maintenant » plutôt que sur des griefs anciens tels que le désinvestissement progressif de la relation soit par perte (deuil, perte d’emploi, perte d’idéal), soit par gain ailleurs (promotion, voyage, relation amoureuse), inutiles dans l’urgence et consommateurs de temps.


• Mettre en évidence les secrets « traumatiques » récemment dévoilés, infidélité, absence d’emploi, dettes de jeu, etc.


Troubles psychiatriques






• Considérer avec prudence les diagnostics allégués par le conjoint : perversion, dépression B9782294054761500059/u05-01-9782294054761.jpg is missing, délire B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing.


• Rechercher systématiquement les conduites addictives B9782294054761500059/u05-01-9782294054761.jpg is missing (souvent en commun).


• Rechercher une décompensation d’une pathologie avérée chez l’un des deux, son retentissement ou sa pérennisation dans la situation de couple.


• Faire l’investigation objective des passages à l’acte antérieurs nécessitant une mise à l’abri, ce qui ne veut pas dire une hospitalisation (geste suicidaire B9782294054761500059/u05-01-9782294054761.jpg is missing ou agressif B9782294054761500059/u05-01-9782294054761.jpg is missing).



Orientation






• Se préoccuper des enfants au domicile B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing : y a-t-il un signalement PMI (Protection maternelle et infantile), y a-t-il maltraitance ?


• Revoir en post-urgence B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing.


• Demander une consultation familiale B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing d’évaluation, à distance de l’urgence.

L’hospitalisation sous contrainte répond aux critères généraux (nécessité de soins immédiats et de surveillance constante, absence de consentement), éviter le conjoint comme tiers pour une HDT B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing (ce qui fait perdurer l’aspect sadomasochiste de la relation).


POUR EN SAVOIR PLUS


Hefez, S.; Laufer, D., La danse du couple. ( 2002)Hachette Littératures, Paris.

Neuburger, R., Nouveaux couples. ( 1998)Odile Jacob, Paris.


Demande de placement d’un autiste


Ces troubles, encore appelés troubles envahissants du développement, débutent dans l’enfance B9782294054761500059/u05-01-9782294054761.jpg is missing :




Situation






• Un individu errant B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing est amené par la police, les pompiers ou un service social. Son identité est incertaine.


• Un patient, dont le diagnostic est connu, est amené par sa famille ou par sa structure d’accueil en raison de signes aigus de décompensation. Un changement de lieu de vie ou un changement familial (décès, séparation, naissance etc.) sont allégués d’emblée ou nécessitent plusieurs heures d’éclaircissement. Parfois c’est un contexte de fin de prise en charge institutionnelle (limite d’âge, limite d’agrément), après échecs répétés d’intégration dans un autre lieu d’accueil, ou de conflit entre l’institution et la famille.


• Principaux signes cliniques :




– réactions d’angoisse B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing aiguë,


– automutilation, crise clastique, agitation B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing psychomotrice, fugue, errance B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing,


– repli B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing, état dépressif B9782294054761500059/u05-01-9782294054761.jpg is missing,


– comportement sexuel B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing compulsif et inadapté.


Difficultés






• Troubles somatiques B9782294054761500059/u05-01-9782294054761.jpg is missing associés :




– constipation, globe vésical,


– problème dentaire,


– comitialité,


– ingestion de corps étrangers,


– complication d’un traitement psychotrope.


• Mise en évidence de signes de maltraitance, nécessité d’une hospitalisation pour investigation, si possible en soins somatiques.


• Entourage agressif, invectivant l’équipe soignante.


• Équipe débordée devant la grande agitation aux fluctuations imprévisibles, les hurlements, etc., alors que les autres patients et les familles protestent.


• Demande d’hospitalisation B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing confondue avec une demande de placement.


Conduite à tenir



Nécessaire




Souhaitable






• Entretien en présence de l’entourage familial B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing ou éducatif : quelles sont les modifications récentes dans la situation familiale, l’itinéraire des prises en charge éducatives, de soins, celles qui ont été récemment proposées ?


• Signalement au secteur B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing pour éviter une arrivée inopinée du patient, et mettre en place une double prise en charge.


Orientation






• Séjour de 24 à 48 heures aux lits porte B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing avec intervention de crise B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing jusqu’à l’apaisement comportemental.


• Hospitalisation B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing psychiatrique sous couvert de l’engagement de reprise : elle répond à une indication clinique (troubles aigus du comportement, conduites suicidaires B9782294054761500059/u05-01-9782294054761.jpg is missing) ou médicolégale (suspicion de mauvais traitements), jamais à une demande de placement d’ordre médico-social. Les modalités de sortie sont prévues d’emblée, en accord avec le service receveur, le service socio-éducatif, la famille.


• Après apaisement, retour dans la structure qui reprend son projet d’orientation.


• Possibilité de programmer des hospitalisations de jour ou séquentielles B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing en coordination avec les familles, les équipes médico-sociales, le secteur psychiatrique. Le médecin référent de la prise en charge effectue les demandes de placement auprès de SESSAD (Services d’éducation spéciale et de soins à domicile), MAS (Maisons d’accueil spécialisées), Foyer à double tarification, IMPro (Instituts médicoprofessionnels).


POUR EN SAVOIR PLUS


Golse, B.; Delion, P., Autisme : état des lieux et horizons. ( 2005)Erès, Paris.

Parquet, P.; Bursztejn, C.; Golse, B., Soigner, éduquer l’enfant autiste. ( 1989)Masson, Paris; Médecine et Psychothérapie.

Rist, B., Demande de placement chez le jeune autiste, In: (Editors: Guedj, M.J.; Pascal, J.C.) La psychiatrie en urgence ( 2006)Éditions de l’Interligne, Issy-les-Moulineaux, pp. 275277.


Demande de placement d’une personne âgée B9782294054761500059/u05-01-9782294054761.jpg is missing






• Il peut s’agir d’une personne isolée, dont l’entourage se résume à un voisin, une aide ménagère et qui perd progressivement son autonomie : une perturbation mineure suffit à créer la rupture.


• Ou bien, la personne âgée est entourée, mais la dépendance s’aggrave et finit par déborder l’entourage. La demande en urgence émane de celui-ci, et il s’insurge si une solution idéale ne peut être trouvée dans l’instant. Les réactions de rejet et les revendications B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing aux urgences sont à la mesure de la culpabilité sous-jacente. Anticiper une telle situation n’est pas toujours simple, ni pour la famille, ni pour ceux qui interviennent habituellement auprès de la personne âgée (aide familiale, médecin traitant) : de nombreux facteurs concourent à la qualité de l’autonomie au domicile, des personnes très détériorées s’y maintiennent, d’autres apparemment plus autonomes ne le peuvent plus.




Conduite à tenir






• Éliminer une pathologie somatique : recherche des signes de confusion B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing que l’on ne confondra pas avec des signes démentiels (importance de l’anamnèse), recherche d’une iatrogénie, bilan biologique.


• Se garder de toute position de rejet au motif que les urgences psychiatriques ne seraient pas adaptées à l’accueil des personnes âgées B9782294054761500059/u05-01-9782294054761.jpg is missing.


• Éviter toute hospitalisation d’emblée parce qu’un certificat d’HDT B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing a été établi.


• Tenir compte des facteurs contextuels : familiaux (épuisement, conflit), environnementaux (qualité de la relation avec le voisinage), institutionnels (rejet de la part d’un établissement d’accueil ou demande d’aide ponctuelle).


• Évaluer l’importance des troubles psychiatriques, leur gravité (risque suicidaire B9782294054761500059/u05-01-9782294054761.jpg is missing), leur ancienneté (idées délirantes B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing).


• Apprécier l’importance du déficit cognitif : examen clinique, MMSE ( Mini-Mental State Examination), test de l’horloge, TDM (tomodensitométrie), IRM si nécessaire, et des déficits associés : autonomie motrice et sphinctérienne, déficit sensoriel associé.


• Tenir compte de la variabilité des symptômes, habituelle à cet âge, en proposant une observation prolongée (lits porte B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing) qui permettra :




– d’accueillir et d’apaiser le patient, de préciser les troubles et leur évolution ;


– de rassurer l’entourage, lui donner le temps de préciser ses attentes à distance de la crise initiale ;


– de mener les investigations complémentaires, paracliniques, anamnestiques, sociales, familiales ;


– de restaurer le lien avec la prise en charge ou l’institution de référence ;


– de mettre en place un traitement spécifique de l’agitation, de l’anxiété B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing ou de l’insomnie B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing adapté à l’âge : tiapride (50 à 150 mg per os ou PO) ou rispéridone (0,5 à 1 mg PO) en cas d’agitation, alprazolam (0,25 à 0,5 mg PO) ou méprobamate (250 mg PO) en cas d’angoisse.



POUR EN SAVOIR PLUS


Lana, P., Le sujet âgé aux urgences psychiatriques, In: (Editors: Guedj, M.J.; Pascal, J.C.) La psychiatrie en urgence ( 2006)Éditions de l’Interligne, Issy-les-Moulineaux.

Rigaud, A.S.; Bayle, C.; Latour, F.; et al., Troubles psychiques des personnes âgées. ( 2005)Elsevier, Paris; EMC, Psychiatrie, 37-540-A.


Demande inopinée de certificat


Un certificat médical est un acte médicolégal qui engage la responsabilité du médecin. Il doit être objectif, descriptif et concis, nominatif, remis en main propre à la personne intéressée, ne pas mettre en cause de tiers, sauf pour un mineur. La rédaction de certificats médicaux litigieux est la première cause de plainte auprès du Conseil de l’ordre.



Situation




Difficultés


Le patient entend être satisfait de sa demande, il estime qu’elle est légitime et urgente.

Il demande un certificat médical contenant des informations sur des tiers.



POUR EN SAVOIR PLUS


1. Art. 28-29-76 du Code de déontologie.

2. Art. R-4127-76 du Code de santé publique.

3. Art. 441-7 et 441-8 du Code pénal.

Roubertie, E.; Jonas, C.; Ruaux, B.; Gravot, J.-F., Docteur, c’est juste pour un certificat. ( 2001)Éd. Let C, Paris.


Demandes d’orientation professionnelle ou sentimentale




Situation


Une personne vient consulter un psychiatre en urgence pour une orientation :




• Professionnelle : engagement, démission, modification des conditions de travail, plainte déposée ;


• scolaire ou universitaire : se présenter ou non à un examen, un concours, accepter ou contester un redoublement de classe ;


• sentimentale : rupture, séparation, divorce, rencontre récente, mariage, fiançailles, long voyage, etc.


Difficultés






• Exigence de réponse immédiate.


• Réticence B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing, banalisation du patient.


• Demandes d’orientation successives, nomadisme médical.


• Opposition de l’entourage, conflit familial, demande de départager entre des avis contradictoires.


• Rejet d’une telle demande par l’équipe des urgences, parce qu’elle paraît incongrue ou superficielle ; la souffrance psychique ou un trouble psychiatrique sont méconnus.


Diagnostics




Conduite à tenir et orientation






• Prendre le temps d’un entretien psychiatrique soigneux et exhaustif : évaluer le contexte environnemental motivant la demande, l’enjeu affectif exprimé par le patient.


• Ne pas prendre une décision engageant l’avenir du patient dans l’urgence. Elle nécessite une élaboration psychique. La reformulation de la demande par le médecin peut aider le patient à clarifier son indécision : en remplaçant les « il faut, je dois » par « pourquoi le ferais-je, pourquoi ne le ferais-je pas ? », en lui proposant de poser clairement les éléments motivationnels d’une décision.


• Rechercher et entendre l’entourage.


• En cas d’angoisse, prescrire un traitement symptomatique (anxiolytique) en l’avisant des effets secondaires.


• Joindre le médecin référent avec l’accord du patient.


POUR EN SAVOIR PLUS


Dejours, C., Travail : usure mentale. ( 1993)Bayard, Paris; Nouvelle édition augmentée.


Épuisement professionnel






POUR EN SAVOIR PLUS


Canoui, P.; Mauranges, A., Le « burn-out ». ( 2004)Masson, Paris.

Légeron, P., Le stress au travail. ( 2001)Odile Jacob, Paris.

Malach, C.H.; Jackson, S.E., The Malach Burn-out Inventory. ( 1981)Consulting Psychologists Press, Palo Alto, CA.


Famille consultant sans patient


C’est dans une situation de désarroi, d’impuissance ou de culpabilité que l’entourage effectue des démarches pour un proche qui refuse de consulter, à la suite de conseils provenant du reste de la famille, d’amis ou d’associations de familles.

Le but de cette consultation est de favoriser l’accès aux soins.



Situations, difficultés






• Le patient présente un accès aigu émaillant l’évolution d’une pathologie chronique schizophrénique B9782294054761500059/u05-01-9782294054761.jpg is missing ou délirante B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing, parfois bipolaire. Il est en rupture B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing de traitement et refuse les soins.


• Le patient est désocialisé, dans un repli B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing progressif et inquiétant, incurique, avec des troubles du comportement et des troubles addictifs B9782294054761500059/u05-01-9782294054761.jpg is missing, souvent anciens. Parfois le voisinage s’est plaint.


• L’entourage craint des menaces B9782294054761500059/u05-01-9782294054761.jpg is missing pour la sûreté des personnes.


• L’entourage demande des informations concernant les soins en cours, le traitement, exprimant un doute sur l’efficacité de la prise en charge actuelle.


• L’entourage demande conseil sur la conduite à tenir face au patient.


• Ce sont parfois des demandes d’allure administrative : un changement de secteur B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing, un dossier B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing médical concernant un membre de l’entourage.


• Le proche qui consulte peut lui-même être malade, et accuser un proche de maladie.


Conduite à tenir et orientation




Informer






• Informer sur les modalités de prise en charge, les procédures d’hospitalisation B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing, les effets des traitements.


• Ne pas disqualifier une prise en charge actuelle mais approfondir les raisons de la rupture B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing de soins et du mécontentement de l’entourage. Contacter l’équipe chargée des soins dans le même but.


Proposer


En cas d’urgence, une intervention rapide médicalisée : Samu, pompiers, peut s’imposer. De même pour l’intervention de la police B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing si le risque de trouble de l’ordre public existe. Ces conseils sont généralement superflus car bien connus des familles. Sinon, des conseils de guidance, réitérés à court terme (consultations quasi quotidiennes), ont pour but :




• de soutenir l’entourage épuisé ;


• de trouver avec lui les ouvertures auxquelles on ne songeait plus, un traitement que le patient accepte, un tiers considéré comme moins menaçant par le patient.

Une lettre donnée pour le patient « j’ai reçu aujourd’hui votre mère qui s’inquiète pour vous, je suis à votre disposition dès demain pour essayer de trouver une solution » a souvent pour effet de faire venir le patient, étonné que l’on s’intéresse encore à lui.


Prévoir une visite à domicile B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing et indiquer d’emblée à la famille sa faisabilité


Certains secteurs l’effectuent eux-mêmes.

Certaines équipes d’urgence ont mis en place une équipe dite mobile, en accord avec les secteurs concernés.

Ou encore on aura recours aux équipes de psychiatres libéraux B9782294054761500059/u05-02-9782294054761.jpg is missing intervenant à domicile.

Jun 8, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 5. Contexte particulier

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