5: Col normal

Chapitre 5 Col normal



Ce chapitre, malgré son apparente banalité, est sans doute l’un des plus importants de la physiologie et de la physiopathologie du col car il va permettre de comprendre la formation de la zone de transformation du col, zone prenant toute son importance dans le déclenchement des pathologies cervicales car c’est à son niveau, et seulement à son niveau, que naissent les états précancéreux et, par là même, les cancers du col. Cette zone est véritablement la plaque tournante de la carcinogenèse et il apparaît donc de la première importance d’avoir parfaitement assimilé son processus de constitution.



Définition


Le col « normal » correspond à une situation précise et quelque peu chanceuse, que l’on constate en fait assez rarement, à savoir que la jonction entre les deux épithéliums qui recouvrent le col coïncide exactement avec l’orifice externe anatomique (figure 5.1).



Analysons ces deux épithéliums d’un peu plus près, car nous allons y observer quelques particularités intéressantes pour l’avenir (figure 5.2).




C’est un épithélium actif, maintenant en permanence sur ses limites un front cellulaire analogue à sa couche profonde, présentant une tendance spontanée à la prolifération pour repousser son voisin l’épithélium cylindrique. L’épithélium malpighien n’a aucune réceptivité hormonale.



Signalons que la membrane basale de cet épithélium n’est pas rectiligne comme celle de l’épithélium malpighien mais formée de replis successifs de sorte que la zone cylindrique nous apparaît comme « papillaire », mais elle est décrite comme « glandulaire » par les histologistes (l’observateur clinique voit en effet une multitude de petites papilles alors que l’histologiste constate des enfoncements remplis de mucus dans le chorion qu’il appelle donc des glandes).



Le col normal est donc celui où l’architecture épithéliale a la chance d’être parfaite et stable.


La carence œstrogénique telle qu’elle se rencontre à la ménopause induit une ascension de la jonction pavimentocylindrique dans l’endocol (l’épithélium cylindrique atrophique laisse le champ libre à l’épithélium malpighien pour s’étendre).


La période d’activité génitale est, à l’inverse, propice aux états d’hyperœstrogénie (dysovulation, pilule, accouchements…) et expose donc à l’extension épithéliale cylindrique sur l’exocol. Pratiquement, 45 % des cols présentent cette situation, aboutissant à l’installation de l’ectropion.



Ectropion


Il se définit comme le débordement de l’épithélium cylindrique glandulaire de plus de 5 mm en périphérie de l’orifice externe anatomique (figures 5.3 et 5.4).




Il peut être congénital, mais en général il est acquis soit :



Les papilles cylindriques peuvent donc aisément s’observer à la surface de l’exocol.


À l’acide acétique, les papilles prennent un aspect légèrement plus brillant, l’application de Lugol conduit à observer la iodo-négativité de cette zone ectopique et permet de reconnaître la position très extériorisée de la jonction pavimentocylindrique.


On observera que les papilles de l’ectropion s’étalent de façon régulière, elles sont de petite taille, tassées les unes contre les autres. L’épithélium malpighien apparaît beaucoup plus épais, lisse, régulier et prend même un certain surplomb au niveau de la jonction par rapport à la zone papillaire (cette petite notion est intéressante à noter car, nous le reverrons dans les lésions condylomateuses, les proliférations papillaires péri-orificielles d’origine virale sont au contraire en relief par rapport au plan de l’épithélium malpighien).


Épithélium fragile et sensible, l’ectropion sécrète une glaire abondante, expose aux surinfections, peut aisément s’éroder et « saignoter ».


Nous avons appris ci-dessus à connaître l’épithélium malpighien et à comprendre que celui-ci ne reste pas passif vis-à-vis de son voisin cylindrique. Enclin à proliférer sur ses bordures, sur ses frontières, il ne va pas longtemps laisser l’épithélium cylindrique occuper la surface exocervicale. L’ectropion à peine formé, l’épithélium malpighien entreprend la reconquête du terrain perdu par un processus de prolifération refoulant l’épithélium cylindrique vers son orifice externe d’origine. Ce phénomène de reconstruction correspond à la métaplasie malpighienne.



Métaplasie malpighienne


Le processus de ré-épithélialisation de l’ectropion est un long et laborieux travail qui va demander entre 5 et 15 ans.



Soulignons que « métaplasie » est un terme plutôt histologique. Cliniquement ou colposcopiquement parlant, les expressions correctes sont : transformation, ou encore remaniement, réparation, cicatrisation, régénération, ré-épithélialisation…


Le processus de la métaplasie est un phénomène spontané qui se déclenche dès la constitution de l’ectropion. Certains facteurs peuvent intervenir pour l’activer, en particulier l’acidité vaginale (propriétés que l’on utilise parfois en thérapeutique pour accélérer la cicatrisation d’un ectropion).


Jul 9, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 5: Col normal

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