5: Amélioration de la prise en charge de la douleur et des résultats des fractures de l’extrémité proximale du fémur

5 Amélioration de la prise en charge de la douleur et des résultats des fractures de l’extrémité proximale du fémur





Douleur, douleur aiguë et prévention de la douleur chronique


Analgésie multimodale


Traitement insuffisant de la douleur




Évaluation de la douleur





Pharmacothérapie : molécules habituellement utilisées dans l’analgésie multimodale




























Anesthésie locorégionale et contrôle de la douleur





Optimisation de la prise en charge de la douleur


Traduction : Alexandre Pegot


Bien que l’amélioration de la prise en charge de la douleur soit un aspect important des soins donnés au patient influençant profondément son ressenti, une gestion incomplète de la douleur continue à prévaloir lors des soins périopératoires. Étonnamment, ce déficit de prise en charge s’est produit malgré les avancées suivantes en prise en charge de la douleur : (1) amélioration des médicaments, (2) amélioration des techniques d’administration des analgésiques, et (3) développement d’une politique de prise en charge de la douleur, de protocoles et d’équipes dédiées à la prise en charge de la douleur (service antidouleur) dans les hôpitaux de soins primaires et tertiaires. Ce chapitre met l’accent sur l’impact de ces questions importantes chez les patients présentant une fracture de hanche. Pour ces patients, un traitement insuffisant de la douleur est associé à une durée d’hospitalisation plus longue, à une reprise de la marche retardée, et à un déficit fonctionnel à long terme1.


La compréhension de la douleur et sa prise en charge peuvent être améliorées en proposant (1) une éducation des professionnels de santé et des patients ; (2) une analgésie multimodale efficace afin de rendre le traitement plus efficace et de réduire les effets secondaires ; (3) une surveillance précise de la douleur et de son traitement, et (4) des outils pour administrer en sécurité un traitement préventif de la douleur chronique. Ces différents éléments doivent être intégrés à un plan logique de prise en charge de la douleur. La protection apportée par un traitement de la douleur multimodal doit être fournie dès l’admission à l’hôpital et continuée après la sortie.



Douleur, douleur aiguë et prévention de la douleur chronique


L’International Association for the Study of Pain (IASP) définit la douleur comme « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite dans des termes impliquant une telle lésion ». Cette définition englobe un large éventail d’expérience douloureuse. Si un patient considère une expérience comme douloureuse ou si un patient exprime son ressenti de la même façon qu’une douleur provoquée par une lésion tissulaire, cela devrait être considéré comme une douleur. La nature multidimensionnelle de la douleur nécessite souvent une prise en charge multidisciplinaire, en particulier chez les patients avec une douleur chronique. Accepter que ces patients soient douloureux ne doit pas toujours conduire à donner plus de médicaments. Une approche plus globale devrait être employée.


L’expérience de la douleur est influencée par l’âge, la culture, les variations individuelles et les différences de personnalité, la peur, l’anxiété, les pathologies associées, le soutien de l’entourage et des professionnels de santé, et d’autres facteurs. Toutes ces variables doivent être prises en compte dans la prise en charge de la douleur, même en cas de soins en urgence.


La douleur aiguë est habituellement de courte durée et une cause facilement identifiable en est responsable. Elle peut être plus facilement contrôlée par un bloc nerveux ou des antalgiques. La douleur aiguë est encore classée en douleur nociceptive et en douleur neuropathique. La nociception provient de la stimulation des récepteurs périphériques à la douleur des os ou des tissus mous. Ce type de douleur est médié par les nerfs périphériques identifiables. La douleur neuropathique est une douleur en rapport avec une lésion nerveuse et est souvent une composante de la plupart des blessures et fractures. Le mécanisme déclenchant la douleur neuropathique implique fréquemment une lésion des nerfs périphériques ou du système nerveux central (SNC). Puisque les substances opioïdes sont souvent moins efficaces sur les douleurs neuropathiques, une adjonction d’analgésiques est importante dans la prise en charge de ce type de douleur.


Un des objectifs les plus importants de l’amélioration de la prise en charge de la douleur est la prévention des syndromes douloureux chroniques. Une prise en charge inadéquate de la douleur aiguë peut mener à une douleur chronique. C’est un des concepts principaux de la prévention de la douleur. Lorsqu’une douleur aiguë évolue en douleur chronique, cela interfère avec la rééducation, et la perspective d’une reprise d’autonomie diminue.


La douleur chronique survient lorsque la douleur originelle persiste plus longtemps qu’elle n’aurait dû (habituellement > 3 à 6 mois). La cause est moins identifiable et la douleur répond moins aux habituels blocs nerveux périphériques et aux analgésiques. La douleur chronique a un coût important en termes de morbidité et de dépenses de santé. Le développement de la douleur chronique conduit souvent à des soins de longue durée, ce qui est la cause principale des dépenses de santé lors de la prise en charge des fractures de la hanche2.



Analgésie multimodale


L’analgésie multimodale utilise de multiples techniques de prise en charge de la douleur. L’effet d’addition des traitements combinés mène souvent à une réduction synergique de la douleur. L’utilisation de différents types de médicaments peut améliorer le contrôle de la douleur et réduire les effets secondaires. Cette approche visait à l’origine à réduire les effets indésirables des opioïdes (en réduisant la quantité d’opioïde utilisée). On pensait que les doses élevées d’opioïdes contribuaient à l’apparition d’effets indésirables comme des troubles thymiques et des hallucinations, la nausée, la constipation, la rétention urinaire, le prurit et la dépression respiratoire. Ce principe est devenu la pierre angulaire de la thérapie médicamenteuse dans la prise en charge de la douleur. Cette approche devrait commencer dès le début de la prise en charge et devrait être maintenue durant la rééducation, comme suit.




Traitement insuffisant de la douleur



Durant l’hospitalisation


La douleur continue d’être prévalente parmi les patients subissant une intervention chirurgicale majeure. Entre 1973 et 1999, l’incidence rapportée des douleurs modérées à sévères et celle des douleurs sévères ont été respectivement de 29,7 % et de 10,9 %4. Lorsque l’analgésie intramusculaire (IM) était utilisée seule, l’incidence de la douleur était plus élevée : 67,2 % pour les douleurs modérées à sévère et 29,1 % pour les douleurs sévères. En 2006, une grande étude multicentrique menée dans les centres hospitalo-universitaires canadiens a montré que les incidences sont globalement inchangées, soit 31,5 et 11,4 % pour les deux mêmes catégories5, les niveaux de douleur postopératoire varient selon les différentes interventions chirurgicales, même parmi les diverses techniques chirurgicales pour le traitement des fractures de hanche. Ces variations devraient être prises en compte dans la prise en charge de la douleur6.


Aucune preuve n’indique que le ressenti de la douleur chez des patients âgés est moins important que chez les patients jeunes7,8. Chez les patients subissant une arthroplastie de hanche, aucune corrélation n’a été trouvée entre l’âge et le score de la douleur9. Cependant, les difficultés d’évaluation des risques pourraient mener à un traitement insuffisant de la douleur, en particulier chez les patients âgés avec des troubles cognitifs. Dans une étude sur les fractures de hanche, les patients avec une démence avancée (âge médian, 88 ans) ont reçu seulement un tiers de la quantité d’opioïde par rapport aux patients à l’état cognitif conservé (âge médian, 82 ans), même si 40 % du groupe à l’état cognitif conservé rapportent une douleur sévère à très sévère malgré des doses d’opioïdes plus élevées. De plus, seulement 24 % des patients non communicants ont bénéficié d’une analgésie permanente10. Par conséquent, les patients âgés sont plus à risque d’un traitement insuffisant de la douleur associée aux fractures de hanche.




Évaluation de la douleur


L’évaluation de la douleur est la première étape pour sa prise en charge optimale. L’autoévaluation est considérée comme la technique de référence de mesure de la douleur. Les codes de santé et de sûreté vont être mis à jour afin d’inclure la douleur dans le programme d’évaluation de tout le personnel de santé. Les établissements de santé agréés doivent, pour recevoir leur accréditation, inclure l’évaluation de la douleur de la même manière que l’évaluation des autres signes vitaux conventionnels. L’évaluation de la douleur doit être réalisée de manière conforme, appropriée au patient et consignée dans son dossier médical au même titre que les autres signes vitaux11a. Ce concept de « 5e signe vital » aidera à établir un nouveau standard de l’évaluation de la douleur et une documentation fondée sur l’autoévaluation de tous les patients. Les outils d’évaluation de la douleur incluent les outils multidimensionnels, les outils unidimensionnels (intensité de la douleur) et, pour les patients incapables d’utiliser les échelles d’autoévaluation, les outils observationnels.




Outils unidimensionnels


Les échelles d’autoévaluation unidimensionnelle sont les plus fréquemment utilisées pour mesurer l’intensité de la douleur ou son soulagement. Ces échelles peuvent être des échelles de description verbale (EDV), des échelles numériques (EN), des échelles visuelles analogiques (EVA) et des échelles imagées.



Une échelle de description verbale (EDV) mesure l’intensité de la douleur ou sa réponse au traitement. Par exemple, on demande au patient de choisir dans la liste « aucune, faible, modérée, sévère, intolérable » pour décrire l’intensité de sa douleur. L’échelle est simple, facile à comprendre, adaptée aux patients âgés et aux grands enfants. Les désavantages sont qu’il s’agit d’une échelle discontinue ; les changements d’intensité de la douleur entre chaque mot peuvent ne pas être les mêmes, le mot choisi par le patient peut ne pas décrire sa propre expérience de la douleur, et l’échelle est sujette à des biais.


Une EN utilise les nombres de 0 à 10 (0 étant aucune douleur et 10 étant la pire douleur possible) ; elle est aussi simple et corrélée avec l’EVA. Il a été retrouvé que l’EN est l’échelle de mesure d’intensité de la douleur préférée. Cependant, cette échelle n’est pas nécessairement linéaire (par exemple l’élévation de l’intensité de la douleur de 7 à 8 n’est pas la même que de 1 à 2) (fig. 5-1).


L’EVA utilise une ligne de 10 cm, une extrémité indiquant « pas de douleur » et l’autre « la pire douleur possible ». Il est demandé au patient d’indiquer par une marque sur la ligne l’intensité de sa douleur. L’EVA peut également être modifiée pour mesurer le soulagement de la douleur. Cette échelle peut être plus difficile à comprendre pour les patients âgés, les patients avec des troubles cognitifs, et les patients au niveau de conscience altéré.


Les échelles imagées de la douleur représentant une série de visage indiquant une élévation de l’intensité de la douleur peuvent être utilisées chez les enfants, mais également chez les patients avec des difficultés de langage (fig. 5-2).





Outils observationnels (comportementaux) pour les patients âgés avec troubles cognitifs


Les patients âgés ont plus de difficultés à utiliser les échelles d’autoévaluation que les jeunes adultes12. Chez certains patients âgés et déficients cognitifs, l’autoévaluation peut ne pas être fiable. Les variations des constantes vitales et de la réponse autonome peuvent être des indicateurs d’une grande aide pour la prise en charge de la douleur, mais ces signes sont non spécifiques et leurs variations sont difficiles à différencier des autres états de stress. Les outils observationnels (comportementaux) ont été développés pour mesurer la douleur chez les patients déficients cognitifs. Ces outils utilisés par les équipes estiment habituellement la douleur en fonction d’une liste comprenant les vocalisations, les expressions faciales et les attitudes corporelles suggérant la douleur (tableau 5-1). Il a été rapporté que certains outils ont de meilleures fiabilité et validité (DS-DAT, PAINAD, PACSLAC, DOLOPLUS2 et ECPA)13,14, mais aucun outil n’est à lui seul le plus adapté chez les patients âgés avec une déficience cognitive. La plupart des outils observationnels nécessitent encore d’être développés et testés.



Les recommandations pour l’évaluation de la douleur chez les patients âgés sont les suivantes15.




Pharmacothérapie : molécules habituellement utilisées dans l’analgésie multimodale



Paracétamol


Le paracétamol est considéré comme étant un faible inhibiteur indirect de la cyclo-oxygénase (COX). C’est un antipyrétique et un faible analgésique. Il a quelques effets secondaires, sauf si la dose limite recommandée (4 g/jour chez l’adulte16) est dépassée. La United States Pharmacopoeia Dispensing Information (USPDI) recommande 2,6 g/jour pour un traitement au long cours (> 10 jours)17. Il n’y a pas d’effet conséquent lié à l’âge sur la clairance du paracétamol. Donc, il n’y a pas d’indication à réduire les doses chez les patients âgés18. Cependant, chez les patients ayant des pathologies hépatiques préexistantes ou des antécédents d’alcoolisme chronique, les doses quotidiennes doivent être réduites de 50 ou 75 %18. Les patients doivent être informés que beaucoup de traitements en vente libre contiennent du paracétamol. Un surdosage peut conduire à une défaillance hépatique fatale. Dans une étude, il a été retrouvé que le paracétamol est la cause la plus courante d’insuffisance hépatique aiguë, soit 39 % des cas19.



Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)


Les AINS ont des propriétés analgésiques, anti-inflammatoires et antipyrétiques. Ils peuvent être utilisés seuls pour les douleurs faibles à modérées. Lorsqu’ils sont utilisés combinés aux opioïdes, les AINS améliorent le contrôle de la douleur et réduisent les besoins en opioïde jusqu’à 30 %20,21. Les AINS diminuent également les nausées et vomissements (≤ 30 %) et la sédation (≤ 29 %) postopératoires22.




Risque cardiovasculaire


Les AINS diffèrent par leur sélectivité d’inhibition des deux isoformes de COX : COX-1 et COX-2. L’effet sélectif inhibiteur des COX-2 s’établit ainsi : rofécoxib > valdécoxib > parécoxib > célécoxib = diclofénac > > indométacine, ibuprofène. Les inhibiteurs sélectifs de la COX-2 ont une toxicité GI moindre en épargnant la COX-1 de la muqueuse GI. Les inhibiteurs sélectifs de la COX-2 suppriment également la synthèse de prostacycline par les cellules endothéliales, induisant un effet vasodilatateur et antiplaquettaire. Ces effets déséquilibrent la balance prothrombotique-antithrombotique à la surface des cellules endothéliales, augmentant le risque thrombotique.


Dans l’étude VIGOR (Vioxx Gastrointestinal Outcomes Research), le risque relatif de survenue d’un événement thrombo-embolique cardiovasculaire (infarctus du myocarde, angor instable, thrombose intracardiaque, arrêt cardiaque réanimé, mort soudaine ou inexpliquée, accident vasculaire cérébral, accident ischémique transitoire) avec un traitement par rofécoxib comparé au naproxène était de 2,38. Encore d’autres études à propos du risque cardiovasculaire induit par les inhibiteurs sélectifs de la COX-2 et autres AINS ont changé les recommandations sur l’utilisation des AINS dans la pratique clinique2326.


Les données publiées ont montré une élévation du risque d’événements cardiovasculaires induits par les inhibiteurs sélectifs de la COX-2 (risque relatif, 1,42) et quelques AINS habituels. Les médicaments impliqués sont le rofécoxib, le diclofénac, le méloxicam, l’indométacine, les doses élevées d’ibuprofène (800 mg trois fois par jour) mais pas les faibles doses d’ibuprofène, de piroxicam, de naproxène et de célécoxib à 200 mg par jour ou moins. Chez les patients aux antécédents d’infarctus du myocarde, les inhibiteurs sélectifs de la COX-2 à toutes les doses et les AINS non sélectifs à doses élevées augmentent la mortalité2730. Une seule étude conclut que le risque d’infarctus du myocarde est faible lors d’un traitement par AINS et par un inhibiteur sélectif de la COX-2, mais que le rofécoxib possède le risque le plus important30. Les recommandations scientifiques de l’American Heart Association préconisent une prise en charge progressive (fig. 5-3) des douleurs musculosquelettiques des patients aux antécédents cardiovasculaires ou à fort risque cardiovasculaire31.





Complications gastro-intestinales


L’incidence des hospitalisations pour saignements gastro-intestinaux après prise d’AINS est de 1 à 2 % par an, et cette complication a une mortalité de 5 à 10 %34. L’utilisation des AINS et une infection par Helicobacter pylori agissent de manière synergique et sont les deux causes principales d’ulcère35. Les facteurs de risque d’un saignement gastro-intestinal après prise AINS sont un âge supérieur à 60 ans, des antécédents gastro-intestinaux, des doses élevées d’AINS (> 2 fois la normale), et l’utilisation concomitante de corticoïdes et d’anticoagulants36. Une dyspepsie survient chez 10 à 20 % des patients prenant des AINS, mais ce n’est pas un facteur prédictif du développement d’un ulcère. Les risques de survenue de complications gastro-intestinales après prise d’AINS sont représentés par ordre décroissant par l’indométacine, le diclofénac, le piroxicam, le ténoxicam, l’ibuprofène et le méloxicam. Les AINS de courte durée d’action sont moins toxiques que les AINS de longue durée d’action37. Le célécoxib, inhibiteur sélectif de la COX-2, est associé à une incidence de survenue d’ulcère similaire à celle du placebo35. Beaucoup de patients restent asymptomatiques jusqu’à la survenue d’une hémorragie gastro-intestinale massive.


La prise d’AINS durant le repas peut réduire les effets secondaires gastro-intestinaux. Le risque de survenue d’ulcère après prise d’AINS est réduit de 40 % en utilisant du misoprostol, un analogue de la prostaglandine E ayant pour effet secondaire des nausées, des diarrhées et des douleurs abdominales. Les inhibiteurs de la pompe à proton (IPP) sont légèrement moins efficaces mais sont mieux tolérés. Le traitement par un antagoniste des récepteurs histaminiques (H2) est inadéquat38.



Optimisation du contrôle de la douleur


Les recommandations pour l’utilisation des AINS proviennent du comité scientifique de l’American Heart Association31, des comités de relecture, et de l’American Gastroenterological Association (AGA). Les recommandations des conférences de consensus de l’AGA sur l’utilisation des AINS comprennent :




Traitement par opioïde



Sous-utilisation et sous-dosage lors du contrôle de la douleur


Les opioïdes restent définitivement la thérapeutique la plus efficace pour la plupart des patients ayant des douleurs intenses. De nombreux facteurs liés aux médecins, aux patients, et d’ordre légal et financier contribuent à une sous-utilisation des opioïdes pour le traitement de la douleur39,40. Chez les patients aux douleurs aiguës ou postopératoires, ces facteurs comprennent :



Comme d’autres traitements, les effets analgésiques des opioïde sont liés à la concentration plasmatique de la molécule. La concentration moyenne efficace (CME) et la concentration minimale efficace analgésique (CMEA) sont utilisées pour évaluer la relation entre la concentration plasmatique d’opioïde et son effet. La CME est la concentration à laquelle une nouvelle dose est requise. La CMEA est la concentration minimale (déterminée par une perfusion continue) produisant une analgésie. Bien que la CME puisse quadrupler ou quintupler entre les patients41, les doses prescrites sont bien souvent trop faibles par rapport aux doses recommandées nécessaires pour atteindre la CMEA. Ces patients sont vraisemblablement peu ou pas soulagés plutôt que « partiellement » soulagés. Parallèlement, les prescripteurs ne prennent pas toujours en compte les différences d’efficacité entre les divers opioïdes, et il en résulte des doses trop faibles ou trop élevées.


Une grande étude sur les soins hospitaliers en 2006 a montré que la dose médiane de morphine prescrite dans les services de chirurgie, de médecine et d’urgences n’était que de 2 mg (écart-type, 2 à 4 mg), et les doses les plus faibles furent données aux patients de chirurgie. Dans la même étude, les doses d’hydromorphone et de mépéridine prescrites étaient 6,7 fois et 3,4 fois plus importantes que les doses de morphine prescrites42. Ces données suggèrent que la morphine prescrite est « sous-dosée », mais que l’hydromorphone et la mépéridine sont prescrites a de trop fortes doses, peut-être à cause d’une mauvaise compréhension de l’efficacité et du dosage des traitements (voir tableaux 5-3 et 5-4 de la conversion équianalgésique des opioïdes).


L’objectif du traitement par opioïde est toujours de donner la « bonne » dose au « bon » patient. Cet objectif pourra être atteint seulement grâce à une bonne compréhension des substances, des doses, de l’âge, et des comorbidités influençant l’utilisation des opioïdes, ainsi que grâce à une surveillance accrue afin d’éviter la survenue d’effets indésirables.

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Jul 2, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 5: Amélioration de la prise en charge de la douleur et des résultats des fractures de l’extrémité proximale du fémur

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