4: Sang

Chapitre 4 Sang



Le sang est un tissu conjonctif liquide. Il circule continuellement dans le corps, favorisant une communication constante entre des tissus distants l’un de l’autre. Il transporte :








Le sang est composé d’un liquide transparent jaune paille, le plasma, dans lequel différents types de cellules sont en suspension. Le plasma constitue normalement 55 % du volume sanguin. Les 45 % restants forment la fraction cellulaire du sang. Les deux fractions sanguines, les globules rouges et le plasma, peuvent être séparées par centrifugation ou par la gravité lorsqu’on laisse le sang au repos (Fig. 4.1A). Comme les cellules sont plus lourdes que le plasma, elles coulent au fond de tout échantillon.



Le sang représente jusqu’à environ 7 % du poids corporel (environ 5,6 litres chez un homme de 70 kg). Cette proportion est moindre chez la femme et considérablement plus grande chez l’enfant, baissant progressivement jusqu’à ce que le niveau de l’adulte soit atteint.


Dans les vaisseaux sanguins, le sang est toujours en mouvement en raison de l’action de pompe du cœur. Le flux continu maintient un environnement tout à fait constant aux cellules corporelles.


Le volume du sang et la concentration de beaucoup de ses composants sont maintenus dans d’étroites limites par des mécanismes homéostasiques.


La première partie du chapitre décrit la physiologie sanguine normale, et les sections suivantes portent sur certains troubles sanguins.



Plasma




Les constituants du plasma sont l’eau (90 à 92 %) et des substances dissoutes et en suspension dont :












Protéines plasmatiques

Les protéines plasmatiques, qui constituent jusqu’à 7 % du plasma, sont normalement retenues dans le sang car elles sont trop volumineuses pour s’échapper par les pores capillaires pour gagner les tissus. Elles sont largement responsables de la pression osmotique du sang (p. 84), qui retient le liquide plasmatique dans la circulation. Si le taux de protéines plasmatiques baisse en raison soit d’une chute de leur production, soit d’une perte par les vaisseaux sanguins, la pression osmotique baisse aussi, et du liquide passe dans les tissus (œdème) ainsi que dans les cavités corporelles.


La viscosité (épaisseur) du plasma est due aux protéines plasmatiques, principalement à l’albumine et au fibrinogène. À l’exception des immunoglobulines, les protéines plasmatiques sont générées dans le foie.











Contenu cellulaire du sang




Il y a trois types de cellules du sang (voir Fig. 1.6, p. 8) :





Les cellules du sang sont principalement synthétisées dans la moelle osseuse rouge. Certains lymphocytes sont également produits dans le tissu lymphoïde. Dans la moelle osseuse, les cellules du sang proviennent de cellules souches pluripotentes (c’est-à-dire capables de se développer en un ou plusieurs types de cellules), et elles passent par plusieurs stades de développement avant d’entrer dans le sang. Les différents types de cellules du sang suivent des lignes de développement séparées. Le processus de formation des cellules du sang est appelé hématopoïèse (Fig. 4.2).



Durant les premières années de la vie, la moelle rouge occupe la totalité de l’espace médullaire, mais dans les 20 années qui suivent, elle est progressivement remplacée par de la moelle jaune graisseuse, qui n’a pas de fonction hématopoïétique. Chez les adultes, l’hématopoïèse est confinée aux os plats, aux os irréguliers et aux membres (épiphyses des os longs), les sièges principaux étant le sternum, les côtes, le pelvis et le crâne.




Érythrocytes (globules rouges du sang, hématies)


Les globules rouges du sang sont des disques biconcaves non nucléés, d’environ 7 microns de diamètre. (Fig. 4.3). Leur principale fonction est le transport gazeux, essentiellement l’oxygène, mais ils transportent aussi du dioxyde de carbone. Leur forme caractéristique est appropriée pour leur fonction ; la biconcavité augmente leur surface pour l’échange gazeux, et la minceur de la partie centrale favorise l’entrée et la sortie rapides des gaz. Les cellules sont flexibles, de telle sorte qu’elles peuvent se glisser à travers les étroits capillaires, et elles ne contiennent pas d’organites intracellulaires, ce qui laisse davantage de place à l’hémoglobine, la volumineuse protéine pigmentée responsable du transport du gaz.



La mesure du nombre de globules rouges, celle de leur volume et de leur teneur en hémoglobine sont des évaluations routinières et utiles en pratique clinique (Tableau 4.1). Les symboles entre parenthèses sont les abréviations habituellement utilisées dans les résultats du laboratoire.


Tableau 4.1 Érythrocytes – valeurs normales
























Mesure Valeurs normales
Taux d’érythrocytes – nombre d’érythrocytes par litre, ou millilitre cube (mm3) de sang

Hématocrite – volume de globules rouges dans 1 l ou mm3 de sang 0,4–0,5 l/l
Volume globulaire moyen (VGM) – volume d’une cellule moyenne mesuré en femtolitres (1 fl = 10−15 l) 80 à 96 fl
Hémoglobine (Hb) – poids de l’hémoglobine dans le sang total, mesuré en grammes/100 ml de sang

Teneur corpusculaire (globulaire) moyenne en hémoglobine (TCMH ou TGMH) – la quantité moyenne d’hémoglobine par cellule, mesurée en picogrammes (1 pg = 10−12 gramme) 27–32 pg/cellule
Concentration corpusculaire (globulaire) moyenne en hémoglobine (CCMH ou CGMH) – le poids de l’hémoglobine dans 100 ml de globules rouges 30–35 g/100 ml de globules rouges


Durée de vie et fonction des érythrocytes


Les érythrocytes sont produits dans la moelle osseuse rouge, qui est présente aux extrémités des os longs, ainsi que dans les os plats et ceux irréguliers. Ils y passent par plusieurs stades de développement avant d’entrer dans le sang. Leur durée de vie dans la circulation est d’environ 120 jours.


Le processus de développement des globules rouges depuis les cellules souches prend environ 7 jours ; il est appelé érythropoïèse (Fig. 4.2). Les cellules immatures sont relâchées dans le flux sanguin sous forme de réticulocytes, puis deviennent matures au bout d’un jour ou deux dans la circulation et deviennent des érythrocytes. Durant cette période, elles perdent leur noyau et deviennent donc incapables de se diviser (Fig. 4.4).



La vitamine B12 et l’acide folique sont tous deux nécessaires pour la synthèse des globules rouges du sang. Ils sont absorbés dans les intestins, bien que la vitamine B12 doive être liée à un facteur intrinsèque (p. 311), afin que l’absorption puisse intervenir. Les deux vitamines sont présentes dans les produits laitiers, la viande et les légumes verts. Le foie contient habituellement de bonnes réserves de vitamine B12, qui seront utiles pendant plusieurs années, mais des signes d’insuffisance en acide folique apparaissent en quelques mois.




Transport de l’oxygène

Lorsque les quatre sites de liaison de l’oxygène sur une molécule d’hémoglobine sont pleins, celle-ci est dite saturée. L’hémoglobine se lie à l’oxygène de manière réversible pour former l’oxyhémoglobine, suivant l’équation suivante :



Lorsque la teneur en oxygène du sang augmente, sa couleur change également. Le sang riche en oxygène est rouge vif du fait des taux élevés d’oxyhémoglobine qu’il contient ; le sang avec de faibles taux d’oxygène est de couleur bleu sombre car il n’est pas saturé.


L’association entre l’oxygène et l’hémoglobine est lâche, si bien que l’oxyhémoglobine libère facilement son oxygène, en particulier dans certaines conditions.







Contrôle de l’érythropoïèse

Les nombres de globules rouges demeurent tout à fait constants, car la moelle osseuse produit des érythrocytes au rythme auquel ils sont détruits. Cela est dû à un mécanisme de rétroaction homéostasique négative. L’hormone qui régule la production érythrocytaire est l’érythropoïétine, qui est principalement générée par les reins.


L’hypoxie, c’est-à-dire l’apport en oxygène aux cellules déficient, est le stimulus primaire accroissant l’érythropoïèse. Cela se produit quand :




L’hypoxie augmente la formation d’érythrocytes en stimulant la production d’érythropoïétine. Celle-ci stimule un accroissement de la production de proérythroblastes et la libération dans le sang d’un nombre accru d’érythrocytes. Elle augmente aussi la maturation réticulocytaire. Ces modifications augmentent la capacité de transport de l’oxygène par le sang, et suppriment l’hypoxie tissulaire, qui est le stimulus d’origine. Quand l’hypoxie tissulaire est surmontée, la production des érythrocytes diminue (Fig. 4.6). Quand le taux d’érythropoïétine est bas, la formation de globules rouges ne se produit pas, même en cas d’hypoxie, et une anémie (l’incapacité qu’a le sang de transporter la quantité d’oxygène adéquate aux besoins corporels) se développe.



L’érythropoïétine contrôle aussi le remplacement normal (c’est-à-dire en l’absence d’hypoxie) des hématies.




Groupes sanguins


Les hématies ont sur leur surface des antigènes dont le type caractérise le groupe sanguin de l’individu ; en même temps, le sérum contient des anticorps dirigés contre les antigènes de groupe sanguin que l’individu ne possède pas. Antigènes de groupe sanguin et anticorps sont génétiquement déterminés, développés durant la vie fœtale et présents à la naissance (ces anticorps sont dits « naturels »).


Si des individus sont transfusés avec du sang du même groupe sanguin, c’est-à-dire du sang dont les hématies ont les mêmes antigènes de groupe sanguin que les hématies de ces individus, le système immunitaire de ces derniers ne reconnaîtra pas ces antigènes comme étant étrangers, et ne les rejettera pas. Cependant, s’ils sont transfusés avec du sang d’un groupe sanguin différent, c’est-à-dire du sang dont les hématies portent un ou des antigènes que n’ont pas les hématies des sujets transfusés, le système immunitaire du transfusé développera une attaque contre les hématies transfusées, et les détruira ; le sang transfusé et le sang du transfusé (ou le donneur et le receveur de sang) sont dits incompatibles. Il se produit alors une réaction transfusionnelle.


Il y a de nombreuses collections différentes d’antigènes à la surface des globules rouges, les plus importantes étant les systèmes ABO et Rhésus.



Système ABO

Environ 55 % des individus possèdent à la surface de leurs hématies soit des antigènes A (sujets du groupe sanguin A), soit des antigènes B (groupe sanguin B), soit des antigènes des deux types (groupe sanguin AB). Les 45 % restants n’ont ni antigènes A ni antigènes B (groupe sanguin O). Les anticorps correspondants sont dits anti-A et anti-B. Les individus du groupe sanguin A ne peuvent pas fabriquer d’anticorps anti-A (par conséquent, ils n’ont pas ces anticorps naturels dans leur sérum), car sinon une réaction contre leurs propres hématies se produirait ; toutefois, ils fabriquent des anticorps anti-B, qu’ils possèdent dans leur sérum. De même, les individus du groupe B fabriquent, et possèdent dans leur sérum, des anticorps naturels anti-A ; ceux du groupe AB n’en fabriquent pas, et ceux du groupe O fabriquent (et possèdent dans leur sérum) à la fois des anticorps naturels anti-A et des anticorps anti-B (Fig. 4.7).



Les sujets du groupe sanguin AB, ne possédant pas plus d’anticorps naturels anti-A qu’anti-B, sont parfois dits receveurs universels : la transfusion de sang soit du groupe A, soit du groupe B, à ces individus est sans risque, car ceux-ci n’ont pas d’anticorps naturels pour réagir avec les antigènes A et B. Inversement, les sujets du groupe O n’ont pas d’antigènes A et B sur la membrane de leurs hématies, et leur sang peut être transfusé sans risque aux sujets des groupes A, B, AB et O ; les sujets O sont dits donneurs universels. Il convient de noter que les termes receveurs universels et donneurs universels peuvent être trompeurs, car ils impliquent que le système ABO est le seul devant être pris en considération. En pratique, bien que les systèmes ABO puissent être compatibles, d’autres systèmes d’antigènes sur les hématies des receveurs et des donneurs peuvent être incompatibles et provoquer une réaction transfusionnelle (p. 74). C’est la raison pour laquelle, avant toute transfusion, il demeure nécessaire d’effectuer une épreuve de compatibilité croisée pour s’assurer de l’absence de réaction entre le sang du donneur et celui du receveur. L’hérédité des groupes sanguins ABO est décrite au chapitre 17 (p. 459).




Leucocytes (globules blancs)


Ces cellules ont une importante fonction dans la défense et l’immunité. Les leucocytes sont les plus volumineuses des cellules du sang, mais ils ne représentent que 1 % environ du volume sanguin. Ils possèdent un noyau, et certains ont des granulations dans leur cytoplasme (Tableau 4.2). Il en existe deux principaux types :




Tableau 4.2 Taux des différents types de leucocytes dans le sang de l’adulte









  Nombre × 109/l Pourcentage du total

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May 7, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 4: Sang

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