Chapitre 4 Opacités pulmonaires
4.1 Atélectasie
L’atélectasie pulmonaire est une cause fréquente du poumon blanc sur la radiographie thoracique. Lorsqu’on analyse un poumon blanc sur la radiographie thoracique, il est important de chercher des arguments en faveur d’une atélectasie car elle témoigne fréquemment d’une pathologie pulmonaire grave.
Sur la radiographie thoracique de face :
Sur le cliché de profil, analysez la situation des grandes scissures et de la petite scissure (voir pages 13 et 14). Tout déplacement d’une scissure doit faire évoquer une atélectasie. Les atélectasies des différents lobes se traduisent par des modifications spécifiques des différentes scissures.
Atélectasie lobaire supérieure droite. Il existe une opacité du tiers supérieur du champ pulmonaire droit (1). Il existe une ascension de la petite scissure, avec présence d’une masse paratrachéale et déviation vers la droite de la trachée (2). Il existe un pincement des côtes en projection de l’opacité. Sur le cliché de profil, l’opacité est visible au niveau de la partie supérieure du champ pulmonaire.
Atélectasie lobaire moyenne. Elle peut être difficile à repérer. La coupole diaphragmatique droite est un peu surélevée (1) et la petite scissure peut être abaissée (2). On peut visualiser une opacité en projection du lobe moyen (3) avec effacement du bord droit du cœur. L’atélectasie lobaire moyenne est plus facile à voir sur le cliché de profil. Elle est visualisée sous la forme d’une opacité triangulaire dont l’apex est au niveau du hile (4) et dont la base est située entre le sternum et la coupole diaphragmatique (5).
Atélectasie lobaire inférieure droite. Il existe une opacité sus-diaphragmatique (1). La partie interne de la coupole diaphragmatique n’est plus visualisée. Sur le cliché de profil, il existe une opacité de la partie postéro-inférieure du champ pulmonaire (2). Notez que le bord droit du cœur n’est pas effacé.
Atélectasie lobaire supérieure gauche. Elle peut être difficile à repérer. Il faut se souvenir que la plus grande partie du lobe supérieur gauche est antérieure, au contraire du lobe inférieur gauche. C’est la raison pour laquelle l’atélectasie lobaire supérieure gauche est à l’origine d’une opacité qui se projette sur l’ensemble du champ pulmonaire gauche. L’image tomodensitométrique montre la déviation médiastinale vers la gauche (1). La bronche lobaire supérieure gauche est oblitérée par une densité tissulaire qui correspond à une tumeur (2). Le diagnostic est aisément effectué en bronchoscopie.
Atélectasie lobaire inférieure gauche. L’atélectasie lobaire inférieure gauche peut être de diagnostic très difficile. Il existe une rétraction du lobe inférieur gauche en arrière du cœur. Le champ pulmonaire gauche apparaît plus sombre que la normale et, au contraire, la silhouette cardiaque apparaît plus opaque que la normale. Si on observe soigneusement le cliché, on visualise une opacité triangulaire en arrière du cœur. Sur le cliché thoracique de profil, on peut visualiser l’opacité triangulaire à la partie postéro-inférieure du champ pulmonaire et, à ce niveau, les vertèbres paraissent plus blanches.
4.2 Perte de volume
Ce malade a eu une pneumonectomie il y a plusieurs années. Le champ thoracique gauche est blanc et il existe un important déplacement du médiastin vers la gauche. Du côté gauche, les espaces intercostaux sont pincés par rapport au côté droit et il existe une courbure modérée du rachis. Le poumon droit est hyperaéré et une partie du poumon droit passe la ligne médiane.
La pneumonectomie constitue une autre cause de poumon blanc. Il est évidemment important de connaître les antécédents du malade et la notion de pneumonectomie. Les différents signes radiographiques suivants doivent être analysés :
Ce patient a eu une lobectomie supérieure droite et une radiothérapie postopératoire. Chirurgie et radiothérapie sont à l’origine d’une perte de volume du poumon droit restant. Il existe une attraction de la trachée du côté droit. Le champ pulmonaire droit est plus noir que le gauche du fait de l’hyperaération compensatrice.
La déviation de la trachée peut être également la conséquence d’un refoulement par une masse médiastinale, le plus souvent par un volumineux goitre endothoracique comme sur le cas montré ici. Dans ce cas, les volumes pulmonaires sont normaux. Les côtes et les coupoles diaphragmatiques sont en position normale. Chez la personne âgée, un déroulement de l’aorte peut provoquer également un refoulement de la trachée.
4.3 Condensation
Aspect typique d’une pneumopathie lobaire. La limite inférieure de la condensation est assez bien définie, ce qui permet de faire le diagnostic de pneumopathie lobaire supérieure droite. Un bronchogramme aérique (flèche) est visible.
Cette radiographie montre une condensation étendue, intéressant les deux poumons, notamment dans les parties moyennes et inférieures. Il s’agit dans ce cas d’une bronchopneumonie. Un bronchogramme aérique (flèche) est également visible.
La condensation peut également se traduire par une opacité pulmonaire. Il faut d’abord analyser la nature de l’opacité et ses limites. Si la limite de l’opacité est bien visualisée, il s’agit plus probablement d’une atélectasie ou d’un épanchement pleural. Si l’opacité est mal limitée, les diagnostics possibles sont une condensation, une fibrose ou une pathologie infiltrative. Il peut être difficile de faire le diagnostic de condensation. Il faut donc réaliser une analyse systématique.
Chez un patient présentant une pneumopathie infectieuse, il n’est pas utile de répéter régulièrement le cliché radiographique si l’évolution clinique est satisfaisante. En revanche, en l’absence d’amélioration clinique, il est important de réaliser d’autres clichés radiographiques à la recherche de complications, telles qu’empyème ou abcès pulmonaire.
4.4 Pneumocystose pulmonaire (pneumopathie à Pneumocystis jirovecii)
Ce patient est immunodéprimé de longue date dans les suites d’une transplantation rénale. Il consulte pour une toux sèche et une dyspnée. La fibroscopie et le lavage bronchoalvéolaire permettent de faire le diagnostic de pneumocystose pulmonaire. Pneumocystis jirovecii (anciennement carinii) est un micro-organisme responsable de pneumopathie chez les immunodéprimés. La radiographie thoracique montre des opacités mal définies périhilaires. Il existe également une augmentation des dimensions du hile droit en rapport avec des adénopathies.
La pneumocystose pulmonaire peut être difficile à reconnaître sur la radiographie du thorax, qui peut être normale dans 10 % des cas. C’est un diagnostic auquel il faut penser chez les patients présentant une hypoxie et une dyspnée importante contrastant avec une radiographie du thorax quasi normale.
4.5 Épanchement pleural
Ces deux clichés montrent les différents aspects des épanchements pleuraux. Le premier cliché montre un épanchement pleural de petite abondance qui comble le cul-de-sac costodiaphragmatique. La limite supérieure de l’épanchement pleural est concave.
Les opacités de la base pulmonaire peuvent être en rapport avec un épanchement pleural, une ascension diaphragmatique, une condensation ou une atélectasie. Il est important de distinguer ces différentes entités.