4: Imagerie de la femme

Chapitre 4 Imagerie de la femme





Pelvis féminin



Techniques d’imagerie




Échographie pelvienne


C’est « la » technique primordiale en exploration gynécologique. La voie sus-pubienne (vessie pleine) permet d’avoir une vue d’ensemble (fig. 4.1). Elle est systématique et indispensable en particulier en cas de gros utérus myomateux ou d’ovaires haut situés, et bien sûr si la patiente est vierge. La voie endovaginale permet une étude plus précise de l’utérus et des annexes (vessie vide) grâce à des sondes vaginales de haute fréquence ; les acquisitions récentes 3D (volumique) sont par ailleurs utiles notamment pour l’étude des malformations utérines et des malformations fœtales. Le mode dit « harmonique », actuellement installé sur la plupart des machines, a permis une amélioration de la définition en contraste, et est utilisé par défaut dans la plupart des applications gynécologiques.



Les trompes normales ne sont pas visibles.


On apprécie la taille des ovaires, le statut folliculaire, et les images physiologiques doivent être bien connues.








IRM pelvienne (fig. 4.4)


C’est un examen de deuxième intention, après l’échographie. Ses capacités de caractérisation ont fait de l’IRM la modalité de référence dans de nombreuses pathologies.



Ses indications principales sont :



Le premier trimestre de grossesse est à éviter mais n’est pas une contre-indication à l’IRM puisque, dans la littérature, aucune malformation fœtale n’a été rapportée suite à cet examen. De même, aucun incident fœtal n’a été signalé après injection de gadolinium. De manière générale, pendant la grossesse, c’est toujours la balance bénéfice/risque qui est à prendre en considération.


Les derniers développements de l’IRM comprennent l’injection dynamique de produit de contraste (avec analyse des courbes de rehaussement des tissus), l’imagerie de diffusion (avec calcul du coefficient ADC), l’imagerie de perfusion et les séquences dynamiques temporelles (prolapsus pelviens).





Place de l’imagerie selon les symptômes




Douleur pelvienne aiguë


Devant une douleur pelvienne aiguë, il faut penser à trois urgences graves (grossesse extra-utérine – GEU –, torsion ovarienne, pelvipéritonite à point départ gynécologique) et à une seule technique (l’échographie).


Chez une jeune femme en âge de procréer, il faut rechercher de manière systématique une GEU (dosage des β-hCG, au moins un test urinaire) ; en échographie, le premier signe est la présence de sang dans la trompe (hématosalpinx). L’hémopéritoine affirme la rupture de la GEU (fig. 4.6)



La deuxième urgence à évoquer est la torsion ovarienne (avec ou sans kyste) en raison de la possibilité de nécrose ovarienne au-delà de 6 heures d’ischémie. En échographie, on recherche des signes classiques (œdème du stroma ovarien, épanchement liquidien), mais il faut savoir qu’il existe des faux négatifs ; en particulier, le flux vasculaire intra-ovarien peut être conservé d’une part en raison de la possibilité de torsion intermittente ou partielle, d’autre part en raison de la double vascularisation de l’ovaire (artère gonadique et artère utéro-ovarienne).


Les autres urgences sont moins lourdes de conséquences en cas d’erreur diagnostique : hémorragie intrakystique et/ou rupture de kyste, abcès ovarien ou pyosalpinx (« Sur le vif » 4.1), nécrobiose de fibrome, etc.



Sur le vif 4.1 Pyosalpinx


Une femme de 45 ans, médecin, consulte aux urgences pour une douleur pelvienne aiguë, aggravant des douleurs devenues de plus en plus fréquentes depuis quelques mois. Elle est multipare (trois enfants) et porte un stérilet depuis 3 ans. Elle ne désire plus d’enfant. Il y a eu quelques métrorragies ces dernières semaines. Sa mère a eu un cancer du sein à l’âge de 35 ans. Les β-hCG sont négatifs. Le bilan biologique retrouve une hyperleucocytose modérée isolée. Une première échographie réalisée en urgence retrouve une « masse mixte, liquidienne et tissulaire, d’allure cloisonnée, avec flux enregistrés dans les cloisons, fortement suspecte de tumeur de l’ovaire » (fig. 4.7). On lui donne un rendez-vous d’hospitalisation pour cœliochirurgie, en prévoyant de faire une hystérectomie avec annexectomie bilatérale. Elle doute et prend un deuxième avis. La deuxième échographie retrouve une lésion mixte, mais les portions liquidiennes s’avèrent tubulées, à contenu épais, il existe une douleur assez nette reproduite sous la sonde et, surtout, l’ovaire est finalement retrouvé au contact et semble normal. La graisse pelvienne apparaît hyperéchogène, ce qui témoigne de son inflammation. L’échographiste suggère en premier lieu une surinfection d’hydrosalpinx. L’IRM réalisée à la suite permet de conforter le chirurgien. L’intervention est donc une chirurgie tubaire simple.



Elles ne feront pas oublier les autres diagnostics classiques de douleurs pelviennes, en premier lieu l’appendicite ! Là encore, l’échographie a toute sa place en première intention chez la jeune femme.









Pathologie ovarienne



Pathologie ovarienne fonctionnelle



Kystes fonctionnels de l’ovaire (kyste folliculaire et kyste hémorragique du corps jaune)


Le kyste folliculaire (fig. 4.9) correspond à un développement excessif d’un follicule qui apparaît sous la forme d’une image ronde intra-ovarienne de contenu liquidien, à paroi fine non vascularisée, sans cloison ni végétation, de taille supérieure à 3 cm. Sa taille ne dépasse pas 8 cm. Il est très fréquent chez la femme en âge de procréer.



Sa régression est progressive ; dans 90 % des cas, elle est complète au bout de 3 mois. On contrôle donc sa disparition par une échographie après 3 mois, suivie éventuellement d’une deuxième échographie à 4 ou 5 mois en cas de régression partielle ; ces échographies sont à faire en début de cycle afin de ne pas confondre un kyste connu en régression avec l’apparition d’un nouveau follicule dominant.


Le kyste hémorragique du corps jaune correspond à un développement excessif du corps jaune en seconde partie de cycle. Moins fréquent que le « kyste folliculaire », son aspect échographique est différent : son siège est centro-ovarien ; sa paroi est épaisse, souvent irrégulière et richement vascularisée ; il présente parfois un renforcement postérieur rassurant. Il n’y a alors pas de contrôle nécessaire.


Il prend divers aspects parfois trompeurs : en « filet de pêche » (avec des cloisons de fibrine, avasculaires au Doppler, fig. 4.10), voire pseudo-tumoral mais sans vascularisation centrale. On effectue alors quasi systématiquement un contrôle en première partie de cycle à 1, 2 ou 3 mois (selon l’aspect) pour vérifier sa régression. Le principal diagnostic différentiel est un kyste endométriosique dont la structure interne est plus fine avec parfois visibilité de saignement déclives (saignements d’âges différents) persistant au cours des cycles.




Syndrome des ovaires micropolykystiques


Ce syndrome, fréquent chez les jeunes femmes en âge de procréer, associe une spanioménorrhée anovulatoire, une augmentation modérée de la testostéronémie (maximum N × 3) et une franche augmentation de l’hormone lutéinisante (LH).


Parmi les trois critères de Rotterdam (2003), deux sont nécessaires au diagnostic :



L’hypertrophie stromale ne fait plus partie des critères (même si on peut la mentionner) et la surface ovarienne n’est plus utilisée car considérée comme insuffisante (fig. 4.11) (« Sur le vif » 4.3).







Lutéome et syndrome d’hyperstimulation ovarienne


Ces deux entités donnent un aspect de « kystes lutéiniques multiples » : les ovaires sont volumineux et présentent de multiples et volumineux follicules dont le contenu peut ne pas être strictement liquidien, mais pseudo-tissulaire (hémorragique). Il peut s’y associer une ascite.


Apr 24, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on 4: Imagerie de la femme

Full access? Get Clinical Tree

Get Clinical Tree app for offline access