Chapitre 4. Gérer les troubles du comportement
Les professionnels sont confrontés, autant à domicile qu’en institution, à des comportements et des activités complexes à gérer. Le patient peut refuser un soin, être agressif ou encore être apathique, replié sur lui-même. Face à ces réactions, c’est l’attitude du soignant qui va amplifier ou atténuer le symptôme.
1. Les attitudes à proscrire
Lorsqu’on est confronté à un SPCD d’apparition soudaine, un des premiers pièges est de réagir dans la précipitation ce qui entraîne une cascade de comportements négatifs générant d’autres troubles.
Il faut éviter d’adopter des comportements d’infantilisation – par exemple en disant « Vous avez fait un bon dodo ? » – moralisateurs avec des formules du type « Mais voyons, vous savez très bien qu’il faut vous laver ! » ou autoritaires. Il faut veiller également à ne pas réprimander ou forcer le résident/patient.
Les commentaires d’une personne malade peuvent parfois être blessants, mais il faut garder à l’esprit qu’il s’agit de l’expression d’une maladie, d’une souffrance et non pas de la remise en question de l’exercice du professionnel. De même, si un résident/patient se montre violent, il faut masquer sa peur, garder son calme en veillant à ne réaliser aucun geste brutal. Au besoin, il est parfois souhaitable de sortir de la pièce et de revenir quelques minutes plus tard.
À NE PAS FAIRE
• Infantiliser
• Faire la morale au résident/patient.
• Parler de façon autoritaire.
• Réprimander.
• Forcer le résident/patient.
• Utiliser des moyens de contention.
• Avoir des réactions brutales ou agressives.
• Se sentir blessé des propos tenus.
• Montrer sa peur.
Carole, aide-soignante depuis 15 ans dans une EHPAD, rapporte son expérience : « Mme H. est systématiquement agitée lorsque le repas vient de se terminer. Le plus souvent, je lui propose qu’on aille ensemble dans sa chambre regarder son album photo. Au bout d’un moment, elle se calme. »
2. Les attitudes à adopter
A. Le self-control
Le maître mot est self-control. Il convient d’établir un contact avec le patient par le regard, le toucher et/ou la voix et de créer une ambiance calme et détendue. Toujours prendre le temps d’expliquer, au fur et à mesure, ce qui va être fait, ce qui évitera toute surprise et une réponse agressive. Par exemple, avant de sortir le patient du lit, le fait de discuter avec lui d’un sujet qui l’intéresse permet d’évoquer ensuite l’heure de faire la toilette. La sollicitation de l’autonomie du patient, au moment de la toilette ou au moment du repas, est essentielle.
• Établir un contact avec le résident/patient (par le regard, le toucher et/ou la voix).
• Être rassurant, sécurisant.
• Créer une ambiance apaisante, de détente.
• Respecter le rythme du résident/patient.
• Expliquer ce qui va être fait au fur et à mesure.
• Solliciter l’aide du résident/patient et privilégier l’autonomie
Vincent, aide-soignant depuis deux ans dans un EHPAD, nous rapporte son expérience : « Malgré le nombre de toilettes qu’on doit réaliser, j’essaie toujours de faire participer le résident. S’il y arrive, je le laisse se laver le visage avec le gant que j’ai préalablement mouillé et savonné. Je le laisse aussi s’essuyer certaines parties du corps comme le visage, les bras et le torse. Ça le valorise et il prend conscience de son corps. »
Mme S. est atteinte de la maladie d’Alzheimer, mais vit encore à domicile. Elle utilise un déambulateur pour se déplacer et refuse de s’en séparer. Or, certains endroits du domicile ne sont pas accessibles avec le déambulateur. Grâce à une mise en confiance, la patiente accepte de faire des transferts simples avec l’aide d’un soignant.
Il est du rôle de l’ASG d’éduquer les autres membres du personnel (aide-soignant, ASH), sans toutefois imposer une pratique. En effet, amener un soignant, quel qu’il soit, à modifier certaines de ses pratiques n’est pas chose aisée. Aussi est-il souhaitable, tout d’abord, d’observer, de noter les aspects positifs et négatifs de la prise en charge, sans intervenir. C’est dans un deuxième temps, lors d’un entretien informel, que la pratique à corriger sera présentée et qu’une alternative sera proposée. Il faut prendre le temps de discuter avec le soignant, de recueillir son opinion. Il est également important de ne pas oublier de valoriser ses compétences, en insistant sur les bonnes pratiques de sa prise en charge.
Les conduites à tenir qui vont être décrites ci-dessous sont extraites de fiches. Il s’agit de conseils très simples qui ont cependant montré leur efficacité dans le cadre de recherches cliniques intitulées : « TNM en EHPAD » et « StimEHPAD ». Ces conseils sont divisés en trois parties :
• à faire et ne pas faire devant un trouble du comportement ;
• savoir-faire et savoir-être selon les moments de la journée ;
• préparer des animations et animations flash qui peuvent interrompre un trouble du comportement d’apparition soudaine.
B. Les conduites à adopter : à faire et ne pas faire face à un SPCD
Face à une opposition ou un refus de soin, il faut essayer de comprendre la raison du refus en discutant avec le patient et en décalant le soin si l’agitation augmente. En institution, il est facile de demander l’intervention complémentaire d’un collègue, ou même de lui céder la place. C’est l’intérêt de travailler en équipe : il faut en profiter !
L’ASG doit :
• conseiller : il faut assurer un accompagnement auprès des autres membres du personnel ;
• veiller à être présent pour proposer des solutions face à des situations complexes ;
• parler des bonnes pratiques.
OPPOSITION OU REFUS DE SOIN
À FAIRE | À NE PAS FAIRE |
---|---|
Être doux et adapter son comportement | Infantiliser |
Essayer de décaler les soins autant que possible | Faire la morale au résident/patient |
Être à l’écoute et prendre le temps de connaître la raison du refus | Parler de façon autoritaire |
Solliciter l’aide du patient, privilégier l’autonomie | Réprimander |
Demander à un autre membre du personnel d’assurer le soin (si vous êtes en institution) | Forcer le résident/patient |
Négocier afin d’assurer les soins prioritaires | Utiliser des moyens de contention |
Face à un comportement d’errance, il faut :
• ne pas essayer à tout prix de ramener le patient au salon ;