Partie 4 Gastroentérologie – Hépatologie
Reflux gastro-œsophagien et œsophagite peptique
Inhibiteurs de la pompe à protons
Prostaglandines antiulcéreuses
Antiseptiques intestinaux-nitrofuranes
Purification de l’eau de boisson
Sang dans les selles (recherche de)
Triglycérides à chaîne moyenne
Immunoglobulines spécifiques anti-hépatite A
Immunoglobulines spécifiques anti-hépatite B
Hépatocarcinome (ou carcinome hépatocellulaire)
Antiémétiques-mal des transports (médicaments du)
CANCER DE L’ŒSOPHAGE
FICHE MALADIE
BILAN PRÉTHÉRAPEUTIQUE
• Fibroscopie trachéobronchique : elle permet d’éliminer une extension muqueuse trachéobronchique ou une deuxième localisation ; moins indispensable en cas d’adénocarcinome du tiers inférieur.
• Examen ORL à la recherche d’une paralysie récurrentielle contre-indiquant la chirurgie (et recherche d’une lésion ORL synchrone).
S’il y a absence de métastases sur les examens précédents :
• Échoendoscopie : sauf si la tumeur est localement évoluée (sténose du tiers supérieur, envahissement trachéal).
• PET-scan à la recherche de métastases.
TRAITEMENT
• L’association radiothérapie-chimiothérapie (RT-CT) concomitante concerne les patients présentant une tumeur moyennement étendue sans métastases à distance (obtenant les mêmes résultats que la chirurgie) ou peu étendue chez des patients inopérables. Dans certains cas, on peut réaliser une chimiothérapie néoadjuvante (en préopératoire afin d’améliorer les résultats de la chirurgie).
• La radiothérapie délivre une irradiation de 45 gray (Gy) au niveau de la tumeur et des aires ganglionnaires concernées à raison de 1,8 Gy par séance (correspondant à un « tir » de quelques minutes), 1 séance/j, 5 j/7, soit pendant 5 semaines. La réalisation du traitement nécessite une préparation par le radiothérapeute pour définir au mieux le champ d’irradiation.
• La chimiothérapie utilise l’association du 5-fluoro-uracile (5-FU) et du cisplatine administrée sur 48 h toutes les 2 semaines. La perfusion est généralement réalisée sur une chambre implantable.
PRONOSTIC
EXAMENS
• Réalisation d’une endoscopie œsogastroduodénale (cf. Fiche technique, chapitre Reflux gastro-œsophagien p. 369) et d’une fibroscopie bronchique (cf. Fiche technique, chapitre Hémoptysie, spécialité Pneumologie).
• Réalisation d’une échoendoscopie haute : sonde d’échographie positionnée à l’extrémité d’un endoscope pour l’exploration échographique précise du tractus digestif supérieur et des organes adjacents (pancréas, arbre biliaire extra-hépatique, adénopathies) ; la durée de l’examen (environ 30 min), l’utilisation d’un appareil de gros diamètre et la nécessité d’une immobilité du patient en décubitus latéral gauche justifient une anesthésie générale systématique :
• patient préparé pour un examen sous anesthésie ;
• réalimentation environ 4 h après l’examen.
• Réalisation des examens radiologiques :
• le patient doit habituellement être à jeun dans les 5 h précédant l’examen ;
• vérifier l’absence d’allergie (nécessitant une prémédication), d’insuffisance rénale et l’arrêt d’un éventuel traitement par biguanides depuis 48 h.
SURVEILLANCE DU TRAITEMENT
ŒSOPHAGITE CAUSTIQUE
FICHE MALADIE
CAUSES ET MÉCANISMES
• et trois types de caustiques :
EXAMENS
TRAITEMENT
Attitude thérapeutique en fonction de la sévérité des lésions (après endoscopie) :
• En cas de lésions superficielles : surveillance de quelques jours en milieu hospitalier, reprise alimentaire rapide, surveillance endoscopique ultérieure (risque de sténose).
• En cas de lésions profondes : nécessité d’une nutrition parentérale totale pendant plusieurs semaines voire une intervention chirurgicale initiale en cas de nécrose étendue ou de perforation (conduisant souvent à une œsophagectomie par stripping ± gastrectomie).
Ne pas oublier l’avis psychiatrique avant la sortie en cas de prise à visée suicidaire.
PRONOSTIC
• Immédiat : risque de perforation, hémorragie digestive, surinfection, état de choc.
• À moyen terme : risque de sténose œsophagienne nécessitant une ou plusieurs séances de dilatations endoscopiques de l’œsophage.
• À long terme : risque accru de survenue de cancer (œsophage et estomac) justifiant d’une surveillance endoscopique.
EXAMENS
• Mettre en place une voie veineuse périphérique.
• Réaliser un bilan préopératoire : prélever un bilan biologique (NFS, plaquettes, ionogramme sanguin, urée et créatininémie, groupe sanguin, Rhésus (2 déterminations) et recherche d’agglutinines irrégulières), faire un électrocardiogramme, faire pratiquer le bilan radiologique.
• Assister le médecin endoscopique dans la réalisation d’une endoscopie œsogastroduodénale (cf. Fiche technique, chapitre Reflux gastro-œsophagien p. 369).
REFLUX GASTRO-OESOPHAGIEN ET ŒSOPHAGITE PEPTIQUE
FICHE MALADIE
CAUSES ET MÉCANISMES
La survenue d’un reflux gastro-œsophagien (RGO) est favorisée par l’existence d’une hernie hiatale par glissement (ascension du cardia à travers l’orifice diaphragmatique), d’une diminution de la pression du sphincter inférieur de l’œsophage (SIO) par des facteurs alimentaires, médicamenteux (sur lesquels on peut agir, cf. Traitement p. 368) ou hormonaux, et d’une augmentation de la pression abdominale (surcharge pondérale, ceinture, grossesse).
DIAGNOSTIC
Le RGO est parfois totalement asymptomatique.
Autre symptomatologie atypique
• Digestive : dyspepsie à type de nausées, hoquet, éructations, hypersalivation, odynophagie, voire signes d’alarme tels qu’hémorragie (hématémèse, méléna, anémie par carence martiale), dysphagie.
• Extradigestive : asthme chronique, bronchite, bronchectasies, pneumonies, atélectasies, hémoptysies, fibrose pulmonaire, enrouement chronique, brûlures ou paresthésies pharyngés, pharyngite chronique, toux chronique postprandiale ou nocturne, laryngospasme, otalgies, douleurs cervicales, simulant une douleur angineuse.
Endoscopie œsogastroduodénale (EOGD)
• affirme le RGO en cas d’œsophagite peptique, toutefois celle-ci n’est présente que dans 50 % des RGO ;
• Évalue la sévérité de l’œsophagite (4 stades de la classification de Savary-Miller) ;
• dépiste les complications : sténose peptique plus ou moins serrée, parfois infranchissable, concentrique, endobrachyoesophage correspondant à une cicatrisation anormale de l’oesophagite ;
• Principes : une sonde enregistrant le pH est introduite par voie nasale, jusqu’à la partie inférieure de l’oesophage ; réalisée de préférence dans des conditions ambulatoires, la pH-métrie oesophagienne permet de mesurer sur une durée d’environ 24 h (parfois 3 h) l’exposition acide (pH < 4) de l’oesophage. Elle permet donc d’affirmer ou non la présence d’un RGO.
• Indications : symptomatologie atypique avec fibroscopie œsogastroduodénale normale, avant une intervention chirurgicale (pour confirmation si besoin, et mesure de la valeur de référence pour évaluation ultérieure), ou en cas de résistance au traitement médical.
Autres examens complémentaires (rarement indiqués)
• Manométrie œsophagienne : elle mesure la pression de l’œsophage et du sphincter inférieur de l’œsophage dans les formes sévères, à rechutes fréquentes, ou résistantes au traitement médical, pour éliminer un trouble moteur de l’œsophage.
• Transit œsogastrique : l’indication est limitée à la recherche d’une sténose peptique œsophagienne et éventuellement avant une intervention chirurgicale antireflux.
TRAITEMENT
• Règles hygiéno-diététiques : arrêt du tabac et de l’alcool, éviter certains aliments (menthe, chocolat, graisses, épices), suppression du décubitus postprandial, surélévation de la tête du lit de 20 cm, éviter les vêtements serrant l’abdomen, éviter certains médicaments (théophylline, anticholinergiques, dérivés nitrés et inhibiteurs calciques).
• Alginates (GAVISCON, TOPAAL) : gél visqueux formant une barrière entre la muqueuse œsophagienne et le liquide gastrique acide. Souvent utilisé en automédication.
• Antisécrétoires : ils diminuent l’acidité du liquide gastrique ; les inhibiteurs de la pompes à protons (IPP, type oméprazole) sont les antisécrétoires les plus utilisés.
• Médicaments prokinétiques et renforçant le tonus du sphincter inférieur de l’œsophage (MOTILUM, PRIMPéRAN) : à prendre avant les repas, ils favorisent la vidange gastrique tout en augmentant le tonus du sphincter inférieur de l’œsophage.
• Chirurgie antireflux (type intervention de Nissen ou de Toupet) : consistant à recréer un dispositif antireflux, elle est indiquée dans les RGO invalidants résistant au traitement médical.
Suivre les règles hygiéno-diététiques dans tous les cas.
• RGO typique sans signe d’alarme et âge < 50 ans : traitement à la demande par alginates ou IPP en cas de symptômes espacés (< 1/sem.), traitement par IPP pendant 4 semaines en cas de symptômes rapprochés et EOGD en cas de persistance des symptômes ou de récidive précoce.
• RGO atypique ou avec signes d’alarme et/ou âge > 50 ans : réaliser une EOGD qui conditionnera l’attitude thérapeutique. IPP pleine dose pendant 4 semaines en l’absence d’œsophagite ou en cas d’œsophagite de bas grade, IPP pleine dose pendant 8 semaines en cas d’œsophagite de haut grade avec EOGD de contrôle et doublement de la dose en l’absence de cicatrisation.
• Stratégie à long terme : en cas de récidives espacées, traitement intermittent ; en cas de récidives fréquentes, discuter un traitement d’entretien ou une chirurgie antireflux ; en cas d’échec du traitement médical bien conduit, vérifier le diagnostic et discuter la chirurgie.
PRONOSTIC
Dans l’immense majorité des cas, le RGO est une affection sans gravité marquée par des rechutes fréquentes à l’arrêt du traitement.
ENDOSCOPIE ŒSOGASTRODUODÉNALE
Dans une salle d’endoscopie, le patient est en décubitus latéral gauche, le cale-dents en place.
En cours d’examen, la salive ne doit pas être avalée.
L’appareil est stérilisé selon les recommandations officielles.
FICHE PHARMACOLOGIE
Propriétés
– augmentation du tonus du sphincter inférieur de l’œsophage ;
– inhibition de la relaxation du fundus gastrique et stimulation de l’activité motrice ;
– élargissement du pylore au moment de son ouverture ;
– augmentation de la fréquence, de l’amplitude et de la durée des contractions duodénales.
Précautions d’emploi
Insuffisance rénale : diminuer les doses de 30 à 50 % en cas d’utilisation prolongée.
Grossesse : aucune malformation rapportée.
Interactions médicamenteuses
L’association d’anticholinergiques est illogique car ils ont des effets opposés à la dompéridone.
Effets secondaires
Exceptionnels et liés à la présence d’aluminium: constipation, déplétion phosphorée.
CANCER DE L’ESTOMAC
FICHE MALADIE
DÉFINITION
Cette tumeur maligne correspond à un adénocarcinome dans 90 % des cas. L’incidence est en diminution en France, mais il reste au troisième rang des cancers digestifs. L’incidence est élevée au Japon.
BILAN PRÉTHÉRAPEUTIQUE
• Scanner thoraco-abdomino-pelvien : recherche de métastases ganglionnaires ou viscérales.
• Échoendoscopie haute : en cas de cancer superficiel, on peut pratiquer une mucosectomie.
• Bilan pré-anesthésique en fonction de la consultation d’anesthésie et du terrain :
• Cœlioscopie exploratrice : en cas de grosses tumeurs à l’extirpabilité douteuse, suspicion de métastases hépatiques ou de carcinose péritonéale.
TRAITEMENT
• Chimiothérapie à base de 5-fluoro-uracile et cisplatine ou irinotécan en cas de cancer non résécable et/ou métastatique si l’état du patient le permet.
• Radiothérapie, parfois à visée hémostatique ou antalgique, ou en cas de cancer non résécable ou patient inopérable.
• Traitement endoscopique : destruction par laser ou mise en place d’une prothèse dans les formes sténosantes ; mucosectomie endoscopique pour certaines tumeurs très limitées.
PRONOSTIC
EXAMENS
• Réalisation d’une endoscopie œsogastroduodénale (cf. Fiche technique, chapitre Reflux gastro-œsophagien p. 369).
• Réalisation d’une échoendoscopie haute (cf. Cancer de l’œsophage p. 363) et d’un examen radiologique avec injection de produit de contraste.
SURVEILLANCE DU TRAITEMENT
• Diarrhée fréquente en cas de gastrectomie totale.
• Syndrome du petit estomac conduisant à un amaigrissement.
• Dumping syndrome (passage rapide du bol alimentaire) à type de malaise postprandial (malaise, palpitations, troubles digestifs).
• Carence en vitamine B12 (par déficit en facteur intrinsèque) en l’absence de supplémentation après gastrectomie totale.
• Complications des splénectomisés (infection) en l’absence de vaccination et de traitement par ORACILLINE.
Gestion de la toxicité de la radiothérapie et de la chimiothérapie
Cf. Chimiothérapie et cf. Radiothérapie, spécialité Hématologie-Oncologie.