4. Effets secondaires, complications et séquelles de la chimiothérapie


Effets secondaires, complications et séquelles de la chimiothérapie


PLAN DU CHAPITRE




Différents types de chimiothérapie1


L. Bozec Le Moal


Les carcinomes des voies aérodigestives sont caractérisés par une disparité clinique, anatomopathologique et biologique. Le pronostic global reste modeste malgré l’optimisation des techniques chirurgicales et radiothérapiques. L’adjonction de la chimiothérapie au traitement locorégional multimodal, l’apport des thérapies ciblées anti-EGFR, la valeur pronostique du statut HPV (Human Papilloma Virus), et l’intégration précoce des soins de support constituent les avancées déterminantes de ces 10 dernières années et tendent aujourd’hui vers une prise charge médicale optimisée et personnalisée.


En cancérologie ORL, le traitement systémique a aujourd’hui une place validée dans :




Chimiothérapies cytotoxiques


Les principales molécules utilisées en cancérologie ORL sont décrites ci-dessous.




Principaux effets secondaires des chimiothérapies cytotoxiques


Les chimiothérapies cytotoxiques agissent sur les cellules tumorales et les tissus sains dont le renouvellement cellulaire est rapide. Les toxicités les plus fréquentes sont les toxicités médullaire, digestive, muqueuse, cutanée et des phanères, gonadique. Certaines molécules ont des toxicités spécifiques tels le cisplatine (néphropathie tubulaire, neuropathie périphérique et ototoxicité), le méthotrexate (toxicité muqueuse), le 5-FU (toxicité muqueuse et cardiaque), le docétaxel (toxicité cutanée et unguéale, réactions d’hypersensibilité, œdèmes et épanchements). Ces toxicités sont aiguës (et doivent être prévenues de manière optimale) ou cumulatives et le plus souvent réversibles. Un déficit de la dihydropyrimidine-déshydrogénase (DPD) partiel ou complet (respectivement 3–5 et 0,2 % de la population) expose au risque de surexposition des fluoropyrimidines (5-FU et capécitabine) et de toxicités aiguës et graves.



Prise en charge globale


L’utilisation des chimiothérapies cytotoxiques en cancérologie ORL nécessite une évaluation rigoureuse préalable des comorbidités (cardiovasculaire, rénale, pulmonaire, endocrinienne), de l’état général et nutritionnel et du terrain psychosocial. Une évaluation et une prise en charge conjointe avec les onco-gériatres seront encouragées chez les sujets âgés. Le sevrage d’une éventuelle consommation d’alcool et/ou de tabac est souhaitable et sera accompagné. Une attention particulière sera également portée sur d’éventuelles interactions médicamenteuses et les toxicités résiduelles des traitements carcinologiques antérieurs.



Indications thérapeutiques



Maladies localement avancées

Les stades localement avancés concernent 60 % des carcinomes épidermoïdes au diagnostic en cancérologie ORL avec une survie à 5 ans de l’ordre de 30 %.



Chimiothérapie concomitante à la radiothérapie

L’utilisation de la chimiothérapie concomitante à la radiothérapie repose sur les concepts radiobiologiques en faveur d’une radiosensibilisation, de l’amélioration de la vascularisation et de l’oxygénation tumorale et une action sur la maladie micrométastatique.


Le traitement standard des stades III-IV inopérables est la radiothérapie associée à une chimiothérapie concomitante avec un sel de platine (3 cures de cisplatine à 100 mg/m2). Celle-ci confère un bénéfice en survie globale à 5 ans de 8 % dans les méta-analyses de Pignon, le bénéfice étant maximal sur le contrôle locorégional avec le cisplatine et non significatif pour les patients de plus de 70 ans [1, 2]. Cette limite d’âge est à pondérer avec l’âge physiologique du patient. Le pronostic n’est pas modifié par l’utilisation d’une polychimiothérapie versus une monochimiothérapie concomitante. Les patients traités par radiochimiothérapie avec cisplatine présentent une mucite grade III-IV dans deux tiers des cas et un risque majoré de toxicités tardives. Seuls deux tiers des patients reçoivent les 3 cycles de cisplatine planifiés.


Une des alternatives est l’utilisation du cétuximab concomitamment à la radiothérapie selon le schéma de Bonner [3]. D’autres thérapies ciblées seules ou en association à la chimiothérapie concomitante et en maintenance sont en cours d’évaluation (cf. Thérapies ciblées). Les schémas d’induction, suivis d’une radiothérapie ± chimiothérapie concomitante, sont une alternative discutée ci-dessous.



Chimiothérapie néoadjuvante

La chimiothérapie d’induction a été initialement développée dans les programmes de préservation laryngée (avec un taux de 64 %) avec l’association cisplatine – 5-FU (PF) suivie d’une radiothérapie pour les stades III-IV relevant d’une chirurgie mutilante [4]. L’adjonction du docétaxel à cette combinaison suivie d’une radiothérapie exclusive chez des patients avec un stade III-IV inopérables tous sites dans l’essai TAX 323 [5], ou d’une radiothérapie avec carboplatine hebdomadaire concomitant dans l’essai TAX 324 [6] apporte un bénéfice significatif en survie sans progression et en survie globale. La méta-analyse de Blanchard sur 6 essais confirme le bénéfice de l’adjonction d’un taxane au schéma PF en survie sans progression (+ 7,9 %) et en survie globale (+ 7,4 %) à 5 ans [7]. En termes de tolérance, le schéma TPF (taxane – cisplatine – 5-FU) augmente le risque de neutropénie sans majorer l’incidence des neutropénies fébriles. La tolérance non hématologique en induction et en concomitant est comparable pour les deux schémas. L’analyse des séquelles tardives (trachéostomie, gastrostomie d’alimentation) est peu référencée dans ces deux essais.


Lorsque l’indication d’un traitement d’induction est retenue, en particulier dans les programmes de préservation laryngée, l’association TPF (3 cycles suivis de GCSF [Granulocyte Colony-Stimulating Factor]) est le schéma de référence. Plusieurs essais d’association du schéma TPF ou TP avec une thérapie ciblée (EGFR, VEGF [Vascular Endothelial Growth Factor], mTOR [mammalian Target Of Rapamycin]) sont rapportés dans la littérature sans donnée comparative et avec des toxicités limitantes pour les schémas quatre drogues (TPF – anti-EGFR).


Trois essais de phase III rapportés en 2009 et 2012, comparant la radiochimiothérapie d’emblée versus une chimiothérapie d’induction par TPF suivie d’une radiochimiothérapie, ne sont malheureusement pas contributifs en raison d’arrêt prématuré par défaut de recrutement et/ou de biais méthodologiques [810]. Les essais du GSTTC (Gruppo di Studio sui Tumori della Testa e del Collo), du GORTEC (Groupe d’oncologie radiothérapie tête et cou) 2007-02 et du SWOG (Southwest Oncology Group) SO-427 devraient apporter dans les années à venir des réponses à cette question ouverte.



Maladies résécables

Le traitement standard pour les tumeurs localisées est la chirurgie suivie de radiothérapie (à l’exception des tumeurs T1N0). Deux grands essais internationaux ont étudié l’association radiothérapie conventionnelle potentialisée par le cisplatine, 3 cycles à 100 mg/m2 [11, 12] dans les carcinomes épidermoïdes ORL à haut risque de récidives locales (marges positives, rupture capsulaire). Les résultats poolés à 5 ans retrouvent un bénéfice en survie globale significatif pour l’essai EORTC (30 %) et une amélioration du contrôle local et de la survie sans progression pour les deux essais avec une majoration des toxicités aiguës [13].


La chimiothérapie postopératoire, en dehors d’une radiosensibilisation, n’a pas démontré de bénéfice en survie globale pour les carcinomes épidermoïdes ORL [1].



Maladies métastatiques, récidives inaccessibles au traitement local

Les chimiothérapies cytotoxiques en cancérologie ORL utilisées en monothérapie ont des taux de réponse modestes, de l’ordre de 20 % pour le méthotrexate et les platines et 20 à 40 % pour les taxanes. Les schémas de référence sont longtemps restés l’association cisplatine – 5-FU et le méthotrexate jusqu’à l’avènement des thérapies ciblées anti-EGFR (cf. Thérapies ciblées). Les taxanes n’ont actuellement pas d’indication validée en situation palliative pour les carcinomes épidermoïdes. Toutefois, des analogues ou des nouvelles formulations liées à l’albumine sont en développement (cabazitaxel, nab-paclitaxel).



Thérapies ciblées



Mode d’action


Plusieurs voies moléculaires sont activées ou dysrégulées dans l’oncogenèse des carcinomes épidermoïdes des VADS. Le récepteur du facteur de croissance épithéliale (EGFR ou HER-1 [Human Epidermal growth factor Receptor-1]), membre de la famille des récepteurs transmembranaires tyrosine-kinase HER, est surexprimé dans plus de 90 % des cas et confère un pronostic défavorable. La dimérisation du récepteur après liaison au ligand active différentes voies de signalisation (Ras/Raf/Mek/Erk et PI3K/AKT) impliquées dans la prolifération tumorale, l’apoptose, l’angiogenèse et la migration cellulaire ou l’invasion. L’inhibition de la voie EGFR est médiée par deux mécanismes : les inhibiteurs de tyrosine-kinase (TKI) intracytoplasmiques (erlotinib, géfitinib, lapatinib, afatinib) et les anticorps monoclonaux (cétuximab, panitumumab, zalutumumab, nimotuzumab) avec une fixation compétitive sur le domaine extracellulaire.


La voie VEGF, facteur de croissance vasculaire endothélial, a également été étudiée (fig. 4.1). Ce ligand circulant, stimulé par l’hypoxie, régule la néoangiogenèse tumorale et le processus métastatique. Le récepteur MET et le facteur de croissance hépatocytaire (HGF) sont eux exprimés dans80 % des carcinomes épidermoïdes ORL. La voie PI3K/AKT/mTOR est activée dans 50 % des cas par l’activation des récepteurs tyrosine-kinase (HER, IGF-1R [Insulin Growth Factor-1 Receptor]) ou une altération de PTEN (Phosphate and Tensin Homolog).




Indications dans les carcinomes épidermoïdes ORL


Le cétuximab est actuellement la seule thérapie ciblée validée pour les carcinomes épidermoïdes ORL. Il s’agit d’un anticorps monoclonal chimérique, inhibiteur du récepteur de croissance épithéliale. Il s’administre par voie veineuse après une prémédication antiallergique, à un rythme hebdomadaire de 250 mg/m2 après une dose de charge de 400 mg/m2. Les effets secondaires les plus fréquents sont les toxicités cutanées et unguéales, les diarrhées, l’asthénie, une hypomagnésémie. Une antibiothérapie par tétracyclines instaurée dès le début du cétuximab est préconisée pour minimiser les réactions cutanées acnéiformes.




Maladie localement avancée inopérable

L’étude pivot de phase III randomisée contre placebo de Bonner a démontré que l’adjonction du cétuximab à une radiothérapie de 70–76 Gy augmente la durée médiane de contrôle local de 15 à 25 mois et la survie globale de 29 à 49 mois sans majoration de l’incidence des mucites grade III [3]. Cette association est une alternative chez les sujets ayant une contre-indication au cisplatine. Les associations cisplatine – thérapie ciblée (cétuximab ou panitumumab ou erlotinib) n’ont pas montré de bénéfice par rapport au cisplatine seul concomitant à la radiothérapie [16, 17].



Axes de développement



Anticorps monoclonaux (AcMo) anti-EGFR

Le panitumumab n’a pas montré de bénéfice en survie globale en association avec cisplatine – 5-FU [18] ou avec la radiothérapie versus la radiochimiothérapie avec cisplatine [19]. Des essais sont en cours en monothérapie de deuxième ligne et en première ligne avec cisplatine – docétaxel. Le zalutumumab, comparé à une prise en charge symptomatique optimale ± méthotrexate (78 % des patients), augmente la SSP sans modifier la survie globale [20].



TKI anti-EGFR

Les taux de réponse du géfitinib et de l’erlotinib sont modestes en monothérapie et sans bénéfice versus le méthotrexate ou associé au docétaxel. L’afatinib, inhibiteur irréversible de EGFR et HER2, montre un taux de réponse encourageant versus le cétuximab [21].



Inhibiteurs de VEGFR

Le bévacizumab (AcMo) a été étudié en monothérapie ou en association avec la chimiothérapie conventionnelle ou les inhibiteurs de l’EGFR avec des résultats encourageants, la toxicité limitante étant vasculaire. Un essai est en cours en association au cisplatine – 5-FU. Les TKI (sorafénib, sunitinib, cédiranib) montrent des résultats hétérogènes et des toxicités limitantes notamment pour le sunitinib [19].



Inhibiteurs de mTOR

De nombreux essais sont en cours avec des résultats encourageants en phase I/II [22].



Autres molécules


Les essais de chimioprévention secondaire ou tertiaire (vitamine A ou E, rétinoïdes) se sont révélés négatifs et avec des toxicités limitantes.


Des essais de vaccination antitumorale (HPV16, EBV [Epstein-Barr Virus], Ras ou VEGFR médiée) sont en cours en postopératoire ou pour des tumeurs réfractaires aux traitements standards.


Reolysin est un réovirus oncolytique non pathogène se répliquant préférentiellement dans les cellules cancéreuses Ras activées et ayant une action synergique in vitro avec les platines et taxanes. Il est actuellement étudié en phase I/II par voie veineuse ou intratumorale et en phase III randomisée en double aveugle en association avec paclitaxel – carboplatine et donne des résultats encourageants.



Complications de la chimiothérapie



Complications aiguës2


B. Chibaudel, C. Dumont


Les complications des chimiothérapies ORL conventionnelles sont essentiellement hématologiques et digestives. Elles nécessitent une prise en charge rapide, elles peuvent être graves et conduire à l’arrêt du traitement.


Les complications aiguës les plus fréquentes de la chimiothérapie sont reportées dans le tableau 4.1.




Hématotoxicité



Neutropénie

Les neutropénies de grade 3/4 (PNN [polynucléaires neutrophiles] < 1 000/mm3) sont particulièrement fréquentes avec les schémas intensifiés de chimiothérapie d’induction (TPF > 75 %). L’association au cétuximab majore le risque de neutropénie chimio-induite (CF-cétuximab : 22 % vs CF : 7 %). Le risque de neutropénie est majoré en cas d’administration antérieure de chimiothérapie cytotoxique.


La neutropénie est la conséquence directe de la myélotoxicité de la chimiothérapie. Elle est majorée par la dose-intensité du schéma administré :



Elle est aussi favorisée par les utilisations précédentes de chimiothérapie et/ou de radiothérapie. La gravité d’une neutropénie est fonction de sa profondeur (grade), de sa durée, de l’existence d’une fièvre associée et des comorbidités du patient.


La prise en charge d’une neutropénie non febrile et non compliquée repose sur :





Anémie

Les chimiothérapies utilisées en cancérologie ORL sont peu anémiantes. La prise en charge des anémies dans ce cadre passe en premier lieu par la recherche et la correction des carences martiales et vitaminiques, et éventuellement par la recherche et le traitement d’autres causes d’anémie. En cas d’anémie importante et en fonction du terrain, la transfusion de culots globulaires doit être discutée.


L’utilisation des agents stimulants de l’érythropoïèse (ASE) doit être prudente, en particulier en situation curative. En effet, l’administration d’érythropoïétine pourrait être associée à une diminution de la survie sans progression chez des patients traités pour carcinome épidermoïde non opérable [25]. Ainsi, il est primordial de respecter les AMM et les recommandations concernant l’utilisation des ASE [26, 27].


Les facteurs aggravants sont :



Quand faut-il transfuser ? En général, quand l’hémoglobine est inférieure ou égale à 7 g/dL. Si la tolérance clinique est médiocre (sujet âgé, coronarien, dyspnée au moindre effort, malaise, etc.), l’objectif est de maintenir le taux d’hémoglobine au-dessus de 10 g/dL. La recherche d’agglutinines irrégulières (RAI) doit dater de moins de 48 heures.



Neutropénie fébrile (NF)

Une neutropénie fébrile se définit par la présence d’une neutropénie sévère (< 1 000/mm3) associée à une fièvre > 38,3 °C ou une température ≥ 38,0 °C pendant plus d’une heure [28].


En cas de neutropénie fébrile, la démarche diagnostique fait d’abord appel à un examen clinique complet, à des examens biologiques simples (hémogramme, hémostase, CRP), et à une enquête bactériologique comprenant au minimum une paire d’hémocultures aéro-anaérobies sur chambre implantable et en veine périphérique, un ECBU (examen cytobactériologique des urines) et éventuellement un ECBC (examen cytobactériologique des crachats) et une coproculture ainsi qu’une radiographie pulmonaire face et profil. Les autres examens seront orientés par la clinique et seront fonction de l’évolution (scanner thoracique et LBA [Lavage bronchoalvéolaire] en cas de persistance de la fièvre à 72 heures d’antibiothérapie).


La prévention des neutropénies fébriles passe en premier lieu par l’utilisation adaptée de facteurs de croissance hématopoïétiques (GCSF), selon les recommandations :



• en prévention primaire sous chimiothérapie associée à un risque de NF > 20 % ; ce taux n’est pas atteint dans les essais de phase III à l’origine des régimes de chimiothérapie actuellement utilisés en cancérologie ORL et ce sans prophylaxie primaire par GCSF. Néanmoins dans les essais portant sur le TPF, les patients recevaient une antibioprophylaxie en prévention primaire de la NF, le taux de NF sous TPF sans antibioprophylaxie ni GCSF n’est donc pas connu précisément et l’utilisation de GCSF dans ce cadre peut se discuter ;


• en prévention primaire dans certaines situations à risque majoré de NF, en particulier infection par le VIH (virus de l’immunodéficience humaine), grand âge ;


• en prévention secondaire quelle que soit la chimiothérapie administrée en cas d’antécédent de neutropénie fébrile ou de neutropénie de grade 3/4.


L’administration de GCSF encadre le nadir théorique des polynucléaires neutrophiles. En pratique, l’administration débute à 24–72 heures de la fin de la chimiothérapie et consiste en 1 injection quotidienne de GCSF 5 μg/kg ou biosimilaire pendant 3 à 9 jours, ou l’utilisation de pegfilgrastim en 1 injection de 6 mg.


Une antibioprophylaxie n’est pas recommandée de manière systématique ; elle peut être envisagée en prévention primaire des NF en association avec le TPF.


En cas de neutropénie fébrile, l’hospitalisation n’est pas systématique et sa nécessité dépend du risque évalué par le score MASCC (Multinational Association for Supportive Care in Cancer) (ou les règles de Talcott) ainsi que de l’évaluation clinique initiale ; dans tous les cas une réévaluation à 48 heures est indispensable (persistance de la fièvre).


Si un traitement ambulatoire est décidé (MASCC ≥ 21 ou Talcott 4), le traitement empirique est une antibiothérapie per os par amoxicilline-acide clavulanique (ou clindamycine en cas d’allergie) associée à une fluoroquinolone (sauf en cas d’administration récente de fluoroquinolone).


En cas d’hospitalisation, une antibiothérapie intraveineuse probabiliste est la règle, guidée par la clinique et les premiers examens. De manière schématique on pourra utiliser :



L’antibiothérapie peut être arrêtée au minimum après 48 heures d’apyrexie sous réserve d’un chiffre de PNN > 0,5 G/L. En cas de persistance de la fièvre au-delà de 72 heures, la possibilité d’une infection fongique doit être évoquée. Le traitement probabiliste est l’ajout d’un antifongique par voie systémique (ex : amphotéricine B, caspofungine) à l’antibiothérapie initiale.


Les septicémies à levures ne sont pas rares, doivent être traitées sans délai et doivent imposer l’ablation du site veineux implantable.



Toxicité digestive





Mucite chimio-induite

La mucite correspond à une irritation plus ou moins importante des muqueuses oropharyngées par agression cytotoxique de la chimiothérapie, ou physique de la radiothérapie.


La mucite favorise les bactériémies et la prolifération de candidoses (muguet buccal avec à l’extrême langue dépapillée et noire) par atteinte de la barrière mécanique et immunitaire non spécifique de la muqueuse oropharyngée. L’interaction mucite/neutropénie existe donc car la neutropénie favorise la prolifération mycobactériovirale des muqueuses oropharyngées aggravant la mucite.


Très souvent la mucite s’accompagne d’une xérose des autres muqueuses (conjonctive, vaginale) et cutanée.


Le patient doit :



L’examen endobuccal doit être systématique avant toute administration d’une nouvelle cure de chimiothérapie.


La prévention des mucites oropharyngées passe en premier lieu par le maintien d’un état nutritionnel optimal et des soins locaux (hygiène bucco-dentaire, hydratation de la cavité orale).


Deux études de 2011 suggèrent l’intérêt de la palifermine (facteur de croissance kératinocytaire modifié recombinant utilisé en oncohématologie) dans la prévention des mucites radio et chimio-induites en cancérologie ORL, avec un effet bénéfique selon l’évaluation par les investigateurs sur le délai de survenue et la durée des symptômes, sous radiochimiothérapie comme sous chimiothérapie en situation métastatique [30, 31]. Néanmoins ces études ne retrouvent pas de bénéfice symptomatique selon l’évaluation par les patients ni de bénéfice en termes de poursuite du traitement. La palifermine ne dispose pas d’AMM dans cette indication.


Le traitement des mucites oropharyngées constituées repose principalement sur [32, 33] :


Stay updated, free articles. Join our Telegram channel

May 5, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 4. Effets secondaires, complications et séquelles de la chimiothérapie

Full access? Get Clinical Tree

Get Clinical Tree app for offline access