Chapitre 4 Dysfonctions de la cage thoracique
Dysfonctions des vertèbres thoraciques [9] (figure 4.1)
La subluxation costo-vertébrale et les changements articulaires dégénératifs qui en résultent se produisent en même temps que la dysfonction somatique vertébrale [9]. La subluxation costo-vertébrale, la sclérose et l’inflammation peuvent provoquer une affection significative du système nerveux autonome (figure 4.2).
La face antérieure des corps et des disques intervertébraux du rachis dorsal est plus vulnérable aux changements que la face postérieure. Elle peut subir un antélisthésis ou un rétrolisthésis des vertèbres thoraciques qui altèrent la forme du canal vertébral [9].
Toutefois, les changements des structures antérieures du rachis dorsal peuvent l’affecter, tout comme ils peuvent affecter les côtes et les autres structures postérieures. Le contenu du canal vertébral (nerfs, moelle épinière et racines nerveuses) peut être particulièrement touché. Au niveau du rachis dorsal, il faut également considérer la partie extramédullaire du système nerveux constitué de la chaîne sympathique paravertébrale se trouvant en avant des articulations costo-vertébrales ou à proximité de celles-ci. L’intégrité de cette chaîne orthosympathique est compromise lorsque ces articulations costales sont subluxées. Les changements chroniques de type dégénératif altèrent le tissu nerveux de la chaîne orthosympathique. Selon les sujets, la localisation de cette chaîne nerveuse peut varier. Il peut se produire une hernie discale postérieure au niveau du rachis dorsal. Plus la hernie discale est basse, plus l’atteinte neurologique est basse. Une hernie discale en T11 peut affecter les neurones des membres inférieures ou la vessie (figure 4.3).
Les racines ventrales des nerfs spinaux originaires de la moelle épinière thoracique sont des racines motrices et leurs fibres efférentes se dirigent vers les viscères. L’artère spinale antérieure est située à proximité des racines ventrales et irrigue les neurones des cornes ventrales à l’endroit où les neurones moteurs viscéraux et somatiques se trouvent proches les uns des autres. L’hypoxie de ce tissu nerveux peut avoir des conséquences cliniques bien connues. Les accidents dramatiques occasionnés par quelques chiropracteurs peuvent être attribués à la modification de la vascularisation de la moelle épinière qu’ils ont induite. Une traction sur la moelle peut entraîner une inflammation qui induit la formation d’adhérences fibreuses à l’intérieur et à l’extérieur du sac thécal, ce qui affecte la moelle et les racines nerveuses (figure 4.4).
La moelle épinière se trouve dans le compartiment antérieur du canal rachidien et ses racines nerveuses descendent jusqu’à leurs trous de conjugaison (foramen intervertébral). Lors d’inflammation chronique, il se forme souvent un réseau fibreux dense engendrant une sténose. Cette masse fibreuse peut piéger les radicelles nerveuses à proximité des racines nerveuses, de telle sorte que certaines positions et certaines activités entraînent une inflammation et une traction importante. De plus, l’augmentation de la cyphose entraîne une augmentation de la longueur totale du canal rachidien et de la moelle épinière, et peut affecter la totalité de la portion moyenne de la moelle épinière thoracique.
En l’absence de compression, les insertions médullaires provoquent une diminution de la conductivité nerveuse pendant un certain laps de temps. Les études mettent en évidence que la période initiale d’irritation et d’augmentation de la sensibilité et de la conductivité du tissu nerveux est suivie d’une baisse de la conductivité, qui entraîne la perte de tous les influx. Il faut corréler cette observation aux perturbations fonctionnelle, viscérale et motrice. Ce facteur est significatif lors de changement de posture chronique et handicapant qui touche beaucoup de personnes dans les sociétés occidentales.
Biomécanique de la restriction segmentaire du mouvement [3]
Causes de la restriction du mouvement articulaire
La restriction du mouvement articulaire (blocage articulaire) représente le résultat final d’une apophyse qui a probablement commencé par la contracture réflexe du muscle (contraction nerveuse réflexe) à cause d’un traumatisme, d’un faux mouvement, d’une posture défectueuse ou d’un réflexe somato-viscéral. Avec le temps, il se produit dans les tissus intra-articulaires et périarticulaires, des modifications de plus en plus importantes des vaisseaux et des tissus conjonctifs qui s’accompagnent d’une adaptation générale de l’organisme.
Lois du mouvement vertébral non physiologique (basées les lois de Fryette, révisées par Mitchell) [3]
1re loi : La vertèbre en position neutre lors de la latéroflexion tend à réaliser une rotation controlatérale à moins qu’elle ne soit située au-dessus de l’apex de courbure. La vertèbre apicale obtient sa position de rotation maximale par addition de petits accroissements de rotation des vertèbres sous-jacentes dans la courbure du groupe. Au-dessus de l’apex, la dérotation se produit de la même manière. La rotation se produit dans la convexité formée.
2e loi : Une vertèbre en hyperflexion, ou bien en hyperextension en position de latéroflexion, réalisera une rotation du même côté que la latéroflexion, la rotation se produit dans la concavité.
Définitions des dysfonctions segmentaires de types I et II
Dysfonction segmentaire de type I (NSR)
Elle se définit comme une détérioration de la mobilité en latéroflexion de plusieurs unités vertébrales fonctionnelles contiguës sans restriction spécifique au niveau des facettes (les facettes ne sont pas impliquées dans la fixation). L’asymétrie de la rotation considérée dans les dysfonctions de type I est adaptative et secondaire à la latéroflexion des corps vertébraux. Les dysfonctions du type I se produisent en 1re loi de Fryette. En accord avec la 3e loi, la perte du degré de liberté en latéroflexion (la restriction primaire) réduit la mobilité dans les plans sagittal et transversal [3].
Le mouvement principal en restriction dans une dysfonction de type I (neutre) est la latéroflexion, contrairement à la dysfonction type II dans laquelle la flexion ou l’extension est la restriction principale. Dans les dysfonctions de type I, toutes les vertèbres d’un même groupe effectuent une latéroflexion, et non pas une seule unité vertébrale [3].
Dans la dysfonction de type I, la restriction en flexion et en extension existe, elle est secondaire à la restriction primaire, qui est la latéroflexion. La rotation controlatérale qui en résulte, secondaire à la latéroflexion, se produit par de petite augmentation de mouvement dans cette direction, vertèbre par vertèbre, jusqu’à l’apex de la courbure, où la même apophyse se produit en direction de la dérotation. La rotation vertébrale sera maximale, et évidente au niveau de la vertèbre à l’apex de la courbure [3].
L’étiologie des dysfonctions somatiques de type I est l’adaptation à un « stresseur » ou à une dysfonction non neutre. Il s’agit d’un ajustement postural automatique vertébral pour améliorer le rapport du corps avec la gravité, à n’importe quel élément asymétrique dans le système postural, qu’il s’agisse d’une jambe courte anatomique, d’une base sacrée inclinée, d’une vertèbre fracturée, ou simplement d’une dysfonction segmentaire de type II. Elle évoque une réaction d’adaptation.
Le comportement du groupe d’adaptation neutre est réversible par traitement des muscles latérofléchisseurs qui sont les éléments responsables de la restriction.
Adaptation neutre versus dysfonction neutre [3]
La majorité du temps, le phénomène de l’adaptation neutre est spontanément réversible une fois qu’on a traité la cause de l’adaptation, que ce soit une dysfonction somatique ou une autre asymétrie. Toutefois, si l’adaptation neutre persiste sur une longue période de temps, elle peut arriver à être restreinte et peut alors nécessiter un traitement, en plus du traitement des dysfonctions non neutres.
Nature adaptative et secondaire de la rotation segmentaire neutre [3]
Pour diagnostiquer correctement une dysfonction en NSR, il faut tout d’abord avoir traité toutes les dysfonctions segmentaires non neutres en ERS et FRS parce que, si celles-ci sont présentes, il existe nécessairement une certaine quantité d’adaptations en position neutre, latéroflexion/rotation causées par la dysfonction d’ERS ou de FRS [3]. Ces adaptations ne doivent pas être considérées comme des lésions manipulables car elles vont spontanément disparaître dès que l’on corrige la dysfonction non neutre. Si l’asymétrie rotatoire persiste après correction des dysfonctions non neutres, y compris les dysfonctions sacro-iliaques, on peut alors considérer qu’il existe une dysfonction somatique neutre (NSR) qui nécessitera un traitement.
Dysfonction segmentaire de type II en ERS et FRS [3]
Elle se définit comme une diminution de la capacité de flexion ou d’extension d’une ou de deux facettes d’une seule unité vertébrale segmentaire. La restriction unilatérale est due à l’accouplement de la rotation-latéroflexion ipsilatérale de la vertèbre supérieure quand celle-ci se déplace dans son amplitude restreinte. La dysfonction de type II est régit par la 2e loi de Fryette. Il en existe deux sortes : ERS et FRS (figure 4.5).
Les conséquences de l’augmentation de la nociception sont le maintien d’un spasme des muscles paravertébraux, de fonctions autonomes altérées ou d’une adaptation musculo-squelettique qui altère la posture ou les mouvements.
Un blocage intra-articulaire dû à une mauvaise congruence des surfaces articulaires ou à un pincement méniscoïde peut être la cause de restriction du mouvement de l’articulation. Des tensions myo-fasciales anormales dans le segment intervertébral peuvent être la cause de la dysfonction, surtout en ce qui concerne les muscles rotateurs courts, le long du cou et/ou les intertransversaires.
Torsion de côte
Tandis que les côtes unies aux apophyses transverses de la vertèbre en rotation suivent la vertèbre et montrent de manière plus évidente que les apophyses transverses de la même vertèbre, les côtes sous-jacentes sont tordues par la vertèbre en rotation.
La côte en éversion peut facilement se détecter par la palpation : elle fait plus saillie en dehors latéralement lorsqu’on palpe avec la paume de la main, en comparant avec les des côtes voisines, contrairement à la côte en inversion, qui est aplanie et est reculée par rapport aux côtes voisines. C’est ce résultat qui est cliniquement désigné comme « torsion isolée de côte », et qui est fréquemment trouvé comme preuve d’une dysfonction segmentaire. Si la cinquième côte droite fait une éversion, ceci est un signe que T4 est en rotation droite, dû à une dysfonction segmentaire non neutre.
Dysfonctions des vertèbres thoraciques [4, 8]
Lésion de flexion : cyphose
Il s’agit d’une lésion de groupe en flexion bilatérale qui associe un glissement vers l’arrière et le bas des vertèbres. Cela chasse les disques intervertébraux en arrière et met en tension les ligaments postérieurs. Les côtes sont déplacées vers l’arrière, ce qui provoque une rigidité thoracique pendant la rotation. Cette lésion impose une hyperlordose sous- et sus-jacente.
La flexion est libre, la rigidité apparaît en extension.
La restriction des mouvements porte surtout sur l’extension et les rotations (figure 4.6).
Objectifs de la manipulation ostéopathique : on peut utiliser des techniquesavec thrust en extension, et des techniques de stretching en extension. Le but est de corriger spécifiquement la lésion postéro-inférieure de l’apex.
Lésion d’extension (déplacement vers l’avant de la vertèbre ou antériorité)
Il est fréquent d’observer une zone plane au niveau de la région interscapulaire, la vertèbre se trouvant au centre semble être plus en avant et en dedans, son apophyse épineuse est plus douloureuse. Le patient décrit une sensation de brûlure dans cette zone.
La vertèbre est placée en position d’extension, elle a glissé vers l’avant en direction du thorax, on parle d’antériorité vertébrale. Il s’agit d’une lésion d’extension bilatérale. Ce mouvement passe par un axe transversal au corps de la vertèbre (figure 4.7).
Les lésions en antériorité vertébrale doivent toujours être corrigées avant de réaliser des techniques ostéopathiques cranio-sacrées. Elles peuvent être provoquées par un traumatisme (entorse cervicale ou « coup du lapin ») ou un déséquilibre postural. Il faut agir sur les lignes de gravité et sur les tissus mous (fascia endothoracique).
Pour diagnostiquer ces lésions, il faut demander au patient d’effectuer une flexion du tronc vers l’avant. On observe alors une zone plane comprenant trois ou quatre vertèbres. L’apophyse épineuse de la vertèbre centrale est la plus douloureuse et c’est cette vertèbre qu’il faut manipuler. À la palpation, toutes les apophyses épineuses sont douloureuses, mais celle qui est située à l’apex du groupe est plus douloureuse et le plus enfoncée (figure 4.8).
La correction des lésions par déplacement antérieur des vertèbres thoraciques chez un patient présentant une hernie discale cervicale entraîne une amélioration de 50 %.
L’apophyse articulaire supérieure envahit le trou de conjugaison et peut irriter la racine nerveuse à ce niveau (figure 4.9).
L’extension est libre, la rigidité (zone plane) apparaît en flexion.
Cette lésion favorise une hypermobilité réactionnelle des autres étages vertébraux (surtout de l’étage cervical).
La restriction des mouvements porte surtout sur la flexion et la latéroflexion bilatérale.
Objectifs de la manipulation ostéopathique : on peut utiliser des techniques avec thrust en flexion et des techniques de stretching en flexion. L’objectif est de corriger spécifiquement le déplacement vertébral vers l’avant.
Dysfonctions de type I : NSR
Il s’agit d’une lésion de groupe où plusieurs vertèbres se tournent du même côté. Habituellement, cette lésion représente une adaptation en présence d’une lésion sous-jacente non neutre (FRS ou ERS).
Lorsque les facettes articulaires sont en position neutre (easy flexion), la rotation des vertèbres s’effectue automatiquement au niveau de la convexité (figure 4.10).
Objectifs de la manipulation ostéopathique : l’objectif est d’éliminer la rotation de la vertèbre située à l’apex du groupe, en créant une nouvelle convexité tout en maintenant les facettes articulaires en position neutre.
Dysfonctions de type II
ERS droite
Il s’agit d’une lésion d’imbrication (droite) du côté du déplacement vertébral postérieur : la rotation s’effectue du côté de la concavité.
Le déplacement vertébral postérieur disparaît en extension et augmente en flexion (figure 4.11). L’espace interépineux inférieur est fermé, la côte du côté de la lésion (à droite) est abaissée et en arrière, et la côte du côté opposé est déplacée vers le haut et l’avant.
La restriction des mouvements porte sur la flexion et la rotation gauche (et légèrement sur l’inflexion latérale).
Objectifs de la manipulation ostéopathique : désimbriquer la facette droite.
FRS droite
Il s’agit d’une lésion de désimbrication du côté opposé au déplacement vertébral postérieur : le disque intervertébral fait protrusion vers l’arrière et latéralement à gauche, ce qui bloque la facette articulaire gauche en position ouverte. La rotation s’effectue du côté de la concavité (figure 4.12).
Le déplacement vertébral vers l’arrière augmente en extension et disparaît en flexion.
La restriction des mouvements porte sur l’extension et la latéroflexion gauche.
Objectifs de la manipulation ostéopathique : imbriquer la facette gauche désimbriquée.
Dysfonctions ostéopathiques de la charnière cervico-dorsale
Les dysfonctions sont fréquentes dans cette région, en particulier à cause :
Dysfonctions de C7
C7 présente des dysfonctions de type ERS/FRS et NRS, tout comme les vertèbres thoraciques supérieures : sa lésion est souvent associée à la lésion de T1 ou à une subluxation postérieure de la première côte (le ligament radié de l’articulation costo-vertébrale de T1 s’unit au col de la première côte et envoie des fibres au corps de C7++).
Dysfonctions de T1
La lésion de T1 peut être primaire (ERS ou FRS) mais aussi secondaire (NRS), liée à la première côte (T1 accuse la torsion de la ceinture scapulaire).
Syndrome cervico-dorsal
Les dorsalgies interscapulaires sont très souvent associées à des troubles cervicaux.
La chaîne musculaire entre les cervicales et les vertèbres thoraciques est très importante. Le muscle transverse du cou qui s’insère entre C3 et T2 joue un rôle important sur la posture du cou. Il est innervé par les nerfs rachidiens C3, C4 et T2 (figure 4.14).
Les symptômes du syndrome cervico-dorsal sont :
Partie inférieure du rachis dorsal et rachis lombaire
Relations costo-vertébrales
Bien que les apophyses transverses de T11 et de T12 sont très courtes, quand une de ces vertèbres présente une rotation anormale due à une dysfonction non neutre, une de ses côtes subit une rotation avec elle, et un de ses côtes présente presque toujours une restriction respiratoire. Vu que la position de rotation de ces vertèbres fait fréquemment partie de l’adaptation normale en roto-scoliose, due aux asymétries persistantes de la colonne lombaire, du bassin, ou des membres inférieurs, ou encore à des dysfonctions thoraciques moyennes, les tests respiratoires costaux peuvent aider à déterminer la présence ou à l’absence de dysfonction non adaptative, non neutre, des segments thoraciques T11 ou T12.
Le mécanisme de la lésion respiratoire des onzième et douzième côtes secondaires à une dysfonction segmentaire de leurs vertèbres respectives est probablement en relation avec les tensions myo-fasciales. Comme le traitement et la correction d’une dysfonction segmentaire thoracique restaurent presque toujours le mouvement respiratoire normal des côtes sans aucun traitement spécifique de la restriction respiratoire, il est raisonnable de supposer qu’il existe une relation de cause à effet.
Mouvement segmentaire normal de la partie basse du rachis thoracique et du rachis lombaire [2, 3, 5, 7]
Les caractéristiques segmentaires des mouvements de flexion, d’extension et de latéroflexion ne changent pas beaucoup entre T3-T4 et T11-T12. Contrairement aux segments vertébraux compris entre C2 et T2 au niveau desquels il existe un couplage entre la latéroflexion et la rotation ipsilatérale, au niveau de T3, le couplage entre la latéroflexion et la rotation varie en fonction de divers facteurs. La latéroflexion normale neutre provoque une légère rotation controlatérale (du côté opposé) des segments jusqu’à l’apex de la courbure de latéroflexion. Au-dessus de l’apex, il se produit une dérotation par petits paliers. La rotation et la dérotation par paliers sont similaires à la latéroflexion neutre qui se produit à l’étage lombaire.
Si le mouvement initial n’est pas une latéroflexion mais une rotation axiale, la latéroflexion neutre couplée à la rotation est différente. Théoriquement, la rotation axiale devrait entraîner une latéroflexion controlatérale des segments de T9 à L3. Le couplage ipsilatéral (du même côté) doit se produire au niveau de L4 et L5 ainsi que dans les segments compris entre T3 et T11, du moins pour une rotation extrême [2].
Les mouvements physiologiques de T12 et des vertèbres lombaires (mouvements segmentaires neutres et non neutres) suivent les mêmes règles générales qu’au niveau des étages thoraciques. La flexion et l’extension lombaires normales sont similaires à celles du rachis dorsal, mais elles forment des arcs bien plus libres du fait de l’épaisseur des disques intervertébraux. Pendant la flexion, la lordose lombaire se redresse et le sacrum s’incline vers l’avant. La courbure en lordose peut s’inverser dans les segments lombaires supérieurs, mais pas au niveau du segment lombo-sacré. Tout comme au niveau du rachis dorsal, la flexion d’une vertèbre lombaire ou thoracique s’accompagne d’un léger glissement vers l’avant du corps vertébral. Au niveau du rachis lombaire, l’amplitude de la flexion à l’extension est en moyenne de 77 degrés.
Récemment, Bogduky et Twomey [1] ont émis l’hypothèse que l’axe de rotation lombaire traversait le corps vertébral. Dans tous les cas, on considère que la rotation, du moins sur cet axe, est minime. Bien que la rotation puisse débuter sur l’un ou l’autre de ces axes, elle doit se rapprocher rapidement de l’arc neural à mesure qu’elle se poursuit parce que les facettes de T12-L1 ont la même orientation que les facettes intervertébrales lombaires.