Chapitre 36 Rupture récente de l’appareil extenseur
Introduction
Les ruptures de l’appareil extenseur interrompent la chaîne de transmission de l’extension de la jambe sur la cuisse. Elles peuvent concerner le quadriceps (corps musculaire, insertions iliaque ou rotulienne), la rotule, le tendon rotulien ou son insertion tibiale. Elles sont parfois consécutives à une intervention chirurgicale (ligamentaire ou prothétique).
Rupture récente du tendon quadricipital
C’est la lésion la plus fréquente parmi les ruptures de l’appareil extenseur après les fractures de rotule. Les lésions de l’insertion proximale du quadriceps ou du corps musculaire plus rares sont exclues de notre propos. La rupture peut être soit tendineuse (60 % des cas), soit ostéopériostée, c’est le décalottement quadricipital (40 %). Ce dernier fut décrit par Albert Trillat. Du point de vue anatomopathologique, il réalise une véritable avulsion d’un manchon ostéopériosté emportant le surtout fibreux prérotulien et l’insertion inférieure du quadriceps. Ce décalottement peut s’étendre aux ailerons rotuliens. Il se produit souvent après une immobilisation prolongée et survient en deux temps : traumatisme du genou conduisant à l’immobilisation avec rupture secondaire 3 à 4 semaines plus tard sur un traumatisme minime, par exemple lors de la descente des escaliers.
Technique chirurgicale
Technique de suture de la rupture tendineuse
La voie d’abord est verticale médiane, centrée sur la rupture et permet d’exposer le bord supérieur de la rotule. Le péritendon est ouvert, permettant de découvrir la rupture tendineuse. L’hémarthrose est évacuée (fig. 36.1).
Les moignons tendineux sont identifiés, définissant les limites de la rupture. Il ne faut pas hésiter à s’exposer suffisamment latéralement et médialement car les muscles vastes ou les ailerons sont souvent rompus. Dans chacun des moignons, un cadre d’amarrage est réalisé au fil résorbable Vicryl® de taille 2 en effectuant plusieurs allers-retours horizontaux à distance des berges (environ 2 cm) (fig. 36.2). Il permet un meilleur appui de la suture.
Trois points en « U » de sens opposés sont réalisés au fil non résorbable Fiberwire® de taille 2 (fig. 36.3). Les points sont serrés genou en extension afin d’obtenir une suture bord à bord. La suture est affrontée « fibre à fibre » sur toute sa largeur par de multiples points séparés de fil résorbable plus fin de Vicryl® de taille 0 (fig. 36.4).
Technique de suture du décalottement
Elle consiste à réinsérer le manchon ostéopériosté sur la rotule. La voie d’abord est verticale médiane, centrée sur la rupture, et permet d’exposer le bord supérieur de la rotule (fig. 36.5 à 36.7). Le surtout rotulien est incisé au bord supérieur et antérieur de la rotule puis récliné sur environ 1 cm de long en commençant par une incision longitudinale. On expose ainsi la rupture transversale ostéopériostée. Quatre tunnels transosseux sont réalisés à la mèche de diamètre 2,5 mm à 1 cm du bord proximal de la rotule en prenant soin de sortir à la face supérieure de la rotule (figs. 36.9, 36.10 et 36.11). Trois points en « U » de fil non résorbable de gros diamètre de type Mersuture® ou Fiberwire® sont passés à travers les tunnels rotuliens de façon à réaliser le nœud à la face supérieure du tendon quadricipital (fig. 36.12 et 36.13). Les points sont noués genou en extension (fig. 36.14 et 36.15). Il faut également réaliser un point à chaque bord médial et latéral du tendon et veiller à suturer les ailerons rotuliens s’ils sont lésés (fig. 36.16). La suture est également affrontée « fibre à fibre » sur toute sa largeur par de multiples points séparés de fil résorbable Vicryl® de taille 0. Le surtout rotulien est également suturé.