Item 314 Exanthème, érythrodermie
ITEM 114 Allergies cutanéomuqueuses chez l’enfant et l’adulte. Urticaire, dermatites atopiques et de contact.
• 2009 : Un homme de 32 ans arrive aux urgences pour un tableau d’allure grippale depuis 8 jours. Fièvre à 38 °C, arthralgies, céphalées, myalgies, sueurs, malaise général et depuis 3 jours éruption cutanée.
1) Quel(s) diagnostic(s) devez-vous évoquer devant ce tableau ? Sur quels arguments ? Hiérarchisez votre réponse.
2) Quelle étiologie évoquez-vous pour l’ulcération génitale qu’il a eue il y a 6 mois ? Sur quels arguments ?
– NFS : leucocytes 4 500, PNN 51 %, PNE 4 %, PNB 1 %, lymphocytes 41 %, monocytes 3 % ; Hb : 15,4 g/dl ; Hte 47 % ; VGM 85 µ3 ; plaquettes 237 000 ;
3) Sur quel(s) examen(s) biologique(s) se fera la surveillance de l’efficacité du traitement ? Donnez les résultats attendus en cas de bonne réponse au traitement.
4) En même temps que la prescription de ce traitement, quels autres examens biologiques prescrivez-vous en dehors de ceux nécessaires au suivi du traitement ?
Il s’agit d’une éruption cutanée d’apparition brutale, transitoire, observée au cours de maladies infectieuses ou d’allergie médicamenteuse.
L’exanthème peut s’accompagner d’un énanthème (atteinte muqueuse), qui facilite le diagnostic étiologique.
Ce syndrome est caractérisé par un érythème généralisé du tégument, sans intervalle de peau saine, souvent accompagné de desquamation et de prurit.
Exanthème
I Diagnostic étiologique
On distingue trois types d’exanthèmes :
– scarlatiniforme : placards érythémateux, rouge foncé, sans intervalles de peau saine, s’effaçant à la vitropression, évoluant vers une desquamation ;
– morbilliforme : maculo-papules érythémateuses, de petite taille, séparées par des intervalles de peau saine, non prurigineuses ;
II Étiologie des exanthèmes scarlatiniformes
A Scarlatine ITEM 94
Infection bactérienne due au streptocoque β-hémolytique du groupe A qui sécrète une toxine érythrogène.
Phase d’invasion : dure 1 à 2 jours ; fièvre élevée (39 °C–40 °C), angine érythémateuse ou érythémato-pultacée, adénopathies sous-mandibulaires.
Phase d’état :
– exanthème scarlatiniforme, qui débute sur le thorax et la racine des membres et s’étend en moins de 48 heures de manière centrifuge vers les extrémités. L’érythème respecte les paumes, les plantes et la région péribuccale. Il prédomine aux plis de flexion et peut devenir purpurique ou prurigineux. À partir du 8e jour, débute une desquamation qui est fine au visage et au tronc et en larges lambeaux, très évocateurs, aux extrémités ;
– énanthème : glossite caractéristique. La langue est saburrale au centre et érythémateuse sur les bords et la pointe (« V lingual »). Une desquamation débute à la pointe et sur les bords et progresse de manière centripète pour donner finalement à la langue un aspect rouge framboisé homogène le 6e jour.
B Toxidermie ITEM 181
Épidémiologie : prédominance féminine (sex-ratio : 1,7) et chez le sujet âgé (qui consomme plus de médicaments).
Clinique : l’exanthème débute fréquemment aux genoux, aux coudes ou sur le tronc puis s’étend sur tout le corps en 3 à 5 jours.
Il est polymorphe, composé de macules et papules parfois purpuriques qui confluent en placards (fig. 314-2).
Fig. 314-1 Érythème scarlatiniforme au cours d’une toxidermie.
(Source : Dermatology, par David J. Gawkrodger. 3e édition. Churchill Livingstone, 2002.)
Fig. 314-2 Érythème scarlatiniforme à l’ampicilline.
(Source : Physical Signs in Dermatology, par C.M. Lawrence, N.H. Cox. 2e édition. Mosby, 2002.)
Devant tout exanthème médicamenteux, il faut impérativement rechercher des signes cliniques de gravité orientant vers le diagnostic de syndrome de Lyell ou de Stevens-JohnsonITEM 343 (fig. 314-3) :
– signe de Nikolsky positif = décollement pathologique de la peau obtenu par frottement ou pression forte du doigt sur la peau du malade ;
Les médicaments le plus souvent en cause dans les toxidermies sont : les antibiotiques (pénicilline, sulfamides, céphalosporines, antituberculeux), les antiépileptiques, l’allopurinol (Zyloric), l’iode, les AINS, les IEC.
Aucune lésion cutanée n’est spécifique d’une toxidermie, sauf l’érythème pigmenté fixe ou le syndrome de Lyell.
Le diagnostic par la réapparition des lésions lors de la réintroduction du médicament est illicite car la nouvelle réaction peut être beaucoup plus grave.
Ce diagnostic est donc probabiliste et repose sur les critères d’imputabilité du médicament :
– imputabilité extrinsèque : connaissance d’accidents identiques chez d’autres patients avec le médicament suspect ;
C Choc toxique staphylococcique
Il survient chez des patients ayant un foyer infectieux à staphylocoque doré sécrétant une toxine exfoliatrice (l’entérotoxine F).
Examen clinique :
– exanthème scarlatiniforme associé à un œdème des extrémités, une langue framboisée et une conjonctivite ;