Chapitre 30 Reprise de prothèse totale de genou
planification et principes techniques
Planification
Évaluation de la perte de substance osseuse (radiographies ± controlatérales, TDM)
Les radiographies standard ne permettent pas toujours une évaluation précise des pertes de substance osseuse. Nous demandons volontiers un scanner préopératoire lorsqu’une métallose est suspectée pour mieux objectiver la perte de substance qui est souvent plus importante que celle pressentie sur les radiographies standard.
Nécessité de matériel spécifique à l’ablation des implants. Nécessité d’implants sur mesure (quilles décalées)
Il est important de connaître le type d’implant déjà en place pour prévoir éventuellement un matériel ancillaire spécifique. Ceci est particulièrement vrai en cas de prothèse charnière dont il faut connaître le mécanisme pour pouvoir désadapter les implants fémoral et tibial.
Choix de la contrainte
Les éléments qui peuvent nous conduire à envisager d’emblée une prothèse charnière sont :
• une raideur préopératoire majeure, car elle permet de sectionner ou libérer très largement les ligaments collatéraux ;
• une laxité frontale importante ou un recurvatum, notamment dans le cadre d’une maladie neurologique ;
• une distraction ou allongement visant à compenser la laxité qui induirait une modification importante de l’interligne fémoro-tibial, une rotule basse ;
Principes techniques
Explantation
Abord chirurgical et exposition
Le genou est placé en extension et l’appareil extenseur est luxé en dehors en éversant la rotule à l’aide d’une griffe (fig. 30.1). Ceci peut parfois être délicat, alors il faut savoir passer du temps à libérer les adhérences du cul-de-sac et des joues condyliennes. En haut, la synoviale accolée à la face antérieure du fémur est largement réséquée pour exposer la région sus trochléenne de la prothèse en place. En bas, le ligament adipeux de Hoffa, s’il avait été préservé lors des précédentes chirurgies, peut lui aussi être réséqué.
Il est rarement nécessaire de recourir à une section de l’aileron externe pour faciliter l’éversion de la rotule. Le genou est en flexion, la rotule luxée. Ce temps est délicat. Il faut veiller à ne pas fragiliser l’insertion du tendon rotulien. Pour ce faire, nous utilisons parfois l’artifice technique déjà rappelé, qui consiste à ficher une broche dans l’insertion du tendon rotulien sur la tubérosité tibiale antérieure (fig. 30.2). Si la raideur est importante (< 70 °), si la rotule est très basse, il faut savoir décider très tôt du relèvement de la tubérosité tibiale antérieure que nous préférons habituellement à la réalisation d’un SNIP du tendon quadricipital (section oblique vers le haut et le dehors). En cas d’impossibilité d’exposition par rétraction de l’appareil extenseur, une ostéotomie de la tubérosité tibiale antérieure peut être nécessaire. On la réalise de dedans en dehors, genou à 90 ° de flexion, à la scie oscillante (idéalement à l’ostéotome) sur une longueur minimale de 6 cm, en la laissant pédiculée sur la loge musculaire antéro-externe. On finit de libérer la baguette de tubérosité tibiale antérieure (TTA) en extension d’un coup de lame de Lambotte en arrière de l’insertion du tendon rotulien à 45 ° d’inclinaison.
Repérage du niveau de l’interligne (implants en place)
Le niveau de l’interligne prothétique est repéré à la fois au fémur et au tibia. On peut utiliser un appareil spécifique ou une simple réglette qui permet de réaliser sur le fémur d’une part et sur le tibia d’autre part un trou à la mèche 3,5 à une distance connue de l’interligne (généralement comprise entre 6 et 10 cm) (fig. 30.3 et 30.4). On quantifie ainsi la modification de l’interligne induite lors du changement des implants.