3: Techniques arthroscopiques de reconstruction du ligament croisé antérieur: Arthroscopic reconstruction techniques for ACL insufficiency


Techniques arthroscopiques de reconstruction du ligament croisé antérieur


Arthroscopic reconstruction techniques for ACL insufficiency




Résumé


Les techniques de reconstruction arthroscopique du LCA sont aujourd’hui fiables et reproductibles. Si de nombreux principes techniques sont reconnus par la plupart des opérateurs, certaines controverses subsistent concernant le choix de la greffe, le positionnement des tunnels, la fixation et la tension de la greffe. Deux greffes sont actuellement utilisées de façon préférentielle : le tendon rotulien (TR) et les tendons ischiojambiers (droit interne demi-tendineux [DIDT]). Les méthodes de fixation et les propriétés mécaniques de chaque greffe sont sensiblement différentes mais les résultats cliniques semblent satisfaisants et comparables quelle que soit la greffe utilisée. Le positionnement des tunnels est standardisé même si certains préfèrent encore pratiquer le tunnel fémoral de dehors en dedans. La tension initiale optimale de la greffe n’est toujours pas parfaitement connue et reste difficile à reproduire, car elle est très dépendante de l’isométrie, même si tous les auteurs s’accordent pour éviter la mise en surtension du transplant. Malgré l’amélioration de nos connaissances, des techniques chirurgicales et des protocoles de rééducation, les résultats cliniques n’ont paradoxalement pas véritablement évolué depuis ces dernières années. Toutes les études affichent de bons résultats mais tous les problèmes sont encore loin d’être résolus. Des recherches restent nécessaires, fondamentales et cliniques, notamment pour l’appréciation du pronostic à long terme. La thérapie génique, la chirurgie assistée par ordinateur, l’utilisation de greffes à double faisceau, de meilleurs moyens de fixation et la préservation méniscale sont les axes de recherche pour le futur.



Summary


Arthroscopically-assisted techniques for anterior cruciate ligament (ACL) reconstruction have now become reliable and reproducible surgical procedures. However, although a number of technical aspects have been accepted and recognised by most orthopaedic surgeons as important factors in successful arthroscopic management of ACL reconstruction, some controversy still remains concerning the choice of graft, tunnel placement, and the fixation and tension of the graft. At present, two main types of graft tend to be used : the patellar tendon and four-stranded hamstring autografts. The fixation methods and mechanical response of each of these grafts are noticeably different, but the clinical results appear satisfactory, and are comparable with both approaches. Proper tunnel placement has been relatively standardised, even if certain surgeons prefer the two-incision to the one-incision technique. The optimal initial tension of the graft has still not been fully determined and is difficult to reproduce, as it is highly dependent on the specific isometry, although most of the reports in the literature agree that graft overtension should be avoided. In spite of improved knowledge in this field, better surgical techniques and rehabilitation programmes, the functional outcome has not really changed during the last 20 years. Athough all the clinical studies show good results, the problems are far from being solved. Further basic and clinical research is needed in many areas, especially as regards long-term outcome. Gene therapy, computer-assisted reconstruction surgery, the use of double bundle grafts, improved methods of fixation and tensioning of the graft, better means of meniscal conservation and fixation are the focal areas of future research.





Introduction


Le rôle prépondérant de l’arthroscopie dans la chirurgie ligamentaire du genou n’est plus à démontrer. Si les résultats fonctionnels ont connu ces dernières années une amélioration importante, l’arthroscopie – n’en déplaise à notre vanité – n’a pas été la seule responsable de ces progrès. Le matériel ancillaire, les moyens de fixation, l’expérience et surtout des protocoles de rééducation plus adaptés à l’évolution de cette chirurgie ont été essentiels. Néanmoins, tous les problèmes sont loin d’être résolus. La complexité du système ligamentaire et de l’isométrie ainsi que l’imparfaite connaissance des phénomènes de ligamentisation ultrastructurale des greffes ne nous permettent toujours pas d’espérer obtenir une structure ligamentaire normale ni même de reproduire une cinétique articulaire normale.


Les progrès de ces dernières années ont été tels que si un certain consensus apparaît enfin dans le cahier des charges et les indications opératoires, certains sujets prêtent encore à controverse, resurgissent, voire apparaissent (choix de la greffe, tunnel fémoral, mono ou double faisceau, fixation, gestes associés).


Des connaissances anatomiques et une expérience de cette chirurgie avec toutes ses options sont essentielles pour nous guider dans notre choix. L’apprentissage est long et même un chirurgien expérimenté n’est pas à l’abri d’un mauvais montage du transplant [36]. Par ailleurs, la gestion des incidents opératoires est essentielle, d’où l’importance de maîtriser toutes les techniques et d’en changer en fonction des événements.



Installation du patient


Quel que soit le type d’installation, l’intervention se déroule sur un genou fléchi à environ 90˚. Il doit être suffisamment libre pour autoriser toutes les amplitudes articulaires nécessaires à la réalisation de cette chirurgie dans les meilleures conditions.


Deux possibilités :




Choix de la greffe


Le respect des critères mécaniques d’un bon transplant restreint le choix. En effet, l’ensemble tendon quadricipital-retinaculum rotulien-tendon rotulien (TR) longtemps utilisé avec d’excellents résultats fonctionnels ainsi que le fascia lata ont une résistance insuffisante. Les allogreffes ne sont pratiquement pas utilisées en France, pour des raisons de législation et d’approvisionnement. Elles sont d’utilisation discutée dans la littérature compte tenu des risques théoriques de transmission virale et de leurs qualités mécaniques médiocres après stérilisation par rayonnement γ. Pour beaucoup, leur utilisation est réservée à la chirurgie de reconstruction itérative.


En fait, actuellement, seuls l’appareil extenseur et les ischiojambiers ont les propriétés mécaniques acceptables pour reconstruire le LCA [45].



Appareil extenseur



Tendon quadricipital


Ce transplant est intéressant car les qualités mécaniques du tendon quadricipital sont identiques à celles du TR pour une même épaisseur de prélèvement [59].


La partie moyenne du tendon est prélevée en laissant quelques millimètres en profondeur, sans ouvrir le cul de sac sous-quadricipital, sur une longueur d’environ 10 cm. Ce prélèvement se prolonge par une baguette osseuse rotulienne. Il est possible, contrairement au TR, de prélever au-delà d’une largeur de 10 mm sans risque majeur de fragilisation et d’obtenir une surface de section supérieure à celle du TR (Fig. 1). En revanche, il s’agit d’un transplant tendon-os. Si la fixation de la baguette rotulienne pose peu de problèmes, la fixation tendineuse dans le tunnel tibial devient, comme pour les tendons ischiojambiers (droit interne demi-tendineux [DIDT]), le maillon faible du montage. C’est probablement le transplant de choix pour les reconstructions itératives où l’épaisseur du transplant doit souvent être importante pour combler les tunnels osseux.




Tendon rotulien


Le TR était encore récemment considéré comme le transplant de référence pour la plupart des membres de la Société française d’arthroscopie. En 1999, il était le seul utilisé pour 79 % d’entre eux, contre 86 % en 1994 [20, 21]. La comparaison de ces deux enquêtes révélait une évolution en faveur de l’utilisation des tendons ischiojambiers qui s’est probablement accentuée ces toutes dernières années.


Une planification radiologique préopératoire est utile pour déterminer au mieux la direction et la longueur des tunnels osseux ainsi que la longueur des baguettes à prélever (Fig. 2). Sur un cliché de profil, il faut mesurer (en tenant compte de l’agrandissement radiologique) deux longueurs qui sont fixes et imposées pour chaque patient mais variables d’un patient à l’autre en fonction du morphotype :




Trois variables permettent d’adapter le transplant à son trajet : longueur des baguettes osseuses, inclinaison du tunnel tibial, profondeur du tunnel fémoral borgne. Néanmoins la marge de manœuvre sur chacune de ces trois variables est très étroite.


L’incision est verticale, d’environ 7 cm, médiane de la pointe de la rotule à la tubérosité tibiale ou légèrement décalée en dedans pour faciliter la prise de greffon plutôt en dedans sur la rotule (dans sa partie la plus épaisse) et pour faciliter le creusement du tunnel tibial. La gaine tendineuse est incisée verticalement près du bord interne du tendon et réclinée latéralement, exposant tout le TR. Des écarteurs à griffe placés en haut de l’incision permettent d’accéder à la moitié inférieure de la rotule. Le tissu prérotulien en continuité avec la gaine est incisé et récliné. En revanche, les fibres tendineuses doivent être respectées car elles assurent la solidité de la jonction os-tendon. La baguette rotulienne, qui mesure environ 25 mm de long et 10 mm de large (9 à 11 en fonction du sujet), est marquée au bistouri. Son prélèvement se fait avec une petite lame étroite de scie oscillante qui attaque l’os avec une inclinaison de 45˚ (Fig. 3). Ainsi les coupes osseuses qui se rejoignent dans l’épaisseur de l’os (réalisant une coupe triangulaire) ne fragilisent pas la rotule. Le bord supérieur de la baguette à prélever est attaqué perpendiculairement avec la scie, et un ostéotome de 10 mm, introduit dans les fentes osseuses ainsi créées et manié en douceur, complète facilement le prélèvement osseux. Le TR est ensuite incisé à sa partie moyenne au bistouri dans le prolongement de la baguette rotulienne. La baguette tibiale (environ 20 mm de long et 10 mm de large) est ensuite prélevée sur la tubérosité tibiale en s’aidant de la scie oscillante et du même petit ostéotome. Les deux baguettes sont perforées avec une mèche de 1,5 mm pour la mise en place des fils tracteurs. Le transplant ainsi libéré est calibré et sa longueur totale mesurée. Le fil tracteur de la baguette destinée au tunnel tibial est métallique pour ne pas risquer d’être sectionné lors de la mise en place de la vis d’interférence tibiale. La greffe est ensuite préparée, régularisée et placée en attente dans une cupule de sérum.




Tendons ischiojambiers


Les tendons ischiojambiers utilisés en double, triple et quadruple faisceau ont des propriétés mécaniques fiables [58].


L’incision est de 2 à 4 cm et située en dedans (2 cm) et en dessous (1 cm) de la tubérosité tibiale. Chez un sujet maigre, le repérage est d’autant plus facile que les tendons sont palpables sous la peau, permettant ainsi de réduire au maximum la taille de la cicatrice. L’aponévrose du couturier est incisée longitudinalement, permettant le repérage du gracilis et du semi-tendineux. Ils sont difficilement dissociables à proximité de leur insertion tibiale, aussi vaut-il mieux les individualiser en regard du bord postérieur du tibia à l’aide d’un dissecteur. Chacun des deux tendons est successivement extériorisé et mis en tension par un index glissé en crochet sous le tendon à proximité de l’attache tibiale conservée. Cette mise en tension facilite la recherche et la section des expansions (semi-tendineux) vers l’aponévrose du jumeau interne et la mise en place d’un stripper ouvert qui est poussé progressivement jusqu’à la libération automatique des fibres musculaires de la lame aponévrotique. Les deux tendons sont ensuite libérés des fibres musculaires adhérentes à la lame aponévrotique en s’aidant d’une petite rugine, de ciseaux ou d’une curette. Chaque tendon est doublé et les extrémités sont solidarisées par un laçage, réalisant ainsi un transplant unique à quatre faisceaux d’environ 10 à 15 cm de long (Fig. 4). Le laçage de chaque extrémité peut être séparé si l’on envisage une reconstruction à deux faisceaux nécessitant deux transplants individualisés. Les attaches tibiales sont ensuite sectionnées et le transplant, après calibrage, est humidifié par une compresse de sérum physiologique et placé soit dans une cupule, soit sur un appareil de mise en tension.




Tendon rotulien ou tendons ischiojambiers ?


Après plus d’une décennie où le TR a été considéré [23] comme le transplant de référence assurant une stabilité immédiate et durable, nous assistons à un regain d’intérêt en faveur de l’utilisation des tendons ischiojambiers lié aux séquelles douloureuses antérieures et à la diminution de force quadricipitale attribuées au prélèvement de l’appareil extenseur. La taille très réduite de la cicatrice après prélèvement des tendons ischiojambiers joue également un rôle dans le choix.


Deux études prospectives déjà anciennes témoignent de l’intérêt suscité par cette question depuis plusieurs années.


Aglietti [2] a publié une étude prospective très complète de 60 cas, analysant 30 TR contre 30 DIDT, d’autant plus intéressante que les deux groupes étaient très homogènes, avec un taux de lésions méniscales et de crépitements rotuliens préopératoires identique dans les deux groupes. Toutes les interventions ont été pratiquées sous arthroscopie par le même chirurgien sur des instabilités chroniques, avec un protocole de rééducation identique.


Le résultat fonctionnel des deux groupes était comparable. Les crépitements rotuliens semblaient légèrement plus fréquents après prélèvement du TR, mais la différence n’était pas significative. Ils étaient peu modifiés par rapport à l’examen préopératoire et surtout ils étaient indolores. Un seul opéré présentait une douleur notable sur le site de prélèvement du TR à l’examen clinique (recul minimum 22 mois). Les résultats objectifs (laxité sur KT 1000™ et étude isocinétique du quadriceps) étaient comparables. La laxité résiduelle était légèrement en défaveur du DIDT mais la différence n’était pas significative.


Marder [42], dans une étude prospective (72 cas : 37 TR contre 35 DIDT), a rapporté des résultats similaires. Les douleurs antérieures étaient présentes dans 24 % des cas sans différence entre les deux groupes. La laxité était légèrement supérieure dans le groupe DIDT.


D’autres études prospectives plus récentes n’apportent pas d’éléments véritablement nouveaux.


O’Neill [46] a publié une étude prospective et randomisée de 125 cas comparant 3 séries (40 DIDT par deux incisions, 40 TR deux incisions et 45 TR tunnel borgne). Il n’a pas noté de différence significative mais a constaté que le groupe TR deux incisions avait retrouvé un meilleur niveau sportif avec une laxité résiduelle moindre.


Pinczewski [50] a comparé avec 5 ans de recul 90 TR à 90 DIDT. Il n’a pas noté de différence significative quels que soient les paramètres étudiés, sauf en ce qui concernait les douleurs antérieures et le remodelé préarthrosique à 5 ans, qui étaient plus importants dans le groupe TR. Paradoxalement, un travail de méta-analyse [65] auquel a participé Pinczewski semblerait prouver qu’après une plastie du LCA au TR, les opérés avaient 20 % de chances en plus de retrouver leur niveau sportif initial avec un genou stable qu’après une plastie au DIDT.


Beynnon [4] a également rapporté une étude prospective randomisée comparant TR et DIDT. Ce travail est d’autant plus intéressant que la comparaison était suivie dans le temps (2, 4, 6, 12 et 36 mois). Le taux de douleurs antérieures était supérieur à 4 mois (p  = 0,09) dans le groupe TR, mais cette légère différence disparaissait dès le 6e mois. En revanche, à 3 ans, il notait une différence significative de laxité en défaveur du DIDT.


Corry [14] et Katabi [35] ont étudié respectivement 167 (82 TR, 85 DIDT) et 90 cas (50 TR, 40 DIDT) opérés de façon successive. Leurs conclusions sont assez similaires et en accord avec les autres auteurs.


Carter [7], dans son étude portant sur les résultats isocinétiques, n’a pas constaté de différence quel que soit le type de transplant utilisé.


D’autres travaux publiés sont des études rétrospectives sur des groupes souvent inhomogènes, avec des protocoles postopératoires différents. Ainsi, Otero [47], comparant deux groupes (55 TR contre 36 DIDT), constatait paradoxalement que les douleurs antérieures étaient quatre fois plus fréquentes dans le groupe TR que dans le groupe DIDT. On apprend à la lecture attentive de cet article que tous les patients du groupe DIDT (qui étaient chronologiquement plus anciens) avaient été immobilisés dans un plâtre pendant 4 semaines alors que ceux du groupe TR (plus récents) avaient été, pour la majorité, rééduqués immédiatement sans immobilisation !


Notons cependant que de toutes ces études prospectives ou rétrospectives se dégagent des tendances. La laxité objective résiduelle est sensiblement plus importante après reconstruction du LCA avec les DIDT. En revanche, les douleurs antérieures semblent plus fréquentes après utilisation du TR. Cette différence est très variable selon les auteurs ; nulle ou non significative pour la plupart, elle est très importante (rapport 1 à 7) pour Pinczweski. Aucune de ces études ne démembre les origines de ces « douleurs antérieures » : rotule, prise de greffe, position à genoux, crépitements sont des termes utilisés sans définition ni distinction rendant toute analyse comparative objective difficile. Quoi qu’il en soit, et toutes grilles d’évaluation confondues, les résultats fonctionnels rapportés sont à peu près identiques chez ces différents auteurs quelle que soit l’autogreffe utilisée.


L’amélioration des systèmes de fixation des ischiojambiers d’une part et la généralisation de la rééducation postopératoire en chaîne fermée d’autre part montreront probablement dans les études futures une diminution des douleurs antérieures après greffe au TR et une diminution de la laxité résiduelle après greffe aux tendons ischiojambiers.



Isométrie et tunnels osseux


De nombreux travaux basés sur des études anatomiques ont été consacrés à l’étude de l’isométrie du ligament croisé antérieur (LCA).


Nombreux sont les auteurs qui s’accordent à écrire que le point d’ancrage fémoral détermine l’isométrie du transplant [8, 27, 31, 51, 55]. Il faut donc s’attacher à reproduire un ancrage fémoral le plus proche possible de l’anatomie.



Préparation de l’échancrure


La préparation de l’échancrure est importante. Les résidus de LCA peuvent être excisés au bistouri (lame no 11, mais attention aux bris de lame), à la pince basket et/ou à l’aide du matériel motorisé (résecteur synovial ou méniscal de 5,5 mm).


Le ligament croisé postérieur (LCP) devient alors parfaitement visible. La face axiale du condyle externe et la partie adjacente du plafond sont libérées des tissus fibreux jusqu’à voir apparaître l’os en utilisant une curette tranchante, un résecteur motorisé ou une râpe.


L’échancrure est agrandie (si nécessaire) à la fraise (sphérique de 5,5 mm ou cylindrique), voire au petit ciseau. Cette plastie de l’échancrure est d’importance variable. Elle ne sert qu’à voir et à laisser une place suffisante au transplant. Il est donc inutile voire dangereux de l’étendre au-delà du strict nécessaire. Elle doit créer un mur condylien externe vertical sans aspérité et un espace suffisant pour éviter tout conflit du transplant avec le condyle externe et le toit de l’échancrure. Le bord postérieur du toit et le bord supérieur du condyle externe doivent être parfaitement dégagés. En effet, une crête osseuse verticale située sur la face axiale du condyle externe, quelques millimètres en avant de son bord postérieur, peut être source de confusion et entraîner un positionnement trop antérieur de l’orifice fémoral (crête dite de « l’interne » de Clancy) [10].



Tunnel tibial


Si l’orifice tibial influe peu sur l’isométrie [27], sa malposition peut avoir de graves conséquences cliniques.


La pointe du viseur tibial est introduite dans l’articulation par la voie inféro-interne. Pour ne pas être trop antérieur ou trop médian (erreurs classiques), le point tibial doit être situé juste en avant du LCP, sur la partie basse de la pente antérieure de l’épine tibiale et le plus proche possible du cartilage tibial interne. Un tunnel tibial trop antérieur expose au risque de conflit en extension avec l’échancrure à l’origine d’un flexum (syndrome du cyclope) ou d’une distension du transplant. Un tunnel trop médian diminue l’obliquité frontale du transplant et peut provoquer un conflit avec le condyle externe. La partie extra-articulaire du viseur, par lequel on introduira la broche-guide méchée, doit être positionnée au niveau et en dedans de la tubérosité tibiale. Un tunnel trop vertical constitue une difficulté uniquement dans la technique dite de « l’unitunnel », où le tunnel fémoral est foré à partir du tunnel tibial (voir plus bas). L’obliquité du viseur doit se situer entre 45˚ et 50˚ et son segment intra-articulaire doit être parallèle au plateau tibial pour que l’angulation réellement obtenue corresponde à celle inscrite sur le viseur. Une certaine obliquité dans le plan frontal est également indispensable, pour pouvoir ensuite atteindre la face axiale du condyle externe fémoral de façon suffisamment latérale si l’on opte pour une technique unitunnel.


La pénétration intra-articulaire de la broche-guide est contrôlée arthroscopiquement et éventuellement protégée par une curette pour ne pas léser le LCP. Il faut toujours vérifier que la broche ne vient pas en contact avec le bord antérieur de l’échancrure en extension du genou, ce qui témoignerait de sa situation trop antérieure. Le tunnel tibial est ensuite foré avec une mèche (ou une tréphine) canulée introduite sur la broche-guide dont le diamètre (10 à 12 mm) est fonction de la largeur du transplant préalablement calibré. L’utilisation de la tréphine permet d’emporter les débris antérieurs du LCA et procure de l’os spongieux pour combler les zones de prélèvement. En revanche, elle s’excentre parfois de la broche-guide, modifiant légèrement le trajet désiré du tunnel tibial. Un bouchon conique en polyéthylène est ensuite introduit dans le tunnel tibial pour éviter les fuites liquidiennes et conserver ainsi une pression intra-articulaire suffisante qui refoule en avant le paquet adipeux et permet une vision permanente de l’échancrure.


Le pourtour de l’orifice tibial intra-articulaire doit impérativement être nettoyé des débris osseux et des résidus de LCA qui seraient à l’origine de nombreux syndromes du cyclope. Pour cela, l’optique est dirigée vers la partie antérieure de l’orifice tibial, visualisant les débris les plus antérieurs qui sont extériorisés du tunnel tibial dans l’articulation par le bouchon obturateur et excisés à l’aide du résecteur motorisé ou d’un rongeur. À ce stade, il est possible de continuer l’intervention en phase gazeuse en coupant l’arrivée liquidienne et en aspirant le sérum restant dans la cavité articulaire à l’aide d’une petite canule d’aspiration. La vision de l’échancrure est ainsi très améliorée, facilitant le temps suivant.

Stay updated, free articles. Join our Telegram channel

Apr 27, 2017 | Posted by in CHIRURGIE | Comments Off on 3: Techniques arthroscopiques de reconstruction du ligament croisé antérieur: Arthroscopic reconstruction techniques for ACL insufficiency

Full access? Get Clinical Tree

Get Clinical Tree app for offline access