Chapitre 3 Rachis cervical
Résumé clinique et recommandations
Histoire du patient | |
Plaintes | L’utilité de l’histoire du patient a seulement été étudiée pour la mise en évidence des radiculopathies cervicales. L’évocation subjective de symptômes est généralement peu utile. On trouve des notions de « faiblesse », « fourmillements », « picotements », « brûlures » ou de « douleurs dans le bras ». |
Les plaintes du patient les plus utiles dans le diagnostic des radiculopathies cervicales sont : (1) une évocation de symptômes les plus gênants dans la région scapulaire (RV+ = 2,30) et (2) une évocation d’une augmentation des symptômes quand il y a mobilisation du cou (RV+ = 2,23). | |
Examen clinique | |
Examen systématique | Un examen neurologique systématique traditionnel (sensation, réflexes et évaluation manuelle de la force musculaire [EMFM]) est d’une utilité modérée pour mettre en évidence une radiculopathie cervicale. Le test des sensations (piqûre d’aiguille dans tout le territoire) et une EMFM des muscles distaux du bras et de la main ne sont pas utiles. Un réflexe d’étirement musculaire (REM) et une EMFM des muscles du bras (particulièrement le biceps brachial) sont d’une grande utilité diagnostique et donc recommandés. |
Le C-Spine Rule (CSR) canadien et les Critères de moindre risque NEXUS sont tous deux excellents pour exclure cliniquement les traumatismes importants du rachis cervical, nécessitant des radiographies. Puisque les deux méthodes sont simples et ont montré leur supériorité par rapport à un examen clinique standard, accompagné d’un simple jugement médical, nous recommandons l’utilisation du CSR, d’autant plus qu’il a montré une sensibilité quasi parfaite (RV− = 0,0). | |
Amplitudes et évaluation manuelle | La mesure des amplitudes de la colonne cervicale est particulièrement fiable, mais son utilité diagnostique est inconnue. |
Les résultats des études évaluant la fiabilité des déplacements intervertébraux passifs sont très variables. Ils font généralement état d’une mauvaise fiabilité quand les limitations des mouvements sont évaluées et d’une fiabilité passable pour l’évaluation de la douleur. | |
Les évaluations de la douleur et de la limitation des mouvements au moyen d’une évaluation manuelle sont hautement sensibles en ce qui concerne la douleur des articulations des processus articulaires postérieurs (PAP) ; elles sont donc recommandées pour exclure la participation des PAP (RV− = 0,00 à 0,23). | |
Tests spécifiques | De nombreuses études montrent la haute valeur diagnostique du test de cisaillement pour identifier une radiculopathie cervicale, un prolapsus d’un disque intervertébral et une douleur du cou (RV+ = 1,9 à 18,6). |
Utiliser l’association d’un test de cisaillement, d’un test A d’étirement du membre supérieur, d’un test de distraction et d’une évaluation de la rotation cervicale < 60° du côté homolatéral est très bon pour l’identification d’une radiculopathie cervicale. On recommande donc l’ensemble de ces tests (RV+ = 30,3 si les quatre facteurs sont présents). | |
Prises en charge | Les patients présentant une douleur du cou depuis moins de 30 jours ont une grande probabilité d’une rapide amélioration suite à des mobilisations thoraciques (RV+ = 6,4). Les autres facteurs associés à l’amélioration suite à une mobilisation thoracique, particulièrement s’il y a association, sont : (1) pas de symptômes distaux dans l’épaule, (2) pas de peur créant un comportement d’évitement, (3) le patient rapporte que regarder vers le haut n’aggrave pas les symptômes, (4) amplitude d’extension < 30° et (5) une diminution de la cyphose thoracique supérieure (RV+ = 12 si 4 des 6 facteurs existent). |
Puisque les risques dus à une mobilisation du rachis thoraciques sont minimes, nous recommandons un tel traitement en première intention pour les patients ayant une douleur du cou (sans contre-indications). |
Anatomie
Ligaments
Ligaments | Insertions | Rôles |
---|---|---|
Longitudinal antérieur | Étendu de la face antérieure du sacrum au tubercule antérieur de C1. Relie les corps vertébraux en antérolatéral et les disques | Maintient la stabilité des articulations intercorporéales et empêche l’hyperextension de la colonne vertébrale |
Longitudinal postérieur | Étendu du sacrum à C2. Situé à l’intérieur du canal vertébral, attaché sur la partie postérieure des corps vertébraux | Empêche l’hyperflexion de la colonne vertébrale et la protrusion postérieure du disque |
Ligament nucal | Extension du ligament supraépineux (de la protubérance de l’os occipital à C7) | Empêche l’hyperflexion cervicale |
Ligament jaune | Étendu entre chaque lame de 2 vertèbres contiguës | Empêche l’écartement des lames |
Supraépineux | Inséré sur les sommets des processus épineux de C7–S1 | Limite l’écartement des processus épineux |
Interépineux | Inséré sur les processus épineux contigus C1–S1 | Limite l’écartement des processus épineux |
Intertransversaire | Inséré sur les processus transverses contigus | Limite l’écartement des processus transverses |
Histoire du patient
Hypothèses initiales fondées sur des renseignements fournis par le patient
Interrogatoire | Hypothèses initiales |
---|---|
Le patient fait état de douleurs dans le cou, diffuses et sans particularités, exacerbées par des mouvements du cou | Douleurs mécaniques du cou [1] Syndrome facettaire cervical [2] Tension musculaire ou entorse |
Le patient fait état de douleurs dans certaines positions, diminuées par les changements de position | Syndrome cervical supérieur croisé |
Un choc d’origine traumatique associé à une plainte due à des troubles non spécifiques de la région du cou, lesquels sont exacerbés par la position verticale et soulagés par l’appui de la tête en décubitus | Instabilité cervicale, particulièrement si le patient explique qu’une dysesthésie de la face se produit pendant des mouvements du cou |
Description de douleurs non spécifiques dans le cou, associées à un engourdissement et des picotements dans la région cervicale haute | Radiculopathie cervicale |
Description de douleurs dans le cou associées à des douleurs bilatérales de la région cervicale supérieure, surajoutées à des pertes d’équilibre occasionnelles ou bien à une perte de coordination des extrémités distales | Myélopathie cervicale |
Syndromes douloureux des processus articulaires postérieurs cervicaux
Figure 3-11 Distribution de référence de la douleur des processus articulaires postérieurs comme décrit par Dwyer et al. [3].
Fiabilité de l’étude de l’historique du rachis cervical
CCI ou κ | Interprétation |
0,81–1,0 | Fiabilité forte |
0,61–0,80 | Fiabilité modérée |
0,41–0,60 | Fiabilité passable |
0,11–0,40 | Fiabilité faible |
0,0–0,10 | Fiabilité nulle |
Utilité diagnostique des douleurs des patients suite à une radiculopathie cervicale
RV + | Interprétation | RV− |
>10 | Bonne | < 0,1 |
5,0–10,0 | Modérée | 0,1–0,2 |
2,0–5,0 | Faible | 0,2–0,5 |
1,0–2,0 | Rarement important | 0,5–1,0 |
RV + | Interprétation | RV− |
>10 | Bonne | < 0,1 |
5,0–10,0 | Modérée | 0,1–0,2 |
2,0–5,0 | Faible | 0,2–0,5 |
1,0–2,0 | Rarement important | 0,5–1,0 |
Tests d’examen clinique
Examen neurologique
Fiabilité de la recherche de la sensibilité
CCI ou κ | Interprétation |
0,81–1,0 | Fiabilité forte |
0,61–0,80 | Fiabilité modérée |
0,41–0,60 | Fiabilité passable |
0,11–0,40 | Fiabilité faible |
0,0–0,10 | Fiabilité nulle |
Utilité diagnostique d’un test de pique-touche pour mettre en évidence une radiculopathie cervicale
RV + | Interprétation | RV− |
>10 | Bonne | < 0,1 |
5,0–10,0 | Modérée | 0,1–0,2 |
2,0–5,0 | Faible | 0,2–0,5 |
1,0–2,0 | Rarement important | 0,5–1,0 |
Fiabilité de l’évaluation manuelle de la force musculaire
CCI ou κ | Interprétation |
0,81–1,0 | Fiabilité forte |
0,61–0,80 | Fiabilité modérée |
0,41–0,60 | Fiabilité passable |
0,11–0,40 | Fiabilité faible |
0,0–0,10 | Fiabilité nulle |
Fiabilité de l’évaluation manuelle de la force musculaire pour mettre en évidence une radiculopathie cervicale
RV + | Interprétation | RV− |
>10 | Bonne | < 0,1 |
5,0–10,0 | Modérée | 0,1–0,2 |
2,0–5,0 | Faible | 0,2–0,5 |
1,0–2,0 | Rarement important | 0,5–1,0 |
Fiabilité de l’évaluation manuelle de la force musculaire pour mettre en évidence une radiculopathie cervicale
RV + | Interprétation | RV− |
>10 | Bonne | < 0,1 |
5,0–10,0 | Modérée | 0,1–0,2 |
2,0–5,0 | Faible | 0,2–0,5 |
1,0–2,0 | Rarement important | 0,5–1,0 |