Chapitre 3 Problèmes liés au traitement
POINTS COMMUNS DU TRAITEMENT ORTHOPÉDIQUE
Fractures du cou de pied
L’objectif thérapeutique est la restitution de la congruence articulaire de la cheville dans les deux plans sans tenir aucun compte des foyers malléolaires où s’effectuent des mécanismes de rattrapage réciproque des déplacements. La réduction et le maintien de la congruence doivent rester stables jusqu’à consolidation (figure 3.1). L’indication doit donc être particulièrement bien choisie de façon à limiter le plus possible le risque de déplacement secondaire et la nécessité de reprise chirurgicale secondaire dont on connaît le mauvais pronostic.
La réduction proprement dite s’effectue sur un bottillon plâtré réalisé à l’aide d’une ou deux bandes de 10 cm. À ce stade, l’utilisation de bandes de résine est totalement contre-indiquée. Seules les propriétés de souplesse et de plasticité du plâtre de Paris sont compatibles avec le moulage précis du bottillon et la protection des zones d’appui sans provoquer de dangereux phénomènes d’hyperpression. Ces manœuvres de réduction doivent s’effectuer genou fléchi ; elles doivent être maintenues jusqu’à dessiccation du plâtre (voir figure 3.1). Un contrôle radiographique, genou fléchi, de face et de profil est réalisé. En cas de réduction insuffisante, le bottillon doit être enlevé et les manœuvres recommencées. Quand la réduction est jugée suffisante, le bottillon est complété par un appareil cruro-pédieux, à 20 degrés de flexion du genou. À ce stade, et pour en diminuer le poids, la résine peut être avantageusement utilisée.
Lésions du pied
POINTS COMMUNS DE LA CHIRURGIE
On consacrera un chapitre spécifique aux lésions ostéoarticulaires ouvertes.
Installation
Installation en décubitus dorsal
En agissant sur la position de la fesse homolatérale ou controlatérale, et en s’aidant éventuellement d’un mouvement de roulis de la table d’opération, il est possible de trouver une position compatible avec l’exposition des trois quarts antérieurs du cou de pied et de la totalité du pied. Idéalement, le pied et la cheville doivent se positionner spontanément de face stricte (rotation 0). Cela est indispensable à la réalisation des contrôles radiographiques et l’évaluation de la position et de l’architecture globale du pied. La rotation médiale permet l’exposition de la totalité du secteur latéral (le pied reposant sur son bord médial), la rotation latérale permettant l’exposition du secteur médial (le pied reposant sur le bord latéral) (figure 3.2).
Installation en décubitus ventral
Son utilisation nécessite un certain nombre de précautions concernant les zones d’appui :
Pour ce qui concerne le membre opéré, le genou doit être placé en légère flexion. Le pied doit être totalement libre, en bout de table, de telle sorte que la cheville se place spontanément en position de fonction et non pas en hyperflexion plantaire. Le garrot est placé à la racine de la cuisse ; l’ensemble du segment de membre en aval du garrot doit être inclus dans le champ opératoire. La réalisation de radiographies peropératoires peut être malaisée. Il est commode d’effectuer les clichés, le genou étant fléchi à angle droit. L’incidence de profil ne soulève alors aucune difficulté ; il en est de même pour l’incidence de face qui est réalisée, d’avant en arrière, la plaque étant placée à la face postérieure du cou de pied. Le pied peut ainsi, pour les deux incidences, être maintenu à angle droit. (figure 3.3).
Voies d’abord
Cou de pied et région supramalléolaire
La vascularisation cutanée est assurée par le cercle artériel susaponévrotique. Ce cercle est alimenté de la profondeur par des hiles vasculaires à partir des pédicules principaux. Ces derniers ont une organisation radiaire comparable à celle d’une roue de chariot (figure 3.4). Ces hiles sont des zones de danger vasculaire pour la peau. Cette organisation est caractérisée par l’existence de rapports étroits entre les artères segmentaires et les tendons qui constituent des paquets vasculo-tendineux. Ces derniers définissent des unités fonctionnelles vasculaires comme, par exemple, l’artère tibiale antérieure et les tendons extenseurs.
Voie antéro-latérale
C’est le prolongement vers le bas de la voie d’abord antérolatérale classique de jambe. L’incision verticale, immédiatement en avant du bord antérieur de la malléole latérale, mène sur le ligament rétinaculaire inférieur des extenseurs. L’incision de ce dernier s’effectue le long du bord latéral des digitations du long extenseur des orteils (LEO). Cela mène sur le secteur latéral de la face antérieure du pilon et tout particulièrement sur le tubercule tibial antérieur et le ligament tibio-fibulaire distal antérieur. Ce sont les repères-clefs de cette voie d’abord. Le refoulement en bloc du paquet tendino-vasculaire antérieur vers le secteur médial permet l’accès à l’ensemble de la face antérieur de la mortaise, l’interligne et le col du talus (figure 3.5).