3: Performance diagnostique de la colposcopie

Chapitre 3 Performance diagnostique de la colposcopie



Tout volontaire pour une initiation à la colposcopie est en droit de se poser la question de savoir si cette exploration permet une meilleure rentabilité dans la démarche diagnostique des lésions cervicales.


Cette interrogation vient à l’esprit car les variabilités d’interprétation sont bien connues lorsqu’on se penche sur les concordances intra-observateur (c’est-à-dire la reproductibilité d’interprétation du même observateur pour le même col à deux examens successifs) et les concordances inter-observateur (c’est-à-dire la reproductibilité d’interprétation par des observateurs différents pour le même col).


1) Dans l’évaluation du diagnostic :



Ce qui laisserait a priori supposer une faible performance de cette méthode d’exploration.


2) Toutefois, si on s’intéresse à la détermination du site de la biopsie sous colposcopie, on peut constater que la qualité de la colposcopie n’est pas si négligeable qu’on pourrait le dire car les concordances sont les suivantes :



Ce qui veut dire que, pour un même observateur, il y a une très bonne stabilité dans l’interprétation d’une même image, et que l’unanimité dans l’interprétation des cols est obtenue trois fois sur quatre entre examinateurs.


3) Dans l’impression de gravité lésionnelle, on retrouve ici encore une mauvaise impression d’ensemble : concordance inter-observateur 36 %.


Par contre, il est intéressant de se pencher sur les statistiques suivantes.


a) La « chance » de trouver des lésions de haut grade pour des frottis de bas grade est en proportion non négligeable par la colposcopie :



Ce qui souligne un intérêt primordial et même tout à fait remarquable de l’exploration colposcopique du col, ces lésions risquant, sans la colposcopie, soit de passer inaperçues, soit de nécessiter le recours à des explorations invasives telles que la conisation pour être identifiées.


b) Dans la méta-analyse de Mitchell [1], la sensibilité est bonne à 96 % mais la spécificité mauvaise à 48 %. Cependant, et c’est cette remarque qui est importante, la performance moyenne pondérée sur les 86 études de cette méta-analyse révèle une spécificité de 69 % pour ce qui est d’identifier les lésions de haut grade.


c) S’il peut exister jusqu’à 66 % de colposcopies normales pour des frottis de bas grade [2], il n’y a que 9,6 % de colposcopies normales ou non satisfaisantes pour des frottis de haut grade [3].





Spécificité




Hopman [8], pour l’évaluation du diagnostic colposcopique, retrouve un Kappa à 0,54 (moyenne) pour la variabilité intra-observateur et 0,41 (moyenne à faible) pour la variabilité inter-observateur.


Pour étayer ce constat, Higgins [4] a montré que, partant de 188 frottis pathologiques et comparant le diagnostic colposcopique avec le résultat histologique final, le Kappa obtenu est de 0,09 (négligeable ! ).


La concordance entre la biopsie sous colposcopie et le résultat de la conisation est concordant, pour les lésions de haut grade, dans 70 % des cas (71 % pour Higgins, 73 % pour Baldauf [7] et 71,8 % dans notre série personnelle).


Certains paramètres interviennent toutefois de façon non négligeable comme l’ont montré Mergui et Bergeron [9].






Pièges


Par J. Marchetta


Après avoir défini les apports et les limites de cet outil précieux qu’est la colposcopie, il est intéressant de soulever les pièges qu’elle peut contenir pour éviter au jeune colposcopiste de faire des confusions parfois aisées à éviter par des règles rigoureuses d’interprétation.


Dans l’évolution et le parcours de cet ouvrage, ce chapitre contient certainement des débats que le colposcopiste encore insuffisamment expérimenté n’appréciera pas à leur juste mesure. Nous conseillons vivement dans ce cas de ne pas trop s’attarder ici, mais d’y revenir avec plus d’intérêt lorsque le parcours sur l’ensemble de l’ouvrage aura été assimilé.


Ces pièges peuvent être des sous-évaluations lésionnelles dont on comprend aisément les risques carcinologiques, des surévaluations, certes moins dangereuses mais conduisant à un engrenage d’examens inutiles, ou à des défauts d’évaluation dont la plus caractéristique est la confusion entre une métaplasie immature et une TAG II.



Sous-évaluations


1) Certaines correspondent, plutôt qu’à une réelle sous-évaluation, à l’échec dans la recherche de la zone pathologique qui a motivé l’exploration. Souvent, la colposcopie n’est pas totalement négative, mais en mauvaise concordance avec la gravité attendue des lésions.


Le cas le plus habituel est celui de la localisation endocervicale de la lésion malpighienne, d’autant plus fréquente que l’âge augmente en raison de la remontée endocervicale de la jonction. La « règle d’or » pour déjouer ce piège est de ne considérer une colposcopie comme « satisfaisante » qu’à la stricte condition que la jonction pavimentocylindrique ait été suivie sur toute son étendue, seule certitude que la totalité du revêtement épithélial malpighien a pu être observé et analysé. Dans le cas contraire, la colposcopie doit être considérée comme « non contributive » surtout pour les lésions de haut grade.


2) Une situation analogue est représentée par une localisation vaginale des lésions, échappant à l’observateur qui resterait trop focalisé sur le col.


3) Au sein d’une zone pathologique marquée et surtout étendue, des foyers micro-invasifs voire invasifs peuvent rester méconnus, la ou les biopsies laissant échapper ces zones à la faveur d’autres images de gravité. Souvent, ce n’est pas la colposcopie qui contourne ce manquement au diagnostic mais la conisation qui s’impose toujours dans les dysplasies graves.


4) Mais c’est en tout premier lieu les lésions glandulaires qui représentent le piège le plus fréquent des sous-évaluations, car elles ne comportent pas toujours une expression colposcopique parlante. Le risque de méconnaître une pathologie glandulaire est d’autant plus fréquent que c’est souvent une pathologie malpighienne qui motive l’examen du col.


C’est donc bien l’exploration du canal cervical qui reste la « pierre d’achoppement » de l’examen colposcopique.

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Jul 9, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 3: Performance diagnostique de la colposcopie

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