Chapitre 3 Neurophysiologie et ostéopathie
« Find it, fix it and leave it alone »
(Trouvez la lésion ostéopathique, traitez-la et laissez la nature faire le reste)
Physiologie des récepteurs
Récepteurs articulaires
Au niveau de la capsule et des ligaments [7, 14, 19, 23] des articulations synoviales, on peut observer quatre types de terminaisons sensitives : trois d’entre elles sont encapsulées et ressemblent aux récepteurs de Paccini, de Ruffini et d’étirement du tendon. Elles informent le système nerveux central de la position et des mouvements des articulations. Le quatrième type de terminaison sensitive n’est pas encapsulé et il semble qu’il soit sensible aux mouvements excessifs et transmette les sensations douloureuses.
Fuseaux neuro-musculaires
Les fuseaux neuro-musculaires ou fuseaux musculaires [4, 7, 11, 14, 21, 22] se situent dans le muscle squelettique et sont plus nombreux vers l’insertion tendineuse du muscle. Ils fournissent l’information sensitive utilisée par le système nerveux central pour contrôler l’activité musculaire.
Chaque fuseau, entouré d’une capsule fusiforme de tissu conjonctif, mesure entre 1 et 4 mm de long. Cette capsule renferme 6 à 14 fibres musculaires minces intrafusales ; les fibres musculaires communes situées à l’extérieur du fuseau sont appelées fibres extrafusales. Il existe deux types de fibres intrafusales : les fibres à sac nucléaire et les fibres à chaîne nucléaire. Les fibres à sac nucléaire se reconnaissent par la présence de nombreux noyaux dans la région équatoriale qui, de ce fait, est large ; cette région ne présente pas non plus de striations transversales. Au niveau des fibres à chaîne nucléaire, les noyaux se placent en une seule file ou chaîne longitudinale située dans la région équatoriale au centre de chaque fibre. Les fibres à sac nucléaire sont de plus grand diamètre que les fibres à chaîne nucléaire et leurs extrémités s’étendent au-delà de la capsule pour se fixer sur l’endonèvre des fibres extrafusales.
L’innervation sensitive des fuseaux musculaires est de deux sortes : annulo-spiralés et en bouquet. Les terminaisons annulo-spiralées sont situées à l’équateur des fibres intrafusales. À mesure que la grande fibre nerveuse myélinisée traverse la capsule, elle perd sa gaine de myéline et l’axone, dénudé, s’enroule autour des portions du sac ou de la chaîne nucléaire des fibres intrafusales.
Les terminaisons en bouquet se situent principalement dans les fibres à chaîne nucléaire à une certaine distance de la région équatoriale. Une fibre nerveuse myélinisée un peu plus petite que celle de la terminaison annulo-spiralée perfore la capsule et perd sa gaine de myéline. L’axone dénudé se ramifie à son extrémité et se termine en varicosités : cela ressemble à un bouquet de fleurs.
L’innervation motrice des fibres intrafusales est fournie par de minces fibres motrices γ. Les nerfs se terminent par de petites plaques motrices terminales situées aux deux extrémités des fibres intrafusales. La stimulation des nerfs moteurs entraîne la contraction des deux extrémités des fibres intrafusales et l’activation des terminaisons sensitives. La région équatoriale, qui est dépourvue de striations transversales, n’est pas contractile. Les fibres extrafusales du reste du muscle sont innervées de manière classique par les axones de grand diamètre de type α.
Réflexe d’étirement
Le réflexe d’étirement simple fait intervenir les neurones médullaires suivants. L’étirement d’un muscle entraîne l’élongation des fibres intrafusales du fuseau musculaire et la stimulation des terminaisons annulo-spiralées et en bouquet. Les influx nerveux parviennent à la moelle épinière par l’intermédiaire des neurones afférents qui font des synapses avec les grands neurones moteurs α situés dans les cornes grises antérieures de la moelle épinière. Les influx nerveux passent ensuite dans les nerfs moteurs efférents et stimulent les fibres musculaires extrafusales, ce qui entraîne la contraction du muscle ; ce réflexe d’étirement simple dépend d’un arc à deux neurones formé d’un neurone afférent et d’un neurone efférent. Il est intéressant de souligner que les influx efférents du fuseau musculaire inhibent les neurones moteurs α qui innervent les muscles antagonistes. Cet effet est appelé inhibition réciproque.
Contrôle des fibres intrafusales du fuseau neuro-musculaire
Dans le cerveau et la moelle épinière, il existe des centres qui donnent naissance à des faisceaux faisant des synapses avec des neurones moteurs γ médullaires. La formation réticulée, les ganglions de la base et le cervelet sont des exemples de ces centres qui peuvent ainsi influencer fortement l’activité musculaire volontaire. Les fibres motrices efférentes γ entraînent le raccourcissement des fibres intrafusales, l’étirement des régions équatoriales et la stimulation des terminaisons annulo-spiralées et en bouquet. Cela déclenche, à son tour, la contraction réflexe des fibres extrafusales décrite ci-dessus.
Fuseaux neuro-tendineux (organes tendineux de Golgi)
Les fuseaux neuro-tendineux se situent dans les tendons, près de la jonction entre le muscle et le tendon.
Chaque fuseau est formé d’une capsule fibreuse qui entoure un petit faisceau de fibres tendineuses (fibres intrafusales formées de collagène) disposées de façon lâche. Ces cellules tendineuses sont plus grandes et plus nombreuses que celles situées dans d’autres parties du tendon. Une ou plusieurs fibres nerveuses sensitives myélinisées perforent la capsule avant de perdre leur gaine de myéline, de se ramifier et de finir par des terminaisons ayant la forme d’un club de golf.
Fonction du fuseau neuro-tendineux
L’augmentation de la tension musculaire stimule les fuseaux neuro-tendineux, ce qui entraîne l’arrivée d’un plus grand nombre d’influx nerveux à la moelle épinière par l’intermédiaire des fibres nerveuses afférentes. Ces fibres établissent des synapses avec les grands neurones moteurs α situés dans les cornes grises antérieures de la moelle épinière. Contrairement au réflexe du fuseau musculaire, il s’agit d’un réflexe inhibiteur qui inhibe la contraction musculaire.
Les fibres sensitives sont de trois types :
Tonus musculaire et contraction musculaire
Une unité motrice se compose d’un neurone moteur de la corne grise antérieure de la moelle épinière et de toutes les fibres musculaires qu’il innerve. Dans un muscle comme le grand fessier qui n’a pas besoin d’un contrôle précis, un neurone moteur peut innerver jusqu’à 200 fibres musculaires. En revanche, dans les petits muscles de la main ou dans les muscles extrinsèques du globe oculaire, qui nécessitent un contrôle précis, une fibre nerveuse innerve seulement quelques fibres musculaires.
Si la voie afférente ou la voie efférente de l’arc réflexe est coupée, le muscle perd immédiatement son tonus et devient flasque. À la palpation, un muscle flasque apparaît comme une masse molle ayant totalement perdu son élasticité. Le muscle s’atrophie rapidement et perd de son volume. Il est important de savoir que le degré d’activité des cellules motrices de la corne antérieure et au final, l’importance du tonus musculaire, dépendent de la somme des influx nerveux reçus par ces cellules et provenant d’autres neurones du système nerveux.
Posture
La posture peut se définir comme la position adoptée par l’individu dans son milieu ambiant. En position debout, la ligne de gravité traverse l’apophyse odontoïde de l’axis, en arrière des centres des articulations des hanches et en avant des genoux et des chevilles. Pour stabiliser le corps humain et empêcher qu’il ne tombe, il n’est pas surprenant de s’apercevoir que nous possédons des muscles antigravitationnels très bien développés dont le tonus est maximal. Par conséquent, on peut dire que la posture dépend du degré et de la répartition du tonus musculaire qui, à son tour, dépend de l’intégrité normale des arcs réflexes simples dont le centre se situe dans la moelle épinière.
Lorsqu’un sujet est en position debout, l’activité musculaire des muscles de ses extrémités et du tronc est très faible. Cela s’explique par le fait que le centre de gravité de n’importe quelle partie du corps se trouve principalement au-dessus des articulations sur lesquelles se répartit le poids du corps. De plus, dans beaucoup d’articulations, comme les hanches et les genoux, de très puissants ligaments soutiennent le corps en position verticale. Cependant, nous devons souligner qu’une personne ne peut rester debout si tous ses muscles sont paralysés. Dès qu’une personne commence à tomber, que ce soit en avant, en arrière ou sur le côté, les fuseaux musculaires et les autres récepteurs de l’étirement augmentent immédiatement leur activité et les arcs réflexes entrent en jeu de manière à produire des contractions musculaires compensatrices réflexes visant à rétablir l’état d’équilibre. Les yeux et les récepteurs du labyrinthe membraneux jouent également un rôle vital dans le maintien de l’équilibre. L’importance des yeux pour le maintien de la position verticale est facile à mettre en évidence chez un sujet normal. S’il ferme les yeux, il aura tendance à se balancer légèrement, car dans ce cas il ne peut se fier qu’à ses récepteurs musculaires et labyrinthiques pour conserver son équilibre.
Dysfonctions somatiques et système nerveux selon Korr et Mitchell [8–10, 12–17, 19, 22]
Synthèses sur les fuseaux neuro-musculaires
Fibres musculaires intrafusales
Les fuseaux sont constitués d’une dizaine de fibres musculaires isolées par une enveloppe fibro-conjonctive. Les fibres intrafusales mesurent 3 à 10 mm et sont disposées parallèlement aux fibres extrafusales.
Innervation sensitive des fuseaux neuro-musculaires
Terminaisons annulo-spiralées
Ces fibres sensitives sont du groupe A (10 à 20 μ) et sont enroulées autour de la région centrale du fuseau neuro-musculaire. Les récepteurs annulo-spiralés sont sensibles à un étirement de 3 g et participent aux réflexes monosynaptiques. Les influx sont véhiculés jusqu’à la moelle épinière par les fibres Ia (tableau 3.1).
Innervation motrice du fuseau neuro-musculaire
Fonction des voies labyrinthiques
Équilibration
La position de la tête dans l’espace engendre des réponses musculaires toniques au service de la statique corporelle : ce phénomène dépend des récepteurs musculaires.