3: L’information génétique

3 L’information génétique




La cellule eucaryote et la cellule procaryote






Les bases moléculaires du matériel génétique




image Nature biochimique de l’ADN


La molécule d’acide désoxyribonucléique (ADN) contenue dans chaque chromosome est le support chimique de l’information génétique.


L’ADN est étudié par diffraction des rayons X dès 1950. En 1953, Franklin et Wilkins obtiennent une image par diffraction qui montre que l’ADN a une structure en double hélice et Watson et Crick propose un modèle moléculaire (prix Nobel en 1962) (figures 3.3 et 3.4). L’ADN est une macromolécule formée de deux brins spiralés. Chaque brin est un polymère de nucléotides ou plus précisément de désoxyribonucléotides.




Un nucléotide est formé de trois constituants (figure 3.5) :








Les nucléotides sont reliés entre eux dans une même chaîne ou brin par des liaisons entre l’acide phosphorique et le désoxyribose formant ainsi une chaîne polynucléotidique avec une extrémité 3’ et une extrémité 5’. L’extrémité 5’est celle où l’acide phosphorique est lié au C5 du pentose et l’extrémité 3’ celle où il est lié au C3.


Les deux brins d’une molécule d’ADN sont reliés entre eux par des liaisons hydrogène entre deux bases complémentaires : la base A s’apparie avec la base T (deux liaisons hydrogène) et la base C avec la base G (trois liaisons hydrogène). Ces liaisons hydrogènes sont de faible énergie c’est-à-dire qui rompent facilement (figure 3.8). Cette complémentarité des bases est universelle, quel que soit l’être vivant considéré, ce qui se traduit dans l’ADN par un nombre de bases A égal à celui de bases T (A = T) et un nombre de bases C égal à celui de bases G (C = G). En revanche, le rapport A + T/C + G n’est pas le même selon les espèces, égal à 1,53 chez l’homme, il vaut 0,91 chez le colibacille (Chargaff, 1950).



Les deux brins de l’ADN sont antiparallèles : l’extrémité 5’ d’un brin fait face à l’extrémité 3’ de l’autre brin.


La molécule d’ADN est une double hélice dont le diamètre est de 2 nm et dont la longueur peut aller jusqu’à 5 cm avec dix paires de bases sur une longueur de 3,4 nm. Sa masse molaire est de 1013 g. mol−1. Ainsi l’ADN est la molécule la plus longue du monde vivant.


Une cellule humaine possède donc 46 chromosomes qui correspondent à :







image Enroulement et état de condensation de l’ADN


La molécule d’ADN s’associe à des protéines histones pour former des nucléosomes (figure 3.9). Chaque nucléosome est constitué de huit molécules d’histones autour desquelles s’est enroulée sur un tour trois quarts une portion d’ADN longue de 146 paires de bases. L’empilement des nucléosomes donne une structure en « collier de perles » d’un diamètre de 10 nm appelée nucléofilament. Celui-ci s’enroule à son tour pour former une fibre de 30 nm de diamètre appelée solénoïde.



Au cours du cycle cellulaire l’ADN est plus ou moins condensé. Pendant l’interphase l’ADN est visible sous forme de chromatine. Pendant la mitose l’ADN condensé est visible sous forme de chromosomes (figure 3.10).




image L’acide ribonucléique (ARN)


L’ARN est un autre acide nucléique nécessaire à la synthèse des protéines. Cette molécule présente plusieurs différences avec l’ADN :







Il existe plusieurs ARN : l’ARN messager ou ARNm, l’ARN ribosomique ou ARNr, l’ARN de transfert ou ARNt et d’autres petits ARN non codants participant à l’épissage (voir La synthèse des protéines, p. 106), à la synthèse d’autres ARN ou encore à leur inactivation voire leur dégradation.


L’ARNm, molécule qui transmet l’information génétique du noyau dans le cytoplasme jusqu’aux ribosomes a une durée de vie très courte. Une séquence de trois ribonucléotides successifs constitue un triplet de ribonucléotides ou codon.


Les ARNr (figure 3.12) qui forment avec des protéines les ribosomes, sont des particules constituées de deux sous-unités, une petite sous-unité de 40 S (S pour « svedberg », unité de mesure de la vitesse de sédimentation) et une grosse sous-unité de 60 S chez les eucaryotes.



Les ARNt (figure 3.13) qui portent les acides aminés véhiculent ces derniers jusqu’aux ribosomes où ils sont incorporés dans la chaîne polypeptidique. Ils contiennent un groupe de trois ribonucléotides successifs ou triplet de ribonucléotides appelé anticodon. Un anticodon s’apparie avec un codon de l’ARNm par complémentarité des bases. L’acide aminé est fixé à l’extrémité 3’ de l’ARNm par une liaison ester (figure 3.14).





image L’ADN mitochondrial


Les mitochondries contiennent aussi de l’ADN. Cet ADNmt est circulaire et bicaténaire comme celui des procaryotes. Par contre le code génétique est différent de celui de l’ADN du noyau et les gènes ne contiennent pas d’introns (Voir p. 108). Le génome mitochondrial code certaines enzymes et deux ARNr. Il est transmis par la mère car seules les mitochondries maternelles se retrouvent dans la cellule œuf, celles du spermatozoïde restant à l’extérieur de l’ovule. Cet ADNmt peut subir des mutations transmises de la mère à la fille, par exemple des myopathies d’origine mitochondriale.



La réplication de l’ADN pendant la phase S de l’interphase





image Les différentes phases de la réplication


La réplication se déroule en plusieurs phases.






image Les mutations lors de la réplication


Les mutations spontanées sont rares. La réplication fidèle des molécules d’ADN est assurée par les ADN polymérases qui vérifient l’exactitude des nucléotides et assurent leur remplacement en cas d’erreur ainsi que par les systèmes de réparation post-réplicatifs. Cependant quelques rares mutations ne sont pas réparées soit environ trois mutations à chaque réplication du génome humain. Les mutations sont aussi provoquées par des agents mutagènes chimiques ou physiques comme par exemple l’acide nitreux qui transforme des bases azotées en d’autres bases, l’acridine orange qui s’incorpore dans la molécule d’ADN, les UV, les rayons X ou les rayons gamma qui cassent la molécule d’ADN ou bien arrêtent la réplication.


À ces mutations s’ajoutent celles qui ont lieu lors de la transcription (voir La synthèse des protéines).





La synthèse des protéines


L’ensemble du matériel génétique d’une cellule constitue son génome. Ce génome est constitué de gènes, portions d’ADN qui déterminent la synthèse d’une chaîne polypeptidique ou d’une protéine. Les gènes portent les caractères héréditaires. Ils sont constitués de parties codantes les exons (10 % du génome) et de parties non codantes, les introns. La synthèse d’une protéine se déroule en deux étapes situées dans deux compartiments différents de la cellule : la transcription dans le noyau et la traduction dans le cytoplasme au niveau des ribosomes.



image La transcription



image Mécanisme


Les gènes restant dans le noyau, la transcription permet la fabrication d’une copie d’un gène qui sort du noyau par les pores nucléaires pour se retrouver dans le cytoplasme. Cette copie est sous forme d’ARN messager ou ARNm. Plusieurs ARNm d’un même gène sont fabriqués grâce à plusieurs ARN polymérases qui agissent en même temps sur le même gène (figure 3.20).



L’ARN polymérase doit reconnaître une séquence de nucléotides (ou de bases) de l’ADN appelée site promoteur pour se lier à l’ADN. Une fois ce site reconnu, l’ARN polymérase s’y fixe et ouvre la molécule d’ADN (sur une distance de 17 paires de bases) par rupture des liaisons hydrogène : on parle de complexe ouvert. Un brin de la molécule d’ADN appelé brin transcrit ou brin non codant sert de modèle pour la fabrication de l’ARNm. Les ribonucléotides libres viennent se positionner en face des désoxyribonucléotides en respectant la complémentarité des bases (l’uracile se positionne en face de l’adénine). Les ribonucléotides se lient entre eux pour former l’ARNm. La lecture du brin transcrit d’ADN se fait dans la direction 3’ → 5’ donc la synthèse de la molécule d’ARNm dans la direction 5’ → 3’. L’ADN se referme au fur et à mesure de la lecture. L’arrêt de la transcription s’effectue par détachement de l’ARN polymérase (mécanisme mal connu).

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May 13, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 3: L’information génétique

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