3: Les principes de l’échographie interventionnelle

3 Les principes de l’échographie interventionnelle



La popularité des gestes guidés par l’échographie a considérablement augmenté au cours des dernières années avec une extension, au-delà du département de radiologie, dans les services d’urgences, les salles d’opération et les consultations externes. Relativement peu de ces procédures sont nouvelles. Il s’agit, pour l’essentiel, de techniques bien établies, comme l’approche vasculaire, les infiltrations articulaires ou neurologiques et la mise en place d’un drain thoracique. Bien que de tels gestes soient encore exécutés à l’aveugle, en utilisant des repères anatomiques, l’introduction du repérage par l’image a démontré des avantages tangibles, comme une amélioration des taux de succès et une diminution des complications [1,2]. Plus difficile à quantifier mais tout aussi importante est l’amélioration incontestable de la confiance que les opérateurs accordent au repérage échographique, conduisant à envisager la réalisation de gestes sur des patients qui auraient auparavant dû être exclus de telles interventions. L’équipement en échographe représente, quoi qu’il en soit, un investissement conséquent. Les protections de sonde à usage unique, le gel stérile et les guides d’aiguille ajoutent au prix de la procédure. Il incombe donc aux opérateurs d’exceller dans leur technicité et leurs résultats pour justifier ces dépenses supplémentaires. En outre, quiconque réalise avec succès ces interventions constatera rapidement que sa compétence sera très sollicitée pour la prise en charge de patients difficiles, avec des particularités morphologiques, des coagulopathies veineuses ou des tentatives préalables infructueuses de procédures sans repérage échographique. Développer et entretenir les compétences nécessaires exige une compréhension approfondie des principes fondamentaux de l’intervention sous échographie. Une fois ces techniques assimilées, elles peuvent être appliquées à un large éventail de situations cliniques, que ce soit dans le cas d’un patient valide dans un centre de la douleur ou dans le cas d’un patient gravement malade dans l’unité de soins intensifs.




Préparation de la procédure


Obtenir des informations précises sur les antécédents du patient peut sembler évident, mais est souvent négligé. Une coagulopathie sous-jacente n’est pas nécessairement une contre-indication à la procédure, mais nécessite d’être corrigée au préalable ou d’avoir recours, après le geste, à une compression manuelle au point de ponction. L’indication précise de la procédure peut fortement influencer l’approche [4]. Par exemple, si un accès veineux central est requis pour une dialyse, une ponction sous-clavière est à éviter, car elle pourrait compromettre une fistule artérioveineuse ultérieure ou un greffon [3,4].


Optimiser le confort de l’opérateur et du patient est une étape importante dans la préparation de la procédure. Un patient détendu est plus susceptible d’être coopératif et de s’abstenir de bouger à un moment critique. Un opérateur à l’aise peut atteindre un niveau de concentration plus élevé, facteur déterminant dans le succès de la pose échoguidée des cathéters. Il est utile que l’opérateur puisse s’asseoir, généralement sur le bord du lit ou du brancard, ou éventuellement sur un tabouret. Dans le cas d’un patient en décubitus sur un lit bas, une option raisonnable pour l’opérateur est de s’installer confortablement à genoux sur un coussin. S’il est nécessaire que l’opérateur reste debout (par exemple pour une ponction de la veine jugulaire interne), alors la hauteur du lit doit être adaptée afin d’éviter l’inconfort. Le patient doit être placé dans une position stable avec la partie de l’anatomie à examiner immédiatement à la disposition de l’opérateur. Si la posture en décubitus est la plus appropriée, mieux vaut utiliser des mousses ou des coussins pour maintenir une position sécurisée plutôt que d’espérer simplement que le patient se maintiendra dans cette attitude. S’il est nécessaire que le bras soit en abduction pour un bloc nerveux, il doit être placé sur une chaise avec une serviette roulée sous la main, plutôt que de pendre. L’échographie est une pratique « ex-portable » et tout opérateur avec une longue expérience sera probablement amené à effectuer de telles procédures à distance de son site habituel de pratique. L’utilisation appliquée du matériel disponible contribue à obtenir un positionnement optimal. Le personnel infirmier, capable de fournir des oreillers et des couvertures roulées, est souvent très précieux pour cela.


L’identification correcte de la cible visée est une condition préalable au succès de la procédure. Un guidage parfait de l’aiguille dans une artère au cours d’une cathétérisation veineuse n’est à l’évidence d’aucun intérêt. Chaque intervention doit donc être précédée d’une évaluation diagnostique de l’anatomie locale. Ceci doit être réalisé avant de positionner le champ stérile pour permettre d’ajuster la position du patient ou pour choisir une autre sonde sans avoir à bouger les champs stériles ou à changer les protège-sonde.


La perméabilité des veines peut être confirmée par la compression et l’inspection de l’aspect échographique interne (figure 3.1). L’expansion pulsatile identifie des structures artérielles. Un trajet provisoire de l’aiguille peut également être déterminé. Toutes les structures locales vulnérables doivent être identifiées et repérées, de sorte qu’elles puissent être évitées au cours de la procédure. Certains opérateurs jugent utile de mesurer la profondeur à partir de la peau pour cibler la distance des repères présents sur la plupart des machines modernes. C’est le moment idéal pour faire de tels calculs. Les gestes échoguidés sont souvent requis en période postopératoire chez des patients qui ont des déformations chirurgicales de l’anatomie, ce qui rend difficile l’identification correcte de la cible.



Un estomac rempli de liquide gastrique chez un patient en postœsophagectomie peut facilement être confondu avec un épanchement pleural, entraînant des conséquences fâcheuses (figure 3.2). Pour éviter ce problème, les opérateurs devraient être familiers de l’anatomie échographique normale de chaque zone dans laquelle ils souhaitent effectuer des procédures échoguidées. Ils seront alors en mesure de déterminer des repères anatomiques qui peuvent servir de points de référence à partir desquels l’anatomie peut être déduite. Si le doute persiste, une procédure de révision des notes et d’autres images de coupe devrait être l’étape suivante. Lorsque l’examen n’est pas probant, il convient d’envisager d’effectuer un diagnostic par aspiration avec une aiguille fine, après discussion avec l’équipe de référence.




Optimisation de l’utilisation de l’équipement


Une grande variété d’échographes et de sondes avec différents modes opératoires, différentes options et différentes caractéristiques et options est disponible pour un usage clinique. Il est essentiel que l’opérateur se familiarise avec les caractéristiques opérationnelles des équipements disponibles pour en optimiser l’utilisation. Le transducteur ou sonde est la pièce la plus importante de l’équipement. Elle est à la fois fragile et coûteuse. Laisser tomber la sonde de la hauteur d’un lit peut facilement casser le délicat cristal. Pour cette raison, après la phase d’utilisation, elle doit être placée dans un lieu sûr, généralement dans une encoche ou un logement sur le côté de la machine. Avec l’aide d’un assistant, le patient et l’équipement peuvent être préparés et la sonde recouverte immédiatement avant utilisation. Dans de nombreux cas, plus d’une sonde est disponible. Les facteurs à considérer dans la sélection de la sonde sont sa fréquence, sa gamme et sa taille. Les sondes aux fréquences les plus élevées (7,5–12 MHz) offrent une meilleure résolution spatiale, puisqu’une longueur d’onde plus courte permet une plus grande discrimination des points (figure 3.3). Malheureusement, le faisceau est rapidement atténué par la profondeur et ces sondes sont donc plus adaptées à des applications superficielles, telles que les abords veineux centraux cervicaux et les injections au niveau des nerfs périphériques. Les sondes à basse fréquence (3–5 MHz) sont indiquées pour des procédures intéressant des structures plus profondes, telles que la mise en place de drains thoraciques ou de drainage d’ascite. Les sondes linéaires ont une surface en plateau plate et produisent une image rectangulaire. Elles sont plus utilisées pour les applications superficielles. Les sondes curvilignes ont une surface convexe, générant un faisceau divergent, qui s’élargit avec la profondeur [5] (figure 3.4). Cette fonction est essentielle pour les applications profondes où la visualisation constante de l’aiguille depuis le point de ponction au niveau de la peau jusqu’au point central cible est nécessaire. Le terme « empreinte » est couramment utilisé pour désigner la face de la sonde en contact avec la surface de la peau. Une plus petite empreinte permet aux procédures d’être exécutées par une fenêtre acoustique plus étroite, un avantage déterminant quand la fenêtre est petite, comme à proximité d’un os ou de structures vulnérables. En plus, une sonde étroite autorise un site d’entrée cutané plus près de la cible, facilitant une trajectoire plus verticale de l’aiguille. Le désavantage d’une plus petite empreinte dépend de la gamme. Une sonde linéaire avec une faible empreinte réduit considérablement le champ de vision, ce qui rend difficile la ponction latérale et limite la visualisation des structures environnantes. Les sondes curvilinéaires avec une petite empreinte conservent habituellement un large champ de vision grâce à une surface de sonde nettement convexe. Bien que cela préserve la possibilité de surveiller l’aiguille latéralement en profondeur, la grande divergence de faisceau est défavorable à la mise au point, entraînant une diminution de résolution. Comme mentionné précédemment, l’échographiste est soumis à un standard plus élevé que ses collègues qui utilisent seulement la surface du corps et des repères anatomiques ; il sera appelé à réussir dans les cas difficiles où les ponctions à l’aveugle ont échoué. Une utilisation maximale de l’équipement d’imagerie est donc essentielle.


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Jun 24, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 3: Les principes de l’échographie interventionnelle

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