Chapitre 3 Les cellules, les tissus et l’organisation du corps
Les cellules sont les plus petites unités fonctionnelles du corps. Elles sont regroupées pour former des tissus, chacun ayant une fonction spécialisée, par exemple le sang, le muscle, l’os. Différents tissus sont regroupés pour former des organes, par exemple le cœur, l’estomac, le cerveau. Des organes sont regroupés pour former des systèmes, qui assument chacun une fonction particulière maintenant l’homéostasie et contribuant à la santé de l’individu (voir Fig. 1.2, p. 5). Par exemple, le système digestif est responsable de l’ingestion des aliments, de leur digestion et de leur absorption ; il comprend divers organes, dont l’estomac et les intestins (intestin grêle et gros intestin). La structure et les fonctions des cellules ainsi que les types de tissus sont abordés dans ce chapitre.
La cellule : structure et fonctions
Le corps humain se développe à partir d’une seule cellule appelée zygote, qui résulte de la fusion de l’ovule (cellule germinale femelle) et du spermatozoïde (cellule germinale mâle). La multiplication cellulaire suit et, tandis que le fœtus grandit, des cellules ayant des spécialisations structurales et fonctionnelles différentes se développent, ayant toutes la même constitution génétique que le zygote. Les cellules individuelles sont trop petites pour être vues à l’œil nu. Cependant, elles peuvent être vues quand de minces tranches de tissu sont colorées au laboratoire et agrandies par le microscope.
Une cellule comporte une membrane plasmique, qui la limite, et divers organites flottant dans un liquide aqueux appelé cytoplasme (Fig. 3.1). Les organites, littéralement « petits organes » , ont des fonctions particulières et hautement spécialisées, et sont souvent enfermés dans leur propre membrane au sein du cytoplasme. Ils comprennent : le noyau, les mitochondries, les ribosomes, le réticulum endoplasmique, l’appareil de Golgi, les lysosomes, et le cytosquelette.
Membrane plasmique
La membrane plasmique (Fig. 3.2) est faite de deux couches de phospholipides (graisses, voir p. 24), avec quelques molécules protéiques et de sucre enchâssées dans ces couches. En plus des phospholipides, le cholestérol, qui est un lipide, est aussi présent dans la membrane plasmique. Ces protéines qui traversent toute l’épaisseur de la membrane constituent des canaux permettant le passage, par exemple, d’électrolytes et de substances solubles non lipidiques. La figure 3.2B montre des molécules protéiques à la surface de la membrane plasmique.
Les molécules phospholipidiques ont une tête, électriquement chargée et hydrophile (ce qui signifie aimant l’eau), et une queue, non chargée et hydrophobe (ce qui signifie haïssant l’eau, Fig. 3.2A). La bicouche phospholipidique est disposée comme un sandwich, avec les têtes hydrophiles alignées sur les faces superficielles de la membrane et les queues hydrophobes, formant une couche centrale repoussant l’eau. Ces différences influencent le transfert de substances à travers la membrane.
Les protéines membranaires ont plusieurs fonctions :
Organites
Noyau
Chaque cellule du corps a un noyau, à l’exception des érythrocytes matures. Les cellules du muscle squelettique et certaines autres cellules contiennent plusieurs noyaux. Le noyau est l’organite le plus volumineux ; il est limité à l’intérieur de l’enveloppe nucléaire par une membrane semblable à la membrane plasmique, mais avec de minuscules pores au travers desquels certaines substances peuvent passer dans le cytoplasme, c’est-à-dire dans le contenu cellulaire à l’exception du noyau.
Le noyau contient le matériel génétique de l’organisme, qui dirige les activités de la cellule. Cela consiste en 46 chromosomes, composés à partir de l’acide désoxyribonucléique (ADN, p. 454). Mis à part durant la division cellulaire, les chromosomes ressemblent à un fin réseau de fibres appelé chromatine.
À l’intérieur du noyau se trouve une structure grossièrement sphérique appelée nucléole, qui participe à la fabrication (synthèse) et à l’assemblage des composants des ribosomes.
Mitochondries
Les mitochondries sont des structures, en forme de saucisse, situées dans le cytoplasme, décrites parfois comme le centre du pouvoir de la cellule (Fig. 3.3). Elles sont impliquées dans la respiration aérobie, processus par lesquels l’énergie chimique est rendue possible dans la cellule. Cette énergie est sous forme d’ATP ; celle-ci libère de l’énergie quand la cellule la scinde (voir Fig. 2.10, p. 25). La synthèse de l’ATP est la plus efficace aux stades terminaux de la respiration aérobie, processus requérant de l’oxygène (p. 327). Les types de cellules les plus actifs possèdent le plus grand nombre de mitochondries, par exemple le foie, le muscle et le spermatozoïde.
Ribosomes
Ce sont de minuscules granules faits d’ARN et de protéines. Ils synthétisent les protéines à partir d’acides aminés en utilisant l’ARN comme matrice (voir Fig. 17.5, p. 457). Quand ils sont sous forme d’unités libres ou en petits amas dans le cytoplasme, les ribosomes fabriquent des protéines destinées à être utilisées à l’intérieur même de la cellule. Cela inclut les enzymes requises pour le métabolisme. Les voies métaboliques consistent en une série d’étapes, chacune étant stimulée par une enzyme spécifique. Des ribosomes sont également présents à la face superficielle du réticulum endoplasmique rugueux (voir Fig. 3.3 et plus loin), où ils produisent des protéines destinées à être exportées (expulsées) hors de la cellule.
Réticulum endoplasmique
Le réticulum endoplasmique (RE) est constitué d’une importante série de canaux membraneux intracytoplasmiques, connectés entre eux (Fig. 3.3). Il y en a deux types : lisse et rugueux. Le RE lisse synthétise les lipides et les hormones stéroïdiennes, et il intervient également dans la détoxification de certains médicaments. Certains des lipides servent à remplacer et réparer la membrane plasmique ainsi que les membranes des organites. Le RE rugueux est clouté de ribosomes. Ceux-ci sont le siège de la synthèse des protéines, certaines d’entre elles étant exportées (expulsées) hors de la cellule, c’est-à-dire des enzymes et des hormones qui quittent leurs cellules parentales par exocytose (p. 36) afin d’être utilisées ailleurs.
Appareil de Golgi
L’appareil de Golgi est fait d’empilements de sacs membraneux aplatis étroitement repliés (Fig. 3.4). Il est présent dans toutes les cellules, mais il est plus volumineux dans celles qui synthétisent et exportent des protéines. Les protéines quittent le réticulum endoplasmique pour atteindre l’appareil de Golgi, où elles sont empaquetées dans des vésicules liées à la membrane appelées granules sécrétoires (NdT : ou granules de sécrétion). Les vésicules sont emmagasinées et, en cas de besoin, elles se déplacent vers la membrane plasmique et fusionnent avec elle. Le contenu peut ensuite quitter la cellule par exocytose (p. 36).
Lysosomes
Les lysosomes sont une variété de vésicules sécrétoires avec des parois membraneuses, qui sont formées par l’appareil de Golgi. Ils contiennent diverses enzymes impliquées dans la rupture de fragments d’organites et de grosses molécules (ARN, ADN, hydrates de carbone, protéines, par exemple) à l’intérieur de la cellule en des particules plus petites, qui sont soit recyclées, soit expulsées de la cellule en tant que déchets.
Cytosquelette
Le cytosquelette consiste en un réseau étendu de fibres protéiques minuscules (Fig. 3.5).
Microfilaments
Ce sont les plus petites fibres. Celles-ci fournissent à la cellule son support structural, maintiennent ainsi sa forme caractéristique et permettent la contraction, par exemple dans les cellules des muscles.
Microtubules
Il s’agit de volumineuses fibres protéiques contractiles, qui sont impliquées dans le mouvement :
Centrosome
Il dirige l’organisation des microtubules à l’intérieur de la cellule. Il consiste en une paire de centrioles (petits amas de microtubules) et joue un rôle important durant la division cellulaire.
Extensions cellulaires
Celles-ci se projettent à partir de la membrane plasmique dans certains types de cellules ; leurs principaux composants sont les microtubules, qui permettent le mouvement. Elles comprennent :
Cycle cellulaire
De nombreuses cellules lésées, mortes et épuisées peuvent être remplacées grâce à la croissance et la division d’autres cellules similaires. La plupart des cellules corporelles ont 46 chromosomes et se divisent par mitose, un processus qui génère deux nouvelles cellules filles, identiques génétiquement. La seule exception à ce processus est la formation des gamètes (cellules sexuées), c’est-à-dire les ovules et les spermatozoïdes, qui intervient au cours de la méiose (voir p. 459), et les quatre cellules filles sont génétiquement différentes de leurs cellules parentales et entre elles.
La période entre deux divisions cellulaires est appelée le cycle cellulaire, qui est composé de deux phases visibles en microscopie classique : la mitose (phase M) et l’interphase (Fig. 3.7).
Interphase
Cette phase est la plus longue. Il existe trois différents stades :
Mitose (Fig. 3.8 et 3.9)
La mitose est un processus continu, comprenant quatre phases distinctes, pouvant être observées en microscopie classique.
Prophase
Durant cette phase, la chromatine répliquée devient étroitement enroulée, et plus facile à observer au microscope. Chacun des 46 chromosomes orignaux (appelé chromatide à ce stade) est pair, avec sa copie dans une unité chromosomique double. Les deux chromatides se rejoignent dans le centromère (Fig. 3.8) L’appareil mitotique apparaît. Il consiste en deux centrioles séparés par le fuseau mitotique, qui est formé à partir de microtubules. Les centrioles migrent, un à chaque terminaison de la cellule, et l’enveloppe nucléaire disparaît.
Anaphase
Les centromères se séparent, et parmi chacune des paires de chromatides sœurs (maintenant de nouveau appelés chromosomes), une migre vers chaque terminaison du fuseau, tandis que les microtubules formant le fuseau mitotique se contractent.
Télophase
Le fuseau mitotique disparaît, les chromosomes se déroulent et l’enveloppe nucléaire se reforme.
Après la télophase se produit la cytokinèse : le cytoplasme, les organites intracellulaires et la membrane plasmique se divisent, formant deux cellules filles identiques. Les organites des cellules filles sont incomplets à la fin de la division cellulaire, mais ils se développent durant l’interphase.
La fréquence avec laquelle la division cellulaire se produit dépend du type de la cellule (p. 43).
Transport de substances à travers les membranes cellulaires
La structure de la membrane plasmique lui fournit la propriété de perméabilité sélective, ce qui signifie que toutes les substances ne peuvent pas la traverser. Celles qui le peuvent le font de différentes manières, en fonction de leur taille et de leurs caractéristiques.
Transport passif
Le transport passif se produit quand des substances peuvent traverser les membranes semi-perméables plasmiques et des organites, et se déplacer dans le sens du gradient de concentration, sans utiliser de l’énergie.
Diffusion
La diffusion a été décrite p. 26. De petites molécules diffusent dans le sens du gradient de concentration :
Diffusion facilitée
Ce processus passif est utilisé par certaines substances incapables de diffuser sans aide au travers d’une membrane semi-perméable, comme c’est le cas du glucose et des acides aminés. Des molécules porteuses protéiques spécialisées situées dans la membrane ont des sites spécifiques attirant et liant les substances à transférer, comme un mécanisme de clé et de serrure. Le transporteur modifie alors sa forme, et dépose la substance de l’autre côté de la membrane (Fig. 3.10). Les sites du transporteur sont spécifiques, et ils ne peuvent être utilisés que par une seule substance. Comme le nombre de transporteurs est limité, la quantité de substance susceptible d’être transportée à un moment donné est limitée. Elle est appelée transport maximal.
Transport actif
C’est le transport de substances contre le sens de leur gradient de concentration, c’est-à-dire de la concentration la plus basse à la concentration la plus élevée. L’énergie chimique sous forme d’ATP (p. 24) dirige des molécules porteuses protéiques spécialisées, qui transportent les substances à travers la membrane dans chaque direction (voir Fig. 3.10). Les sites du transporteur sont spécifiques, et ils ne peuvent être utilisés que par une seule substance ; par conséquent, le rythme du transfert d’une substance dépend du nombre de sites disponibles.
Transport en masse (Fig. 3.11)
Le transfert de particules trop volumineuses pour traverser les membranes cellulaires se fait par pinocytose, ou phagocytose. Ces particules sont englobées par des expansions du cytoplasme (voir Fig. 15.1, p. 390), qui les entourent pour former une vacuole limitée par une membrane. La pinocytose se produit quand la vacuole est petite. Dans la phagocytose, des particules volumineuses (par exemple des fragments cellulaires, des matériels étrangers, des microbes) sont englobées dans la cellule. Des lysosomes adhèrent alors à la membrane de la vacuole, libérant des enzymes qui digèrent son contenu.
Tissus
Tissu épithélial (Fig. 3.12)
Ce type de tissu recouvre le corps, et borde les cavités, les organes creux ainsi que les conduits corporels. Il est également présent dans les glandes. La structure d’un épithélium est étroitement liée à ses fonctions, qui sont :
Les cellules sont très étroitement réunies et la substance intercellulaire, appelée matrice, est minimale. Les cellules reposent habituellement sur une membrane basale, qui est un tissu conjonctif inerte, composé des cellules épithéliales elles-mêmes.
Le tissu épithélial peut être :
Épithélium simple
L’épithélium simple consiste en une seule couche de cellules identiques ; il en existe quatre variétés. Il est habituellement présent sur les surfaces absorbantes ou sécrétrices, où la couche cellulaire stimule ces processus, et il n’est généralement pas présent sur les surfaces exposées à l’agression. Les variétés sont désignées en fonction de la forme des cellules, qui diffère selon leurs fonctions. Plus le tissu est actif, plus les cellules sont grandes.
Épithélium pavimenteux (squameux) simple
Cet épithélium est fait d’une seule couche de cellules aplaties (Fig. 3.12A). Les cellules s’adaptent étroitement les unes aux autres comme des pierres plates, formant une membrane mince et très lisse, à travers laquelle la diffusion se produit librement. Cette membrane borde les structures suivantes :
Épithélium cubique simple
Cet épithélium est fait de cellules de forme cubique (NdT : carrée à la coupe) s’adaptant étroitement les unes aux autres, reposant sur une membrane basale (Fig. 3.12B). Il forme les tubules du rein, et il est présent dans certaines glandes. L’épithélium cubique est activement impliqué dans la sécrétion, l’absorption et l’excrétion.
Épithélium cylindrique simple
Cet épithélium est formé par une seule couche de cellules, rectangulaires à la coupe (NdT : plus hautes que larges, dites aussi prismatiques), sur une membrane basale (Fig. 3.12). Il borde de nombreux organes et subit souvent des adaptations pour convenir à une fonction spécifique. Le bord de l’estomac est composé d’épithélium cylindrique simple sans structures de surface. La surface de l’épithélium cylindrique bordant l’intestin grêle est recouverte de microvillosités (Fig. 3.6). Les microvillosités fournissent une très grande surface pour l’absorption des nutriments depuis l’intestin grêle. Dans la trachée, l’épithélium cylindrique est cilié (voir Fig. 10.12, p. 257), et il fournit aussi des cellules caliciformes qui sécrètent du mucus (voir Fig. 12.5, p. 300). Cela signifie que, dans les voies respiratoires, les particules inhalées qui adhèrent à la muqueuse sont déplacées vers la gorge grâce aux cils (p. 257). Dans les trompes utérines, les ovocytes sont propulsés vers l’utérus par l’action ciliaire.
Épithéliums stratifiés
Les épithéliums stratifiés sont faits de plusieurs couches de cellules de formes variées. La division cellulaire continue dans les couches inférieures (basales) pousse les cellules toujours plus près de la surface, où elles desquament. Il n’y a pas habituellement de membrane basale. La principale fonction d’un épithélium stratifié est de protéger les structures sous-jacentes de l’usure mécanique. Il en existe deux principaux types : pavimenteux stratifié et transitionnel.
Épithélium pavimenteux stratifié (Fig. 3.13)
Cet épithélium est fait d’un certain nombre de couches de cellules. Dans les couches les plus profondes, les cellules sont principalement cylindriques et, en grandissant tout en se rapprochant de la surface, elles deviennent aplaties (NdT : pavimenteuses), puis desquament.