Chapitre 3. Les bases
Le cadre
C’est la conjonction de ces deux cadres, fonctionnel et psychique, qui formeront le « cadre thérapeutique », qui différenciera l’atelier mis en place dans le soin de la même activité réalisée dans un autre contexte.
Lorsque l’on parle d’activité thérapeutique, il est fait référence au cadre.
Le cadre thérapeutique signifie que nous ne nous trouvons pas dans une relation amicale ou sociale. Le cadre est indispensable au déroulement du soin, il est la signature du lieu de soin, c’est sa particularité. Il est sans cesse à tenir, à structurer, à restaurer. Une fois posé, il est bien entendu que tout reste à faire… car il est tout le contraire d’un ensemble de consignes et de règles s’il n’est pas habité et investi par les soignants.
Le cadre est énoncé dès le départ, il est également rappelé si nécessaire. Il est ainsi intériorisé par les soignants et les patients. Il peut redevenir explicite lors de moments de crise. Il ne doit pas être d’emblée rigide, il doit se construire et s’ajuster en tenant compte des spécificités de chaque groupe.
Ce cadre va être élaboré et se mettre en place comme une véritable « fonction phorique » institutionnelle. Il s’agit de la création d’espaces qui vont permettre aux patients de déposer leurs problématiques sous la forme de transferts complexes avec les soignants (Delion).
La première fonction du cadre est une fonction de contenance. Anzieu 25 l’a comparé à un « contenant maternel » qui a le rôle d’une « seconde peau psychique ».
Pour cela, son premier caractère est qu’il est permanent. Si le cadre peut être attaqué, remis en cause, il ne doit pas être pour autant modifié au gré des évènements. C’est sa permanence qui lui donne sa capacité à contenir les attaques destructrices qui sont projetées non sur le groupe ou sur les individus du groupe mais sur le cadre. Il est attaqué sans cesse par la psychose (notion de clivage et de projection), par la crise, par l’institution, par la vie au quotidien. Il se doit d’être contenant pour supporter les projections. Il doit par ailleurs être souple pour les recevoir et les neutraliser. Un cadre vivant, c’est un cadre que l’on peut attaquer, puisque l’attaquer c’est encore le reconnaître 26.
« Un tel cadre est fondamental car il possède, tant pour les patients que pour l’équipe, une fonction organisatrice et déconfusionnante essentielle. Et pour certains, la prise en charge institutionnelle des psychotiques et le travail sur le cadre sont une seule et même chose.27»
Cette fonction de contenance du cadre est, dans un travail en groupe, bien supérieure à celle du cadre que peut mettre en place le thérapeute, lors d’entretiens individuels par exemple. Ajouté à la fonction de transitionnalité du cadre (ce qui permet au patient de dire « l’objet est et n’est pas moi » l’autorisant à expérimenter le jeu, l’art et la créativité ; voir Winnicott), le dispositif clinique qu’est le cadre dans le travail de groupe permet de travailler avec des patients dits psychotiques par exemple.
Le cadre est aussi l’outil qui va permettre la mise en œuvre de la relation thérapeutique en délimitant les rôles que chacun va être amené à jouer. Même si le soignant participe à l’activité et « produit » en tant que membre du groupe, sa position n’est pas indistincte.