Chapitre 3. Le système nerveux
Le système nerveux
Trois systèmes travaillent de concert pour remplir cette mission :
• le système nerveux central (SNC) ;
• le système nerveux périphérique (SNP) ;
• le système nerveux autonome ou végétatif (SNA).
Le système nerveux central (SNC)
Le système nerveux central, appelé aussi névraxe, comprend la moelle épinière et l’encéphale. Ce dernier est contenu dans la boîte crânienne. Le système nerveux central préside aux relations de l’organisme avec le monde extérieur, c’est le système de la vie de relation (on pourrait le comparer à un ordinateur qui traite sans arrêt des données et qui exécute des fonctions complexes).
L’encéphale (du grec « en kejalh » signifiant : dans la boîte crânienne)
Logé à l’intérieur de la boîte crânienne, il comprend plusieurs parties (figure 3.1) : le tronc cérébral, le cervelet et le cerveau. Il pèse environ 1600 grammes chez l’homme et environ 1450 grammes chez la femme ce qui est proportionnel à la masse corporelle totale. Ce n’est pas le volume, ni le poids de l’encéphale, mais la complexité des connexions neuronales, qui détermine la puissance du cerveau (Einstein, plus grand génie de tous les temps avait un cerveau de taille moyenne).
Figure 3.1 |
Deux hémisphères cérébraux composent la partie supérieure de l’encéphale. Ils représentent environ 83 % de sa masse totale.
Les hémisphères cérébraux couvrent le diencéphale et le sommet du tronc cérébral, un peu comme le chapeau qui couvre le pied d’un champignon, et sont séparés par un sillon interhémisphérique (figure 3.2).
Figure 3.2 |
La surface des hémisphères cérébraux, le cortex cérébral, est parcourue de saillies de tissu appelées circonvolutions qui sont séparées par des rainures. Les rainures profondes partagent le cortex en plusieurs parties et sont appelées scissures, tandis que les rainures superficielles séparent les circonvolutions et sont appelées sillons.
Quelques sillons un peu plus profonds que les autres divisent la surface corticale de chaque hémisphère en quatre lobes (figure 3.3) :
Figure 3.3 |
• le lobe frontal ;
• le lobe pariétal ;
• le lobe occipital ;
• le lobe temporal.
En plus des quatre lobes précités, on décrit encore pour chaque hémisphère deux petits lobes : le lobe limbique enfoui dans le sillon interhémisphérique et le lobe de l’insula enfoui dans le fond de la scissure de Sylvius
Dans chaque hémisphère, les deux scissures les plus importantes sont la scissure de Sylvius séparant le lobe temporal de l’ensemble des deux lobes, l’un, frontal, et l’autre pariétal, et la scissure de Rolando, séparant le lobe frontal en avant du lobe pariétal en arrière.
À la base de l’encéphale, on trouve deux petites glandes (qui seront étudiées dans le chapitre 10), l’une au-dessus de l’autre : l’hypothalamus et l’hypophyse (figure 3.4).
Figure 3.4 |
Une coupe frontale de l’encéphale expose les trois régions fondamentales de chacun des hémisphères cérébraux soit, de l’extérieur vers l’intérieur : le cortex cérébral, la substance blanche et les noyaux gris centraux.
L’encéphalite est une inflammation de l’encéphale d’origine bactérienne, virale ou parasitaire. L’encéphalocèle est une hernie d’une partie du cerveau ou du cervelet à travers une ouverture congénitale ou accidentelle du crâne.
Le cortex cérébral
C’est le sommet hiérarchique du système nerveux (figure 3.5). C’est lui qui nous fournit nos facultés de perception, de communication, de mémorisation, de compréhension, de jugement et d’accomplissement des mouvements volontaires. Toutes ces facultés relèvent du comportement conscient, ou conscience.
Figure 3.5 |
Le cortex cérébral renferme trois types d’aires fonctionnelles :
• les aires motrices, qui président à la fonction motrice volontaire ;
• les aires sensitives, qui permettent les perceptions sensorielles somatiques et autonomes ;
• les aires associatives, qui servent principalement à intégrer les diverses informations sensorielles (les messages des yeux, des oreilles, de la peau) afin d’envoyer des commandes motrices aux effecteurs musculaires et glandulaires.
Aucune aire fonctionnelle n’agit isolément, le comportement conscient touche, d’une façon ou d’une autre l’ensemble du cortex.
▪ Les aires motrices
Les aires corticales régissant les fonctions motrices sont situées dans la partie postérieure des lobes frontaux. On distingue quatre aires motrices :
L’aire motrice primaire (ou aire motrice somatique]
Des lésions de l’aire motrice (comme celle que provoque un accident vasculaire cérébral) entraînent une paralysie des muscles squelettiques régis par cette aire. Si la lésion touche l’hémisphère droit, c’est le côté gauche qui est paralysé (hémiplégie gauche) et vice versa.
L’aire prémotrice
Elle est située à l’avant du gyrus précentral. Cette aire régit les habilités motrices apprises de nature répétitive (dactylographie, pratique d’un instrument de musique). Elle coordonne les mouvements de plusieurs muscles squelettiques simultanément. On peut comparer cette aire à une banque de données dans laquelle sont enregistrées les activités motrices spécialisées.
La destruction totale ou partielle de l’aire prémotrice entraîne la perte des habilités motrices qui y sont programmées, sans diminuer la force des muscles squelettiques, ni leur capacité d’accomplir des mouvements individuels (il faudra réapprendre l’habilité qui a été perdue).
L’aire motrice du langage (aire de Broca)
Une destruction totale ou partielle de cette aire entraîne une aphasie de Broca qui consiste en la perte de la parole et de la faculté de lire et d’écrire (le sujet est alors incapable de formuler oralement ses idées alors que celles-ci sont intactes dans son esprit). S’y associe presque toujours une hémiplégie avec atteinte de la face et une perte de sensibilité du côté atteint.
L’aire oculomotrice frontale
Elle est située en avant de l’aire prémotrice et commande les mouvements volontaires des yeux.
▪ Les aires sensitives
Contrairement aux aires motrices qui sont limitées au lobe frontal, les aires reliées à la conscience des sensations sont situées dans les lobes pariétaux, temporal et occipital. On distingue six aires sensitives :
L’aire somesthésique primaire
Elle se trouve à l’arrière du sillon central. Les neurones de cette aire reçoivent des messages parvenant des récepteurs somatiques de la peau et des muscles squelettiques. Ils localisent la provenance des stimuli. Cette faculté est appelée discrimination spatiale. L’hémisphère droit reçoit les informations sensorielles de la partie gauche du corps et vice versa. Le visage (en particulier les lèvres) et le bout des doigts sont les régions les plus sensibles de l’être humain.
L’aire pariétale postérieure
Elle est située à l’arrière de la précédente et y est reliée par de nombreuses connexions. Sa principale fonction consiste à intégrer les différentes informations somesthésiques et à les traduire en perception de taille, de texture et d’organisation spatiale. Quand on met la main dans sa poche, on identifie les objets qui s’y trouvent grâce aux expériences sensitives enregistrées dans cette aire. Si cette aire est endommagée, on ne peut reconnaître les objets qu’en les regardant.
Les aires visuelles
Elles sont situées dans le lobe occipital de chaque hémisphère et abritent l’aire visuelle primaire qui reçoit les informations en provenance de la rétine et l’aire visuelle associative qui interprète ces stimuli visuels en fonction des expériences visuelles antérieures. C’est grâce à cette dernière que nous pouvons reconnaître une fleur ou un visage. La vision en tant que telle dépend des neurones corticaux de cette aire.
Des lésions de l’aire visuelle primaire entraînent une cécité fonctionnelle. Par ailleurs, les personnes qui ont subi des lésions de l’aire visuelle associative sont capables de voir, mais elles ne comprennent pas ce qu’elles voient.
L’aire olfactive
Elle se trouve au creux du lobe temporal dans une région appelée uncus et dans la région située immédiatement devant. Les récepteurs olfactifs situés dans les cavités nasales transmettent des influx nerveux jusque dans cette aire ce qui permet la perception des odeurs.
L’aire gustative
Elle se trouve au creux du lobe pariétal, près du lobe temporal et elle reçoit les stimuli gustatifs, notamment ceux qui se trouvent à l’extrémité de la langue.
▪ Les aires associatives
Les aires associatives reçoivent et envoient des messages indépendamment des aires sensitives et motrices primaires. On distingue :
Le cortex préfrontal
Il occupe la partie antérieure du lobe frontal. C’est la plus complexe des régions corticales. Il est relié à l’intellect, à la cognition (c’est-à-dire aux capacités d’apprentissage) ainsi qu’à la personnalité. De lui dépendent les idées abstraites, le jugement, le raisonnement, la persévérance, l’anticipation et la conscience.
La croissance du cortex préfrontal s’effectue lentement et il semble qu’elle est largement déterminée par les activations et les inhibitions du milieu social.
Le cortex préfrontal est également associé à l’humeur car il est étroitement lié au système limbique (siège des émotions). C’est l’élaboration de cette région qui distingue l’être humain de l’animal.
Des tumeurs ou d’autres lésions du cortex préfrontal peuvent provoquer des troubles mentaux et des troubles de la personnalité. Elles peuvent causer des « sautes d’humeur » plus ou moins marquées ainsi qu’une perte de l’attention et des inhibitions.
L’aire gnosique ou aire de l’interprétation
C’est une région mal définie du cortex cérébral. Elle comprend des parties du lobe temporal, pariétal et occipital. On ne la trouve que dans l’hémisphère gauche. Cette aire reçoit les informations sensorielles de toutes les aires sensitives associatives et semble constituer un « entrepôt de stockage » pour les souvenirs complexes associés aux perceptions sensorielles. À partir d’un ensemble d’informations sensorielles, elle produit une pensée dont elle envoie le résultat au cortex préfrontal qui y ajoute des touches émotionnelles et détermine la réponse appropriée.
Une lésion de l’aire gnosique provoque l’imbécillité, même si toutes les autres aires sensitives associatives sont intactes. La personne est incapable d’interpréter les situations.
L’aire du langage
Une atteinte de l’aire de Wernicke est responsable d’une aphasie de Wernicke qui est un trouble du langage portant plutôt sur la compréhension que sur l’expression. La syntaxe et l’articulation ne posent pas trop de problèmes, le discours est, par contre, incompréhensible, car dénué de sens. Les propositions s’enchaînent sans construction logique.
Les aires du langage affectif
Elles président aux aspects non verbaux et émotionnels du langage. Elles semblent situées dans l’hémisphère opposé à l’aire motrice du langage et à l’aire de compréhension du langage. Ces aires font que le rythme ou le ton de notre voix, ainsi que nos gestes, expriment nos émotions pendant que nous parlons. Elles nous permettent également de comprendre le contenu émotionnel de ce que nous entendons.
Les troubles des aires du langage affectif portent le nom collectif d’aprosodie (absence d’intonation). Une personne à l’expression fermée qui vous dirait d’une voix atone qu’elle est « heureuse de vous rencontrer » présenterait les signes de ce dérèglement.