Chapitre 3
La fonction respiratoire5
SAVOIRS
Anatomie de l’appareil respiratoire
Les voies aériennes extrapulmonaires
Les poumons
Les voies aériennes intrapulmonaires
Le lobule pulmonaire est une unité anatomique et physiologique. Chaque lobule est séparé des autres par des cloisons interlobulaires et est constitué d’une bronchiole terminale accompagnée d’une branche de l’artère pulmonaire (l’artère lobulaire). Cette bronchiole terminale se ramifie de plus en plus pour constituer des canaux alvéolaires dans lesquels s’ouvrent les alvéoles pulmonaires. La branche de l’artère pulmonaire se ramifie aussi et donne naissance à un réseau très dense de capillaires qui baigne les alvéoles pulmonaires. Ce schéma structural (une bronche et une artère) va se retrouver au niveau de tous les territoires de division du poumon.
L’unité fonctionnelle est constituée par l’alvéole (il en existe environ 300 millions), par la membrane alvéolo-capillaire, et par le capillaire. Son rôle est de permettre les échanges gazeux par diffusion simple à travers la membrane. La stabilité alvéolaire est maintenue par la structure même du poumon et par la présence du surfactant, liquide tensioactif qui tapisse les alvéoles et qui permet de diminuer la tension superficielle (force qui tend à réduire le diamètre interne de l’alvéole et donc à diminuer la surface d’échange) au sein de l’alvéole et de la garder ouverte. Les pneumocytes de type II alvéolaire sécrètent le surfactant.
La vascularisation pulmonaire
Particularité de la circulation pulmonaire, aussi appelée « petite circulation » :
système à basse pression : au niveau de l’artère pulmonaire :
– pression systolique = 25 mmHg (une pression de 20 mmHg dans l’artère pulmonaire est suffisante pour maintenir un débit pulmonaire de 6 l/mn),
les parois de l’artère pulmonaire sont minces et contiennent peu de fibres musculaires lisses ;
le débit sanguin pulmonaire est de 6 l/mn ;
il existe une inégalité de perfusion dans les différentes parties du poumon : dans les conditions normales, sur le poumon en position verticale, le débit sanguin pulmonaire diminue de manière presque linéaire de la base au sommet.
L’innervation pulmonaire
En retour, la réponse se fera par les fibres nerveuses efférentes appartenant soit :
au système parasympathique via le nerf vague et innervant le muscle lisse bronchique (effet bronchoconstricteur) et les glandes sous muqueuses des bronches de gros et moyen calibre (effet sécrétoire) ;
au système sympathique innervant les glandes sous muqueuses et le muscle lisse bronchique (effet bronchodilatateur par stimulation des récepteurs béta 2 adrénergiques) ainsi que les vaisseaux pulmonaires distaux (vasodilatation par stimulation des récepteurs béta ou blocage des récepteurs alpha).
Les autres structures anatomiques impliquées dans la mécanique respiratoire
Les muscles respiratoires
Les muscles inspiratoires
Le diaphragme : c’est le plus important. Il constitue la paroi inférieure du thorax, et sépare donc les cavités thoracique et abdominale. Il est innervé par le nerf phrénique (issu de C3-C4-C5). Sa contraction, en refoulant le contenu abdominal et en surélevant les arcs costaux inférieurs, est responsable d’une augmentation de volume de la cage thoracique, d’une diminution de la pression pleurale et d’une augmentation de la pression abdominale. Il assure les deux tiers du travail inspiratoire.
Les muscles accessoires : le sterno-cléido-mastoïdien, les trapèzes, les scalènes. Ils élèvent les deux premières côtes et déplacent le sternum vers le haut. Les muscles intercostaux externes : en élevant les arcs costaux, ils agrandissement les diamètres antéro-postérieur et transverse du thorax.
Les muscles expiratoires
Les muscles intercostaux internes : ils abaissent les arcs costaux.
Les muscles abdominaux : obliques internes et externes, le muscle transverse de l’abdomen, le grand droit de l’abdomen. Ils diminuent le diamètre de l’abdomen et augmentent donc la pression intra-abdominale, ce qui fait remonter le dôme diaphragmatique.
Fonction de l’appareil respiratoire
Les voies aériennes
d’amener l’air inspiré jusqu’au lieu d’échange sans participer aux échanges gazeux : c’est l’espace mort anatomique (environ 150 ml) = zone ventilée mais non perfusée ;
d’humidifier et de réchauffer l’air inspiré, pour préserver la trophicité de l’épithélium bronchique ;
de filtrer et d’éliminer les particules inhalées ; les particules de gros calibre sont filtrées par le nez, celles de moyen calibre se déposent dans les voies aériennes conductrices et remontent grâce au flux mucociliaire jusqu’à l’épiglotte où elles sont dégluties. Les particules de petit calibre se déposent au niveau des alvéoles où elles sont prises en charge par les macrophages puis éliminées vers la circulation sanguine ou vers la circulation lymphatique.
Le pharynx joue un rôle dans la respiration, la déglutition et la phonation.
Mécanique respiratoire
Description
La capacité résiduelle fonctionnelle (CRF)
Il s’agit du volume pulmonaire lorsque le système respiratoire est en équilibre.
C’est le volume pulmonaire à la fin d’une expiration normale ; la CRF est égale à la somme du volume résiduel et du volume de réserve expiratoire (cf. ci-après, « Explorations »). Elle n’a pas de valeur fixe et varie selon :
Les facteurs déterminants la ventilation
La compliance pulmonaire
Le poumon est constitué de fibres d’élastine et de collagène, formant une structure élastique qui s’oppose aux mouvements et dont la tendance spontanée est de tendre vers la rétraction. Cette propriété élastique du poumon est définie par la compliance (l’élastance est l’inverse) : la compliance du poumon est la facilité avec laquelle le poumon se laisse distendre. Sur un poumon compliant, l’inspiration est facile et nécessite des changements de pression faible pour obtenir de grands volumes ventilés. Elle est définie par la pente de la courbe pression/volume ou par le changement de volume par unité de pression : dV/dP. Pour un adulte sain, elle est de 200 ml/cm d’eau. La compliance peut être calculée par les respirateurs de réanimation ou d’anesthésie et être surveillée pour adapter les thérapeutiques ventilatoires.
La compliance dépend de deux facteurs :
l’élasticité pulmonaire (augmentée en cas d’emphysème et diminuée en cas de fibrose pulmonaire) ;
la tension de surface alvéolaire, exercée par le liquide qui recouvre les alvéoles : c’est la force qui a tendance à collaber les alvéoles et à résister à leur expansion (due à l’attraction des molécules de surface entre elles, notamment H2O). Cette tension est diminuée par le surfactant (produit par les pneumocytes II de l’épithélium alvéolaire), qui évite que les alvéoles ne se collabent. Dans la maladie des membranes hyalines, une pathologie du nouveau-né prématuré chez qui la production de surfactant est insuffisante, une rigidité des poumons (diminution de la compliance), des zones d’atélectasie (territoires alvéolaires collabés) et une inondation des alvéoles apparaissent.
Échanges gazeux au niveau des poumons
Tableau 3.1
Composition de l’air atmosphérique
Oxygène (O2) | 20,96 % | PO2 = 159,3 mmHg |
Azote et gaz rares (N2) | 79 % | PN2 = 560 mmHg |
Gaz carbonique (CO2) | 0,04 % | PCO2 = 0,3 mmHg |
Pp = % du gaz × 760 mmHg (pression barométrique)
Les échanges gazeux s’effectuent au niveau de la membrane alvéolo-capillaire.
La ventilation alvéolaire
où VD représente l’espace mort physiologique (l’espace qui ne participe pas aux échanges gazeux).
pression totale des gaz alvéolaires = pression atmosphériques = 750 mmHg (au niveau de la mer) ;
pression partielle de l’azote (PAN2) = idem air inspiré/alvéole (l’azote n’est ni consommé ni excrété par le poumon) = 560 mmHg ;
Pression partielle de vapeur d’eau = idem air inspiré / alvéole = 50 mmHg ;
les 140 mmHg restants correspondent à la pression partielle en O2 et CO2, et sont une constante physique indépendante du régime ventilatoire : PAO2 + PACO2 = 140 mmHg. La part respective de l’O2 et du CO2 dans l’alvéole dépendra essentiellement des rapports ventilation-perfusion pulmonaire mais aussi de leur diffusion, transport et consommation-production tissulaire.