Chapitre 3 Imagerie urinaire et imagerie de l’appareil génital masculin
Techniques d’imagerie
Modalités d’imagerie disponibles dans l’exploration de l’appareil urinaire et génital masculin
Radiologie conventionnelle
Abdomen sans préparation (ASP)
C’est un examen encore sur-prescrit malgré les faibles informations qu’il apporte et les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS). En effet, sa sensibilité pour le diagnostic de lithiase est faible, les contours des reins sont vus de façon inconstante (superpositions digestives), les nombreux phlébolithes et autres calcifications pelviennes peuvent être pris pour des calculs (fig 3.1).
Urographie intraveineuse (UIV)
Longtemps considérée comme le « gold standard » de l’appareil urinaire, l’UIV a vu ses indications largement diminuées.
Même s’il n’y a plus de réelle indication de routine à cet examen, il reste (trop ?) prescrit car réalisable dans tous les cabinets de radiologie, facilement accessible et bien connu des urologues. L’UIV permet d’obtenir des clichés permictionnels sans sondage, mais l’opacification des uretères ne permet pas d’identifier un reflux vésico-urétéral. Le principe de l’UIV est le suivant : on injecte par voie intraveineuse un produit de contraste iodé, puis on réalise un cliché à une minute (néphrographie), puis à 4, 8 et 12 minutes, temps où les cavités seront opacifiées et mieux remplies grâce à une compression abdominale. Des obliques permettent de préciser la topographie des éventuelles anomalies. Un cliché acquis juste après la décompression permet en général d’avoir la totalité des uretères sur le même film (fig 3.2). La vessie est analysée sur deux incidences de trois quarts. Des clichés permictionnels (obtenus chez l’homme allongé de trois quarts et chez la femme debout) permettent d’analyser l’urètre. La dilution du produit de contraste dans les urines diminue le contraste, ce qui fait préférer, pour l’étude du bas appareil, les techniques avec remplissage vésical direct.
Urétrocystographie ascendante mictionnelle (UCAM)
Elle précise la présence et le siège d’un obstacle urétral.
Le but est d’opacifier directement la vessie en la sondant et y injectant le produit, ou en plaçant une sonde à l’extrémité de l’urètre chez l’homme, fixée par un petit ballonnet gonflé. Le produit de contraste est injecté le long de l’urètre, franchit le sphincter puis opacifie la vessie. Cette opacification permet le diagnostic de reflux vésico-urétéral (dit passif s’il se produit lors du remplissage) et de le quantifier. Lors du cliché permictionnel, le produit de contraste non dilué permet une bonne visualisation de l’urètre et de mieux apprécier le reflux vésico-urétéral (dit reflux actif) (fig 3.3).
Échographie-Doppler
Reins
L’échographie (couplée au Doppler couleur et au Doppler pulsé (fig 3.4) permet :
• de porter le diagnostic de dilatation des cavités excrétrices, avec une sensibilité et une spécificité proches de 100 % ;
• de visualiser les lithiases rénales avec une bonne sensibilité pour les lithiases de plus de 5 mm, mais moindre en deçà (elles ne doivent pas être confondues avec des calcifications vasculaires ou parenchymateuses) ;
• de visualiser une tumeur du rein, avec une faible sensibilité pour les petites lésions : un examen normal ne permet pas d’éliminer une tumeur du rein et encore moins une tumeur des cavités excrétrices ;
• d’affirmer la nature kystique simple d’une lésion (anéchogène avec renforcement postérieur) ;
• d’affirmer la perméabilité des artères et veines rénales, au niveau tronculaire ;
• de guider une biopsie rénale sur une tumeur, un rein natif ou transplanté ;
• de guider les gestes interventionnels (néphrostomie percutanée) ;
• de dépister une sténose artérielle avec une sensibilité élevée ;
• de dépister les complications aiguës ou chroniques en cas de transplantation rénale.
Testicules
C’est le seul examen à recommander pour la grande majorité des pathologies du scrotum. Il permet d’apprécier le volume de chaque testicule (normalement de 15 mL), sa vascularisation, d’analyser l’épididyme dans sa totalité ainsi que le canal déférent (fig 3.6). Elle permet d’affirmer ou d’infirmer une tumeur testiculaire, une torsion, etc.
Prostate
L’utilisation d’une sonde endorectale permet une analyse plus fine de l’échostructure que lors d’un abord abdominal (fig 3.7). Toutefois, il a été prouvé que l’échographie, qu’elle soit sus-pubienne ou endorectale, n’est un examen ni suffisamment sensible ni suffisamment spécifique pour le diagnostic de cancer de prostate. Elle permet d’en apprécier le volume global, celui d’un éventuel adénome, de rechercher des arguments pour une prostatite aiguë ou chronique, ou une malformation des voies génitales profondes chez le patient infertile.
Échographie de contraste
C’est une méthode en cours de développement et d’évaluation. On utilise un produit de contraste à base de microbulles, qui restent dans le secteur strictement intravasculaire. Un réglage particulier de la machine permet d’apprécier le rehaussement des organes. Dans la pathologie urinaire, cette technique paraît prometteuse pour rechercher des défects de la vascularisation rénale (pyélonéphrite grave, infarctus rénal, complication de la greffe rénale) (fig 3.8)
Scanner (fig 3.9 et 3.10)
C’est la deuxième technique employée après l’échographie pour affirmer, caractériser, éliminer et surveiller de nombreuses pathologies urinaires. Le terme d’uroscanner est souvent utilisé à tort, même par les spécialistes d’organe ; on devrait le réserver à l’exploration des voies excrétrices, à la phase dite excrétoire, après hyperdiurèse (le plus souvent obtenu après injection de furosémide). Du fait de son caractère irradiant, les indications doivent être particulièrement bien précisées, afin de n’effectuer que le nombre nécessaire d’hélice. La Fig 3.9 montre les aspects des reins sur les différentes phases employées dans la pathologie rénale. Avec la généralisation des scanners multibarettes, l’acquisition en coupes fines, de 1 à 2 mm, s’est généralisée, permettant la reconstruction des images dans les différents plans de l’espace (MPR pour multiplanar reconstruction) et différents types de visualisation (MIP pour maximum intensity projection, VR pour volume rendering). Ce sont les coupes axiales natives qui restent la base de l’interprétation. Ces coupes, de 1 à 2 mm, ne peuvent être imprimées du fait de leur nombre trop important : elles sont actuellement le plus souvent gravées sur CD ou DVD.
Phase dite précoce (ou artérielle ou corticale ou corticomédullaire)
Elle est acquise environ 30 à 40 secondes après le début de l’injection intraveineuse.
Phase dite néphrographique (ou parenchymateuse ou tubulaire)
Elle est acquise entre 85 et 110 secondes après le début de l’injection. À cette phase, le rein apparaît rehaussé de façon uniforme, sans différence entre la médullaire et le cortex. C’est pourquoi c’est la phase la plus sensible pour dépister un processus pathologique : foyer de pyélonéphrite, tumeurs (les tumeurs dites hypervasculaires peuvent apparaître moins denses que le rein normal), infarctus, etc. Elle permet aussi d’apprécier le rehaussement plus tardif de certaines tumeurs solides du rein, comme le carcinome papillaire, et des parois ou des cloisons de lésions kystiques compliquées.
Phase excrétoire (ou tardive)
Elle est acquise entre la 4e et la 10e minute après l’injection, au mieux selon un protocole d’hyperdiurèse (20 mg de furosémide en début d’examen) qui permet d’homogénéiser la densité des cavités, d’éviter les artéfacts de « durcissement » de faisceau liés à une trop grande concentration de contraste, et de visualiser la lumière des uretères dans la grande majorité des cas. Elle permet une analyse sémiologique qui se rapproche de celle des anciennes urographies : lacunes végétantes au sein des cavités, épaississement rétrécissant la lumière, amputation de tiges calicielles, malformation type syndrome de jonction, etc. C’est la confrontation des différentes phases qui permet au radiologue de proposer un diagnostic ou d’affirmer la normalité d’un examen.
Indications
• rechercher une lithiase rénale ou ayant migré dans les voies excrétrices : seul un scanner sans injection est utile ;
• réaliser en pré-opératoire une cartographie des lithiases complexes : dans ce cas, il faut obtenir une phase excrétoire pour situer les calculs dans les différents groupes caliciels ;
• rechercher, caractériser et faire le bilan d’extension d’une tumeur solide parenchymateuse du rein (scanner à trois phases, sans la phase excrétoire) ; même si l’injection est impossible (insuffisance rénale sévère, allergie vraie, etc.), la phase sans injection est requise pour rechercher de la graisse ou des calcifications ;
• rechercher une anomalie vasculaire artérielle ou veineuse ;
• dépister une tumeur des voies excrétrices supérieures, dans les cas de tumeurs vésicales (« uroscanner » proprement dit) ;
• établir une cartographie vasculaire avant une embolisation ou une chirurgie partielle complexe (phase précoce requise) ;
• guider une biopsie de tumeur rénale (scanner interventionnel), requise en cas de tumeur non typique, avant traitement radical ;
• faire le bilan d’extension des tumeurs testiculaires, de la prostate et de la vessie, à la recherche de métastases parenchymateuses et ganglionnaires (passage sur le thorax, l’abdomen et le pelvis dans le même temps) ;
• caractériser une lésion surrénalienne et, en particulier, les fréquents adénomes découverts fortuitement, source d’inquiétude des patients ou de leur médecin traitant.
Imagerie par résonance magnétique (fig 3.11)
L’IRM fonctionnelle rénale est une technique validée, mais peu répandue, d’évaluation des obstructions chroniques des voies excrétrices (syndrome de jonction).
Radiologie interventionnelle
On ne fait quasiment plus d’artériographie à visée diagnostique. Elle est quelquefois requise pour le diagnostic de périartérite noueuse (dilatation anévrismale des petits vaisseaux rénaux). Actuellement, l’artériographie est le premier temps d’un traitement (fig 3.12) :
• par artériodilatation avant la pose de stent en cas de sténose d’une ou des deux artères rénales responsable d’HTA rénovasculaire ;
• par artério-embolisation rénale :
• par embolisation des veines spermatiques, alternative à la chirurgie pour le traitement des varicocèles symptomatiques ou associés à une hypofertilité.
Place de l’imagerie suivant les symptômes
Hématurie
L’hématurie macroscopique est un symptôme fréquent, et les examens radiologiques doivent être orientés en fonction du terrain : sujet jeune, contexte d’infection urinaire, antécédent lithiasique, sujet fumeur de plus de 50 ans, etc. L’échographie des voies urinaires peut orienter le diagnostic (mise en évidence d’une tumeur de la vessie, d’une dilatation des cavités excrétrices, d’une tumeur du rein, etc.) et le scanner sera « protocolisé » en fonction de ses résultats. En cas d’échographie négative, on peut pratiquer un uroscanner (ou trois ou quatre phases seront réalisées) ou réaliser d’emblée une cystoscopie. Si l’uroscanner s’avère normal, la cystoscopie est nécessaire.
Douleur lombaire aiguë (encadré 3.1)
Encadré 3.1 Douleur lombaire aiguë
Les principales étiologies sont :
• la colique néphrétique : un examen TDM sans injection suffit le plus souvent à affirmer le diagnostic ;
• la pyélonéphrite aiguë : le diagnostic est clinicobiologique et concerne souvent les femmes jeunes. L’échographie retrouve souvent un rein normal ou globuleux, éventuellement un épaississement pyélique, et élimine une dilatation des cavités, qui serait une indication à une pose urgente d’endoprothèse : la pyonéphrose est une urgence thérapeutique ;
• l’infarctus rénal : le scanner sans injection est normal, ce qui justifie la pratique d’une hélice réalisée après injection, à la phase précoce puis néphrographique, pour vérifier la perfusion rénale et la perméabilité des artères et des veines ;
• la rupture d’anévrisme de l’aorte abdominale : souvent suspectée dès le scanner sans injection, une phase après injection est réalisée sans délai, pour objectiver le lieu et l’importance de la fuite ;
• la rupture, l’hémorragie ou l’infection de kyste ou de tumeur : l’acquisition après injection permet de préciser l’existence d’une fuite active artérielle qui serait une indication d’embolisation.
Rétention aiguë d’urine
Le diagnostic est clinique, mais nous avons tous été confrontés à des tableaux trompeurs : c’est pourquoi l’échographie peut être requise en cas de doute. La découverte d’un globe n’est pas rare dans l’exploration échographique ou tomodensitométrique de douleurs abdominales.
L’ASP ne constitue plus une étape indispensable dans les pathologies urologiques.
L’UIV est de moins en moins utilisée, au profit de l’association échographie-scanner.
Il reste encore des indications à certains examens d’opacification, en particulier pour les anomalies dynamiques (reflux) et les pathologies de l’urètre.
L’échographie reste un bon examen de débrouillage pour de nombreuses pathologies urologiques. Sa sensibilité et sa spécificité ne sont pas suffisantes pour éliminer ou caractériser une tumeur du rein ou de la prostate.
Un scanner dédié à la pathologie urologique requiert des indications précises, pour que le protocole utilisé soit adapté au mieux en termes d’irradiation minimale et de précision diagnostique.
L’IRM reste moins utilisée. Les calculs et calcifications ne sont pas identifiés par cette technique.
On ne pratique quasiment plus d’artériographie diagnostique, mais une place importante est faite à la radiologie interventionnelle : embolisation, dilatation, pose de stent, traitement percutané des tumeurs, etc.
Pathologie rénale
Pathologie lithiasique
La lithiase urinaire a une prévalence d’environ 10 %, concerne les sujets âgés de 30 et 50 ans, et est plus fréquente dans les pays industrialisés en raison de facteurs nutritionnels. Seuls 10 % des patients atteints de lithiase présenteront une manifestation clinique.
Dans la pathologie lithiasique, le but de l’imagerie est (« Sur le vif » 3.1) :
• en urgence, de faire le diagnostic de colique néphrétique d’origine lithiasique et d’en apprécier les critères de gravité ;
• en dehors de l’urgence, de faire le diagnostic et le bilan de cette pathologie.
Sur le vif 3.1 Calcul urinaire
Un jeune de homme de 20 ans, sans antécédent, se présente aux urgences pour une violente douleur lombaire évoluant depuis 3 heures. L’analyse de la bandelette urinaire retrouve une hématurie, sans leucocyturie ni nitrate. L’ASP retrouve un lieu avec des calcifications pelviennes dont il est difficile d’affirmer la nature : phlébolithes ou calculs. L’échographie retrouve une visibilité accentuée des cavités et un épanchement périrénal. L’obstacle n’est pas identifié. La douleur résiste aux antalgiques usuels, puis cède assez brutalement. Le patient retourne à son domicile, avec un traitement antalgique et anti-inflammatoire dans l’hypothèse très probable d’une colique néphrétique. Le patient revient le lendemain. La douleur s’est modifiée, il existe une pesanteur s’accentuant rapidement et un fébricule à 38 °C. Un scanner abdomino-pelvien sans injection est finalement pratiqué. Il retrouve une infiltration de la graisse périrénale, une dilatation des cavités et un calcul du bas uretère de 3 mm de diamètre, avec un épaississement de l’uretère circonférentiel. Il s’agit donc d’une colique néphrétique d’origine lithiasique, mais l’importance de l’infiltration fait suspecter une rupture de fornix, complication assez rare des hyperpressions aiguës : le scanner réalisé à la phase excrétoire après l’injection de produit contraste confirme la fuite rétropéritonéale du produit de contraste (fig 3.13).
Même si le diagnostic n’est plus fondé sur l’ASP, ce dernier reste réalisé dans la plupart des cas, au moins pour préciser si le calcul est radiotransparent ou radio-opaque, et si on pourra suivre sa fragmentation sous lithotripsie. Quatre-vingt-dix pour cent des calculs sont radio-opaques, mais leur visibilité dépend de leur taille et de leur composition chimique. On distingue les calculs d’oxalate de calcium et de phosphate de calcium. Les calculs radiotransparents sont constitués d’acide urique (pur), et les calculs très faiblement opaques sont des calculs phospho-ammoniaco-magnésien (struvite) et de cystine. Les calculs coralliformes moulent les cavités (encadré 3.2).
Encadré 3.2 Calcul coralliforme
Il est défini par un calcul pyélocaliciel avec une ou plusieurs branches. Ces calculs entraînent une dilatation d’amont des calices. Il peut être faiblement radio-opaque (struvite, associé à une infection urinaire à germe uréase +, sur urines à pH élevé), ou franchement radio-opaque (oxalate et/ou phosphate de calcium). Le traitement est chirurgical : néphrolithotomie sous laparoscopie. En échographie, on peut le confondre avec une pyélite incrustante ou des calcifications de la paroi des cavités associées à une infection chronique (Corynebacterium ou Ureaplasma urealyticum). Le scanner redresse le diagnostic. Le bilan préchirurgical peut nécessiter un uroscanner proprement dit, avec phase excrétoire, pour bien repérer la topographie du calcul au sein des cavités.
L’échographie (fig 3.14) retrouve une structure hyperéchogène de taille variable avec un cône d’ombre postérieur. Elle a une bonne sensibilité pour les calculs de 4–5 mm, et moins bonne pour les plus petits calculs. Le Doppler couleur provoque un artéfact de scintillement qui améliore la précision diagnostique.
Fig. 3.14 Calculs rénaux à l’échographie.
Les calculs provoquent un hyperécho et un cône d’ombre postérieur.
En cas de colique néphrétique, après migration du calcul dans l’uretère, l’identification du calcul migré est souvent prise en défaut par le couple ASP-échographie car la dilatation des cavités liée à leur hyperpression est souvent retardée (fig 3.15), et le calcul est difficile à distinguer du « bruit de fond » .
Le scanner sans injection permet :
• d’identifier les calculs sous la forme de structure hyperdense (même lorsque les lithiases sont radiotransparentes ; fig 3.16) ;
• d’affirmer l’obstruction aiguë et d’identifier la lithiase au sein de l’uretère dilaté, car l’ASP est souvent pris en défaut (fig 3.17).
Fig. 3.16 Petite lithiase rénale.
À cette taille, seul le scanner permet son identification, quelle que soit sa nature.
L’UIV est de plus en plus remplacée par l’uroscanner lorsque l’on veut préciser la topographie des calculs au sein des cavités. Les calculs radiotransparents apparaissent sous forme de lacunes. Le produit de contraste permet de préciser si le calcul est réellement dans les cavités, car certaines calcifications extra-urinaires ne sont pas des lithiases. Certains calculs ne seront plus identifiables à la phase excrétoire, car de densité trop proche de celle du produit de contraste qui les entoure.
Infections rénales : pyélonéphrite aiguë
L’infection des cavités se fait le plus souvent par voie rétrograde ascendante, à point de départ vésical. Le deuxième mécanisme est la voie hématogène, sur porte d’entrée cutanée par exemple. En urgence, il faut éliminer un obstacle sur la voie excrétrice, qui peut être une cause (lithiase) de la stase puis de l’infection, une conséquence (par épaississement inflammatoire des parois de l’uretère et de la vessie), et un facteur de gravité (la pyonéphrose met en jeu le pronostic vital, avec un risque accru de choc septique). C’est encore une fois l’échographie qui permet le plus simplement, et à moindre coût, d’apprécier une éventuelle dilatation. Elle est ici plus performante que dans la colique néphrétique, car si c’est un obstacle qui est à l’origine de l’infection, il est présent depuis plusieurs heures et les cavités ont eu le temps de se dilater. L’échographie ne permet pas d’objectiver les foyers de pyélonéphrite. Le rein peut apparaître globuleux (part de subjectivité), un peu plus hétérogène que d’habitude (mais l’alternance des pyramides, des colonnes de Bertin et les cavités font que le rein est un organe difficile). L’échographiste recherche également une lithiase associée à l’infection, et de principe un abcès sous la forme d’une cavité au contenu peu échogène (pus), avasculaire en Doppler couleur. Le scanner confirme ce diagnostic et permet de guider le drainage si l’abcès est accessible et suffisamment volumineux. Il n’est pas indiqué dans la pyélonéphrite aiguë en urgence. S’il est pratiqué, en cas de doute diagnostique, la phase néphrographique (la phase où le rein apparaît homogène) doit être privilégiée pour mettre en évidence les foyers, sous la forme de zones plus hypodenses que le parenchyme adjacent, classiquement triangulaires à base externe, mais finalement assez souvent sphériques (dits foyers de pyélonéphrite focale), pouvant facilement simuler une tumeur (fig 3.18). L’IRM (non indiquée) serait également sensible pour visualiser ces zones d’hypoperfusion, et l’échographie de contraste, non validée en pratique courante, est probablement également très sensible.