Endocrinologie
DIABÈTE SUCRÉ – ACIDOCÉTOSE (3 PREMIÈRES HEURES)
Mesures immédiates
Hospitalisation en service spécialisé ou en réanimation.
• Non systématique : sonde vésicale (si absence de diurèse au bout de 3 h) et sonde gastrique (en cas de vomissements).
• Faire des soins de nursing (en cas de coma).
• Établir la feuille de surveillance horaire.
• Faire les prélèvements sanguins et urinaires pour évaluation immédiate.
Insulinothérapie
Types d’insuline
On n’utilise que des insulines d’action rapide (voir insulines ultrarapides et rapides).
Doses et voies d’administration
– La seringue électrique a remplacé les autres modes d’administration. À partir de 1 flacon de 10 mL d’insuline rapide (100 U/mL), 600 U (6 mL) sont prélevées et diluées dans 60 mL de sérum physiologique. La vitesse d’administration est de 10 U/h (environ 0,15 U/kg/h chez l’adulte) au début en cas de cétose importante, 3 à 5 U/h autrement.
– La voie IV directe est possible en injections horaires, à raison de 10 U en IV directe toutes les heures, jusqu’à disparition de la cétose urinaire. En revanche l’introduction d’insuline dans les flacons de perfusion et la voie IM sont déconseillées. La surveillance se fait sur les glycémies capillaires (+++).
DIABÈTE SUCRÉ – ACIDOCÉTOSE (APRÈS LA 3E HEURE) (1)
Hydratation
• Si le patient est inconscient ou obnubilé, la réhydratation est poursuivie par voie IV comme pendant les premières heures. En général, le volume à perfuser est de 6 à 8 L sur 24 h, dont la moitié sur les 8 premières heures, à adapter en fonction de l’âge, de l’état cardiovasculaire, de l’osmo-larité plasmatique et de la tolérance clinique.
• Quand le patient a repris conscience et est capable d’avaler sans problème, la réhydratation peut être poursuivie per os (bouillon de viande et de légumes + jus de fruits + eau), guidée par la soif.
Apports ioniques
Les apports les plus importants (guidés sur l’aspect clinique du patient et les ionogrammes) sont :
– le sodium : les pertes globales sont de 400 à 500 mmol/24 h (10 à 12 g). Les apports doivent tenir compte de ces pertes et être adaptés sur les ionogrammes;
– le potassium : 400 à 500 mmol/24 h (10 à 12 g), dans la perfusion ou dans du jus de fruits. Une hypokaliémie de la 3e h est à craindre si la glycémie se normalise trop vite;
– le glucose : dès que la glycémie est proche de la normale;
– les protéines : l’intense catabolisme musculaire doit être réparé.
DIABÈTE SUCRÉ – ACIDOCÉTOSE (APRÈS LA 3E HEURE) (2)
Traitement d’un facteur déclenchant
Traitement d’une infection
– infection pulmonaire : AUGMENTIN (amoxicilline + acide clavulanique) : 1 g/8 h;
– infection urinaire : il faut être rapidement efficace. Les quinolones (OFLOCET, PÉFLACINE) sont les antibiotiques les plus régulièrement efficaces sur les infections urinaires chez le diabétique;
– infections cutanées à staphylocoques : oxacilline (BRISTOPEN).
COMA HYPEROSMOLAIRE – ACIDOSE LACTIQUE
Coma hyperosmolaire
Nursing
• Soins de nursing (en cas de coma)
• Établir la feuille de surveillance horaire
• Faire les prélèvements sanguins et urinaires pour évaluation immédiate
Prévention des thromboses veineuses
Héparine de bas poids moléculaire.
Ex. : LOVENOX 0,4 mL en SC en l’absence d’insuffisance rénale.
Acidose lactique
L’acidose lactique est une complication rare mais grave du diabétique traité par la metformine.
• Lutte contre l’anoxie. Oxygénation optimale des tissus par ventilation correcte.
• Assurer une pression artérielle normale : remplissage vasculaire, drogues vasoactives en cas de syndrome de bas débit.
• Assurer une diurèse correcte : fortes doses de furosémide IV surtout si l’on utilise du bicarbonate de sodium.
• L’insulinothérapie doit être assurée par une SAP en ne dépassant pas 10 U/h.
DIABÈTE DE TYPE 1 – DIABÈTE SUCRÉ INAUGURAL NON COMPLIQUÉ (1)
Insulinothérapie optimisée
Bases de l’insulinothérapie fonctionnelle
• les besoins insuliniques de base par une épreuve de jeûne glucidique : 0,3 à 0,4 U/kg/24 h;
• les besoins insuliniques prandiaux. Les besoins habituels, pour 10 g de glucides, sont :
Le diabétique doit également savoir ajouter un correctif d’insuline (en plus de la dose nécessaire pour couvrir le repas) si sa glycémie préprandiale est élevée, sachant qu’une unité d’insuline rapide diminue la glycémie de 0,30 à 0,50 g/L (1,6 à 2,7 mmol/L) en moyenne.
Il y a plusieurs moyens de réaliser l’insuli-nothérapie optimisée.
DIABÈTE DE TYPE 1 – DIABÈTE SUCRÉ INAUGURAL NON COMPLIQUÉ (2)
Objectif glycémique
L’objectif glycémique doit être individualisé.
Les objectifs idéaux chez un diabétique de type 1 adulte sont indiqués dans le tableau ci-dessous.
Le matin à jeun | 1-1,2 g/L (5,5–6,6 mmol/L) |
Avant les repas | 0,8-1,2 g/L (4,4–6,6 mmol/L) |
2 h après les repas | 1,2-1,8 g/L (6,6–9,9 mmol/L) |
À 3 h du matin | > 0,8 g/L (4,4 mmol/L) |
HbA1c | ≤ 7% |
Hypoglycémies modérées | 0–5/sem. |
Hypoglycémies sévères (nécessitant le recours à un tiers pour le resucrage) | 0 |
Nombre d’autocontroles | 3–6/j |
Nombre d’injections | 35-/j ou pompe |
DIABÈTE DE TYPE 1 – DIABÈTE SUCRÉ INAUGURAL NON COMPLIQUÉ (3)
– à l’adaptation des doses (en fonction des repas, en cas d’activité physique, en cas de maladie intercurrente),
– à la diététique avec des conseils individualisés par une diététicienne,
– aux techniques d’injection d’insuline et de contrôle glycémique,
– à la surveillance de la cétonurie en cas de glycémie supérieure à 3 g/L (16,5 mmol/L) et à la conduite à tenir en cas de cétonurie (faire 5 UI d’insuline rapide par croix d’acétone),
– au kit de glucagon (avec éducation surtout de l’entourage proche sur les modalités d’utilisation),
– et à la conduite à tenir en cas d’hypoglycémie (symptômes, resucrage).
Il faut également le prévenir que des troubles visuels (en général vision floue) peuvent apparaître et persister durant environ un mois du fait de la variation rapide de la glycémie au niveau du cristallin, et que ces troubles régresseront spontanément.
INSULINOTHÉRAPIE (1) : TYPES D’INSULINE (1)
INSULINOTHÉRAPIE (2) : TYPES D’INSULINE (2)
Insuline humaine ordinaire rapide
• En urgence, elle est administrée par voie intraveineuse; elle doit alors être utilisée seule, à l’aide d’une seringue à perfusion ou d’une pompe.
• Elle n’est quasiment plus utilisée en sous-cutané, en plusieurs injections quotidiennes, seule, ou le plus souvent associée à des insulines d’action prolongée (NPH ou analogues de l’insuline à action lente) pour le traitement du diabète.
L’insuline ordinaire doit toujours être injectée 30 min avant les repas, jamais immédiatement avant.
INSULINOTHÉRAPIE (3) : TYPES D’INSULINE (3)
Analogues lents de l’insuline
Il existe deux analogues lents :
– la LANTUS. Son action débute en 2 à 4 h et se prolonge de façon régulière et constante, sans pic, entre 22 et 24 h;
– la LEVEMIR. Elle commence à agir 2 à 4 h après l’injection; son action se poursuit avec un faible pic vers 6-7 h, jusqu’à 14 h après l’administration, parfois au-delà jusqu’à 20 h pour des doses supérieures à 0,4 U/kg.
Mélanges d’insulines
Profil d’action
– La plupart des diabétiques bénéficient d’un mélange contenant 25 ou 30 % d’insuline rapide ou d’analogue ultrarapide.
– Les diabétiques qui ont des repas riches en glucides ou des glycémies élevées à distance des repas peuvent bénéficier des mélanges à 40 ou 50 % d’insuline rapide.
– Les diabétiques ayant tendance à faire des malaises hypoglycémiques entre les repas auront intérêt à utiliser les mélanges à 10 ou 20% d’insuline rapide, ou mieux, les mélanges insuline NPH + analogue d’action ultrarapide.
INSULINOTHÉRAPIE (4) : INJECTIONS D’INSULINE (1)
Matériels d’injection
Stylos injecteurs
Il existe deux types de stylos injecteurs :
Les modèles diffèrent par le volume maximal programmable et le pas de réglage qui permet de délivrer une ou deux unité(s).
Aiguilles
L’injection d’insuline doit être faite en sous-cutané avec une aiguille adaptée :
– une aiguille courte (8 ou 5 mm chez les patients à peau fine) est de plus en plus utilisée car elle permet une injection facile et indolore; elle est utilisée en piquant la peau perpendiculairement au sommet d’un large pli cutané;
– une aiguille longue (12 mm) est conseillée chez les sujets obèses ou lorsque l’injection est effectuée dans la fesse.
Technique d’injection
• Il est indispensable de varier les lieux d’injection (cuisses, ventre, fesses, bras).
• Les analogues rapides de l’insuline doivent être injectés immédiatement avant les repas (et non pas 15 à 20 min comme l’insuline ordinaire).
• L’insuline NPH et les analogues lents doivent être préférentiellement injectés dans les cuisses ou les fesses pour éviter le développement de lipodystrophies.
DIABÈTE DE TYPE 2 (1)
Le diagnostic du diabète repose sur 2 glycémies à jeun > 1,26 g/L.
Devant tout diagnostic de diabète, rechercher les facteurs de risque cardiovasculaires associés :
– Âge > 50 ans pour un homme et 60 ans chez une femme.
– Antécédents familiaux cardiovasculaires précoces.
– Tabagisme actif ou sevré depuis moins de 3 ans.
Devant tout diagnostic de diabète, rechercher une atteinte des organes cibles : complications oculaires, rénales, neurologiques, cardiovasculaires et podologiques.
Mesures hygiéno-diététiques
Diététique
Le régime doit être hypocalorique en cas de surpoids seulement.
• L’apport énergétique alimentaire doit être adapté aux besoins individuels : une réduction calorique tenant compte des apports et des dépenses journalières est indispensable. L’apport glucidique représente 50-55 % des calories.
• Il faut privilégier les glucides à index glycémique bas (pain au son, féculents, riz et pomme de terre naturels, fruits et légumes frais) et limiter les sucres rapides.
• Les graisses constituent 30 % des calories. Les graisses animales doivent être réduites (graisses de table et produits laitiers, viandes riches en lipides) au profit de graisses végétales et polyinsaturées.
• L’alimentation doit être divisée en 3 repas au moins.
• Le vin est autorisé en quantité modérée (moins de 30 g par jour chez l’homme et moins de 20 g par j chez la femme), à condition de tenir compte de son apport énergétique.
• Les édulcorants : parmi les édulcorants de synthèse non nutritifs, on a le choix entre :
HYPOGLYCÉMIANTS ORAUX (1) – BIGUANIDES
DIABÈTE DE TYPE 2 (2)
DIABÈTE DE TYPE 2 (3)
Incrétines ou mieux incrétino-mimétiques
Paramètres de surveillance du traitement du diabète de type 2
1 – Le taux d’HbA1c, 4 fois/an et le niveau moyen des glycémies obtenues par autocontrôle du patient (s’il est pratiqué).
2 – Le fond d’œil ou la rétinographie une fois par an.
4 – L’examen au monofilament, la recherche des ROT achilléens et l’examen des pieds annuel.
5 – La microalbuminurie et la créatinine annuelles.
6 – Le bilan lipidique annuel.
HYPOGLYCÉMIANTS ORAUX (3) – SULFAMIDES HYPOGLYCÉMIANTS (2)
Grossesse, allaitement.
Diabète de type 1; insuffisance rénale, hépatique sévère.
PRÉCAUTIONS D’EMPLOI
Le traitement doit être instauré de façon progressive.
Il est inutile d’associer 2 sulfamides ou 1 sulfamide et un glinide.
EFFETS INDÉSIRABLES
– surdosage ou absence de catabolisme lors d’une insuffisance rénale;
– apport insuffisant en hydrates de carbone;
Chez les malades âgés, ces hypoglycémies peuvent être durables. Il faut alors installer une perfusion de sérum glucosé à 10 % et ne pas se contenter de « resucrer» le malade avec un ou deux verres de jus de fruits.
L’atteinte hépatique est en revanche possible et constitue une contre-indication à la prescription.
DIABÈTE DE TYPE 2 (4)
Diabètes insulinonécessitants (ou insulinorequérants)
Le passage à l’insuline est suggéré sur :
Classiquement, il s’agit d’un diabète de type 2 traité depuis plusieurs mois ou années par des sulfamides hypoglycé-miants (DIAMICRON, DAONIL, etc.) et/ou la metformine (GLUCOPHAGE, STAGID, etc.) et/ou des incrétino-mimétiques.
L’insulinothérapie est mise en route dans trois circonstances principales :
– lorsque l’objectif glycémique n’est pas atteint depuis plusieurs mois. C’est le cas lorsque l’HbA1c est > 7 % à 2 contrôles successifs espacés de 3 mois;
– lorsqu’apparaissent des signes de décompensation. Ces signes traduisent une insulinopénie, par épuisement sécrétoire des cellules β du pancréas (voir encadré ci-dessus);
– en cas d’insuffisance rénale contre-indiquant les antidiabétiques oraux.
• L’insuline est, dans un premier temps, associée à une bithérapie (le plus souvent association sulfamides et metformine). Elle est administrée en une injection unique le soir au coucher d’une insuline NPH ou d’un analogue lent de l’insuline (LANTUS, LEVEMIR).
• L’insuline est, dans un premier temps, associée à une bithérapie orale, la journée (le plus souvent association sulfamides et metformine). Elle est administrée en une injection unique le soir au coucher (insuli-nothérapie bedtime) d’une insuline NPH ou d’un analogue lent de l’insuline (LANTUS, LEVEMIR).
• En cas d’échec, il faut envisager une insulinothérapie en plusieurs injections quotidiennes, en ayant recours à l’expertise d’un diabétologue.
HbA1c | TRAITEMENT | OBJECTIF D’HbA1c |
---|---|---|
<6% | RHD | <6% |
Entre 6 et 6,5 % malgré les RHD | Monothérapie par metformine (ou IAG en cas d’intolérance ou de contre-indication) | < 6,5 % |
> 6,5 % malgré les RHD et la monothérapie | Bithérapie : metformine + SH ou IAG ou SH + IAG (si metformine maltolérée ou contre-indiquée) | < 6,5 % |
> 7 % malgré les RHD et la bithérapie | Trithérapie ou insuline + metformine ±autres AD | <7% |
> 8 % malgré les RHD et la trithérapie | Insuline + metformine ± autres ADO | <7% |
* RHD : règles hygiéno-diététtiques; IAG : inhibiteur des alpha-glucosidases; SH : sulfamide hypoglycémiant; ADO : antidiabétique oral.