3: Buts et Principes de Prise en Charge

3 Buts et Principes de Prise en Charge


Nous traiterons ici de la prise en charge des ataxiques, des cérébelleux et de toutes les pathologies neurologiques sensitives ou motrices sans problèmes orthopédiques prioritaires.


La rééducation repose :




En effet, il s’agit bien d’apprendre au patient :




Les règles qui régissent les apprentissages procéduraux ont déjà beaucoup d’importance pour optimiser les performances des sujets sains. Elles en ont encore plus pour les patients.


La première règle est la plus importante : un apprentissage sérieux doit être centré sur la tâche à accomplir et non pas sur une activité différente (voir le chapitre concernant les rappels). Cette règle est malheureusement ignorée par des auteurs qui paradoxalement connaissent parfaitement la pathologie et la neurologie, mais occupent les patients en rééducation à des tâches parfois inutiles et mystificatrices. Comment procéder à un apprentissage rapide, efficace et optimisé si il est possible de bafouer (par ignorance ?) la règle la plus élémentaire de pédagogie gestuelle ?


En résumé


Les ataxiques et cérébelleux, et la plupart des patients de neurologie ont la chance de pouvoir effectuer des apprentissages procéduraux, et rien ne s’oppose à ce que leurs performances s’automatisent. Il faut profiter pleinement de cette opportunité pour leur proposer une progression portant sur les exercices d’indépendance fonctionnelle. Ces exercices seront adaptés aux possibilités de chaque patient.


Remarque : les patients présentant une maladie de Parkinson n’ont pas cette chance. Non seulement, ils ont beaucoup de mal à apprendre et à automatiser de nouvelles activités, mais encore, ils oublient les habiletés motrices déjà apprises.




BUTS ET PRINCIPES POUR DES ATAXIQUES ET CÉRÉBELLEUX CHRONIQUES OU DÉGÉNÉRATIFS




Particularité des pathologies dégénératives


Les affections neurologiques lentement dégénératives sont les plus probantes pour valider les protocoles de rééducation. En effet, prenons le cas d’un patient présentant une ataxie dégénérative de Freidreich. Il fait des progrès au cours d’un séjour de deux mois en centre de rééducation, et retrouve une ou plusieurs activités auxquelles il avait renoncé. Il conserve ces activités pendant plus de deux ans.


Ce résultat n’est pas lié à l’évolution spontanée de la maladie, puisqu’elle s’aggrave régulièrement et insidieusement de jour en jour. Ce type de résultat est tellement incroyable et inespéré qu’il doit être attesté par des films, des mémoires de stagiaires, des photos, des articles et des dossiers médicaux bien tenus.


La validité de l’approche fonctionnelle repose en grande partie sur le travail remarquable effectué par ces patients qui sont les véritables héros de ce livre.





Nous sommes au regret de ne pouvoir citer tous les patients, mais leur souvenir reste gravé dans nos cœurs et dans les films réalisés pendant leur séjour à l’institut Pomponiana. De plus, les bilans de leur évolution conservés dans les dossiers médicaux servent aux statistiques de validation.



LES 12 PRINCIPES DE PRISE DE CHARGE RÉÉDUCATIVE



Premier principe : les exercices d’indépendance fonctionnelle sont indispensables et irremplaçables. Le malade doit donc s’y exercer très sérieusement


Le but principal de la rééducation est de redonner au malade le maximum d’autonomie compte tenu de son handicap.


Pour un sujet très handicapé, ce sera donc redonner le maximum d’indépendance au lit, au fauteuil roulant et sur un tapis de sol, comme par exemple :








Pour un sujet moins handicapé (atteinte de gravité intermédiaire) :









Dans les atteintes frustes :








Ces activités sont présentées aux enfants sous forme de jeux adaptés à leurs motivations et à leur niveau de développement psychomoteur. Par exemple : landau de poupée lesté en guise de déambulateur, etc.


Le professeur J. C. Tabary qui fait autorité en matière de rééducation des I.M.C. nous écrivait à ce sujet : « Je suis tout à fait d’accord avec vous sur le fait que la rééducation du cérébelleux doit prendre tout spécialement un caractère fonctionnel, et que la répétition des activités à apprendre en situation est l’élément le plus positif du progrès. J’avoue du reste que j’ai quelque tendance à généraliser ce point de vue, à la quasi-totalité des formes d’infirmités motrices cérébrales (cerebral palsy), dans lesquelles il n’y a pas de point de vue orthopédique important. »


Dans notre expérience, cette idée s’applique non seulement aux IMC, mais aussi à tous les patients de neurologie centrale (adultes et enfants) sans atteinte orthopédique notable.


Conclusion : les exercices fonctionnels ont une importance capitale pour améliorer l’équilibre et la coordination en neurologie. Ils constituent la base du traitement. Ils sont irremplaçables et incontournables.


Il faut éviter le piège consistant à mépriser cet entraînement fonctionnel à cause de sa simplicité apparente, de son caractère parfois monotone et de son manque de « snobisme ».



Deuxième principe : il faut beaucoup de temps et d’énergie pour apprendre et optimiser certaines activités fonctionnelles


Il est parfois aussi difficile pour un patient présentant un syndrome cérébelleux de marcher avec un déambulateur, que pour un sujet sain d’apprendre une nouvelle activité sportive (par exemple, le patinage sur glace). Pour devenir performant, le patient doit donc s’entraîner avec ténacité et persévérance.


Si le nombre de répétitions de chaque exercice est insuffisant, le malade ne peut mémoriser (engrammer) une habileté sensorimotrice.


Schmith considère que la « quantité de pratique » est la variable la plus importante au cours d’un apprentissage. Voir à ce sujet l’excellent article de Bertsch intitulé « Les vertus de la répétition ».


Les activités qui ont été optimisées par un apprentissage sérieux et prolongé ont beaucoup plus de chances d’être mémorisées et intégrées à la vie courante.


Les spécialistes de l’apprentissage pensent que les activités de la vie quotidienne du sujet sain sont naturellement « surapprises » par un usage régulier (Le Ny). Ce « surapprentissage » permet de roder tous les détails de l’activité et d’inscrire cette habileté motrice dans la mémoire gestuelle de manière très efficace. Chaque « surapprentissage » est spécifique. Par exemple, l’apprentissage de l’écriture manuelle ne permet pas d’optimiser la frappe au clavier et inversement.


Le rééducateur est soumis à plusieurs contraintes.


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May 16, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 3: Buts et Principes de Prise en Charge

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