Chapitre 3
Autres protozooses intestinales
En dehors de l’amœbose et de la giardiose, quatre autres protozooses intestinales ont une importance médicale notable, que ce soit par leur fréquence, leur implication dans des épidémies d’origine alimentaire ou hydrique, ou leur caractère opportuniste chez les malades immunodéprimés : la cryptosporidiose, l’isosporose, la cyclosporose et les microsporidioses. Plusieurs de ces parasitoses sont de connaissance récente chez l’homme, soit parce qu’elles ont été révélées par leur gravité ou leur fréquence avec l’épidémie de sida, soit parce que leur identification nécessite des techniques spécifiques qui ne sont pas pratiquées en routine au laboratoire.
Cryptosporidiose
I Épidémiologie
La cryptosporidiose est une infection causée par un protozoaire, une coccidie du genre Cryptosporidium. Il existe plusieurs espèces, dont les principales sont Cryptosporidium hominis, infectant uniquement l’homme, et C. parvum, parasite de l’homme et de plusieurs espèces de mammifères (bovins, ovins). D’autres espèces animales sont observées de façon beaucoup plus exceptionnelle chez les malades immunodéprimés (C. bovis, C. felis, C. muris, C. meleagridis), qui, comme C. parvum, entraînent des troubles plus graves.
Cryptosporidium est un parasite de l’épithélium intestinal du grêle dont le cycle comporte une multiplication asexuée (schizogonie) et une multiplication sexuée (gamogonie). Ce cycle s’effectue dans une vacuole intracellulaire (vacuole parasitophore) située au niveau du pôle apical des entérocytes (fig. 3.1). La schizogonie conduit à la libération de mérozoïtes qui infectent d’autres cellules intestinales et assurent la dissémination parasitaire le long du tractus digestif. La différenciation vers la gamogonie conduit à la formation des oocystes qui sont éliminés avec les selles sous une forme directement contaminante. Un cycle endogène est possible, favorisé par une immunodépression.
Fig. 3.1 Développement apical de Cryptosporidium parvum dans les entérocytes (MET). Les deux éléments parasitaires visibles sont situés à l’apex de l’entérocyte. À gauche, on distingue les microvillosités de la bordure en brosse entourant le parasite. À droite, un schizonte : la coupe intéresse plusieurs mérozoïtes de C. parvum.
II Physiopathologie et manifestations cliniques
Chez les enfants et les personnes âgées, on peut observer des formes diarrhéiques plus prolongées.
III Diagnostic biologique
Le principal moyen de diagnostic de la cryptosporidiose est la recherche d’oocystes dans les selles. La prescription doit spécifier « Recherche de cryptosporidies ». En effet, l’examen parasitologique des selles standard est insuffisant pour mettre en évidence ces éléments de petite taille. Il est recommandé d’effectuer une technique de concentration puis une technique de coloration des oocystes. La coloration de Ziehl-Neelsen modifiée conduit à une coloration des oocystes en rose fuchsia, bien visible après une contre-coloration en vert ou en bleu (fig. 3.2). Les oocystes ont une forme arrondie avec une paroi épaisse et un contenu granuleux ; leur taille est de 5 μm à 8 μm suivant les espèces. En complément des colorations standards, on peut utiliser un immunomarquage des oocystes.