(3)


SCHIZOPHRÉNIE (3)






Conduite à tenir en cas d’échec du traitement


En général, on estime à 60 % le taux de malades qui présentent une rémission quasi complète de la symptomatologie positive après 6 sem. de traitement neuroleptique. En cas de réponse thérapeutique limitée, plusieurs stratégies sont possibles. Après s’être assuré de la bonne observance du traitement, parfois en contrôlant les taux plasmatiques, on peut :





Certains auteurs parlent de schizophrénie résistante après échec de deux cures successives de NL de classes différentes pendant une durée minimale de 6 semaines pour chacun d’eux.


Dans ces formes de schizophrénie résistante, l’emploi de la clozapine (LÉPONEX) permet d’obtenir des résultats parfois spectaculaires. Le risque élevé d’agranulocytose impose une surveillance hebdomadaire de la NFS pendant 18 sem.



NEUROLEPTIQUES – PHARMACOLOGIE (4)







Syndrome malin des neuroleptiques


Bien que son incidence soit réputée faible (0,5 %), il est de gravité exceptionnelle (mortalité de 20 à 30 % des cas sans traitement, de 10 % avec traitement). Il serait observé chez le sujet jeune, de sexe masculin, lors d’injections répétées de neuroleptiques incisifs et lors de troubles organiques associés. Il doit être redouté et recherché systématiquement devant toute fièvre inexpliquée sous neuroleptiques. Les autres signes rencontrés sont : torpeur, confusion, pâleur, sueurs, rigidité extrapyramidale diffuse, instabilité tensionnelle, tachycardie. Sur le plan biologique, il existe une hyperleucocytose, une élévation des enzymes hépatiques et des CPK.


Devant le moindre signe suspect, il est impératif d’arrêter les neuroleptiques et de mettre en place un traitement et une surveillance médicale.


Dans les formes graves, le malade est transféré en réanimation. On propose alors des traitements à base de dantrolène, de PARLODEL, voire des corticoïdes. Certains ont proposé un traitement par nifédipine (ADALATE). Le syndrome malin est apparenté aux hyperthermies malignes sous anesthésie, aux catatonies létales. On discute actuellement de l’intérêt thérapeutique des sismothérapies. Le traitement symptomatique est fondamental.


Le risque de récidive est inconnu, mais serait estimé à 50 %. Après 2 à 3 sem. d’arrêt des neuroleptiques, on proposera une molécule d’une classe différente ou un neuroleptique de famille différente à faible dose avec une surveillance étroite de la température.



SCHIZOPHRÉNIE (4)



Traitement de consolidation


Les traitements de consolidation et de maintenance ont pour objectif de réduire les risques de rechute et de récidive. Il est actuellement admis que le risque de rechute est deux fois plus élevé sous placebo que sous NL. 65 % des patients rechutent dans l’année qui suit un épisode aigu en cas d’arrêt des NL.




Tout traitement par NL au long cours s’inscrit dans une stratégie thérapeutique globale qui va au-delà d’une simple prescription symptomatique. Un certain nombre de règles de prescription doivent être respectées :




Symptômes négatifs et traitements neuroleptiques


Sur le plan diagnostique il est difficile de différencier les symptômes négatifs primaires liés à la pathologie, des symptômes négatifs secondaires à un défaut de stimulation environnementale, à un syndrome dépressif ou à une indifférence psychomotrice liée au traitement neuroleptique.


Certains auteurs ont distingué une forme déficitaire de la schizophrénie. Dans cette forme, les symptômes négatifs sont primaires. Ils apparaissent précocement, sont stables dans le temps, sont souvent associés à des anomalies cérébraleset semblent résistants aux NL. Sur le plan thérapeutique, les symptômes négatifs de la schizophrénie sont souvent moins sensibles aux NL.


Parmi les NL classiques, certains produits qualifiés de bipolaires seraient efficaces à faible dose sur la symptomatologie négative : pimozide (ORAP) : 1 à 3 mg/j; pipotiazine (PIPORTIL) : 2 à 6 mg/j; amisulpride (SOLIAN) : 50 à 300 mg/j. Seul l’amisulpride (SOLIAN) a démontré son efficacité sur les formes déficitaires pures, à des posologies comprises entre 50 et 300 mg/j.


Les APA seraient intéressants dans les formes négatives de schizophrénie. En bloquant sélectivement les récepteurs D2 extrastriataux et par leurs propriétés antagonistes 5HT2, ces antipsychotiques produiraient moins de syndromes extrapyramidaux et auraient un effet direct sur les symptômes négatifs primaires.


Contrairement aux neuroleptiques classiques, ils peuvent être utilisés aux doses habituelles recommandées pour les épisodes.


Ex. : rispéridone (RISPERDAL) : 4 mg/j pour les épisodes psychotiques aigus; olanzapine (zyprexa) : 10 mg/j.


Les propriétés antidéficitaires de la clozapine sont probablement similaires bien que controversés.


Face à ces symptômes négatifs de la schizophrénie, et en articulation avec les traitements chimiothérapiques, on proposera précocement des mesures psychothérapiques, sociothérapiques et des prises en charge institutionnelles.


Les NL (ou antipsychotiques conventionnels) ont fait la preuve de leur efficacité depuis 50 ans dans le traitement des schizophrénies, et en particulier sur la symptomatologie positive. Dans certaines situations cliniques (agitation, symptômes dépressifs, etc.), d’autres types de psychotropes peuvent être employés (benzodiazépines, antidépresseurs, etc.).



SCHIZOPHRÉNIE (5)



Consolidation : médicaments adjuvants



Antidépresseurs


L’emploi des antidépresseurs dans le traitement des troubles schizophréniques fait encore l’objet de discussion : les symptômes dépressifs qui accompagnent les phases aiguës réagissent bien au traitement neuroleptique seul et le recours à des antidépresseurs peut être parfois néfaste durant ces périodes aiguës.




Les dépressions post-psychotiques qui suivent souvent les moments féconds schizophréniques représentent une véritable complication de la maladie. Distincts des effets indésirables des NL ou des symptômes négatifs, ces épisodes dépressifs majeurs, en raison du risque suicidaire important qui les accompagne, justifient pleinement l’usage d’un antidépresseur. La cure d’antidépresseur chez le schizophrène est identique à celle du déprimé non schizophrène. On associe pratiquement toujours au traitement antidépresseur, un neuroleptique. En effet le risque de réactivation psychotique sous antidépresseur, bien qu’assez faible, n’est pas totalement nul. En cas de majoration des signes psychotiques, on augmentera simplement les doses de NL.


Les antidépresseurs ont également été proposés dans le traitement des symptômes négatifs de la schizophrénie en dehors de toute symptomatologie dépressive. Certains travaux ont pu ainsi montrer l’intérêt de la fluvoxamine (FLOXYFRAL), de la fluoxétine (PROZAC) dans cette indication. Les ISRS sont proposés dans le traitement des troubles obsessionnels-compulsifs qui peuvent s’ajouter aux troubles schizophréniques.





SCHIZOPHRÉNIE (6)



Psychothérapies


II existe un consensus pour affirmer la nécessité d’un abord thérapeutique multidimensionnel des troubles schizophréniques.


L’association des NL aux psychothérapies est souvent plus efficace que le recours à l’un ou l’autre traitement seul.


On propose dans la schizophrénie des psychothérapies individuelles, de groupe, et des psychothérapies familiales.



Psychothérapies individuelles


Les psychothérapies de soutien sont les plus couramment utilisées. Directives, elles permettent l’instauration d’une relation de confiance entre le patient et l’équipe soignante. Elles visent à faire accepter au patient sa maladie, ses traitements et à l’aider dans son adaptation à la réalité.


La schizophrénie et les troubles psychotiques représentent une contre-indication classique à la psychanalyse. Pour certains patients, des aménagements techniques sont cependant possibles, à condition d’intégrer cette psychothérapie d’inspiration analytique dans un projet global.


Thérapies cognitives : elles sont conçues pour diminuer l’intensité et l’impact des idées délirantes et/ou des hallucinations, pour améliorer l’adhésion au traitement et la prise de conscience de la maladie. Elles ont été validées par de nombreuses études contrôlées [1].


Thérapies comportementales ou psycho-éducatives : elles permettent au patient de s’approprier son traitement (éducation au traitement NL).


Techniques d’affirmation de soi : elles permettent au patient de repérer et de développer son intégration dans la société.


Entraînement aux habiletés sociales : les habiletés sociales sont les modes de réponses spécifiques qui caractérisent la communication verbale et non verbale et la capacité d’adaptation au contexte. Des tâches de difficulté croissante sont décomposées en micro-comportements qui sont appris ou réappris grâce à des jeux de rôle ou des exercices en milieu naturel. Ces techniques, validées au plan international, ont fait leurs preuves dans le domaine de l’adaptation sociale.


Rééducation cognitive : s’appuyant sur le modèle de la rééducation neuropsychologique, elle est supposée favoriser une réorganisation anatomique et/ou fonctionnelle. Elle vise à restaurer des fonctions déficitaires (attention, mémoire, etc.).




SCHIZOPHRÉNIE (7)






TROUBLES DÉLIRANTS PERSISTANTS (1)



Classification


Historiquement les délires chroniques occupaient une place non négligeable dans la nosologie psychiatrique européenne. Il était ainsi classique de décrire plusieurs psychoses chroniques non schizophréniques :





Le groupe des troubles délirants persistants réunit plusieurs troubles caractérisés principalement par la présence d’idées délirantes persistantes et qui ne peuvent être classés parmi les troubles schizophréniques, les troubles organiques ou affectifs.


Les troubles délirants persistants apparaissent ainsi comme une catégorie diagnostique très hétérogène définie principalement par rapport aux délires schizophréniques.


Certaines enquêtes ont estimé la prévalence des troubles à 25 pour 100 000. Il s’agit donc d’une catégorie diagnostique assez rare.


Certains facteurs environnementaux favoriseraient l’émergence de ces troubles : l’immigration, un milieu social défavorisé, un handicap sensoriel. Observés à tout âge, les délires chroniques débutent plutôt tardivement, après 40 ans, et seraient un peu plus fréquents chez la femme.






TROUBLES DÉLIRANTS PERSISTANTS (2)




Cadre thérapeutique


C’est à l’occasion d’une majoration du délire ou de l’apparition de troubles majeurs du comportement que ces malades rencontrent les psychiatres. L’hospitalisation en début de traitement est le plus souvent indispensable.


Les délirants chroniques acceptent rarement les soins et sont fréquemment hospitalisés sous contrainte en HDT ou en HO. Si le signataire de l’HDT risque d’être désigné comme persécuteur, il est préférable de recourir à une hospitalisation d’office. Cette mesure de contrainte comporte en elle-même un caractère thérapeutique.










ALCOOLISME (1)


L’alcoolisme peut se définir comme un trouble des conduites se caractérisant par l’abus ou la dépendance à l’alcool.







ALCOOLISME (2)



Sevrage alcoolique


Consécutif à un état d’ivresse aiguë ou résultant d’une demande motivée du patient, il peut nécessiter une prise en charge en milieu hospitalier afin d’isoler le sujet, de réaliser un bilan somatique et de prévenir un delirium tremens quelques jours après l’arrêt brutal de l’alcool.








CONFUSION MENTALE (1)


La confusion mentale est un syndrome non spécifique, aigu, qui associe des troubles de la conscience (qui vont de l’obnubilation au coma) et de l’attention, témoignant d’une atteinte cérébrale diffuse, le plus souvent réversible. Elle peut se traduire au plan comportemental par une stupeur ou une agitation. La confusion varie au cours du nycthémère et est souvent associée à un onirisme et à des signes physiques (déshydratation, troubles neurovégétatifs, etc.).


Après avoir éliminé les principaux diagnostics différentiels (syndrome démentiel, bouffée délirante aiguë, manie agitée, mélancolie stuporeuse, épisode catatonique ou dissociatif aigu, épilepsie temporale, tumeur frontale), le syndrome confusionnel doit être considéré comme ayant une cause organique jusqu’à preuve du contraire.



Recherche d’une étiologie organique


On précisera grâce à l’interrogatoire de l’entourage les antécédents médicaux, le mode de début du trouble, l’existence d’un facteur déclenchant, d’une carence nutritionnelle ou vitaminique. On procédera à un examen clinique complet (poids, température, PA) en recherchant tout particulièrement un signe évoquant une atteinte neurologique (signe de localisation, syndrome méningé, etc.), cardiaque, respiratoire, endocrinienne ou infectieuse. On procédera à des explorations complémentaires dont les résultats orienteront vers un diagnostic étiologique.




Chez le sujet âgé, certaines étiologies seront particulièrement recherchées : surdosage ou sevrage médicamenteux (benzodiazépines), infarctus du myocarde, état infectieux, déshydratation, globe vésical, hématome sous- ou extradural, privation de sommeil, déprivation sensorielle (surdité), changement de repères spatiaux (déménagement), mode d’entrée dans un processus démentiel.


Chez l’alcoolique, le diagnostic d’ivresse ne doit être retenu qu’après élimination de toutes les autres étiologies organiques de syndrome confusionnel.




Après avoir éliminé une étiologie organique, on peut envisager une cause psychiatrique au syndrome confusionnel (confusion psychogène).






TROUBLES DE L’HUMEUR (1)



Rappel nosologique


La nosologie et le traitement des troubles de l’humeur se sont considérablement modifiés ces 20 dernières années sous l’impulsion à la fois des enquêtes épidémiologiques, l’introduction de nouvelles procédures thérapeutiques et l’apparition de nouvelles molécules antidépressives ou thymorégulatrices.


Ainsi la distinction classique entre les dépressions névrotico-réactionnelles et les dépressions endogènes a disparu au profit d’un regroupement de l’ensemble des dépressions sous la catégorie diagnostique « épisode dépressif majeur ».


De même le spectre des troubles maniacodépressifs, rebaptisé trouble bipolaire, s’est « officiellement » élargi dans le DSM-IV et la C1M-10 avec la reconnaissance de la distinction entre les bipolaires de type I et type II.


Les troubles de l’humeur (affectifs) sont classés dans la CIM-10 ainsi :



La reconnaissance de nouveaux sous-types diagnostiques a modifié les chiffres de prévalence des troubles affectifs. Par exemple, l’enquête réalisée aux États-Unis à la fin des années 1980 avec les critères du DSM-III montrait des taux de prévalence sur la vie entière, dans une population de 18 000 sujets de l’ordre de : 1,2 % pour le trouble bipolaire; 3 % pour les troubles dysthymiques : 4 % pour la dépression majeure.


Certaines enquêtes plus récentes estiment la prévalence des troubles bipolaires (type I et II) à près de 5 %.


La prévalence globale des troubles dépressifs vie entière se situe aux alentours de 10 %.


Classiquement les dépressions sont plus fréquentes chez les femmes. Les troubles bipolaires auraient un sex-ratio voisin de 1.


Le rôle des facteurs génétiques apparaît plus net dans les troubles bipolaires que dans le trouble dépressif récurrent. Les troubles bipolaires débutent assez tôt, souvent entre 20 et 30 ans et les troubles dépressifs, un peu plus tardivement aux environs de 35 ans.

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May 31, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on (3)

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