Item 263 Myasthénie
La myasthénie se caractérise par une fatigabilité musculaire à l’effort.
Une diplopie ou un ptosis s’aggravant en fin de journée et/ou apparaissant à l’effort sont très évocateurs du diagnostic de myasthénie.
Le diagnostic est évoqué cliniquement et confirmé grâce à certains examens complémentaires : tests pharmacologiques à l’edrophonium ou à la prostigmine, EMG, recherche d’anticorps anti-récepteurs à l’acétylcholine.
Un patient en poussée sévère de myasthénie doit être hospitalisé en réanimation en raison du risque vital par possibles troubles de la déglutition et de la respiration.
Le traitement à long terme repose sur :
Les autres syndromes myasthéniques (diagnostic différentiel de la myasthénie) sont rares.
I PHYSIOPATHOLOGIE (fig. 263-1)
On distingue la myasthénie (myasthenia gravis) d’une part et les syndromes myasthéniques d’autre part.
La myasthénie est une maladie auto-immune de la jonction neuromusculaire, liée à un blocage post-synaptique des récepteurs de la plaque motrice, par des autoanticorps anti-récepteurs à l’acétylcholine (anti-AChR) (plus rarement anti-MusK). La myasthénie se traduit par une fatigabilité musculaire, réversible au repos et sous l’action des anticholinestérasiques. Ces anomalies immunitaires pourraient avoir un support génétique, la myasthénie paraissant liée à un phénotype HLA différent selon qu’il s’agit d’une forme de la femme jeune ou d’une forme tardive.
Les cellules du thymus, portant des récepteurs à l’acétylcholine, pourraient être impliquées dans la rupture de la tolérance du système immunitaire, aboutissant à la synthèse d’autoanticorps anti-récepteurs à l’acétylcholine par certains lymphocytes B.
Les autres syndromes myasthéniques ont des physiopathologies diverses :
II ÉPIDÉMIOLOGIE
La myasthénie s’observe à tout âge, dans les deux sexes, avec une nette prédominance féminine (2/3) avant 40 ans qui disparaît chez les patients plus âgés.
La prévalence est d’environ 0,5 pour 1 000 dans la population des pays industrialisés et l’incidence de 2 à 5 par an et par million d’habitants.
III DIAGNOSTIC
A Interrogatoire
Le principal symptôme est la fatigabilité à l’effort de la musculature striée. Celle-ci s’accroît au cours de la journée et disparaît au repos.
L’atteinte oculaire est fréquente et évocatrice du diagnostic :
L’atteinte des membres touche surtout les ceintures. Il existe plus rarement des atteintes axiales (muscles du tronc et abdominaux) ITEMS 192, 301.
Les troubles de la phonation (voix nasonnée) et de la mastication doivent également faire évoquer le diagnostic.
Les troubles de la déglutition sont à rechercher avec une attention particulière, car ils peuvent conditionner le pronostic vital : dysphagie, toux postprandiale, fausses routes ; au cours d’une crise myasthénique, la présence de ces signes impose un transfert en réanimation.
Les troubles de la respiration : ils peuvent être inauguraux ; la dégradation des fonctions ventilatoires est souvent rapide et grave et nécessite fréquemment le recours à l’intubation et un transfert en réanimation.
B Examen clinique
Diminution de la force musculaire à la répétition de certains mouvements (accroupissement, fermer/ouvrir les paupières provoquant un ptosis).
Parfois, amélioration de la force motrice au froid → test du glaçon : un glaçon appliqué sur une paupière de myasthénique fait disparaître le ptosis.
Le ptosis disparaît aussi sous traitement anticholinestérasique.
En dehors des poussées, la force musculaire est initialement normale, elle ne diminue qu’à la répétition des mouvements.
Signes négatifs : reste de l’examen normal ; en particulier, pas de trouble sensitif.
Recherche d’autres points d’appel de maladie auto-immunes volontiers associées (dysthyroïdie, vitiligo, anémie, lupus, polyarthrite).
C Évolution
C’est une maladie chronique faite de poussées successives, parfois déclenchées par un stress physique ou psychique.
Ces poussées sont de gravité variable et il faut parfois hospitaliser le patient le temps d’équilibrer son traitement.
En cas de poussée particulièrement grave (cf. encadré), on parle de crise myasthénique.