255. Insuffisance surrénale

Item 255. Insuffisance surrénale







B9782294701795500071/icon01-9782294701795.jpg is missing













• 2005 :

Un homme, d’origine lorraine, âgé de 64 ans est admis aux urgences la veille de Noël, pour deux malaises successifs, de type lipothymique, avec la notion que les malaises ne sont pas récents mais qu’ils seraient de plus en plus rapprochés. À l’admission, ce patient signale être épuisé. Il est d’ailleurs en arrêt de travail depuis 1 mois et avait même renoncé à partir en vacances l’été précédent. Il a maigri de 8 kg dans les 6 derniers mois. Il ne prend aucun médicament. Son épouse précise qu’il se plaint de douleurs abdominales depuis plusieurs semaines. Il dit qu’il n’a pas d’appétit depuis plusieurs jours et qu’il présente des vomissements alimentaires depuis 48 heures.

Examen clinique du patient [voir photographies] ; la température est à 38 °C, la pression artérielle est mesurée à 90/70 mmHg, la fréquence cardiaque est régulière à 100 par minute. L’auscultation pulmonaire ne révèle rien de particulier, de même que l’examen neurologique. L’abdomen est souple et non douloureux à la palpation. La glycémie capillaire est de 2,2 mmol/l [0,4 g/l]. Le bilan initial effectué en urgence est le suivant :



1) Devant ce tableau, quels sont les diagnostics étiologiques possibles ? Classez-les par ordre de probabilité chez ce patient en fonction des données dont vous disposez dans l’observation. Pour chaque étiologie, indiquez les éléments en faveur ou en défaveur. Finalement un seul diagnostic doit être retenu chez ce patient. Lequel ?


2) Quels sont les mécanismes physiopathologiques les plus probables de l’hypoglycémie et des troubles ioniques chez ce patient ?


3) Quels examens biologiques demandez-vous pour confirmer le diagnostic étiologique indiqué comme plus probable ? Argumentez votre réponse.


4) Un cliché de l’abdomen sans préparation, en position debout, a été fait devant les douleurs abdominales. [Cliché de l’abdomen.]

Que vous apporte-t-il ?




5) Quel(s) traitement(s) prescrivez-vous en urgence ? Planifiez la surveillance.


6) Quel sera le traitement à distance ? Indiquez les consignes « pratiques » que vous allez remettre à ce patient ?

L’employeur du patient vous téléphone pour avoir des nouvelles de son employé et pour vous demander quand il pourra retravailler afin de savoir s’il doit éventuellement faire appel à un intérimaire.




7) Que lui répondez-vous ?















▪ La fig. 255-1 résume les principales étapes de la synthèse des stéroïdes surrénaliens. Elle permet de mieux comprendre le rationnel des dosages hormonaux à réaliser.



▪ Les signes cliniques de l’insuffisance surrénale primitive chronique sont en rapport, principalement, avec :




– le déficit cortisolique ;


– le déficit minéralocorticoïde.

Le diagnostic de déficit cortisolique repose, dans ce cas, sur des dosages hormonaux simples : cortisolémie à 8 h et après test au Synacthène immédiat® (ACTH de synthèse). L’ACTH élevée affirme l’origine primitive.

Le risque principal de l’insuffisance surrénale chronique est l’insuffisance surrénale aiguë, engageant le pronostic vital, survenant en cas de stress et en rapport avec le déficit cortisolique.

Les principales causes d’insuffisance surrénale chronique sont :




– l’insuffisance surrénale auto-immune ;


– les métastases surrénaliennes ;


– les infections (tuberculose surrénalienne).


La principale cause est la prise de corticothérapie au long cours et à fortes doses.

Le simple dosage du cortisol et/ou le test au Synacthène immédiat® peuvent parfois méconnaître le diagnostic de déficit cortisolique, qui repose alors sur des tests de stimulation plus lourds à réaliser. L’ACTH est normale ou basse, dans ce cas.


I. PHYSIOLOGIE ET PHYSIOPATHOLOGIE






▪ La surrénale est constituée de deux parties :




– la médullaire, qui synthétise les catécholamines ;


– la corticale, constituée de trois couches :




• fasciculée : synthétisant le cortisol ;


• glomérulée : synthétisant l’aldostérone ;


• réticulée : synthétisant les androgènes.


▪ L’insuffisance surrénale primaire est responsable d’un déficit de sécrétion corticosurrénalienne en :




– cortisol (avec ACTH élevée) ;


– aldostérone ;


– androgènes surrénaliens.


▪ L’insuffisance corticotrope est responsable d’un déficit en :




– cortisol (avec ACTH normale donc inadaptée, ou basse) ;


– androgènes surrénaliens (plus anecdotique).




▪ Aldostérone :





– le déficit en aldostérone est responsable :




• d’une perte urinaire de sodium ;


• avec tendance à la déshydratation extracellulaire et à l’hyperhydratation intracellulaire ;



▪ Le déficit en androgènes surrénaliens a peu de conséquence.


II. INSUFFISANCE SURRÉNALE PRIMITIVE



A. Circonstances diagnostiques



1. Clinique






▪ Le tableau clinique est d’installation progressive.


▪ Le diagnostic peut parfois être fait lors d’une insuffisance surrénale aiguë.


▪ Les signes non spécifiques devant faire évoquer le diagnostic sont :




– une asthénie :




• physique, augmentant au cours de la journée et au fil des semaines ;


• psychique, avec tendance dépressive ;


• sexuelle, avec baisse de la libido et trouble de l’érection ;


– une anorexie avec amaigrissement ITEM 295 ;


– une pression artérielle :




• basse ;


• avec tendance à l’hypotension orthostatique ;


• et, parfois, un goût pour le sel ;


– ± une dépilation axillaire et pubienne (chez la femme) ;


– ± des douleurs articulaires et musculaires diffuses ;


– ± des signes digestifs :




• annonciateurs d’une décompensation aiguë le plus souvent ;


• à type de douleurs abdominales ITEM 195 et nausées.




B. Diagnostic positif



1. Affirmer le déficit en glucocorticoïdes


Le diagnostic du déficit en cortisol repose sur :




▪ le dosage du cortisol sanguin à 8 h :




– une cortisolémie < 3 μg/dl (30 ng/ml soit 84 nmol/l) affirme le déficit (le test au Synacthène immédiat® est inutile dans ce cas) ;


– une cortisolémie > 20 μg/dl (200 ng/ml soit 560 nmol/l) exclut un déficit ;


▪ ou le test au Synacthène immédiat® :




– qui repose sur :




• le dosage du cortisol et de l’ACTH sanguin de base, à 8 h ;


• puis le dosage du cortisol une heure après l’injection d’une ampoule de 250 μg de Synacthène® (ACTH 1-24 de synthèse, constituée par les 24 premiers acides aminés de l’ACTH) ;


– le test est pathologique si le cortisol reste inférieur à 20 μg/dl (200 ng/ml soit 560 nmol/l).





Toutefois, il ne faut pas attendre les résultats des dosages hormonaux pour débuter la substitution hormonale lorsqu’on suspecte une insuffisance surrénale. B9782294701795500071/icon05-9782294701795.jpg is missing


2. Affirmer l’origine primitive


La confirmation de l’origine primitive de l’insuffisance surrénale repose sur le dosage d’ACTH, qui est toujours élevé dans ce cas.

Remarque : Un taux d’ACTH élevé dans un contexte clinique évocateur d’insuffisance surrénale primaire signe le déficit en cortisol.

La démonstration d’un déficit minéralocorticoïde associé est également un témoin de l’origine primitive de l’insuffisance surrénale. Le diagnostic de déficit minéralocorticoïde repose sur :




▪ le dosage d’aldostérone :




– basse en position couchée ;


– non stimulable à l’orthostatisme ;


▪ et le dosage de la rénine (ou la mesure de l’activité rénine plasmatique) : élevée en position couchée.


C. Diagnostic étiologique



1. Insuffisance surrénale auto-immune



May 13, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 255. Insuffisance surrénale

Full access? Get Clinical Tree

Get Clinical Tree app for offline access