25: Les approches psychodynamiques

Chapitre 25 Les approches psychodynamiques



En préambule de ce chapitre, il nous paraît indispensable de rappeler qu’en deçà des différentes réflexions conceptuelles et formes de prises en charge, la qualité de la relation avec le patient, l’alliance thérapeutique, priment avant tout.


Bien qu’il existe nombre d’écoles analytiques, l’optique de la psychanalyse n’est pas de donner des enseignements académiques ou magistraux. Elle n’est pas non plus de soigner ou de guérir. Elle s’appuie sur le discours des analysants, sur les associations libres, pour dégager des signifiants, dans le champ de la relation transférentielle. Un traitement analytique suppose qu’un sujet joueur considère le jeu comme part de son histoire. La recherche de sens peut faire chemin avec une disparition « par surcroît » ou une atténuation de son « symptôme ». Mais elle peut aussi constituer une illusion de guérison et empêcher ou reporter des mesures plus concrètes. Il est impossible ici de rendre compte de toutes les théorisations psychanalytiques du jeu pathologique, d’autant qu’à l’exception de Bergler, les cas décrits dans la littérature relèvent d’une expérience clinique peu solide.



Freud : Dostoïevski et le parricide


Ainsi donc, le texte psychanalytique le plus célèbre sur le jeu est un article de Freud, remontant à 1928, « Dostoïevski et le parricide ». Freud élimine d’emblée l’idée que l’appât du gain soit la cause du jeu. Dostoïevski est d’ailleurs très explicite sur ce point : il n’y a d’autre but que « le jeu pour le jeu ». Cette passion pathologique, selon Freud, a la fonction psychique d’une conduite d’auto-punition. Ainsi s’éclaire la séquence répétitive, chez Dostoïevski, d’accès frénétiques et ruineux de jeu, puis de phases de remords, enfin de renouveau de la créativité littéraire.


Le but de l’analyse est donc de chercher en quoi ce besoin inconscient de se punir est fondé.


Freud établit un lien entre le besoin de punition et une origine pubertaire, dans le rapprochement des fantasmes oedipiens et la masturbation : « Le fantasme tient en ceci : la mère pourrait elle-même initier le jeune homme à la vie sexuelle pour le préserver des dangers redoutés de l’onanisme. Le “ vice ” de l’onanisme est remplacé par la passion du jeu : l’accent mis sur l’activité passionnée des mains révèle cette dérivation ».


Mais le sentiment inconscient de culpabilité de Dostoïevski provient aussi de l’ambivalence envers le père. Le parricide serait la clé de voûte de sa conduite masochiste. Les attaques d’épilepsie, le sentiment de mort imminente, comme le jeu, seraient la reproduction d’un scénario fantasmatique : meurtre du père et sentiment de triomphe, angoisse, culpabilité, auto-punition. La perte au jeu devient cette punition par l’entité paternelle : « Toute punition est bien dans son fond la castration… Le destin lui-même n’est en définitive qu’une projection ultérieure du père ».


Il nous semble important de retenir que ce texte propose, comme mécanisme profond de la conduite du joueur pathologique, une problématique qui est celle de l’intégration de la Loi.


May 23, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 25: Les approches psychodynamiques

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