23: Qualité de vision après compensation chirurgicale de la presbytie

CHAPITRE 23 Qualité de vision après compensation chirurgicale de la presbytie



De nombreuses méthodes ont été proposées pour compenser chirurgicalement la presbytie en agissant sur le cristallin, la cornée ou la sclère (tableau 23-I) [1012,14].1



La mise au point de dispositifs ou de procédés si variés traduit l’importance des efforts de recherche et développement actuels et témoigne des enjeux économiques projetés (un milliard et demi de sujets presbytes soit 23 % de la population dans le monde).


En l’absence de restauration vraie de la mécanique accommodative, les approches palliatives (monovision, multifocalité, effet sténopéique), satisfaisantes sur le plan de l’acuité quantitative, imposent néanmoins des contraintes de qualité de vision qui ont été progressivement optimisées pour en généraliser l’adoption.


Il existe trois niveaux d’intégration qui participent de façon intriquée à l’expérience visuelle du sujet opéré:



Ceci explique que, pour une qualité optique fixée (par exemple, celle d’un implant multifocal usiné), les résultats fonctionnels puissent être différents selon les sujets et varier chez un même sujet au cours du temps du fait d’une neuroadaptation.


L’évaluation clinique de la qualité de vision est actuellement surtout fondée sur l’analyse de la qualité optique de l’œil mais devrait progressivement intégrer les niveaux sensoriel et relationnel.


Cinq grands principes optiques sont utilisés pour la compensation chirurgicale de la presbytie et, malgré une efficacité fonctionnelle quantitative similaire, les résultats en sont parfois très différents en termes de qualité de vision:



1. la monovision (ou bascule) répartit les tâches visuelles de près et de loin entre les deux yeux : l’œil dominant (ou directeur ou fixateur) est corrigé pour la vision de loin et l’autre œil (non dominant ou dominé) pour la vision de près (à 33 cm) ou la vision intermédiaire (à 50 cm-60 cm);


2. la multifocalité partage la lumière incidente qui pénètre par la pupille entre foyer de près et foyer de loin de façon stricte (bifocalité) ou transitionnelle (multifocalité vraie, permettant une vision intermédiaire utile); cette approche est employée sous deux formes principales:




3. l’effet sténopéique augmente la profondeur de champ en éliminant par exclusion spatiale lors du passage au travers d’une pupille d’entrée étroite les rayons lumineux correspondant à la partie défocalisée de l’image : cette approche est mise en œuvre uniquement dans l’implant intrastromal cornéen KAMRA® (ex-Acufocus®), récemment mis sur le marché français;


4. la « pseudoaccommodation » d’un cristallin artificiel accommodatif chez le sujet pseudophake résulte d’une variation de sa puissance optique apparente du fait de la modification de sa position ou de sa forme au cours de l’accommodation résiduelle du muscle ciliaire, qui s’accompagne d’une « poussée » antérieure du vitré et d’une relaxation capsulaire; en théorie, cette méthode visant à reproduire l’accommodation naturelle préserverait la qualité de vision;


5. la restauration de l’accommodation proprement dite fait l’objet de deux approches distinctes:




Les objectifs du chapitre sont de tenter d’apporter des éléments de réponse actualisés aux six questions essentielles suivantes:




Qualité de vision


L’aptitude visuelle au quotidien met en jeu des capacités variées faisant intervenir deux modes visuels principaux:



Un bon exemple de la coexistence de ces deux modes au quotidien est celui de la pratique de la lecture en marchant.



RÉSOLUTION, POUVOIR SÉPARATEUR DE L’œIL ET ACUITÉ VISUELLE




POUVOIR SÉPARATEUR, ACUITÉ VISUELLE


Le pouvoir séparateur de l’œil, capacité à distinguer deux points proches, fait intervenir la qualité optique de l’œil et la densité des photorécepteurs rétiniens; il représente le fondement de la mesure de l’acuité visuelle — assimilée par défaut à la « quantité de vision » par opposition aux autres aptitudes visuelles souvent regroupées improprement sous la notion diffuse de « qualité de vision ».


La densité des récepteurs rétiniens est en effet la base anatomique de la discrimination de deux points très proches par échantillonnage. La projection d’un optotype « E » de Snellen à 10/10 (donc sous un angle de 5 minutes d’arc environ) occupe sur la rétine une matrice d’environ 10 × 20 cônes photorécepteurs. Selon le théorème de Nyquist, l’acuité maximale théorique serait dans ce cas d’environ 20 à 40/10 (fig. 23-1); en pratique, cette acuité maximale théorique est limitée par les phénomènes de diffraction à pupille étroite et de façon croissante par les aberrations optiques d’ordre supérieur quand le diamètre pupillaire augmente (fig. 23-1).



Le pouvoir séparateur est testé en clinique par la mesure classique de l’acuité visuelle morphoscopique statique sous fort contraste de loin et de près, mais différents éléments en affectent les résultats (taille et forme du test, temps de présentation, état adaptatif, contraste, mobilité de l’optotype ou de l’observateur …). La pertinence de l’acuité visuelle est donc souvent limitée pour apprécier la qualité de vision et l’aptitude visuelle en conditions de vie réelle.



SENSIBILITÉ AU CONTRASTE OPTIQUE ET NEURALE


La vision humaine repose avant tout sur la perception des contrastes, c’est-à-dire la différenciation du niveau d’intensité lumineuse de deux plages adjacentes. L’agencement particulier des cellules photoréceptrices et de l’intégration intrarétinienne ou dans les voies visuelles favorise l’analyse des plages d’intensités lumineuses différentes alternées (réseaux sinusoïdaux), dont l’espacement (période) détermine la fréquence spatiale de l’objet observé, tandis que la différence d’intensité lumineuse (amplitude) forme le contraste (fig. 23-2).



Par analogie avec les sons, l’œil humain peut percevoir environ dix « octaves », correspondant au doublement de la fréquence spatiale. Tout objet ou toute scène peuvent être décomposés en une « somme » de réseaux sinusoïdaux de contraste « superposés » dans l’espace observé. Ce mécanisme intervient par exemple dans la reconnaissance rapide des expressions du visage — une aptitude neurophysiologique importante dans l’espèce humaine, qui serait perturbée dans la schizophrénie [89].


La courbe décrivant la fonction de sensibilité aux contrastes traduit la capacité optique et neurale de chaque individu à percevoir différents niveaux de contraste (de 0 % à 100 %) pour différentes fréquences spatiales (de 0,1 à 60 cycles par degré). L’acuité morphoscopique classique n’étudie que les moyennes et hautes fréquences spatiales sous contraste maximum. Cependant, un certain nombre d’aptitudes visuelles (perception du mouvement, vision nocturne, reconnaissance des visages) impliquent également les faibles contrastes et les basses fréquences spatiales.



AMPLITUDE ACCOMMODATIVE


L’œil humain jeune peut modifier sa focalisation de l’infini à 7 cm en 350 ms. Cette accommodation de 12 D environ décroît avec l’âge, jusqu’à environ 1,5 D vers soixante ans.


L’amplitude d’accommodation moyenne dans la population peut être approchée par la formule d’Hofstetter (« 18,5 D diminués du tiers de l’âge en années »), mais elle se révèle très variable, notamment plus importante chez le myope que l’hypermétrope.


Il est donc nécessaire pour chaque sujet de mesurer directement la courbe de défocalisation décrivant l’amplitude accommodative. Cette fonction permet également de comparer efficacement le bénéfice des chirurgies de compensation de la presbytie (cf. infra, fig. 23-22).



Dans la vie réelle l’accommodation est également affectée par différents facteurs (psychiques, pharmacologiques) et, plus rarement, par le contexte visuel.


L’effet de Mandelbaum décrit la tendance à accommoder de près dans des conditions de mauvaise visibilité (myopisation liée au pare-brise sale, au mauvais temps, au brouillard, etc.). Cette focalisation spontanée à une distance d’environ 0,9 mètre, variable selon les sujets, est liée à la relaxation ciliaire du fait de l’absence de stimulus précis de focalisation (« dark focus » ou focalisation sur « champ vide »). Ce problème est majoré par l’effet sténopéique d’une pupille étroite. Ses conséquences visuelles sont variables selon les individus mais peuvent entraîner des conséquences sérieuses, comme par exemple la désorientation spatiale des pilotes aériens (retenue comme la cause probable de l’accident fatal de J.F. Kennedy Jr en 1999 [150]).


Les anomalies de l’amplitude d’accommodation et de sa relation avec les vergences (rapport AC/A et CA/A) sortent du cadre de ce chapitre mais elles jouent un rôle important dans les problèmes de confort et de fatigabilité visuelle [119].



AUTRES APTITUDES VISUELLES PLUS SPÉCIFIQUES


De très nombreuses fonctions visuelles peuvent être isolées plus spécifiquement.


En pratique, les examens qui permettent de les explorer sont réalisés plutôt dans un contexte de recherche clinique ou de sélection professionnelle qu’en routine clinique:



vision spatiale et binoculaire:








vision dynamique:





vision des couleurs [119];


résistance à l’éblouissement [6, 9]:




vision nocturne et en conditions limites de contrastes:





confort visuel:




vision relationnelle pour l’accomplissement des tâches complexes:







vision posturale : efficacité visuelle et retentissement postural et moteur, statique ou dynamique, de l’information visuelle [32, 59, 151].





PERTE D’ACUITÉ DIRECTIONNELLE


La perte d’acuité visuelle sous déviation angulaire ou « acuité directionnelle », décrite sous le terme d’effet Campbell [27], traduit l’effet du décentrement d’une pupille d’entrée étroite artificielle par rapport à la pupille naturelle. Cette perte de pouvoir séparateur de l’œil dans les fréquences spatiales basses et intermédiaires pour les rayons excentrés (d’un facteur 3 à 8) semble être la conséquence d’une combinaison d’aberrations transverses chromatiques et monochromatiques [7]. D’un intérêt purement théorique jusqu’ici, l’effet Campbell devrait retrouver une certaine importance clinique avec la mise en œuvre de méthodes réfractives fondées sur une partition spatiale de la pupille (photoablation multifocale excentrée, implant intrastromal sténopéique, implant pseudophake avec addition bifocale asphérique excentrée).



EFFETS VISUELS INDÉSIRABLES


La qualité de vision ne se caractérise pas seulement par la somme des aptitudes visuelles d’un patient mais également par l’absence subjective d’effets visuels indésirables. La « transparence de l’œil » [118] exprime l’idée simple et élégante qu’un œil sain doté d’une bonne qualité de vision n’entre tout simplement pas dans le champ de conscience habituel de l’individu.


La typologie clinique complexe des effets visuels indésirables subjectifs rapportés par les patients après chirurgie de la presbytie correspond le plus souvent à des problèmes bien identifiables, corrélés à des perturbations caractéristiques des analyses paracliniques objectives.


Le vocabulaire très varié des plaintes subjectives (halos, éblouissement, double image, images fantômes, image « baveuse », fluctuations visuelles diurnes et nocturnes, etc.) peut donc être le plus souvent traduit sous forme d’un diagnostic précis (tableau 23-II).






Responsabilité des praticiens : une exigence légitime mais élusive


Deux exemples caractéristiques illustrent l’absence de limites précises de la notion de qualité de vision:




Lorsque les corrélations anatomiques, optiques et fonctionnelles ne sont pas claires, cohérentes et typiques, le praticien peut légitimement suspecter la possibilité d’un enrichissement psychogène de la symptomatologie subjective, souvent sous-tendu par un contexte particulier (difficultés existentielles, syndrome anxiodépressif, problèmes relationnels avec l’équipe soignante, quête de bénéfices secondaires matériels ou immatériels, quérulence). Une attitude ouverte, attentive, humble et compassionnée, doublée d’une grande rigueur dans l’analyse du profil évolutif et du résultat optique objectif obtenu permet le plus souvent de faire évoluer la situation vers une solution d’attente (médicale ou contactologique), offrant au patient une « porte de sortie honorable », afin de constater par lui-même l’amélioration progressive de son état.


Dans les cas douteux, un éventuel complément chirurgical ne devrait être envisagé que secondairement, avec prudence, au moyen de méthodes éprouvées, mises en œuvre par un chirurgien expérimenté, après un deuxième avis concordant et une information approfondie.


La qualité de vision fait donc référence à l’expérience visuelle subjective du sujet, qui combine l’effet:



L’ensemble conditionne l’efficacité pratique des fonctions visuelles:



L’appréciation de la qualité de vision ne peut donc être systématiquement exhaustive et doit faire appel, en fonction des besoins, à des méthodes multiples et complémentaires, parfois quantitatives et objectives, parmi lesquelles l’analyse de la qualité optique de l’œil occupe actuellement une place de choix.



Qualité optique de l’œil




DIFFRACTION ET ABERRATIONS OPTIQUES


Les imperfections optiques de l’œil dégradent sa performance du fait de phénomènes de diffraction, à pupille étroite, ainsi que d’aberrations optiques d’ordre inférieur (amétropie) ou supérieur (aberration sphérique et coma, notamment) lorsque la pupille devient plus large [13].


Ces imperfections entraînent une perte de focalisation des rayons lumineux pénétrant par la pupille d’entrée optique — projection virtuelle de la pupille anatomique « vue », c’est-à-dire grandie, par le dioptre cornéen. Certains de ces « rayons » ou, en tout cas, une proportion de l’énergie lumineuse incidente ne parviennent pas à la fovéa et l’image perçue est partiellement défocalisée (fig. 23-4).






FRONT D’ONDE


Les aberrations optiques de l’œil peuvent être appréhendées par l’analyse des distorsions du front d’onde. Le front d’onde (wavefront) matérialise la direction des rayons lumineux formant l’image d’un objet comme étant la surface virtuelle réunissant les surfaces « élémentaires » individuelles perpendiculaires à chacun de ces rayons lumineux. Pour un objet situé à l’infini, les rayons lumineux pénétrant la pupille d’entrée sont parallèles entre eux. L’union des surfaces perpendiculaires à chacun de ces rayons lumineux est une surface plane, perpendiculaire à la direction de propagation des rayons parallèles entre eux. Ce front d’onde plan traduit l’absence d’aberration optique dans le milieu de propagation (l’air) (fig. 23-5). En cas d’aberrations optiques, les rayons lumineux ne sont plus parallèles et le front d’onde présente des distorsions caractéristiques du système optique traversé.



Une analyse mathématique de cette déformation du front d’onde au moyen de différents outils (décomposition polynomiale de Zernike ou transformées de Fourier) permet de quantifier de façon simple le niveau de déformation « global » sous forme d’un écart quadratique moyen tridimensionnel (analogue à l’écart type par rapport à la moyenne dans un système à deux dimensions pour une distribution statistique), nommé Root Mean Square (RMS, en micromètres). Une interprétation mathématique de ces données du front d’onde permet de dériver des notions utiles pour la compréhension et la quantification de la qualité optique de l’œil.





Aberrations optiques d’ordre supérieur


Les aberrations optiques d’ordre supérieur les plus importantes en pratique pour l’œil humain sont:








QUALITÉ OPTIQUE DE L’œIL EN PRATIQUE CLINIQUE


L’évaluation de la qualité optique de l’œil au moyen de la kéra-tométrie et de l’acuité morphoscopique sous fort contraste repose sur des modèles optiques simplifiés de l’œil (par exemple, l’œil réduit de Donders ou le modèle de Gullstrand) selon une conception purement axiale de la réfraction. Cette approche clinique n’est pertinente que dans le cas d’un œil optiquement « sphé-rocylindrique » pur, ne présentant que des aberrations optiques d’ordre inférieur (myopie, hypermétropie, astigmatisme régulier).


Cependant, dans la majorité des cas normaux et plus encore en cas de pathologie (kératocône, cicatrice cornéenne) ou de chirurgie réfractive cornéenne ou intraoculaire, il existe des aberrations optiques d’ordre supérieur, dont l’impact sur la qualité optique de l’œil peut être négatif (dégradation de la qualité optique de l’œil et de la qualité de vision scotopique, par exemple) ou parfois bénéfique (aberrations optiques d’ordre supérieur défocalisantes permettant d’augmenter la profondeur de champ et de compenser la presbytie, par exemple).


L’analyse de la qualité optique de l’œil a bénéficié depuis vingt ans, sous l’impulsion clinique de l’essor de la chirurgie réfractive cornéenne, de plusieurs révolutions technologiques et conceptuelles : la topographie cornéenne, le ray-tracing, la pupillométrie, l’aberrométrie du front d’onde, la polarimétrie, l’optique adaptative.





PUPILLOMÉTRIE


La taille de la pupille adaptée à l’obscurité (pupille mésopique et scotopique) détermine le niveau et le retentissement optique et donc visuel des aberrations optiques. Cette mesure est donc très importante en chirurgie ablative de la myopie, afin de préserver la qualité de vision nocturne compromise par l’aberration sphé-rique positive induite. Dans la chirurgie multifocale cornéenne de compensation de la presbytie, la connaissance de la pupille photopique et mésopique joue un rôle également important:



Les technologies de pupillométrie statique ou dynamique mises en œuvre dans la chirurgie de la presbytie sont très variées et sont de plus en plus souvent intégrées aux instrumentations de topographie cornéenne, d’aberrométrie ou de photoablation.


Les techniques binoculaires ou non occultantes sont plus fiables, car elles évitent la mydriase réactionnelle à l’occlusion de l’œil adelphe [138].


La pupillométrie permet notamment de:




ABERROMÉTRIE DU FRONT D’ONDE


L’aberrométrie du front d’onde, adaptée des techniques de contrôle de qualité en optique astronomique, a surtout ouvert la voie d’une quantification objective directe de la qualité optique de l’œil, permettant une évaluation indirecte reproductible de la qualité de vision (à capacité sensorielle et cognitive constante).


L’aberrométrie du front d’onde de l’œil consiste à mesurer la déviation des rayons lumineux induite par leur passage dans les milieux oculaires (cf. supra, fig. 23-5). Il existe de nombreux aber-romètres disponibles en clinique, dont les performances ont été comparées [131].


L’utilisation clinique de l’aberrométrie permet d’établir une correspondance objective relativement fiable avec les plaintes subjectives des patients, selon l’aspect du front d’onde et la quantification des aberrations optiques d’ordre supérieur (tableau 23-II). Il est très important de noter que le résultat de l’aberrométrie du front d’onde dépend du diamètre pupillaire de mesure : tous les aberromètres intègrent donc des fonctions de pupillométrie plus ou moins sophistiquées.



Types d’aberromètres





ABERROMÈTRE DE HARTMANN-SHACK

Dans l’aberromètre de Hartmann-Shack (« out-going optics »), le plus couramment utilisé en ophtalmologie, une grille de rayons monochromatiques parallèles entre eux est projetée sur la rétine au moyen d’une grille composée de quelques dizaines de lenticules (fig. 23-9a).



Dans le cas d’un œil dépourvu d’aberrations optiques, les rayons lumineux sont déviés par les dioptres oculaires et convergent parfaitement sur la fovéa. Lorsque ces rayons sont réfléchis par la rétine, ils suivent un chemin inverse et, à la sortie de la pupille d’entrée, se distribuent à nouveau de façon parfaitement parallèle. Un capteur capable d’analyser ces rayons à leur sortie détermine que leur disposition est conforme à la « grille » régulière de départ, ce qui permet de conclure à l’absence d’aberrations optiques oculaires.


En cas d’aberrations optiques, certains rayons se dispersent et ne parviennent pas à la fovéa. Après réflexion par la rétine et sortie par la pupille d’entrée, le même capteur déterminera que les rayons émergents ne sont pas parallèles et que la grille des « centroïdes » matérialisant la position de chacun des rayons réfléchis présente des distorsions par rapport à la grille projetée. Ces distorsions permettent de calculer la déformation du front d’onde, qui peut être représentée en deux ou en trois dimensions et qui traduit graphiquement la présence d’aberrations optiques dans l’œil analysé. Certains modèles récents sont également couplés à une topographie cornéenne de type Placido coaxiale (Topcon KW1).



ABERROMÈTRE DE TSCHERNING

Dans l’aberromètre de Tscherning, un rayon monochromatique balaie l’aire maculaire en reproduisant une grille. Un capteur synchrone de ce balayage analyse directement en temps réel la position du reflet rétinien de ce rayon entrant (« in-going optics ») (fig. 23-9b). Ce système présente quelques avantages, notamment l’augmentation de la plage dynamique d’analyse — indépendante de la réfraction ou de l’importance des aberrations, car les cen-troïdes trop « proches » ne risquent pas d’être confondus — et la possibilité d’une analyse en temps réel permettant de faire varier l’accommodation du sujet au moyen d’un stimulus réfractif ou visuel, plus adaptée à l’examen du presbyte.


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Jun 6, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 23: Qualité de vision après compensation chirurgicale de la presbytie

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