Chapitre 23 Œil et virus de la chorioméningite lymphocytaire
Le virus de la chorioméningite lymphocytaire (LCMV, Lymphocytic Choriomeningitis Virus) est un arénavirus à ARN simple brin, de répartition quasiment cosmopolite, dont le réservoir est constitué de rongeurs. L’hôte naturel habituel est la souris domestique, ou souris commune (Mus musculus), chez laquelle la transmission est principalement verticale par contamination in utero[1]. D’autres rongeurs, tels que les hamsters domestiques, peuvent également être des réservoirs du virus. Les infections transmises par les souris aux hommes surviennent généralement dans des contextes d’habitats dégradés. Les personnels de laboratoire au contact de souris ou de hamsters sont également à risque d’infection. La transmission à l’homme a lieu par contact direct avec l’urine, la salive ou les excréments de souris infectées, par la consommation d’aliments souillés, par voie aérienne (aérosols contaminés) et, occasionnellement, par morsure par un animal infecté. Des cas récents de transmission du LCMV à l’occasion de transplantations d’organes ont également été rapportés.
Infection congénitale
MANIFESTATIONS EXTRAOCULAIRES DES INFECTIONS CONGÉNITALES
L’infection congénitale par le LCMV est une cause très probablement sous-estimée de morbidité liée aux infections survenues in utero[2]. À ce jour, seule une cinquantaine de cas a été rapportée dans la littérature internationale [3]. La transmission foetale survient lors de la virémie maternelle. Comme pour la plupart des infections congénitales, les manifestations sont d’autant plus sévères que la survenue de l’infection est précoce au cours de la gestation. Les manifestations extraoculaires les plus fréquentes de l’infection congénitale sont l’hydrocéphalie ou la microcéphalie, avec présence de calcifications intracrâniennes sur les examens de neuroimagerie (fig. 23-1a). Les autres manifestations systémiques évoquant une infection congénitale sont rares : méningites néonatales, hépatosplénomégalie et anomalies cardiaques. Le retentissement neurologique de l’infection congénitale est de plus en plus manifeste au cours de la croissance des sujets atteints. Les conséquences de l’infection comportent des retards mentaux, des paralysies cérébrales et des épisodes comitiaux.